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Des faits analogues ont été publiés par MM. Jeanssens, de Bruxelles (Presse médicale belge, février 1855); Langlebert (l'Union médicale), et ressortent aussi, nous le verrons plus tard, de la pratique des syphilisateurs.

M. Vidal s'est chargé de continuer l'œuvre entreprise par M. Cullerier. « Je citerai, dit-il, le fait d'un étudiant en médecine qui portait un chancre à la verge; il reçut de M. Clerc l'assurance positive qu'il ne s'agissait que d'un chancroïde, ne pouvant pas l'infecter. Or je traite ce malheureux jeune homme d'une vérole qui dure depuis six mois. Il faut tirer de tous ces faits cette double conclusion:

1° Que les chancres simples peuvent reproduire des chancres indurés;

2o Que les chancres simples peuvent infecter l'économie.

Il y a loin de là à cette proposition, tirée des Lettres sur la syphilis : «Le véritable chancre non induré n'infecte jamais l'économie ;» et il faut revenir à l'époque où M. Ricord, annotant Hunter, écrivait : « Les chancres privés de ce caractère (l'induration) n'en conservent pas moins toutes leurs propriétés tant sous le rapport de la contagion que sous celui de la production des accidents consécutifs.»

Voilà donc où nous en sommes sur la question relative à l'induration des chancres, et les faits, observés avec une inflexible rigueur, viennent montrer tout le vide de l'hypothèse des deux virus. Il n'est plus possible d'admettre deux virus, puisqu'un chancre simple reproduit un chancre induré, et que tous deux sont aptes à infecter l'économie. La lumière est faite sur cette question : le virus syphilitique est un. Tout laissait croire que M. Ricord resterait, jusqu'au bout de la discussion, fidèle à cette doctrine; aussi n'est-ce pas sans un vif étonnement qu'on le voit, à mesure que la discussion avance, montrer sur ce point litigieux une incertitude peu explicable. Dans son premier discours, il disait : «J'ai accepté de mes devanciers, j'ai professé depuis plus de vingt ans et je professe encore, l'unité du virus. » Plus tard, comme s'il regrettait de voir l'unité de la syphilis s'appuyer sur les ruines de l'induration, il garde de prudentes réserves: « Quant à l'unité du virus syphilitique, dit-il, vous savez que je n'ai pas voulu trancher la question. Si j'avais l'âge de mes élèves, je serais probablement moins réservé; mais, vieilli dans la pratique, je suis plus exigeant et je demande qu'on m'éclaire.»

Si, sur la question de l'unité du virus, M. Ricord a substitué le doute à la foi, on ne pourrait en dire autant de sa pensée sur la nature de l'induration. En 1839, il faisait bon marché de cette induration; plus tard, il en fit un critérium de l'infection; aujourd'hui, après la discussion à la Société de chirurgie, poussé par ses collègues à exprimer nettement sa pensée, il revient presque à sa doctrine de 1839, et déclare que le chancre peut être infectant sans être induré. Mais nous entrons ici dans des distinctions un peu subtiles: tandis que

M. Vidal dit que tous les chancres sont plus ou moins indurés, M. Ricord soutient qu'ils sont plus ou moins durs, Les initiés seuls devineront désormais le mot de l'énigme.

Voyons maintenant s'il sera plus facile de s'entendre sur l'unité de la diathèse.

Un malade qui a une première fois un chancre induré n'en a pas d'autres, ce qui revient à dire qu'on n'a pas deux fois dans sa vie la vérole constitutionnelle; ainsi se formule la loi de l'unicité,

Cette loi avait depuis longtemps trouvé des incrédules, et parmi eux il faut ranger notre vénéré maître, M. Velpeau, qui, dans une certaine discussion à l'Académie de médecine, fit sentir, là comme ailleurs, le poids de sa haute autorité. Mais l'éminent professeur, fort des résultats de sa grande expérience, avait pu se dispenser de rappeler tous les détails des faits qu'il avait observés. Le hasard me fit rencontrer, pendant un intérim à l'hôpital du Midi, un cas de double chancre induré, à deux ans d'intervalle, chez le même individu. Ce fait, que je publiai dans le Moniteur des hôpitaux (20 décembre 1853), offrait toutes les garanties de certitude. Quand je traitais ce malade, il avait un vaste chancre induré, siégeant sur la portion dorsale de la face cutanée du prépuce, une adénopathie inguinale indolente, un engorgement notable des ganglions cervicaux postérieurs, enfin une syphilide érythémateuse. Personne ne put contester l'exactitude de ce diagnostic; mais ce malade, en 1850, avait été confié aux soins de M. Puche, qui avait constaté l'existence 1o d'un chancre induré de l'impasse du prépuce en haut; 2° d'un ganglion engorgé dans la région inguinale gauche, Sur ces indications, le malade fut soumis à un traitement mercuriel, et au bout d'un mois et demi, il sortait de l'hôpital, ne conservant plus qu'une cicatrice indurée. La publication de ce fait souleva, entre M. Ricord et moi, une polémique dont j'ai oublié les termes, mais au bout de laquelle mon habile collègue déclara que mon observation prouvait bien le double chancre induré, quoique ce fût une exception.

