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Italien,

1862.

conséquent il lui est loisible de repousser toute tentative que l'Italie ferait dans No. 485. le but d'arriver, par la voie des négociations directes, à un arrangement avec le 8. October Pape. L'occupation, d'ailleurs, ôtant aux Romains toute possibilité d'exercer par des moyens pacifiques une action légitime sur leur Gouvernement, les empêche d'obtenir les améliorations que dans tous les pays l'opinion publique réclame rarement en vain. Elle entretient dans toute la Péninsule une agitation aussi nuisible à l'organisation du Royaume qu'à nos bons rapports avec la France, et au maintien de la paix en Europe. Le Gouvernement romain, couvrant de son égide les conspirations dont l'ancienne Cour de Naples est le centre et le foyer, en donnant asile au Roi dechu et aux brigands qui désolent en son nom les provinces méridionales, fait en réalité, à l'abri du drapeau de la France, des actes de guerre contre l'Italie. L'Europe, qui assiste depuis longtemps à ce spectacle douloureux, et qui ne peut se convaincre qu'il ne soit pas possible d'y mettre un terme, cherche à s'expliquer la continuation de l'occupation française par des suppositions qui n'ont aueun fondement, j'ai hâte de le reconnaître, dans les intentions du Gouvernement impérial, mais qui ne nuisent pas moins aux intérêts des deux pays. Toutefois, en présence des tentatives réitérées du parti révolutionnaire en Italie, le Gouvernement français pouvait douter jusqu'ici que nous eussions assez de force et d'autorité pour les réprimer, pour ramener la tranquillité dans le pays et tenir les engagements que nous aurions été dans le cas de prendre pour garantir la sûreté du Pape; ce doute n'est désormais plus possible. L'énergie dont le Gouvernement a fait preuve dans les derniers événements, la promptitude avec laquelle il a rétabli l'autorité de la loi, et l'amnistie que, sans crainte, il a pu conseiller au Roi, témoignent qu'il a la conscience de sa force, et qu'il n'hésitera pas à l'employer pour maintenir l'ordre établi et ses engagements. Il est évident, à nos yeux, que rien ne s'oppose maintenant à ce que l'on s'entende sur l'opportunité de faire cesser l'occupation. Ce système a déjà fait ses preuves sans avoir pu amener, je le répète, ni la conciliation, ni les réformes vainement sollicitées et vainement espérées. En laissant la Cour de Rome en face de ses sujets, on obtiendra, il faut l'espérer, ce que la longanimité de l'Empereur n'a pu obtenir par quatorze ans d'occupation et de négociations stériles. ¶ Par toutes ces considérations, le Gouvernement du Roi ne saurait plus longtemps s'abstenir d'appeler l'attention de celui de l'Empereur sur un état de choses qui réclame les plus prompts remèdes. Nous nous adressons donc à lui pour savoir s'il ne croit pas le moment arrivé de rappeler les troupes de Rome et de chercher une nouvelle combinaison de nature à changer une situation si pleine de périls pour les deux pays. Le Gouvernement italien est prêt à examiner les propositions qu'on lui ferait dans le but de garantir l'indépendance du Saint-Siége dès que l'occupation étrangère aurait cessé. Il prendra en considération les projets d'arrangement qui, en rassurant les consciences catholiques, satisferont en même temps aux légitimes exigences de la nationalité italienne. ¶ Nous sommes d'autant plus disposés à entrer dans cette voie, que les sentiments qui ont inspiré la mémorable lettre de l'Empereur nous sont un gage que, dans ses constants efforts pour sauvegarder les intérêts spirituels du monde catholique, il en saurait méconnaître que l'affermissement de l'ordre actuel dans la Péninsule

No. 485. est aussi nécessaire à la paix de l'Europe qu'à la tranquillité des consciences.

Italien,

8. October

1862.

Agréez, etc.

A Mr. Nigra etc., Paris.

Durando.

No. 486.

FRANKREICH.

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- Min. d. Ausw. a. d. diplomat. Vertreter des Kaisers im Auslande. - Die italienische Politik des neuen Cabinets (Drouyn de Lhuys)

betreffend.

Paris, le 18 octobre 1862.

No. 486. Frankreich,

1862.

