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sensiblement moins prononcée d'instant en instant; la projection et la courbure ont diminué sensiblement, mais le mouvement d'élévation est encore tout aussi prononcé. Vers la fin, l'artère n'est plus que faiblement soulevée; l'augmentation de calibre et la courbure qui en était la conséquence ne sont plus perceptibles. Bientôt elle n'éprouve plus qu'une sorte de susurrus qui s'efface progressivement, et enfin elle reste immobile.

b. Ainsi l'asphyxie dissocie en quelque sorte les divers éléments du pouls; elle permet de vérifier facilement ce fait important démontré par M. Flourens, que le choc artériel n'est pas constitué exclusivement par un jeu alternatif de resserrement et de dilatation.

c. Je me suis demandé si les grosses artères, l'aorte ventrale, par exemple, pouvaient cesser de battre sans que la vie fût irrévocablement perdue; je me suis assuré que chaque fois que les battements y avaient cessé définitivement, ils étaient également arrêtés dans le cœur. Toutefois, bien souvent j'ai vu revenir à la vie des animaux chez lesquels les battements étaient à un état de rareté et de faiblesse tel que le doigt porté directement sur ce vaisseau les y sentait à peine. M. Bouchut a été témoin d'un fait de ce genre.

OBSERVATION. - Les battements étaient tombés à 1 pour vingt secondes. Le doigt porté sur l'aorte n'y rencontrait plus qu'un frémissement presque insaisissable, les crurales étaient tout à fait immobiles.

Le fer rouge appliqué sur les membres n'y produisit aucun effet ; mais aussitôt qu'il fut sur la poitrine, on vit instantanément les battements reparaître, et l'animal se ranima. On le pendit de nouveau jusqu'à ce qu'il fût plongé dans un état pareil à celui dont il venait de sortir; les grosses artères étaient tout à fait immobiles, mais à l'aorte centrale il y avait encore un frémissement. L'animal, abandonné à lui-même, mourut, bien que le cœur se mût encore.

Dans cette expérience, l'action du fer rouge, appliqué sur la poitrine, fut manifeste comparativement à la nullité du résultat, quand il était porté sur les membres.

d. La force de contractilité, qui persiste si longtemps dans le cœur, s'éteint assez vite au contraire dans les artères; il n'est pas rare, quand on a divisé transversalement la carotide ou l'artère crurale à un degré médiocrement prononcé d'asphyxie, de voir le sang couler en nappe, sans aucune apparence de jet ou même de saccade pulsatile.

3o Capillaires. a. Dans les vaisseaux capillaires, la circulation est

extrêmement ralentie et peut être tout à fait arrêtée, à un degré même peu grave de l'asphyxie. C'est dans les parties les plus éloignées du cœur qu'elle cesse en premier, de là la stagnation gagne en remontant vers le haut. On peut s'en assurer en pratiquant en même temps des incisions sur plusieurs régions. Aux membres, à la partie inférieure du tronc, les plaies donnent à peine quelques gouttes de sang; à la poitrine et au cou, il coule encore abondamment. Au moment de la mort, les plaies des parties qui sont le plus largement munies de ce genre de vaisseaux restent complétement arides; mais, même à un état moins grave, il m'est arrivé souvent de mettre à nu les vaisseaux du cou ou de l'aine, sans avoir autre chose sous les yeux qu'une surface blanche, nacrée et sèche, tant que les vaisseaux d'un calibre plus élevé n'avaient pas été lésés. Enfin tous les médecins qui ont fait des expériences avec moi ont été frappés de la facilité avec laquelle on arrête les hémorrhagies en élevant un peu les degrés de l'asphyxie. La communication s'interceptant ainsi de plus en plus entre les deux systèmes artériel et veineux, il arrive un moment où le mouvement circulatoire est forcément suspendu; il est alors remplacé par un déplacement oscillatoire qui s'étend du centre aux extrémités et réciproquement, et dont le mobile est le mouvement du cœur lui-même. Alors aussi, quand on incise transversalement une grosse artère, jamais il n'y a un écoulement de sang très-abondant, car ce vaisseau ne donne que la quantité de liquide contenue dans sa cavité, et il n'emprunte plus à la circulation générale; mais, aussitôt que la respiration est rétablie, le pouls se relève, le sang reprend son cours, et en définitive, la plaie, qui était à sec un instant auparavant, est bientôt inondée.

