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de folie.-10 heures 60 minutes. Je ne puis presque plus écrire, ma vue se trouble, ma lampe s'éteint; je ne croyais pas qu'on pût autant souffrir pour mourir. »-10 heures 62 minutes. Ici sont quelques caractères illisibles, il avait allumé le charbon à 10 heures 15 minutes. Pendant l'asphyxie du nommé Lion, on entendit des plaintes et des gémissements assez forts.

d. Plus tard commencent à se montrer les effets de l'élévation de la température et de la sécheresse de l'air; la gorge est prise d'une cuisson des plus douloureuses; les animaux étendent leur langue, la déploient démesurément, dans l'espoir de se rafraichir, ils sont haletants en général, il y a une émission d'urine, mais rarement plusieurs quand les convulsions sont modérées : l'asphyxié se débat sans bruit, il se tord, se dresse sur son séant quelquefois sans jeter le moindre cri.

e. Les vomissements sont très-fréquents, ils paraissent tout à fait indépendants de l'état de plénitude ou de vacuité de l'estomac ; j'ai vu des animaux, qui n'avaient pas mangé depuis plusieurs heures, rendre en grande abondance des matières bilieuses, d'autres au contraire, au sortir même d'un repas, ne rejetaient rien. On a remarqué que l'un des mineurs de Wanlockead, chez qui l'ivresse déterminait ordinairement de la diarrhée, en fut pris également pendant l'asphyxie; mais voici un fait qui prouve combien les effets varient avec les individus, et combien il y aurait lieu de se tromper si l'on admettait d'une manière absolue que la digestion ne peut pas s'exécuter chez une personne qui se trouve soumise à l'influence de la vapeur du charbon après un repas copieux.

« Un chien et un chat furent asphyxiés ensemble, le premier rendit une quantité considérable d'aliments; le chat se jeta avec voracité sur ces matières à demi digérées, les engloutit, et il n'eut pas de vomissement. »>

f. Je ne crois pouvoir mieux donner l'idée de la perturbation des fonctions du cœur et des poumons que par la relation suivante.

«Le 15 avril, à 1 heure, un chien très-fort est placé sur la table, cinq cordes solides et fixées à des pitons le retiennent par la tête et par les membres; un tube placé dans sa trachée le met en rapport avec l'intérieur de l'appareil où brûle du charbon. A l'état normal, il a de 89 à 95 pulsations et 25 respirations. 10 minutes, rien de notable; 12 min., 90 pulsat.; 15 min., vitesse extrême du cœur; ce n'est plus qu'an tie

tac tumultueux; émission d'urine, sensibilité conservée aux irritations mécaniques. 18 minutes, inspirations puissantes et étendues, calme. 20 minutes, le cœur s'affaiblit, 100 battements par minute, nouvelle émission d'urine, défécation; inspiration très-faible, aspiration relativement très-puissante; la gueule, les narines et le cou, prennent une part active aux efforts respiratoires, chose d'autant plus notable, qu'en raison de la présence du tube dans la trachée, ils n'ont plus de part à la fonction. 25 minutes, les battements sont tombés au-dessous de 30, prostration complète, de temps à autre forte aspiration, la gueule s'ouvre d'une manière démesurée. L'insensibilité à l'action du feu est complète sur les membres, la tète et la partie inférieure du tronc. Il meurt à la 28e minute.

En résumé, trois périodes dans les différents états du cœur et de la respiration : 1o Augmentation de force et de vitesse dans les battements; la respiration est plus rare, mais profonde. 2o Battements très-irréguliers; très-précipités d'abord, ils cessent bientôt de se suivre à intervalles égaux, séries de 4 ou 5 pulsations entre lesquelles il y a un temps d'arrêt. 3o Les séries s'éloignent; au moment où la vie va cesser, on n'entend plus que 3 ou 4 battements pour 10 secondes; mais alors il y a ordinairement 3 ou 4 fortes inspirations, à la suite desquelles les battements remontent quelquefois instantanément à un chiffre très-élevé, puis tout est fini.

g. Les mouvements respiratoires restent calmes pendant assez longtemps, puis ils s'accélèrent; parfois alors ils prennent momentanément une rapidité et une énergie extraordinaires. A un moment variable, ces mouvements s'apaisent; ils se décomposent en séries de 5 ou 6 expirations saccadées, entre lesquelles apparaît de temps à autre une inspiration profonde et bruyante. Ordinairement, pendant un assez long intervalle, il y a une immobilité absolue, mais la mort est presque constamment précédée de quatre ou cinq fortes inspirations.

h.Il apparait souvent des râles étendus et à grosses bulles. Quand on les suit avec le stethoscope, on les voit disparaître ou s'exagérer à tout instant; toute période d'immobilité les fait naître, toute crise d'agitation les fait cesser.