Monsieur, en prenant possession du poste auquel l'Empereur a daigné 18. October m'appeler de nouveau, je crois utile de vous dire en peu de mots dans quel esprit j'ai accepté la mission qui m'est confiée. Je n'ai pas besoin de revenir avec vous sur les actes et les démarches antérieurs du Gouvernement impérial dans la question romaine. Sa Majesté a toutefois manifesté plus particulièrement sa manière de voir par une lettre adressée à mon prédécesseur, et que le Moniteur du 25 septembre dernier a rendue publique *). Ce document résume la pensée de l'Empereur avec une autorité que tout commentaire ne pourrait qu'affaiblir; et je ne saurais mieux faire que de m'y référer aujourd'hui. Dans toutes les phases par lesquelles la question a passé depuis treize ans, la constante préoccupation de Sa Majesté, ainsi qu'elle a Elle-même pris soin de l'établir, a été de rapprocher les grands intérêts qu'Elle trouvait divisés, et plus ces dissentiments ont acquis de gravité, plus l'Empereur a jugé que son Gouvernement devait s'efforcer de les aplanir, sans toutefois rien sacrifier des principes qui ont été la règle permanente de ses résolutions. La politique définie avec une raison si haute et si impartiale n'a point changé. Elle reste animée des mêmes sentiments que par le passé pour deux causes auxquelles elle a prodigué, dans une égale mesure, les témoignages de sa sollicitude. La question romaine touche aux intérêts les plus élevés de la religion et de la politique; elle soulève sur tous les points du globe les scrupules les plus dignes de respect, et, dans l'examen des difficultés dont elle est entourée, le Gouvernement de l'Empereur regarde comme son premier devoir de se prémunir contre tout ce qui pourrait ressembler de sa part à un entraînement, ou le faire dévier de la ligne de conduite qu'il s'est tracée. ¶ Tel est le point de vue auquel je me suis placé en acceptant la direction des affaires étrangères. Je ne crois ni nécessaire ni opportun d'entrer à cet égard dans de plus longs développements. Il me suffira de vous avoir indiqué sommairement l'ordre d'idées dans lequel je me propose de puiser mes propres inspirations pour remplir les intentions de l'Empereur. Invariablement fidèle aux principes qui l'ont guidé jusqu'ici, le Gouvernement de Sa Majesté continuera de consacrer tous ses efforts à l'oeuvre de conciliation qu'il a entreprise en Italie, en y travaillant avec tout le sentiment de la difficulté et de la grandeur de la tâche, sans découragement comme sans impatience. Agréez, etc.

*) Nro. 475.

Drouyn de Lhuys.

No. 487.

- Er

FRANKREICH. — Min. d. Ausw. an d. kaiserl. Geschäftsträger in Turin. widerung auf das Circular Durando's vom 10 Sept. [No. 484] und dessen

Depesche vom 8. Oct. [No. 485].

Paris, le 26 octobre 1862.

Frankreich,

1862.

Monsieur, je me suis appliqué, dès mon entrée au ministère des affaires No. 487. étrangères, à me rendre un compte exact de la situation présente de l'Italie et de 26. October l'état des questions que soulève l'organisation nouvelle de la Péninsule. L'occupation par nos troupes des provinces romaines, envisagée au point de vue de nos relations avec le Gouvernement italien, appelait, de ma part, le plus sérieux examen. Deux documents d'une date récente ont tout d'abord fixé mon attention: je veux parler de la circulaire de M. le général Durando du 10 septembre dernier, et d'une dépêche que Son Excellence a adressée le 8 de ce mois à M. le ministre d'Italie à Paris, document dont mon prédécesseur avait déjà reçu communication confidentielle; M. le chevalier Nigra m'en a donné lecture et m'en a remis copie, conformément à ses instructions. Vous en trouverez une expédition ci-annexée. En recevant cette pièce des mains de M. le ministre d'Italie, j'ai dû décliner toute conversation immédiate et officielle sur son contenu, me réservant de l'examiner mûrement avant d'y répondre et de prendre les ordres de l'Empereur. J'ai à vous faire connaître aujourd'hui, monsieur, le résultat de cette étude et à vous indiquer dans quel ordre d'idées j'ai l'intention de me placer pour répondre, conformément aux vues de Sa Majesté, à la communication du Gouvernement italien. ¶ Pour établir nettement la situation du Gouvernement de l'Empereur et les nécessités que lui imposent ses engagements et la part qu'il a prise aux événements survenus depuis quatorze ans dans la Péninsule, je crois nécessaire de rappeler les faits principaux de cette période agitée, et de mettre en regard les déclarations par lesquelles l'Empereur lui-même et son Gouvernement ont en toute occasion caractérisé la politique de la France et loyalement indiqué le but qu'elle se proposait d'atteindre. Lorsque le Pape Pie IX, après avoir pris l'initiative du mouvement régénérateur de l'Italie, fut chassé de Rome par la révolution, l'émotion du monde catholique provoqua immédiatement l'active intervention des Puissances, et le cabinet de Turin n'a pas oublié que le roi Charles-Albert, engagé déjà, pour l'affranchissement de l'Italie, dans son héroïque entreprise, et secondé par un ministère que présidait alors M. Gioberti, prenait vis-àvis de la France l'initiative d'une proposition d'entente pour assurer le domaine de l'Église, et garantir, au besoin par les armes piémontaises, les droits du Saint-Siége contre toute atteinte. Accourue la première, la France eut l'honneur de restaurer à Rome l'autorité du Saint-Père, et les Puissances étrangères, non moins confiantes dans sa force que dans sa loyauté, s'en remirent à elle du soin de consolider l'oeuvre à laquelle plusieurs d'entre elles étaient prêtes à concourir. Le Gouvernement de l'Empereur a la conscience d'avoir dignement rempli le mandat qu'il s'était donné, et, son oeuvre accomplie, il était à la veille de rappeler ses troupes lorsque la guerre éclatant entre l'Autriche et le Piémont

