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k. Le tégunient externe présente des caractères à peu près conslants: chez les animaux, indépendamment des parties baignées par l'urine, le reste de la peau était moite et humide. Les observations signalent toutes la lividité violacée de la peau, sa moiteur souvent trèsprononcée, la tuméfaction des veines, la cyanose des lèvres etdes conjonctives. Cet état, que j'ai constatéfchez un asphyxié à l'Hôtel-Dieu, chez un autre à la Charité, paraît être dû à la gêne croissante, et enfin à l'abolition complète de la circulation : les pupilles sont contractées, souvent il s'écoule du sang par la bouche et le nez. Une dame qui s'était asphyxiée rue du Four présentait, après sa mort, l'état suivant : la mort remontait à une heure et demie au plus; rigidité complète, refroidissement général, excepté à l'épigastre, décoloration livide et moiteur de toute la peau, et sans aucune congestion locale à la face ou ailleurs; pas d'écume ou de sang à la bouche; pupilles largement dilatées.

Mile S..., qui était dans l'état le plus complet de mort apparente, offrait l'aspect suivant : roideur des membres et du tronc, contraction invincible des mâchoires; peau décolorée, livide et humide, surtout au front, au cou et dans les angles oculo-palpébraux. L'iris était tellement contracté que la pupille avait son plus petit diamètre, et les pulsations des artères des membres étaient absolument insensibles.

7. La mort arrive sous des formes diverses et à une époque variable, mais toujours longtemps après la perte de connaissance. Ce serait donc un très-faux calcul que de prendre pour l'heure de la mort celle où se serait arrêtée une lettre écrite par un asphyxié, et même celle où on aurait cessé de l'entendre se mouvoir ou pousser des plaintes. Quand les symptômes de suffocation ont prédominé, l'asphyxié fait tout à coup quelques inspirations extraordinaires et bruyantes, il s'agite convulsivement, ses membres se roidissent à plusieurs reprises, il pousse un ou deux gémissements plaintifs, les mâchoires énormément écartées, et il meurt étendu sur le côté, les membres rapprochés, dans l'attitude la plus calme. Au contraire, si l'asphyxie a revêtu la forme d'une syncope, la respiration devient de plus en plus rare et faible; à un moment, rien dans l'aspect extérieur n'indique que le sujet appartienne encore au monde; tout signe de vie active a disparu, la transition de la vie à la mort est absolument insaisissable, et l'on se demande après si la mort est bien réelle, comme on se demandait, quelques minutes

avant, si le sujet était encore vivant. Toutefois, tant que la vie persiste, par une attention soutenue, on peut toujours saisir des mouvements au cœur, et l'asphyxié chez qui cet organe est immobile, malgré la chaleur du corps et l'absence de rigidité, est non pas dans un état de mort apparente, comme on l'a écrit, mais il est mort réellement.

« Le 5 octobre 1855, un jeune homme asphyxié est apporté à l'hôpital dans la nuit. Saignées du bras, ventouses, sangsues; pas d'amélioration. Le matin on applique deux courants électriques sur le haut de la poitrine, il en résulte de puissantes inspirations; le malade semble revenir à lui, mais on le laisse; il retombe alors dans le même état. Nouvelles saignées. Le 10, cinquième jour après l'accident, il était dans l'état suivant: pâleur livide du corps, coloration violacée des lèvres, veines superficielles des membres tuméfiées, peau froide et moite, sueur abondante au cou et sur le visage; battements du cœur lents, mais assez forts, respiration très-faible. M. Duchenne et moi, nous lui pinçons la peau aussi fortement que possible aux jambes, aux cuisses, aux bras, sur le tronc et aux oreilles il ne fait aucun mouvement; mais, en le pinçant de même au haut de la poitrine et vers les mamelons, nous le voyons bientôt écarter les lèvres, et il jette un faible cri, et même articule assez bien quelques mots.

« Le soir, à 4 heures, même état.

« Le 11, à 11 heures, peau chaude et halitueuse, pouls fort et fréquent, respiration presque nulle, les pupilles sont insensibles; il y a eu, diton, quelques contractures des membres, que l'on a attribuées à une méningite, et de nouvelles sangsues ont été appliquées aux oreilles. Les lèvres sont beaucoup plus foncées que la veille; råle bronchique assez marqué; les narines seulement sont agitées par le soufle et encore très-faiblement. La sensibilité est absolument nulle partout. A midi, il était mort.

