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Pronostic des végétations qui se développent chez les femmes grosses.

Pour les médecins qui considèrent ces tumeurs comme des manifestations syphilitiques, le pronostic est fort grave; c'est un symptôme qui prend place dans les accidents primitifs et secondaires de la syphilis, qui ne cède qu'à un traitement mercuriel administré à l'intérieur, combiné avec l'application de topiques, tels que l'azotate d'argent, l'azotate acide de mercure, le fer rouge, etc. Nous pensons que le traitement hydrargyrique interne est tout à fait inutile: est-il innocent? nous ne pouvons l'admettre. Bien que nous regardions les mercuriaux comme d'excellents médicaments préconisés avec raison contre la syphilis, souvent d'un heureux effet dans la fièvre typhoïde, dans quelques affections puerpérales, etc., nous ne saurions considérer comme innocents des médicaments qui peuvent produire la salivation, la diarrhée, des ulcérations, une cachexie, et nuire au développement du fœtus.

Pour nous, nos observations nous mènent à conclure que les végétations sont un accident purement local de la grossesse; dès lors le pronostic est peu grave. Nous ne saurions trop engager les médecins à recueillir avec soin les renseignements que leur donneront les femmes enceintes sur le développement des végétations dont elles sont atteintes; ils leur éviteront ainsi les dangers d'un traitement mercuriel inopportun; dans certains cas, ils rendront d'immenses services à des femmes qui, confiantes dans l'avis de praticiens inexpérimentés, croient avoir la syphilis, et se décident à suivre un traitement inutile.

L'observation suivante, qui nous a été communiquée par notre excellent maitre M. Legendre, montrera l'importance qu'on doit attacher à bien déterminer la cause des végétations qui surviennent chez les femmes enceintes.

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OBS. VI. Grossesse, végétations. Vers le mois de juin, Mme X... fait demander M. le Dr Legendre. Elle était accouchée depuis cinq à six jours, et affectée de végétations de la vulve nombreuses, développées vers le cinquième ou sixième mois de la grossesse; il existait en outre une légère déchirure du périnée qui s'était opérée durant le travail de l'accouchement. Cette malade avait eu, vers le second ou troisième mois de sa grossesse, un écoulement blanc crémeux, à la suite du

quel avaient apparu des végétations, dont le nombre avait augmenté à mesure que la gestation avançait; un officier de santé, ayant été consulté, dit que cette affection était une maladie syphilitique, et conseilla un traitement mercuriel qui ne fut suivi qu'assez incomplétement. Cette opinion sur la nature de l'affection ne fut pas repoussée par le mari, qui avait été atteint autrefois d'une maladie vénérienne bien traitée, et dont il ne restait d'autres traces que le développement de temps en temps de quelques vésicules d'herpes præputialis; aussi il crut avoir infecté sa femme, il s'en accusa devant elle, et, convaincu qu'il était encore atteint de syphilis, il vint à son tour consulter M. Legendre.

L'enfant récemment né était superbe, parfaitement bien portant, et n'offrait aucune trace de végétations sur le corps.

M. Legendre, partant de ce point que les végétations dont Mme X... était affectée n'étaient pas syphilitiques et qu'elles s'étaient développées sous l'influence de l'écoulement abondant, conséquence de la grossesse, conclut que le traitement mercuriel suivi avait été inutile sinon nuisible, que par suite de l'état puerpéral, il n'y avait rien à faire qu'à employer des moyens de propreté jusqu'au retour des menstrues, et, cette époque passée, à recourir aux cautérisations d'azotate acide de mercure, si les végétations ne s'étaient pas guéries spontanément.

M. Legendre rassura le mari, s'efforça de lui persuader qu'il n'avait pas pu communiquer la syphilis à sa femme, et l'engagea à ne pas suivre un traitement mercuriel, qui était tout à fait inutile.

Au mois de décembre 1855, la malade vint de nouveau consulter M. le Dr Legendre; elle n'avait subi aucun traitement pour détruire les végétations; les règles revenaient régulièrement chaque mois, et il n'y avait plus aucune trace de végétations.

Au moment de donner le bon à imprimer, nous apprenons que Mme X... vient de revenir à la consultation de M. Legendre. Elle est enceinte de quatre mois; elle a depuis quelques semaines un écoulement blanc abondant, et la muqueuse vaginale devient granuleuse.

Intimement convaincu que les végétations qui se développent chez les femmes grosses sont un accident local complétement indés pendant de la syphilis, nous pensons qu'elles n'offrent aucune gra vité. Nous n'admettons pas, avec Cullerier, qu'elles guérissent toujours spontanément après la grossesse ; l'assertion de l'illustre chirurgien de l'hôpital des Vénériens peut être vraie quelquefois, mais, dans l'immense majorité des cas, nous la croyons dénuée de fondement.

Les végétations repullulent-elles quoi qu'on fassse, pendant la gestation, comme l'ont avancé MM. Boys de Loury, Costilhes, etc.? Le plus souvent, surtout quand elles sont nombreuses, elles se répro

duisent de nouveau durant la gestation, en dépit de tout traitement; mais, dans quelques cas, elles cèdent à un traitement local appliqué pendant la grossesse.

Traitement des végétations qui se développent chez les femmes enceintes.

Les végétations étant pour nous un accident local, nous excluons, dans tous les cas, le traitement général, et nous recommandons, en première ligne, les soins de propreté.

Durant la grossesse, on pourra, une première fois, tenter la guérison par les moyens locaux, et, si le traitement local échoue, des tentatives de guérison seront inutiles; on devra attendre l'expulsion du fœtus pour appliquer de nouveaux remèdes contre les végétations.