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La question était demeurée là, et je considérais désormais ce fait comme acquis à la démonstration; aussi n'ai-je pas été peu surpris de voir, après deux ans d'intervalle, M. Ricord mettre de nouveau en doute l'exactitude du fait que j'ai publié. Ces deux années l'ont rendu plus exigeant; il demande maintenant une observation bien complète dans laquelle on ait pu suivre, chez un malade non traité après une première infection, une seconde infection apparaissant avec toutes les phases successives de la vérole fournissant toutes ses étapes. Tout cela revient à dire que M. Ricord ne se contente plus de cet axiome: un malade qui a eu une première fois un chancre induré n'en a pas d'autre.

M. Ricord ajoute «qu'il a repris avec M. Puche l'histoire des antécédents du malade, et que son collègue de l'hôpital du Midi n'a pu le

convaincre.» D'où je tire cette conclusion que M. Puche n'accepte pas quand même l'unicité de la diathèse ; et cependant on lit dans les Lettres sur la syphilis, à propos de cette unicité (p. 148): «Eh bien! voici un fait capital en syphilogénie, un fait qu'une longue expérience est venue me démontrer, un fait qui a été également observé par deux hommes que j'aime toujours à citer, MM. Puche et Diday, c'est qu'un malade qui a eu une première fois un chancre induré n'en a pas d'autre. »> M. Puche s'est fait mon complice ponr publier un fait contraire à cette loi. M. Diday y est-il resté plus fidèle ? J'en doute, depuis que notre ingénieux confrère de Lyon vient d'écrire (Gaz. hebdom., mai 1855): «Il m'est pratiquement démontré que certains sujets n'ayant eu qu'une syphilis constitutionnelle peu intense peuvent prendre dans un coït ultérieur un véritable chancre induré. » Et cette doctrine, il la confirme dans une lettre récemment adressée à la Société de chirurgie (séance du 24 octobre).

M. Diday s'exprime maintenant de façon à ne laisser aucun doute dans l'esprit de ceux qui, pour expliquer la double induration, avaient admis que le second chancre, sans être induré par son origine, mais reposant sur une base autrefois indurée, pouvait simuler une induration de source nouvelle, même aux yeux de l'observateur le plus éclairé. Notre habile confrère s'empresse de faire remarquer que cette explication n'explique rien; car, dans un fait de sa pratique, les nouveaux chancres n'existaient point à la même place que les anciens. Enfin M. Diday aime mieux croire que la seconde induration a eu pour cause une saturation syphilitique incomplète : c'est là une ingénieuse hypothèse qui n'ôte rien à l'exactitude du fait que nous avons observé.

Un des derniers chirurgiens de l'Antiquaille, M. Rodet, vient, dans le compte rendu de ses six années d'exercice dans cet hôpital, de publier quatre exceptions à la loi d'unicité de la diathèse. M. Cullerier ne saurait non plus partager le nouveau scepticisme de M. Ricord; car, revenant, dans une de ses répliques, sur l'unicité de la diathèse, il déclare à son honorable collègue, que les faits contradictoires ne sont plus à chercher, mais qu'on les a trouvés. Enfin M. Vidal (de Cassis) se range complétement de cet avis. Que résulte-t-il de tous ces débats ? C'est qu'il existe d'assez nombreuses exceptions à cet axiome; On n'a qu'une seule fois un chancre induré.

On peut aussi se placer à un point de vue différent, pour examiner cette question solidaire des précédentes. Nous avons surabondamment démontré que la vérole entrait dans l'économie par la porte des chancres simples comme par celle des chancres indurés, et personne, que je sache, ne met en doute qu'on puisse avoir deux fois dans sa vie un chancre simple et un chancre induré, Il ressort fatalement de cette dernière vérité, que la double vérole n'est point fatalement liée à la double induration.

Ainsi sont tombées peu à peu les diverses parties d'un bel édifice qui

plaisait aux esprits avides d'affirmations et d'hypothèses; nous venons déjà de parcourir la première moitié de ces ruines, nous essayerons bientôt de pénétrer dans la seconde.

REVUE GÉNÉRALE.

ANATOMIE.

Sacrum (Rôle mécanique du).

Le sacrum joue dans l'architecture du bassin le rôle d'un coin et celui d'une clef de, voûte; voilà l'ancienne opinion. Le sacrum n'est rien de tout cela, c'est ce que veut prouver M. Math. Duncan.