« Autopsie 46 heures après la mort. Le cerveau, les poumons et le cœur étaient d'avance placés sur une table, quand on entra dans l'amphitheatre. Le cerveau posait sur sa face supérieure, la base regardant en haut; quand on l'ouvrit, on trouva toutes les veines fortement gorgées sur les hémisphères cérébraux, lesquels eux-mêmes étaient piquetés dans leur substance. On reconnut donc un état congestif coïncidant avec l'apparition des contractures. En réalité, si l'on eût, comme il convenait, tenu compte de la position déclive ou plutôt inférieure qu'avaient occupée pendant si longtemps les vaisseaux de cette portion de l'encéphale, on eût reconnu que ce viscère ne présentait rien que de très-normal. Les poumons offraient un état bien différent de celui que l'on trouve immédiatement après la mort : ils étaient volumineux, d'un rouge brun ou noir, et, bien que crépitants dans leur plus grande

étendue, à la base ils étaient plus durs et moins dépressibles. En les incisant, on voyait peu de sang à la partie supérieure; à la base, il y en avait davantage, une certaine étendue même était hépatisée. La substance du cœur avait son apparence normale à gauche, on ne voyait que du sang fluide; à droite, il y avait un caillot fibrineux, mais peu volumineux, et adhérent aux parois du ventricule et à l'oreillette. »

Tout d'abord, je n'hésite pas à le dire, cet homme a été malheureusement traité. Si, au lieu de s'évertuer à lui tirer du sang par la lancette, les ventouses et les sangsues, on eût suivi l'indication qu'il avait en quelque sorte donnée lui-même, quand il sembla revenir à la vie, sous l'empire de la respiration réveillée artificiellement par l'électricité, il est certain qu'on l'eût sauvé; il n'y avait qu'à persévérer. C'est l'idée exagérée que l'on s'est faite d'une intoxication qui engage ainsi à saigner à outrance; on espère retirer de l'économie une certaine portion du poison en répandant le sang qui le contient; mais c'est traiter par la main une affection qui n'est rien moins que chirurgicale. Il ne manque pas d'exemples pareils. M. Roche a cité le cas d'un asphyxié qui mourut le surlendemain après avoir été saigné six fois; M. Blatin a vu mourir une femme le cinquième jour, après un grand nombre de saignées et de syncopes réitérées.

m. Quand l'asphyxié revient à la vie soit spontanément, sous l'influence seule du contact de l'air, soit par l'effet du traitement, on voit de nouveau se dessiner les symptômes respiratoires et cérébraux qui ont caractérisé la maladie dès l'invasion, mais ils suivent une marcbe inverse. Ainsi le mal débute par des lésions fonctionnelles du côté du cerveau; c'est au contraire par le rétablissement de la respiration que la guérison s'annonce. On voit cette fonction renaitre avant tout, puis après elle la sensibilité, la volonté, le mouvement, l'intelligence, etc.

Mais la respiration elle-même suit une marche opposée à celle de sa disparition : ainsi nous avons vu que vers la fin il n'y a plus que quelques rares mouvements aux narines. Or c'est précisément la dilatation croissante des narines qui indique le retour à la vie ; puis le cou se tend, le thorax se soulève, et l'acte respiratoire se complète.

De plus, comme au début de la maladie, il y a encore ici un moment où la respiration est désordonnée et tumultueuse,

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ce n'est qu'ensuite qu'elle reprend son type normal et régulier. La sensibilité reste obtuse; elle ne reprend son intégrité que longtemps après que le mouvement est rétabli. Les animaux peuvent se mouvoir et marcher avec facilité, que l'on peut encore leur faire subir de légères brûlures, des incisions, des pincements, etc., impunément.

Mais rien n'est plus curieux que de voir l'intelligence et le sentiment se dépouiller des voiles sous lesquels ils étaient ensevelis. Toutes les observations font mention d'un état de torpeur plus ou moins prononcée après l'asphyxie. Mais, ainsi qu'on le verra, ce symptôme est commun à tous les cas où la respiration a été suspendue momentanément, et l'on ne peut par conséquent le consirer comme caractéristique exclusivement de la présence des gaz délétères dans l'économie. Si un chien par exemple est plongé dans un état d'asphyxie grave, et qu'après avoir rétabli la respiration, on l'abandonne à lui-même, on le verra rester pendant une demi-heure ou trois quarts d'heure étendu sur le côté ou sur le ventre, la tête sur le sol, étranger à tout ce qui se passe autour de lui, indifférent même aux coups.