Frankreich,

1862.

No. 487. vint lui créer de nouveaux devoirs. S'inspirant avant tout des intérêts de la 26. October France, mais obéissant aussi à ses sympathies pour l'Italie, l'Empereur n'hésita pas à accepter une guerre d'où devait sortir l'indépendance de la Péninsule. La tache que la France s'était assignée était de conquérir cette indépendance, en respectant autant que les événements de la guerre le permettraient les droits existants. Dans la pensée de l'Empereur, l'indépendance de la Péninsule était assurée par les stipulations de Zurich et devait se consolider par l'intime union des États italiens. Aussi, lorsque, cédant à des entraînements qui pouvaient remettre en question les résultats acquis de la guerre de 1859, le Cabinet de Turin se décida à prendre la direction du mouvement qui agitait les populations italiennes et à procéder à l'annexion des duchés, le Gouvernement de l'Empereur dut dégager sa solidarité d'une politique qui cessait d'être la sienne, et, en signalant à son allié les difficultés et les dangers qui l'attendaient dans la voie où il entrait, en décliner pour lui-même la responsabilité. Dans une dépèche adressée le 24 février 1860 au ministre de l'Empereur à Turin et communiquée à M. le comte de Cavour, mon prédécesseur s'exprimait ainsi: ¶„Ai-je besoin de bien longs détails pour expliquer quelle serait notre attitude si le Cabinet de Turin, libre dans son option, préférait courir tous les hasards que j'ai signalés en le conjurant de les éviter? L'hypothèse dans laquelle le Gouvernement de Sa Majesté Sarde n'aurait qu'à compter sur ses seules forces se développe en quelque sorte d'ellemême, et il me serait pénible de m'y appesantir. Je me borne donc à vous dire, par ordre de l'Empereur, que nous ne saurions, à aucun prix, assumer la responsabilité d'une pareille situation. Quelles que soient ses sympathies pour l'Italie, et notamment pour la Sardaigne qui a mêlé son sang au nôtre, Sa Majesté n'hésiterait pas à témoigner de sa ferme et irrévocable résolution de prendre les intérêts de la France pour guide unique de sa conduite." Le cabinet de Turin passa outre à ces conseils et accepta pour lui seul la responsabilité de sa détermination. Bientôt après, cependant, l'entreprise de Garibaldi sur la Sicile et sur le royaume de Naples, en entraînant le cabinet de Turin à intervenir dans l'Italie méridionale, allait l'engager dans un conflit armé avec le Gouvernement du SaintPère et nous obliger nous-mêmes à désavouer solennellement des actes attentatoires à la souveraineté que nous couvrions de notre protection. Le 10 septembre 1860, M. le baron de Talleyrand recevait l'ordre d'adresser à M. le comte de Cavour la note suivante: ¶,,Le soussigné..., etc., a l'honneur d'annoncer à S. Exc. M. le comte de Cavour qu'il a reçu l'ordre de déclarer au nom de S. M. l'Empereur que s'il ne lui est pas donné l'assurance que la note adressée par le Gouvernement sarde à la Cour de Rome n'aura pas de suite, et que l'armée sarde n'attaquera pas les troupes pontificales, la France se verra dans la nécessité de rompre ses relations diplomatiques avec le cabinet de Turin et de désavouer ainsi publiquement une politique qu'elle juge dangereuse pour le repos de l'Europe et funeste pour l'avenir de l'Italie." Cette note n'ayant point modifié la résolution du Gouvernement italien, M. Thouvenel écrivit le 13 septembre à M. de Talleyrand:,,Monsieur le Baron, j'ai l'honneur de vous annoncer que l'Empereur a décidé que vous quitteriez immédiatement Turin, afin de témoigner ainsi de sa ferme volonté de décliner toute solidarité avec des actes que ses conseils,