Les moyens de traitement proposés pour la destruction des végétations sont nombreux : parmi les topiques, l'alun, l'huile de cade et le calomel doivent tenir le premier rang lorsque les végétations sont sessiles et siégent sur des surfaces continuellement en contact les unes avec les autres. Si les végétations sont pédiculées, d'un volume moyen, nombreuses, il faut les cautériser une ou deux fois la semaine avec l'azotate acide de mercure, qui les blanchit, les durcit, les corrode, et, les pénétrant jusqu'à leur racine, en provoque chute dans l'espace de quatre jours environ; avec l'azotate acide de mercure, lorsque la végétation est tombée, il reste à la place qu'elle occupait une dépression sur laquelle ces tumeurs récidivent fort rarement. Quand les parties qui sont le siége de végétations se trouvent en contact dans une grande étendue, comme on le remarque aux grandes lèvres chez certaines femmes adonnées à la masturbation, la cautérisation réussit mieux avec l'acide acétique qu'avec l'azotate acide de mercure. M. Cullerier, dans ces cas, a toujours eu à se louer de l'emploi de l'acide acétique. Chez presque tous nos malades, des applications d'azotate acide de mercure, faites goutte à goutte en plusieurs séances, lorsque les végétations étaient fort nombreuses, ont toujours amené la chute des végétations dans un espace de temps fort limité. Les applications doivent être faites goutte à goutte, de manière à imbiber, pour ainsi dire, les végétations. Un petit bout de bois, un morceau d'allumette, sont préférables à un pinceau de charpie, qui se chargerait d'une

trop grande quantité de caustique à la fois, et en déterminerait la diffusion sur les parties saines. C'est ainsi que, lorsque les végétations sont très-volumineuses, de façon à représenter la forme et le volume d'une fraise, comme chez la malade de la 3e observation, nous croyons qu'il faut avoir recours à des moyens de traitement plus énergiques : ainsi, dans ces cas-là, on devra avoir recours à l'excision combinée avec le broiement, de manière à déraciner sûrement la végétation, puis ensuite on cautérisera la base des végétations avec l'azotate d'argent. Par ce moyen, M. Gosselin a complétement guéri la malade de la 3o observation, et M. Legendre a aussi enlevé avec succès quelques grosses végétations sur la malade de la 2e observation.

Si les végétations sont pédiculées, isolées, rares, la ligature, l'excision, pourront quelquefois être avantageusement substituées aux méthodes que nous préconisons. A l'appui de la première méthode que nous recommandons, nous devons dire qu'elle offre sur l'autre, dans la grande majorité des cas, l'avantage immense de ne pouvoir pas être suivie d'hémorrhagie, hémorrhagie qui quelquefois exige l'empoi de fer rouge.

Il est prudent, dans le traitement des végétations, de rejeter les préparations arsenicales, vantées par quelques auteurs anciens.

En résumé, les végétations qui se développent sur les parties génitales des femmes pendant la grossesse ne doivent pas être considérées comme une manifestation syphilitique, elles surviennent par le seul fait de la gestation; les végétations sont un accident purement local de la grossesse, d'une curation souvent difficile avant l'accouchement; elles ne doivent pas être soumises à un traitement général, mais bien à un traitement local.

REVUE CRITIQUE.

DE LA TEMPÉRATURE DU CORPS DANS LES MALADIES; THERMOMÉTRIE PATHOLOGIQUE;

Par le D' Ch. LASÈGUE,

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Baerensprung, Recherches sur les rapports de la température à l'état de santé et de maladie (Untersuchungen über die Temperaturverhältnisse... ); Archives de Müller, 1852. JOCHMANN, Observations sur la température du corps dans les maladies fébriles chroniques (Beobachtungen über die Körperwärme...); Berlin, 1853; in-8°, 93 pages. - ZIMMERMANN, Sur la température dans les fièvres intermittenles (Ueber die Temperaturverhältnisse...); Archiv f. physiol. Heilk., 1854. — HECKER, Sur la température du corps chez les femmes en couches (Temperaturbeobachtungen bei Wöchnerinnen); Annales de la charité de Berlin, 1854. — THIErfelder, Sur le typhus abdominal (Ueber Typhus abdominalis); Archiv..., 1855.—Michael, Observations spéciales sur la température du corps dans les fièvres intermittentes (Specialbeobachtungen der Körpertemperatur...); Archiv..., 1856.

Nous avons, dans une précédente revue (avril 1856, De la Spirométric), indiqué une des applications de la physique à la pathologie; nous avons essayé de montrer à quelles conditions la physique pouvait intervenir dans l'étude des maladies, quelle méthode était imposée aux recherches entreprises en ce sens; nous avons rappelé que l'exactitude des chiffres était la première et la plus impérieuse nécessité, et qu'elle n'était possible qu'à l'aide d'un instrument construit sur les mêmes données que les autres appareils usités par les physiciens; nous avons aussi réservé notre jugement sur les bénéfices probables de ces tentatives, en insistant sur les chances d'erreur, si parfaitement compatibles avec l'apparente rigueur de données mathématiques.

S'il est une notion physique qui se prête aisément à une application médicale et qui ait dû depuis longtemps solliciter les observateurs, c'est évidemment celle de la thermométrie; l'instrument est tout trouvé, son usage est facile, le calcul est simple, et l'expérimentateur n'a besoin que de connaissances superficielles pour l'employer; aussi la mesure de la chaleur du corps, en santé et en maladie, a-t-elle été l'objet de nombreux travaux bien avant qu'on songeât à recueillir des appréciations plus délicates.

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