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les symptômes; or on ne peut pas nier les effets favorables des purgatifs que quelques-uns emploient exclusivement.

Le siége constant et primitif de la colique végétale est difficile à déterminer ; il est certain cependant que presque tous les symptômes appartiennent à la vie de relation, et que ceux de la vie de nutrition sont presque nuls. C'est donc dans les grands centres nerveux, la moelle d'abord, le cerveau ensuite, qu'est le siége principal de cette maladie. Mais est-ce toujours là primitivement? Je ne le crois pas; car, s'il est vrai que dans les cas graves il y a toujours des douleurs arthralgiques ou même des paralysies, soit primitivement, soit concurremment avec la colique, il n'est pas moins vrai qu'il y a aussi bon nombre d'attaques de coliques simples, où les symptômes sont localisés dans l'intestin et constituent toute la maladie. C'est d'après ces cas, sans doute, que M. Segond a fait sa névralgie du grand sympathique. Mais il n'a pas vu plus loin, et encore a-t-il mal vu, car ce n'est pas comme nerf de la vie de nutrition, mais bien comme intermédiaire de propriétés appartenant aux nerfs de la vie de relation, qu'agit ici le grand sympathique. Le point de départ est donc tantôt dans les nerfs de la moelle, tantôt dans ceux du grand sympathique; mais le siége principal est toujours dans l'appareil cérébro-spinal.

Quelques mots encore pour résumer ce travail :

1o La colique végétale est une maladie des pays chauds, d'origine infectieuse, et de caractère essentiellement maritime;

2o Elle prend rang parmi les endémies graves auxquelles sont soumis les Européens dans les régions intertropicales, et se distingue parfaitement d'elles par sa cause et par ses symptômes.

3° L'analogie qui existe entre la plupart des symptômes de la colique végétale et ceux de la colique saturnine a fait croire à plusieurs médecins que ces deux maladies étaient dues à une même cause spécifique, le plomb. Les moyens invoqués à l'appui de cette étiologie tombent devant le raisonnement le plus simple.

4o La colique végétale est caractérisée par une exaltation de la sensibilité dans les filets nerveux sensitifs, et par une diminution ou une abolition complète de la motilité dans les nerfs de la locomotion; quelquefois aussi elle atteint les nerfs de la vie organique dans leurs fonctions spéciales. Le résultat définitif de ces accidents

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MÉMOIRES ORIGINAUX.

COLIQUE VÉGÉTALE.

réunis est la paralysie, qui constitue le caractère symptomatique de la maladie.

5° Tous ces symptômes appartenant à certaines propriétés des nerfs, il en résulte que la colique végétale est de nature essentiellement nerveuse, quoique appartenant à la classe des empoisonnements.

6o Les caractères anatomiques sont souvent nuls, comme cela a lieu dans les maladies nerveuses, ou du moins très-variables, quand il en existe.

7° Son siége ne peut donc être déterminé que par l'observation clinique, et celle-ci prouve qu'il existe dans les grands centres nerveux, avec action primitive sur les nerfs qui en émanent, et action élective sur les filets abdominaux du grand sympathique;

8o Le traitement de la colique doit s'attaquer aux deux symptômes qui caractérisent son début, et semblent en mesurer la gravité; la douleur et la constipation, la douleur surtout.

9o Contre la douleur, l'extrait de belladone paraît être le médicament qui a le mieux réussi jusqu'à présent. Contre la constipation, les purgatifs qu'on peut donner sous un petit volume ou sous la forme pillulaire sont ceux qui réussissent le mieux; mais il faut attendre, pour les administrer, un temps en rapport avec la durée habituelle de la colique.

REVUE CRITIQUE.

DE QUELQUES DOCTRINES MODERNES SUR LA SYPHILIS ET DE LA

SYPHILISATION,

Par le Dr E. FOLLIN.

(1 er article.)

