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L'influence des cellules cancéreuses sur les nerfs n'est pas moindre; jai eu souvent l'occasion de m'en convaincre. Chez la même malade, le nerf tibial était profondément altéré, les fibres nerveuses primitives étaient atrophiées à ce point, que le nerf paraissait transformé en un tissu fibreux entremêlé de cellules et de molécules de graisse.

Les cellules cancéreuses s'étaient propagées jusqu'aux organes internes. En étudiant le carcinome de l'estomac, je pouvais suivre la marche et l'extension des cellules à partir du pylore, et retrouver, parmi les fibres musculaires encore saines, en apparence, de l'estomac, de petits noyaux et de petites cellules dispersées. On en constatait la présence en dehors de la couche musculaire de l'estomac jusque dans le tissu fibreux sous-péritonéal.

Les cellules cancéreuses peuvent gagner non-seulement par les parois des veines, mais, dans des circonstances rares, par celles des artères. Dans deux cas de fongus médullaire de l'estomac et du foie, on voit une partie de la tumeur développée dans la veine porte adjacente, et les capillaires de cette partie, enclose dans la cavité de la veine, ont été injectés d'un beau rouge par les artères. En suivant le développement des cellules sur la paroi de la veine, on s'explique comment le fongus a pénétré au travers de cette paroi dans l'intérieur de la veine, où les cellules sont plus petites et par conséquent plus jeunes. Il est étonnant que cette masse fongueuse ait pu résister au courant du sang avec lequel elle était en contact immédiat; car je n'ai pu découvrir la plus mince membrane d'enveloppe. Ne comprend-on pas en même temps que le sang se soit infecté au passage, et que la maladie se soit généralisée par la circulation? Ajoutons incidemment que la veine porte parait surtout apte à ces productions fongueuses que j'y ai observées assez souvent se poursuivant jusque dans les dernières ramifications, tandis que je n'ai jusqu'ici rien rencontré d'analogue dans d'autres veines.

De ce qui précède, il résulte que lorsqu'un cancer épithélial ou autre a acquis une certaine maturité, la maladie est propagée par le liquide parenchymateux qui imprègne les parties voisines. Des granulations se produisent d'abord, puis des noyaux qui paraissent enveloppés par des cellules. Parfois plusieurs noyaux se développent dans une cellule mère qui finit par se rompre et leur livrer

passage. Cette dernière formation n'a jamais lieu dans l'épithélioma. Nous admettons que le liquide parenchymateux, modifié au contact des cellules déjà formées, y acquiert la propriété d'engendrer des cellules, qu'il se mélange de proche en proche avec le liquide non encore altéré, qu'il étend ainsi le cancer dans les parties environnantes, et qu'enfin ces parties se transforment en cancer à mesure que les cellules s'y développent, et que les éléments du tissu sain disparaissent.

Cette manière de comprendre l'extension du cancer diffère, comme on le voit, de l'opinion d'après laquelle la fonte ou la disparition des portions avoisinantes serait due presque exclusivement à la pression exercée par la tumeur cancéreuse qui prend des dimensions de plus en plus considérables.

Le fluide parenchymateux altéré ne gagne pas seulement par une sorte d'infiltration, il peut être résorbé par les vaisseaux lymphatiques, ainsi que j'en ai déjà cité des exemples; car j'ai vu, à diverses reprises, dans des cas de fongus médullaire du foie ou de l'estomac, les vaisseaux lymphatiques courir, sous forme de cordons blancs, le long du sternum jusqu'au canal thoracique lui-même tuméfié. Le contenu des vaisseaux épaissis répondait exactement aux cellules du fongus médullaire. N'est-ce pas de la sorte que le liquide peut, au moyen des vaisseaux lymphatiques, être versé dans le sang? N'est-il pas même plus que probable qu'une semblable résorption a lieu par les vaisseaux capillaires et les veines?

Une fois cette infection accomplie, on a l'évolution de cellules cancéreuses de seconde formation et par suite de tumeurs cancéreuses de divers organes.

Un cas de cancer de la langue ayant détruit toute la moitié gauche, et que j'ai eu l'occasion d'observer, présente, sous ce dernier rapport, des circonstances dignes de remarque. La malade mourut subitement d'une hémorrhagie par rupture de l'artère ranine. Non-seulement l'artère avait été transformée en une sorte de ruban noirâtre, mais le nerf lingual avait subi une transformation analogue. Du côté droit, qui paraissait tout à fait sain, je ne trouvai, ni sur le nerf lingual, ni sur l'hypoglosse, de bosselures qui indiquassent l'existence de tubercules développés à l'intérieur. En ouvrant suivant sa largeur le nerf hypoglosse et en coupant au milieu une lamelle très-mince dans le même sens, j'y reconnus des

cellules cancéreuses; cette production de cellules s'expliquerait difficilement par une infiltration directe du fluide parenchymateux, et elle me semble devoir être considérée comme secondaire. Les nerfs, qui résistent si bien à la suppuration des parties contiguës, ne paraissent pas opposer une égale résistance au cancer, qui y détermine aisément une profonde désorganisation: j'en ai réuni de remarquables exemples, parmi lesquels je citerai seulement celui d'un nerf sciatique entièrement détruit à sa sortie du sacrum, à ce point qu'il était détaché de sa portion inférieure.