1o Le sacrum n'est pas un coin. Il en a triplement la forme cependant par la convergence de ses bords dans le sens vertical, comme dans le sens antéro-postérieur, et enfin par la convergence de sa surface antérieure et postérieure. Cette forme a inspiré la théorie mécanique en vigueur; et celle-ci semble exacte alors qu'on regarde un bassin isolé et reposant, comme un trépied, sur le coccyx et les deux tubérosités sciatiques, condition réalisée dans la station assise, mais qui n'existe plus dans la station verticale. Alors, en effet, toute la partie postérieure et inférieure de l'os ne peut nullement agir comme un coin; il n'y a que les surfaces auriculaires qui puissent remplir ce rôle. Mais, comme la transmission du poids du corps a lieu suivant la verticale, la pesanteur ne tend point à faire jouer au sacrum les fonctions de coin. Il n'y a que les extrémités de ces surfaces auriculaires, lesquelles regardent en bas et en avant, qui puissent quelque peu mordre, comme on dit en mécanique, sur les parties correspondantes des os iliaques. Il n'est pas vrai d'ailleurs que la force représentée par le poids du corps change de direction avec le changement de direction des différentes parties de la colonne vertébrale, et qu'elle agisse en arrière et en bas sur le sacrum, au niveau de l'angle sacro-vertébral; une force transmise à travers un corps ne changeant pas de direction avec la direction de ce corps, de même qu'elle n'est pas influencée par la forme de ce dernier.

2o Le sacrum n'agit pas comme une clef de voûte. Essayer de le démontrer serait superflu, puisque la clef de voûte n'agit pas autrement qu'un coin, et que le sacrum n'a point cette action.

3o Véritable rôle mécanique du sacrum. On doit regarder le sacrum comme un puissant levier transversal courbé sur sa face antérieure et en contact par ses extrémités, qui sont les deux surfaces auriculaires, avec les parties correspondantes des os iliaques, sur lesquelles mordent les surfaces auriculaires. Mais celte action est bien limitée et ne peut

suffire à tenir le sacrum en position. Or, au-dessus et en arrière des surfaces auriculaires, s'attachent les ligaments sacro-iliaques postérieurs, qui unissent ces parties aux rugosités correspondantes des os iliaques, ou tubérosités iliaques postérieurs. Ces ligaments, les plus forts de l'économie, s'étendent obliquement en bas et en dedans des tubérosités iliaques postérieures au sacrum. Le sacrum ne possède, comme moyen de résistance à la dépression que tend à lui faire subir le poids du corps, que ces ligaments auxquels se transmet ce poids tout entier; et, par l'intermédiaire de ces ligaments, ce poids arrive enfin aux tubérosités iliaques postérieures. Le poids du corps repose donc sur les ligaments sacro-iliaques fixés aux tubérosités iliaques postérieures, qui, regardant en arrière et en dedans, surplombent légèrement le sacrum. Une fois arrivé aux tubérosités iliaques postérieures, le poids du corps est transmis par elles aux têtes des fémurs, par l'intermédiaire des leviers cotylo-sacrés. Le levier cotylo-sacré s'étend de la tubérosité iliaque postérieure à la cavité cotyloïde, et est pressé sur le sacrum comme sur un point d'appui, par les forces qui s'appliquent à ses deux extrémités. La force qui s'applique à l'extrémité supérieure tire dans la direction des ligaments sacro-iliaques postérieurs, ou plus ou moins vers le centre du cercle pelvien. La force qui agit à son extrémité inférieure est la force de réaction du poids du corps, qui pousse en haut et en dedans, et comme la première vers le centre du cercle pelvien. (Edinburgh med. review, mai 1855.)

PATHOLOGIE ET THÉRAPEUTIQUE MÉDICO-CHIRURGICALES,

Tumeur cérébrale siégeant dans le pédoncule droit, tendance à tomber en avant; par le Dr PAJET. On sait combien sont encore peu avancées l'étude et la connaissance de la localisation des fonctions du système nerveux cérébral; chaque nouveau fait pathologique qui touche à cette importante question doit apporter de nouvelles lumières, et ce n'est que par l'étude d'un grand nombre de ces faits qu'on arrivera peut-être à des données physiologiques un peu positives.

Le fait suivant, recueilli et publié par M. Pajet, nous a paru offrir un intérêt assez grand pour devoir être reproduit, au moins dans ses circonstances principales. Il s'agit d'une tumeur située dans l'épaisseur d'un des pédoncules cérébraux, et qui semble avoir produit un phénomène de locomotion particulier: la tendance à une chute en avant. OBSERVATION. Le 6 juillet, on admet à Aldenbrook'es hospital le nommé W. P..., âgé de 41 ans. Cet homme est marié, ouvrier briquetier, et travaille souvent à l'humidité. Il est bien constitué et mène une vie régulière.

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