RICORD, Lettres sur la syphilis; 1851. BASSEREAU, Traité des affections de la peau symptomatiques de la syphilis; 1852.-F. CLERC, du Chancroïde syphilitique; 1854. — VIDAL, Traité des maladies vénériennes ; 1855. — Diday, Existe-t-il un ou deux virus? (Gazelle hebdomadaire, 4 mai 1855). — RODET, Six ans de pratique à l'Antiquaille (Gazelle médicale de Lyon, 1855, nos 5 et 6). — CULLERIER, Rapport sur un travail de M. Hammes, relatif à un nouveau traitement du chancre; discussion sur ce rapport; lettre de M. Diday (Bulletin de la Société de chirurgie, séances du 5, 12, 17 septembre et 24 octobre 1855). — H. LEE, The Lancet, 17 novembre 1855. —SPERINO, la Syphilisation étudiée comme méthode curative et comme moyen prophylactique des maladies vénériennes, traduit par Trézal ; 1853. — Auzias-Turenne, Cours de syphilisation ( Gazette médicale de Toulouse, 1852, 3e livraison). · Idem, Lettre à M. le préfet de police sur la syphilisation. — Wilhem BоECK, professeur à l'Université de Christiania, Syphilisationen studeret von Sygesengen (la Syphilisation étudiée au lit du malade) ; 1854. — W. BOECK et DANIELSSEN, Recueil d'observations sur les maladies de la peau, 1re livraison; Christiania, 1855. — J.-F. HAGEN, de la Syphilisation; thèse de Strasbourg, 1855. — SPERINO, communication à la Société de médecine de la Seine, séance du 3 août 1855 (Gazette hebdomadaire, 1855).

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Il y a peu d'années encore, les doctrines nées de l'enseignement si populaire de l'hôpital du Midi demeuraient dans un calme que troublaient rarement des voix opposantes; c'était plaisir d'entendre proclamer partout que la syphilis avait trouvé son législateur, et que rien ne renverserait désormais les lois qu'il proclamait. Heureux temps, où les incrédules et les douteurs n'osaient élever la voix devant les néohuntériens triomphants ou disparaissaient bien vite sous une de ces bonnes plaisanteries qui portent plus de gaieté que de conviction dans les esprits!

Ce triomphe si complet des doctrinaires de l'hôpital du Midi n'a été que de courte durée, et l'édifice grandiose qu'ils avaient élevé s'est vu démolir pièce à pièce par ceux-là même qui avaient servi à le construire: ainsi l'un des plus ingénieux et des plus savants élèves de cette école, M. Diday, a commencé, l'un des premiers, à rompre l'harmonie des lois nouvelles; d'autres ont suivi son exemple et se sont faits dissidents; plus tard, pour rendre la confusion plus grande, sont venus les syphilisateurs, enfants trop avancés peut-être de l'inoculation expérimen

tale; enfin, dans ces derniers jours, le plus justement renommé.de ces syphiliographes qui comptent M. Ricord pour chef, M. Cullerier a nettement infirmé la valeur doctrinale et pratique d'un des axiomes les plus chers au maître.

Ce sont ces dissidences, les controverses qui en surgissent, les désaveux et les contradictions qu'elles révèlent, que nous voulons essayer d'esquisser très-rapidement. Une discussion récente au sein de la Société de chirurgie et de la Société médicale de Londres, quelques travaux publiés dans ces derniers temps sur divers points de la syphilis, et en particulier sur la syphilisation, nous engagent à entreprendre celte revue rétrospective.

Parmi les questions qui divisent aujourd'hui les syphiliographes, les plus importantes sont assurément celles qui ont trait à l'unité du virus syphilitique, à la valeur symptomatologique du chancre induré, à l'unicité de la diathèse, à l'immunité possible après un certain nombre d'inoculations, enfin à la transmission des accidents secondaires. Il y a là autant de problèmes offerts à l'investigation des travailleurs, et qui de longtemps encore ne recevront pas une solution uniforme, soit que le sujet reste hérissé de difficultés insurmontables jusqu'alors, soit que les combattants apportent dans la discussion un désir formel de ne rien concéder à leurs adversaires. En effet, au commencement d'un discours qui avait la prétention de réfuter un rapport de M. Cullerier, M. Ricord venait dire : «Je monte à cette tribune avec la conviction que cette nouvelle discussion sur des choses tant de fois discutées nous laissera chacun avec les mêmes opinions que nous avions déjà, sans faire avancer la science.» Quoique, pour rester conséquent avec un pareil début, l'orateur eût dû renoncer à la parole, nous n'en trouvons pas moins dans son discours plus d'un passage précieux à enregistrer.