Quelque abondantes que soient les mucosités, vinssent-elles même à sortir par les narines, il suffit pour les faire résorber de provoquer artificiellement deux ou trois fortes aspirations. On comprend, d'après cela, pourquoi sur les cadavres d'asphyxiés les

bronches sont si souvent à vide: il suffit des quelques inspirations qui accompagnent les approches de la mort pour les débarrasser. Ces considérations, qui s'appliquent aux autres genres d'asphyxie, prouvent assez que, dans ce qu'on appelle l'asphyxie par écume bronchique, l'écume est en réalité un résultat et non une cause.

i. L'étude de la sensibilité cutanée est bien certainement le point le plus important seule elle fait connaître la gravité réelle du mal, et tout pronostic ayant une autre base est peu sûr; dans toutes les observations, on voit signaler l'insensibilité générale. Un homme s'asphyxie à 7 heures du matin; à 11 heures, quand le Dr Gérardin arriva, il remarqua surtout la lenteur de la respiration et une insensibilité complète.

L'insensibilité paraît avoir deux degrés dans le premier, elle résiste aux excitants mécaniques, mais non à l'action du feu; dans le second, celui-ci même n'obtient rien sur elle; dans les deux cas, elle commence par les extrémités du corps, de là elle s'étend progressivement vers le haut du tronc. Quand elle commence, on peut impunément pincer la peau des extrémités des membres, tandis qu'à la région mammaire et sous les clavicules, on provoquerait encore des signes de douleur; de même, à un degré plus prononcé, j'ai vu très-souvent le fer rouge demeurer longtemps sur les membres ou à la partie inférieure du corps, sans qu'il en résultât aucun mouvement, alors qu'il suffisait d'une légère application sur les côtés de la poitrine pour exciter des cris. Chez Me S..., cette particularité était des plus remarquables : les jambes et les cuisses avaient supporté, sans qu'elle bougeât, des applications reitérées de la surface entière d'un fer à repasser presque rouge, brûlures dont elle portera toujours les traces; au contraire, il suffisait de quelques cautérisations sur le haut de la poitrine pour obtenir des signes de sensibilité.

C'est donc à la poitrine, et particulièrement à sa région supérieure, que la faculté d'être excitée par le calorique s'éteint en dernier. Ce fait, qu'il était facile de prévoir après les travaux de Legallois et de MM. Magendie, Mayor (de Genève) et Rayer, a déjà été plusieurs fois au reste exploité avec bonheur dans le traitement de l'asphyxie. Ainsi M. le Dr Deconfrevon fait revenir à la vie une personne qui était dans un état désespéré, en lui passant à plusieurs reprises des charbons allumés sur les côtés de la poitrine;

M. Florent Cunier ranime un mourant, en lui appliquant au-dessus de la région du cœur une masse de café en grains qui venait d'être torréfiée, toute brûlante encore; enfin le D' Alken de Bergheim, après plusieurs heures d'efforts infructueux, réveille les mouvements du cœur et la respiration, en enflammant de l'alcool sur le haut de la poitrine.