b. Il en est de même dans les veines; on en a la preuve par ce qui arrive quand on saigne un individu asphyxié gravement. Alors, en effet, il ne vient pas de sang du tout, ou l'on en obtient à peine quelques grammes; mais, aussitôt que la vie vient à se ranimer, on voit le sang s'échapper en abondance de toutes les veines piquées. Aussi me paraît-il bien certain que l'apparition du sang par la saignée est le symptôme, mais non la raison, du retour à la vie. On a vu, il est vrai, des individus mourir, bien que leur sang eût coulé ; mais cela peut être rapporté à une autre cause, sur laquelle je reviendrai à l'occasion du traitement.

III. Respiration.-a. En général, quelle que soit l'atteinte portée à la respiration, chez les animaux, les mouvements du thorax restent calmes et réguliers d'abord ; ce n'est qu'après plusieurs minutes qu'il apparaît des signes de dyspnée. (J'ai souligné « chez les animaux» avec intention, attendu que c'est seulement chez eux que l'on peut rencontrer ce caractère, qui précise parfaitement le degré de la souffrance due à la privation d'air, et le moment où elle se fait sentir; tandis que chez l'homme le sentiment du danger doit provoquer des symptômes de résistance et d'agitation bien avant que la privation d'air proprement dite n'ait donné lieu à des lésions réelles.) Quoi qu'il en soit, une certaine perturbation ne tarde pas alors à se déclarer. Tantôt le thorax, dans des espaces de temps infiniment rapprochés, prend les dimensions les plus variables dans tous les sens, et il semble alors que toute la puissance musculaire soit affectée à l'accomplissement d'un seul acte, la respiration. Si on a disséqué la région inférieure du cou pour mettre à découvert la face externe de la plèvre, en même temps que par une incision à la région abdominale on s'est mis à même de suivre les divers mouvements du diaphragme, on reconnaît pendant la période convulsive, d'un côté, que les poumons s'élèvent souvent de plusieurs centimètres au-dessus des côtes, et, de l'autre, que le muscle passe, d'un instant à l'autre, aux diamètres les plus opposés, refoulant sous lui le foie, les viscères, etc., ou remontant très-haut dans la poitrine. Tantôt, au contraire, après une faible exaspération de quelques instants, les mouvements respiratoires tombent presque de suite bien au-dessous de leur valeur normale.

b. A un moment donné, tout paraît immobile: alors les poumons gardent sensiblement les mêmes dimensions, soit que pour les explorer on ait appliqué la main au-dessus des côtes ou sous le diaphragme, soit que l'on ait introduit un doigt dans le médiastin. Aussi, si l'on ferme complétement la trachée, l'animal ne fait pas même un geste; si l'on apporte de l'écume sur l'ouverture de ce conduit, elle n'est en aucune façon déplacée, le courant d'air de la respiration manque entièrement. Les poumons sont dans leur plus grand état d'aspiration, la circulation doit y être suspendue, et cependant, même après une minute peut-être de cet état, le retour à la vie est encore possible. J'ai vu plusieurs fois le cœur battre, même

avec une certaine énergie, pendant deux ou trois minutes, bien que les poumons fussent complétement affaissés..

c. La privation d'air isole d'une manière merveilleuse les diffé. rents appareils dont se compose le système respiratoire; la fonction s'arrête dans chacun d'eux à son tour et dans l'ordre le plus régulier. Chose vraiment remarquable, de même que la sensibilité et la locomotilité s'éteignent d'abord dans les extrémités du corps et remontent progressivement vers le tronc, comme pour donner à connaître que la paralysie s'est déclarée d'abord dans les extrémités du système nerveux et gagne vers le centre, lorsqu'ils vont cesser de fonctionner et demeurer immobiles, les divers appareils de la respiration suivent invariablement l'ordre selon lequel sont insérés de bas en haut, sur l'axe cérébro-spinal, les nerfs qui les animent. On voit ainsi cesser successivement de se mouvoir les muscles qui reçoivent les nerfs lombaires, dorsaux, intercostaux, diaphragmatiques; les branches du plexus cervical, le spinal et le facial.