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Je suis disposé à croire que les douleurs brûlantes, lancinantes, qui se manifestent dans le cours du cancer, proviennent de ce que des cellules se sont déposées dans les nerfs du voisinage qui commencent à s'altérer aussi, dans mon opinion, la présence de ces douleurs prouve que la maladie n'est déjà plus locale, qu'elle gagne en étendue, et que le temps favorable pour l'opération est déjà vraisemblablement passé. Il est regrettable de voir si souvent l'opération différée, soit par la faute du malade, soit par celle du chirurgien, qui, dans la crainte d'exercer une influence fâcheuse sur l'esprit du malade, recule jusqu'à ce qu'il ait acquis la pleine certitude de la nature cancéreuse de la maladie, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'il ait perdu presque tout espoir légitime d'une guérison durable. On a tant d'exemples de récidives, que je ne saurais trop insister, au nom de l'expérience, pour conseiller l'extirpation immédiate de toute tumeur, de toute induration, qui peut, plus tard, donner naissance à un cancer: dût la tumeur être de bonne nature, l'opération est, au début, trop peu grave pour qu'on ait à craindre de la risquer.

Plus on suivra attentivement la marche du squirrhe et du caucer, plus on sentira la nécessité de procéder de bonne heure à l'opération. Au début, le squirrhe se présente comme une nodosité indurée. L'examine-t-on au microscope, on y trouve des noyaux et de très-petites cellules, enveloppées et entourées par des fibres. En même temps que la tumeur grossit par l'accroissement des cellules, le tissu fibreux, qui ne paraît pas se reproduire si rapidement et qui peut-être est dissous, diminue. Il est bien connu que l'accroissement du squirrhe a lieu lentement, que l'échange moléculaire (Stoffwechsel) n'est pas d'abord très-actif; le tissu ambiant est distendu par l'augmentation graduelle des cellules et des groupes

cellulaires de là la dureté. Jusque-là il n'existe ni noyaux ni cellules en dehors des fibres d'enveloppe, et, la maladie étant encore exclusivement locale, la tumeur peut être extirpée avec succès.

Le cancer une fois formé, les cellules s'engendrent plus vivement: elles ont plus de volume et ne sont plus séparées des parties voisines par une couche fibreuse épaisse. L'activité pathologique est plus grande, la tumeur se ramollit, il y a un excès de liquide parenchymateux qui établit un échange plus actif avec les cellules qui, dans cette masse de fluide, se reproduisent plus rapidement. La tumeur enfin devient tout à fait molle : elle prend alors le plus souvent le nom de fongus médullaire, et ne se compose plus presque entièrement que de cellules.

Si bien sue que soit cette évolution du cancer, je l'ai rappelée, et j'y insiste pour en faire, une fois de plus, ressortir les conséquences. Il en résulte, jusqu'à l'évidence, que c'est seulement à la première période qu'on est en droit d'espérer que les parties voisines sont demeurées intactes. La tumeur s'est-elle accrue, c'est déjà la preuve d'un surplus d'activité, par suite d'une altération plus profonde des liquides parenchymateux, qui s'étend et propage la maladie. L'apparition des douleurs brùlantes, lancinantes, prouve, à mon avis, que le liquide du parenchyme a pénétré dans les nerfs les plus proches. Le cancer lui-même n'a pas de nerfs de nouvelle formation: il est insensible, tant qu'on ne touche pas aux parties voisines. Si, à cette époque, on l'extirpe, il est d'une souveraine importance d'enlever le plus possible, des parties réputées saines, tout ce qui peut être extirpé sans trop de dommage. Il faut, en outre, examiner au microscope les bords de la tumeur extirpée, pour chercher avec un soin minutieux s'il y a, sur un point ou sur un autre de la substance granuleuse, des noyaux ou des cellules. Dans le cas où on en aurait constaté, on devra enlever encore des parties jugées saines, soit en cherchant à les détruire par les caustiques (1), soit, ce qui est plus sûr et moins douloureux, en continuant l'opération à l'aide de l'instrument tranchant.

(1) Voyez Arch. gén, de méd., juin 1855 : De la Thérapeutique du cancer, par Follin.

UN MOT SUR LA COLIQUE VÉGÉTALE (COLIQUE SÈCHE, COLIQUE NERVEUSE, NEVRALGIE DU GRAND SYMPATHIQUE);

Par le Dr DUTROULAU, médecin en chef de la Marine (service colonial).

(2o article.)

Marche et durée. La marche comme la durée diffèrent beaucoup pour la colique végétale, suivant qu'elle est primitive ou en récidive. Quand elle est primitive, elle peut parcourir toutes ses périodes ou se borner à la première, qui est la colique proprement dite, et ce dernier cas est heureusement le plus fréquent. L'attaque de colique constitue donc toute la maladie, ou bien n'est que l'introduction à des accidents plus graves qui compromettent l'existence du malade; de même qu'une fièvre jaune peut s'arrêter à la première période, sans cesser pour cela d'être fièvre jaune. L'attaque de colique est, on pourrait dire, la période aiguë de la maladie, par l'intensité de ses symptômes; elle est constituée par la douleur abdominale surtout, et par la constipation qui l'accompagne presque toujours; les douleurs du rachis et des membres, ou les autres variétés de douleurs déjà signalées, en font partie 9 fois sur 10, et en augmentent encore les souffrances ; la paralysie même peut apparaître pendant son cours, quand elle se prolonge. C'est pendant cette période qu'ont lieu les vomissements.

Ces accidents ne sont pas, à vrai dire, continus, bien qu'ils ne disparaissent pas complétement; ils marchent par paroxysmes.

L'attaque de colique qui n'est suivie d'aucun accident grave a une durée presque constante que je m'étonne de ne pas voir signalée dans les divers écrits publiés sur la colique végétale. Il est bien acquis cependant aux vieux médecins coloniaux qui ont vu la colique pendant longtemps, que ses attaques ont une durée presque fatale; qu'elles ne dépassent presque jamais le septième jour, et qu'elles cessent rarement avant le cinquième; et, pour eux, c'est la constipation qui règle cette durée. Je dois dire que mon observation m'a confirmé à peu près cette règle; et, s'il n'en

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