Frankreich,

1862.

dictés par l'intérêt de l'Italie, n'ont malheureusement pu prévenir." Je passerai No. 487. rapidement sur les événements qui suivirent l'annexion des provinces napolitaines 26. October et la constitution du royaume d'Italie. Ces événements ne pouvaient modifier les appréciations du Gouvernement de l'Empereur. Mais un grand malheur allait frapper l'Italie. La mort de l'homme d'État éminent qui dirigeait le Cabinet de Turin, et dont l'autorité personnelle contribuait puissamment à arrêter dans la Péninsule le débordement des passions anarchiques, pouvait aggraver beaucoup la situation et avoir pour la paix générale les plus funestes conséquences. Je n'ai pas à exposer de nouveau les considérations qui déterminèrent alors le Gou. vernement de l'Empereur à reconnaître le roi d'Italie; je veux seulement rappeler les réserves dont cet acte fut accompagné en ce qui concerne spécialement la question romaine. L'Empereur, répondant à S. M. le roi Victor-Emmanuel qui lui avait demandé de le reconnaître sous son nouveau titre, écrivait, le 12 juillet 1861:

,,Je dois déclarer franchement à Votre Majesté que, tout en reconnaissant le nouveau royaume d'Italie, je laisserai mes troupes à Rome, tant qu'elle ne sera pas réconciliée avec le Pape, ou que le Saint-Père sera menacé de voir les États qui lui restent envahis par une force régulière ou irrégulière.“

En notifiant au chargé des affaires de France à Turin la résolution de l'Empereur, M. Thouvenel disait: ¶,,Le Cabinet de Turin se rendra compte des devoirs que notre position nous crée envers le Saint-Siége, et je croirais superflu d'ajouter qu'en nouant des rapports officiels avec le Gouvernement italien, nous n'entendons nullement affaiblir la valeur des protestations formulées par la Cour de Rome contre l'invasion de plusieurs provinces des États pontificaux. Pas plus que nous, le Gouvernement du roi Victor-Emmanuel ne saurait contester la puissance des considérations de toute nature qui se rattachent à la question romaine et dominent nécessairement nos déterminations, et il comprendra qu'en reconnaissant le roi d'Italie nous devons continuer d'occuper Rome, tant que des garanties suffisantes ne couvriront pas les intérêts qui nous y ont amenés."

En même temps qu'il prenait soin de dégager sa responsabilité et de bien préciser le caractère de ses résolutions, le Gouvernement de l'Empereur se plaisait à espérer que la reprise de ses relations diplomatiques avec le Cabinet de Turin lui permettrait de travailler enfin avec succès à l'oeuvre de conciliation à laquelle, selon lui, est attachée la consécration définitive du nouvel ordre de choses dans la Péninsule. Son intérêt sympathique pour l'Italie, sa sollicitude pour le SaintSiége, et, par-dessus tout, ses devoirs envers la France, lui prescrivaient de poursuivre ses efforts avec une persévérance que ne devaient lasser ni les résistances obstinées ni les impatiences irréfléchies, et qu'explique assez l'importance des intérêts engagés dans la question romaine. L'Empereur a pris soin d'expliquer lui-même, dans une lettre récemment insérée au Moniteur, les principes qui dirigent sa politique et de montrer à l'Italie comme au Saint-Siége le but à atteindre et les moyens d'y parvenir. Depuis le moment où l'Empereur indiquait ainsi les difficultés de la tâche et les conditions du succès, son Gouvernement n'a pas cessé de renouveler ses tentatives pour rapprocher les esprits et pour ren

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