d. L'antagonisme des forces respiratoires s'éteint promptement; l'inspiration devient excessivement longue et pénible, elle se renouvelle plusieurs fois coup sur coup; l'expiration, au contraire, est instantanée et bruyante. Mais ici cette dernière n'est plus, comme dans l'état normal, un acte fonctionnel s'accomplissant par le jeu de certaines forces qui lui sont affectées en propre; la poitrine, en un mot, ne se resserre plus par l'action des muscles expirateurs, mais elle s'affaisse sous son propre poids, parce que l'inspiration, menée à bout de fin, refuse de la soutenir.

e. Les fonctions s'éteignent de même dans tout ce qui est sous la dépendance du pneumogastrique, c'est-à-dire dans l'appareil respiratoire proprement dit. Ainsi il arrive un moment où la sensation du défaut d'air manque tellement, que l'on pourrait aspirer l'air des poumons, les vider entièrement, sans qu'il en paraisse rien; et pourtant cette sensation est si pénible à l'état normal, que l'on ne saurait rétrécir le conduit aérien d'un quart de son diamètre, sans donner lieu aux convulsions les plus désordonnées.

f. De plus, à n'en point douter, c'est à la paralysie de ce nerf qu'il faut attribuer la présence de l'écume dans les bronches; car, si on sacrifie l'animal au moment où la paralysie arrive à la septième paire, les conduits sont presque complétement obstrués; si, au

contraire, on a attendu pour lui donner la mort le moment où, après avoir coupé cette septième paire, la paralysie, par suite du retour à la vie au contact de l'air, est redescendue au-dessous de la huitième, ces conduits sont déjà presque entièrement débarrassés.

g. Au moment où la vie va s'éteindre, il ne reste plus, comme vestiges de la fonction respiratoire, que quelques rares contractions aux narines, aux lèvres, aux paupières, et au voile du palais; les paupières, qui reçoivent leurs branches motrices de la septième paire, sont paralysées avant la glande lacrymale, laquelle reçoit ses nerfs de la cinquième paire. Dans la glande, les fonctions sont donc conservées alors qu'elles ont déjà cessé dans les paupières, et celles-ci ne conduisant plus le liquide sécrété dans l'appareil excréteur, lequel est d'ailleurs tombé lui-même dans l'inactivité selon toute apparence, les larmes se répandent sur les joues.

h. Enfin les phénomènes que j'ai signalés dans les pupilles, å l'occasion de l'anesthésie, montrent de la manière la plus claire que cette forme ascensionnelle dans l'extinction des propriétés des nerfs se continue jusqu'au dernier de leurs fibres.

i. Il n'est pas douteux qu'on ne trouvât la preuve d'une semblable décroissance, de bas en haut, dans les fonctions des divers appareils de l'organisme, si on analysait les phénomènes qui se présentent dans chacune d'elles; ce qui a lieu relativement aux déjections urinaires et stercorales me paraît surtout en offrir un remarquable exemple.

Dans les premières périodes, la paralysie n'étant encore parvenue qu'aux sphincters inférieurs, et les régions supérieures ayant conservé toute leur contractilité, les matières sont chassées avec force dans l'intestin et la vessie, et elles sont lancées au loin; mais, quand la paralysie a envahi tout le corps, ces cavités ne formant plus que des sacs inertes, dépourvus de toute contraction, et ouverts en bas, les matières tombent par leur propre poids, elles se répandent au dehors sans être poussées par aucune force.

Marshall Hall pense que le premier acte respiratoire, chez un animal qui vient de naître, est non un phénomène de respiration proprement dite, mais une action réflexe dans laquelle l'air atmosphérique joue le rôle d'excitant; le trijumeau, celui d'excitateur, et le facial, celui de moteur : la moelle allongée étant le nœud respiratoire. Ce qu'il y a de certain, c'est que tel est exactement ce qui

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