Il reste immobile, comme attaché à la même place, dans la même position, les pattes écartées, le cou tendu, la tête fixe, le regard stupide; si on lui lève une patte, il la tient en l'air indéfiniment. Cet état ne se dissipe qu'avec une extrème lenteur, et, alors mème que l'animal paraît avoir recouvré la totalité de ses fonctions, il s'en faut de beaucoup que ses facultés aient leur intégrité; si on le contraint à marcher, ses premiers pas sont toujours chancelants, et, le plus souvent, il tombe plusieurs fois. Quand il s'arrête, il demeure comme absorbé; il est évident que le mouvement n'est plus chez lui qu'un acte automatique. Ordinairement, après une asphyxie grave, les animaux restent plusieurs jours sans manger, même quand on leur présente de la nourriture.

M S..., vingt-quatre heures après l'asphyxie, était dans l'état suivant : pâleur livide et générale des téguments; lèvres violacées, pouls petit et faible; respiration régulière, mais à peine visible. Quand on l'appelle, elle entr'ouvre les yeux; son regard reste fixe et stupide. Si on lui pince les mains ou les pieds, un léger plissement se creuse aux commissures des lèvres, mais elle ne prononce pas un mot; si, au contraire, on lui serre la peau du cou, de l'oreille

ou de la poitrine, elle donne un grognement sourd continu, un ááád prolongé.

M. F. Leblanc attribue la longue durée des phénomènes de paralysation surtout à l'oxyde de carbone, mais on verra que dans l'asphyxie par simple privation d'air, ces phénomènes ne sont ni moins longs ni moins prononcés.

Quelquefois il apparaît un frisson, ou plutôt un tremblement général. Le Dr Bellot, celui des 'deux asphyxiés que sauva le Dr Sonnier, la plupart des mineurs de Wanlockead, et M11e S..., en furent tourmentés au plus haut point; chez cette dernière même, il dura plusieurs semaines. Il en fut de même chez la plupart des animaux soumis aux expériences.

Mais, de tous les symptômes, celui qui s'efface le dernier, c'est précisément celui qui a signalé l'invasion de la maladie, le mal de tête. Mile S... en a souffert cruellement pendant plus d'un mois, et presque sans interruption. Les animaux eux-mêmes, par leur contenance et leur allure, dans les premiers jours qui suivent l'asphyxie, m'ont paru montrer, d'une manière indubitable, la nature de la souffrance par laquelle ils étaient dominės.

n. On a donné comme fréquents un certain nombre d'accidents consécutifs; je n'ai rencontré, dans le grand nombre d'observations que j'ai lues, que les deux exemples suivants.

« Un homme est trouvé sans conaissance sur son lit. Le lendemain, le sentiment n'était pas revenu. Quelques jours après, la jambe et la main droites sont paralysées du mouvement, puis du sentiment. Les traits de la face sont tirés à gauche, flasques à droite; occlusion complète de l'œil, déviation du nez et de la bouche. M. Nélaton, qui a vu plusieurs cas de ce genre, déclare que ces paralysies restent toujours.

M. Monod rapporte qu'une dame asphyxiée, qui resta pendant trois jours sans connaissance, eut une paralysie de la vessie, qui ne disparut qu'au neuvième jour par l'électricité (Gazette des hôpitaux, févr. 1854). «Plusieurs animaux ont été d'une manière plus ou moins complète paralysés des membres inférieurs. J'en ai vu qui ne pouvaient avancer que sur les pattes de devant, celles de derrière traînant inertes sur le sol. Une jeune chienne, qui mourut cinq jours après l'asphyxie, resta ainsi privée du mouvement des membres postérieurs, et, de plus, il y a lieu de croire que la paralysie s'étendait à la vessie et au rectum, car, à dater de ce moment, elle n'eut plus aucune déjection, et cependant, à l'autopsie, je trouvai une énorme quantité d'urine et de matières fécales. »

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