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leur rose pâle, dans l'état ordinaire; chez les femmes enceintes, cette muqueuse se ramollit, prend une couleur violette, foncée surtout à la paroi antérieure, où il n'est pas rare de voir percer, à travers son tissu, de grosses veines bleues. » A cette description de l'anatomiste allemand, nous ajouterons que les follicules du vagin s'hypertrophient et font saillie sur la muqueuse; l'exagération de cet état symptomatique de la gestation produit la vaginite granuleuse. La simple inspection de cet état du vagin montre combien ce canal est congestionné durant la grossesse.

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OBSERVATION I. Grossesse, état granuleux de la muqueuse vaginale. Le 10 août 1852, la nommée D... (Joséphine), âgée de 17 ans, brossière, est entrée à l'hôpital de Lourcine, salle Saint-Clément, no 19, service de M. le Dr Legendre. Cette femme, enceinte de quatre mois, d'une bonne santé habituelle, a un écoulement vaginal depuis les premiers temps de sa grossesse.

Le 10. Liquide utérin presque transparent; col dilaté; museau de tanche un peu granuleux; écoulement vaginal blanc. Cautérisation du col avec le nitrate d'argent.

-

Le 16. Glaire utérin transparent; pas d'écoulement vaginal; vagin Cautérisation du col avec le nitrate d'argent.

rouge.

Le 23 septembre. Même état du vagin; col un peu granuleux. térisation du col avec le nitrate d'argent, une fois par semaine.

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Le 8 octobre. Les granulations du col ont diminué ; la muqueuse vaginale, toujours rouge, est parsemée de saillies dues aux papilles hypertrophiées. Cautérisation du col avec le nitrate d'argent; bains émollients.

Le 18. Un peu d'écoulement blanc; saillies du vagin un peu moins rouges. - Bains émollients.

Le 25. Col à peine rouge; vagin dans le même état; écoulement mucopurulent. Bains émollients.

Le 8 novembre. Le vagin, toujours rouge, parsemé de saillies papillaires, est touché avec une légère solution d'azotate d'argent; écoulement muco-purulent.

Le 15, même état du vagin. Bains émollients.

Le 30. Col très-granuleux; saillies papillaires du vagin toujours marquées, mais moins rouges. Bains émollients.

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Le 20 décembre. Écoulement muco-purulent. Bains émollients. La malade est accouchée aux premiers jours de janvier; depuis lors nous l'avons perdue de vue.

Si parfois la gène de la circulation produit un état granuleux du vagin, comme dans l'observation que nous venons de relater, il est aisé d'admettre a priori que des végétations peuvent aussi s'y

développer, repulluler, tant que la grossesse dure, et guérir souvent spontanément, lorsque l'accouchement a eu lieu. Ainsi, à notre avis, chez un certain nombre de femmes grosses, les végétations se développent par suite des obstacles apportés à la circulation; chez d'autres, elles reconnaissent une autre cause.

On observe souvent chez les femmes enceintes un écoulement tantôt blanc laiteux, tantôt jaune ou jaune verdåtre; cet écoulement n'est souvent la cause d'aucune affection, mais dans quelques cas il produit un érythème, du prurit, et dans d'autres il devient la cause de végétations. Il n'est pas rare de rencontrer des végétations chez des femmes qui n'ont jamais eu d'affection syphilitique, mais qui, depuis un temps plus ou moins long, sont affectées de vaginite ou de catarrhe utérin : dans ce cas, on ne saurait rapporter la présence des végétations à d'autres causes qu'à l'irritation produite par la sécrétion morbide sur les parties génitales. Si les produits d'une inflammation vaginale ou utérine peuvent, par leur seul contact, faire naitre des végétations, a fortiori un écoulement déterminera l'évolution de végétations chez une femme enceinte, déjà prédisposée, par le seul fait de la gestation, à la congestion de la muqueuse des organes génitaux.

Nous allons rapporter ici quelques observations dans lesquelles on verra que la grossesse a été la seule cause du développement des végétations.

OBS. II. Grossesse, végétations. La nommée Marie S..., âgée de 22 ans, domestique, est entrée au no 25 de la salle Saint-Clément, hôpital de Lourcine, service de M. Barthez d'abord, de M. Legendre ensuite, au mois de novembre, enceinte de quatre mois et demi.