Il y a une très-grande différence d'action entre les irritations mécaniques et le fer rouge. Souvent, à la poitrine même, j'ai pu exciser de vastes portions du tégument, sans que l'animal donnât aucun signe de sensibilité, tandis qu'il suffisait du plus léger contact du caustique pour qu'il se réveillàt. Une fois que l'insensibilité est établie, elle résiste aussi longtemps que le sujet demeure exposé aux effets délétères, et quelle que soit la puissance du moyen employé pour provoquer de la douleur, il n'en apparaît alors aucune manifestation. Bien souvent, j'ai vu des chiens, qui avaient renversé le fourneau dans un mouvement convulsif, rester indéfiniment étendus sur des charbons ardents, et pourtant il suffisait d'une légère brûlure au fer rouge, au contact de l'air, pour leur arracher des cris. A travers un trou pratiqué à la paroi de l'appareil, j'appliquais un fer rouge sur le corps d'un animal évanoui sans en obtenir le moindre mouvement, tandis qu'il ne fallait que quelques minutes d'exposition à l'air frais pour le faire revenir. M. Lesage cite un asphyxié qui eut ainsi les mains et les pieds entièrement brûlés. J'ai vu des animaux tomber sur le fourneau, et s'y laisser calciner un membre, une oreille. Dans l'une des expériences auxquelles assistèrent MM. Labric et Vialet, un chien tomba, la région lombaire contre le feu: il demeura dans cette position sans pousser un cri; nous constatâmes qu'il avait une bralure d'au moins 30 centimètres.

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Si la sensibilité disparaît des extrémités des membres vers le haut de la poitrine, c'est toujours en sens inverse qu'elle revient dans quelques cas, j'ai pu, au moyen d'un fer rouge, en suivre la marche avec facilité; on la voyait renaître dans toute l'étendue de la poitrine, sur le tronc, sur la partie supérieure des membres, et enfin aux extrémités.

A la dernière limite, quand le fer rouge n'a plus d'action que dans un point très-circonscrit, ce n'est pas une manifestation de douleur qui se montre d'abord, mais une série de mouvements

musculaires, dont le résultat, en définitive, est une inspiration; ce n'est que quand celle-ci a été suivie de plusieurs autres que les signes de souffrance se caractérisent. Chez Mlle S..., la première application du fer sur la poitrine restait sans résultat apparent; mais en persistant, on voyait le thorax se développer; et c'est alors seulement que les bras et les jambes redevenaient sensibles. Souvent le réveil de la sensibilité n'est que temporaire : elle s'éteint quand on cesse de l'exciter, elle ne revient qu'après de nouvelles cautérisations. On peut ainsi soustraire momentanément l'asphyxié à son état d'anéantissement, puis l'y laisser retomber alternativement.

Le 15 juin, un chien est placé dans l'appareil à 2 heures 25 minutes; 30 minutes après, je le retire au moyen d'une corde attachée d'avance à son cou. Respiration très-rare, pulsations très-éloignées et à peine sensibles, écume sanguinolente aux narines et aux mâchoires. Le fer rouge trouve les parties inférieures du corps tout à fait insensibles; je l'applique sur la poitrine et sous les aisselles; l'animal respire; bientôt il lève la tête, aboie et essaye de se redresser; j'interromps les cautérisations, il retombe dans le même état d'insensibilité; je les reprends, bientôt il se dresse sur ses pattes. En insistant, je le force enfin à s'agiter, aboyer, courir, etc.

j. Quand l'asphyxie a été grave, non-seulement le retour à la vie est toujours long et difficile, mais, quelque marqués qu'aient été les signes de rétablissement, il y a, pendant plusieurs heures, lieu de redouter une rechute.

« Il y a quelques années, rue Cassette, un homme s'asphyxie volontairement avec son enfant. On arrive; l'enfant a cessé de vivre, le père respire encore; on ranime celui-ci, on le porte à l'hôpital, il se réta– blit, marche, parle, etc., et cependant le soir il meurt subitement, sans qu'aucun symptôme nouveau se soit révélé. »

Un homme et une femme s'étaient étendus sur un lit après avoir allumé du charbon. On trouva la femme morte et la tête pendante; l'homme put être ranimé, mais il mourut dans la soirée. (Devergie, t. III.)

Mme S... trois fois revint à elle, et trois fois je la vis retomber dans la plus profonde torpeur.

«Un chien était asphyxié; par les cautérisations, la respiration se ranima, et bientôt il se dirigeait vers la porte. A la 10 minute, tout à coup, il se dresse contre le mur, ouvre la gueule et pousse en se tordant, avec une expression de douleur indicible, quelques cris longs et aigus, puis il tombe inanimé sur le côté, et après avoir palpité quelques secondes, il expire. »

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