Ainsi toutes ces questions méritent examen, et celle de l'unité du virus se trouvant la première sous notre plume, voyons comment la comprennent les syphiliographes de notre époque.

Le problème est plus facile à poser qu'à résoudre : existe-t-il une seule espèce ou deux espèces d'ulcérations primitives? Ceux qui professent l'unité du virus admettent, avec M. Ricord, que le virus syphilitique est une graine toujours la même qui se développe suivant la nature du terrain dans lequel elle est implantée. Les formes variées du chancre sont purement accidentelles et ne tiennent point à une différence essentielle dans la nature du virus qui leur donne origine; c'est à une disposition toute particulière de l'individu qu'il faut attribuer l'induration du chancre, fait toujours consécutif à l'ulcération primordiale. Ainsi le chancre induré peut provenir d'un chancre simple; il peut, à son tour, reproduire un chancre simple.

La contre-partie de cette doctrine unitaire est celle qui admet deux ulcérations primitives, différentes par leur origine et par leur influence sur la constitution générale; toutes deux contagieuses, elles se repro

duiraient avec des caractères identiques : l'une conserverait toujours l'aspect d'une plaie simple et n'amènerait jamais d'infection générale, l'autre serait toujours indurée à sa base et pourrait seule produire l'infection constitutionnelle. Ces deux doctrines partagent aujourd'hui les esprits M. Cullerier se range du côté de la première; M. Bassereau, dans son remarquable Traité des syphilides, M. Clerc, dans son travail sur le chancroïde, adoptent la seconde.

Cette doctrine, non plus de la dualité, mais de la pluralité des virus, était depuis longtemps dans la science, et, sans remonter jusqu'à Nicolas Massa, l'on voit Carmichael lui donner un ample développement. L'habile syphiliographe de Dublin reconnaissait non-seulement quatre virus, et partant quatre variétés essentielles dans les ulcères primitifs, mais aussi dans les symptômes généraux qui leur correspondent; de telle sorte qu'on pouvait établir un rapport constant entre la variété du chancre et celle des symptômes généraux. Carmichael, en conséquence de cette hypothèse, admit que certaines éruptions papulo-squameuses, les douleurs rhumatoïdes, les ulcérations de l'arrière-bouche, l'adénopathie cervicale, dérivaient de l'ulcère sans induration, à bords élevés et à surface rongeante, tandis que les pustules, les ulcérations serpigineuses, les exostoses, la carie et la nécrose, étaient sous la dépendance d'ulcères gangréneux et rongeants.

Cette fantaisie du syphiliographe irlandais ne supporta pas la démonstration clinique et disparut rapidement de la science; nous ne la retrouvons plus qu'en partie dans de récents travaux de M. H. Lee, dont l'un a récemment donné lieu à une discussion dans la Société médicale de Londres. Renouvelant donc partiellement les distinctions de Carmichael, M. H. Lee soutient qu'il existe des actions morbides distinctes, produites par l'application du virus syphilitique, et qu'on peut en distinguer quatre classes. Le virus, selon lui, donne lieu soit à une ulcération à caractère adhésif et plastique dont les globules de pus offrent un léger contour, soit à une ulcération dont la sécrétion est franchement purulente au début, soit à un ulcère s'étendant jusqu'aux ganglions qui suppurent, soit à une ulcération phagédénique: ces trois dernières espèces n'exigeraient pas de traitement mercuriel. — On peut saisir de suite la distance qui existe entre M. H. Lee et Carmichael.

Ce ne sont point les nombreuses et subtiles distinctions du syphiliographe irlandais que MM. Bassereau et Clerc ont songé à relever; leur doctrine ne multiplie pas si gratuitement les hypothèses.

M. Bassereau croit pouvoir constater d'abord que les individus atteints d'accidents constitutionnels à la suite de chancres ont toujours élé infectés par d'autres individus atteints également de chancres et d'accidents constitutionnels; 34 fois sur 34 cas d'infection d'homme à femme, il put constater que le malade chez qui les symptômes constitutionnels avaient suivi le chancre tenait ces accidents d'une personne constitutionnellement affectée. D'autre part, selon lui, les individus atteints de

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