Le 19 janvier. Cette malade dit n'avoir jamais eu de maladie vénérienne ni syphilitique. Elle s'est aperçue pour la première fois de végétations, il y a trois mois : ces végétations siégeaient près de la fourchette. En même temps, cette malade avait un écoulement qui a été traité par l'alun. Des applications de tannin et d'acide acétique ont été faites sans succès sur les végétations. Elle a eu des rapports sexuels pour la dernière fois, il y a six mois et demi. Bien réglée avant la grossesse, n'avait de flueurs blanches que trois ou quatre jours avant l'époque menstruelle; lorsque la grossesse est arrivée, il est survenu un écoulement blanc laiteux, puis jaune, quelquefois sanguin, maintenant cet écoulement est jaune. Il y a de nombreuses végétations derrière les grandes lèvres, volumineuses; il y en a une fort grosse à l'entrée du vagin ; quel

elle

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ques-unes siégent sur le col, mais elles sont fort petites. Application de nitrate acide de mercure sur les végétations; excision, broiement de quelques végétations.

Le 26, même traitement..

Le 9 février, même traitement.

Le 10 mars, même état, même traitement.

Le 16, l'accouchement à terme a lieu.

Le 24 avril. Col granuleux; léger catarrhe utérin.

Du 24 avril au 18 juin. Tous les huit jours on fait sur les végétations des applications d'azotale acide de mercure. Le catarrhe et les granulations disparaissent. Le 18 juin, la malade sort guérie.

OBS. III.

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Grossesse, végétations. La nommée Louise L..., dévideuse de soie, âgée de 30 ans, est entrée, le 29 janvier 1852, à la salle Saint-Alexis, no 5 (hôpital de Lourcine, service de M. Gosselin). Elle est enceinte de sept mois; elle est très-propre, elle n'a jamais eu ni maladies vénériennes, ni affections syphilitiques; elle s'est aperçue qu'elle avait des végétations le 10 janvier 1852, et de l'écoulement cinq jours après. Le 2 mars. Depuis son entrée à l'hôpital, l'écoulement blanc laiteux a continué jusqu'au 13 février, jour de l'accouchement prématuré à huit mois. Depuis le 13 février, les lochies ont continué à couler. Il y a des végétations grosses comme des fraises au pourtour de l'anus. A l'angle postérieur du vagin, on en voit un paquet qui représente le volume d'une grosse fraise. Autour des nymphes, existe une couronne de végétations. Sur les grandes lèvres, il y a quelques petites végétations isolées; dans le vagin, il y en a un grand nombre. La chute de quelques végétations a eu lieu depuis la couche ; d'autres se sont reproduites: ces végétations sont un peu douloureuses, parfois cause de prurit.

Le 10. Excision des végétations de la vulve; torsion et broiement de quelques-unes sises dans le vagin.

Le 18. Excision de végétations placées près du clitoris.

Le 27. Arrachement et broiement de végétations implantées dans le vagin.

Le 17 avril. Il y a encore, à la partie supérieure ou droite du vagin, des végétations peu saillantes qu'on arrache avec l'ongle.

Le 22 mai. Extirpation et cautérisation de deux végétations sises à la partie postérieure et inférieure du vagin.

Le 5 juin. La malade est guérie; il n'y a ni écoulement vaginal, ni écoulement utérin; elle sort.

Le 10 juillet. La malade revient à la consultation; de nouvelles végélations petites, implantées sur la muqueuse de la vulve et autour du clitoris, sont broyées et arrachées.

OBS. IV. Grossesse, végétations.

-

Le 9 mars 1852, est entrée à l'hôpital de Lourcine, salle Saint-Jean, no 7, service de M. le Dr Legendre, la nommée B... (Lucie), couturière, âgée de 24 ans, enceinte de six mois; cette femme n'a jamais été malade.

VII.

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Le 11 mars. Il y a six semaines, elle a commencé à avoir des végétations; elle a pris de la salsepareille, mais n'a subi aucun traitement local. Depuis quelques jours le nombre des végétations a augmenté; de petites végétations existent au pourtour de l'anus; des végétations un peu plus volumineuses, pédiculées, sont développées sur le bord libre des grandes lèvres et près du clitoris; il y a des granulations saignantes, nombreuses, sur le col, et de l'écoulement vaginal muco-purulent. Cautérisation du col avec le nitrate d'argent et des végétations avec le nitrate acide de mercure.

Le 16, la malade veut sortir.

OBS. V. Grossesse, végétations. La nommée Marguerite (Victoire), âgée de 29 ans, buraliste, est entrée, le 10 août 1852, à la salle SaintClément, no6, hôpital de Lourcine, service de M. Legendre. Cette femme est enceinte de six mois et a de l'écoulement seulement depuis quatre mois.

Le 10 août. A son entrée à l'hôpital, le col est dilaté, la lèvre antérieure est recouverte de granulations; le vagin est rempli d'un écoulement muco-purulent et parsemé de végétations nombreuses dont les plus grosses ont le volume d'une petite lentille; la face externe des nymphes est couverte de végétations de la grosseur d'une tête d'épingle. - Cautérisation du col avec le nitrate d'argent; cautérisation des végétations avec l'acide acétique.

Le 16. Pas d'écoulement à la face interne du col qui est toujours dilaté; granulations exubérantes sur la lèvre antérieure du col ; moins de végétations sur la face externe de la grande lèvre gauche; sur la moitié supérieure de la nymphe droite, le nombre des végétations a augmenté. Cautérisation du col avec le nitrate d'argent; cautérisation des végétations avec l'acide acétique.

Le 29. Col granuleux; écoulement moins abondant; même état des végétations. Gautérisation du col avec l'azotate d'argent et des végétations avec l'acide acétique.

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Le 6 septembre. Écoulement moins abondant; même état du col et des végétations. Même traitement.

Le 13. Peu d'écoulement; le col et les végétations ne se modifient pas. Même traitement.

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Du 15 septembre au 15 otobre l'écoulement cesse ; les granulations du col persistent; les végétations persistent sans modification. - Tous les huit jours, cautérisation des végétations avec l'acide acétique; chaque jour une injection d'alun.

Le 18. La malade est dans le neuvième mois de sa grossesse, elle veut sortir; les végétations persistent; le col est toujours granuleux; il n'y a ni écoulement utérin ni écoulement vaginal.

Diagnostic des végétations. En rapportant des observations de malades chez lesquelles la grossesse a été l'unique cause qui à

favorisé le développement des végétations, nous avons eu pour but de faire voir que les végétations des femmes enceintes étaient à tort réputées syphilitiques. Pour compléter la démonstration de ce que nous avançons, nous devons établir le diagnostic des végétations avec certaines affections syphilitiques qui ont quelques points de contact avec elles, à savoir, le tubercule plat, l'induration consécutive au chancre induré.

1o Le tubercule plat (papule muqueuse, plaque muqueuse, pustule plate) se présente sous la forme de tubercules ronds, épais, aplatis, variant de la grandeur d'une lentille à celle d'une pièce de 1 franc, et quelquefois même de 5, d'un rouge livide, tantôt isolé, tantôt réuni en groupes très-confluents. Fort différent, par la forme et la couleur, de la plupart des végétations, le tubercule plat a une assez grande tendance à l'exulcération, il ne se montre jamais que sous l'influence du virus syphilitique, et, de l'avis de la plupart des syphiliographes, seulement durant la seconde période de la syphilis ; il n'est pas modifié par la ligature, l'excision; il disparaît complétement par un traitement mercuriel.

Le tubercule plat peut subir diverses modifications qui permettent la confusion avec les végétations.

A. Le tubercule plat peut s'ulcérer. Alors, à côté de papules muqueuses présentant les caractères que nous venons d'indiquer, on en voit dont le sommet présente des exulcérations généralement assez superficielles, blafardes.

B. Le tubercule plat peut devenir végétant. On voit alors s'élever sur les saillies rondes, épaisses, aplaties, d'un rouge livide, qui constituent les tubercules plats, de petites tumeurs rosées ressemblant assez à une framboise. Ces modifications seront toujours distinguées des végétations, en ce qu'elles auront pour base le tubercule plat et que leur marche suivra les phases de la syphilide tuberculeuse.

2o L'induration qui persiste après la guérison d'un chancre indurẻ se présente dans le point précis où existait le chancre; elle a la forme d'une tumeur sessile peu saillante, et constitue en réalité plutôt un bourrelet qu'une tumeur. Avec un peu d'attention et quelques renseignements commémoratifs, elle ne pourra donc pas être prise pour une végétation; elle cède d'ailleurs toujours à l'emploi du traitement mercuriel.

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