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1862.

No. 487. dre aux consciences troublées, comme aux intérêts en souffrance, la paix et la Frankreich, 26. October sécurité. Les résultats, malheureusement, n'ont point, jusqu'à présent, répondu à son attente; mais si nous avons eu à regretter, d'un côté, la persistance avec laquelle la Cour de Rome s'est refusée à rechercher avec nous les bases d'une transaction acceptable, des faits considérables, que je ne saurais taire, sont venus, d'autre part, la confirmer dans ses résistances, et, en autorisant ses défiances, mettre le Gouvernement de l'Empereur en présence de difficultés nouvelles. ¶ Le général Garibaldi, substituant son initiative individuelle à l'action régulière des pouvoirs publics, organisait une expédition dirigée notoirement contre nous, et revendiquait à main armée la possession de Rome, placée sous la sauvegarde de notre drapeau. Le Gouvernement du Roi, je me hâte de le reconnaître, avec une résolution et une énergie dont il est juste de faire honneur à sa loyauté, comprima heureusement cette tentative. Sa conception seule et le commencement d'exécution qui l'avait suivie révélaient cependant en Italie une situation troublée par la fermentation des passions anarchiques. En même temps, dans un grand pays voisin, s'organisaient des manifestations tumultueuses dont le but avoué était de peser sur les resolutions du Gouvernement de l'Empereur. S'il me paraît superflu de rappeler que le drapeau de la France ne recule devant aucune menace, je ne crois pas non plus avoir besoin de revendiquer pour la politique de mon pays la plus entière indépendance de toute pression extérieure. Toutefois, ces faits, que je n'ai pu passer absolument sous silence, n'auraient point arrêté le Gouvernement de l'Empereur dans ses efforts persévérants pour arriver à la conciliation des deux grands intérêts qui sont en Italie l'objet de sa constante préoccupation, si la communication officielle qui nous a été faite de la circulaire de M. le général Durando du 10 du mois dernier et la publicité qu'a reçue ce document ne nous avaient, pour le moment, enlevé l'espérance que nous aurions voulu fonder sur les dispositions du Gouvernement italien d'arriver à la transaction que nous cherchons. En effet, après avoir rappelé la répression de la tentative de Garibaldi, M. le général Durando s'approprie son programme, et, affirmant le droit de l'Italie sur Rome, réclame, au nom de son Gouvernement, la remise de cette capitale et la dépossession du Saint-Père. En présence de cette affirmation solennelle et de cette revendication péremptoire, toute discussion me paraît inutile, et toute tentative de transaction illusoire. Je le constate avec une sincère regret, le Gouvernement italien, par les déclarations absolues que je viens de rappeler, s'est placé sur un terrain où les intérêts permanents et traditionnels de la France, non moins que les exigences actuelles de sa politique, nous interdisent de le suivre. Je rends hommage à la forme amicale et modérée de la communication qui m'a été faite en dernier lieu par M. le ministre d'Italie, mais j'y cherche vainement les éléments d'une négociation à laquelle nous puissions nous prêter. Dans notre pensée, cette négociation ne peut avoir pour objet que de réconcilier deux intérêts qui se recommandent à notre sollicitude à des titres différents, mais pour nous également respectables, et nous ne saurions consentir à sacrifier l'un à l'autre. Le Gouvernement italien sait, d'ailleurs, qu'il nous trouvera toujours disposés à examiner avec déférence et sympathie toutes les combinaisons qu'il pourrait lui convenir de nous suggérer et qui lui paraîtraient de nature à

Frankreich,

nous rapprocher du but que sa sagesse, nous voulons l'espérer, nous aidera à No. 487. atteindre. Vous voudrez bien, Monsieur, donner lecture de cette dépêche à 26. October M. le Ministre des Affaires étrangères d'Italie et lui en laisser copie. cevez, etc.

A Mr. le Comte de Massignac, etc., Turin.

¶Re

Drouyn de Lhuys.

1862.

No. 488.

FRANKREICH.

Min. d. Ausw. a. d. kaiserl. Geschäftstr. in Rom. Die Lösung der römischen Frage und die Nothwendigkeit von Reformen betr.

Paris, le 31 octobre 1862.

No. 488. Frankreich,

1862.

Monsieur, le devoir de prendre congé du Souverain auprès duquel il 31 October était accrédité obligeant M. le Prince de la Tour-d'Auvergne à différer un peu son départ, j'ai pensé qu'il convenait, par égard pour le Gouvernement du SaintPère, de pourvoir dans le plus bref délai à la gestion de l'ambassade de Sa Majesté, et vous voudrez bien vous rendre à Rome pour en prendre la direction jusqu'à l'arrivée de l'ambassadeur de l'Empereur. ¶ En me remettant le portefeuille des affaires étrangères dans un moment où la situation du Satnt-Siége éveille les plus sérieuses préoccupations, l'Empereur m'a imposé une tâche dont je sens vivement toutes les difficultés, et que mon zèle pour le service de Sa Majesté ne suffirait pas sans doute à accomplir, s'il ne me é'tait pas permis de compter sur la confiance du Gouvernement du Saint-Père. Il me tardait donc de faire parvenir à Sa Sainteté l'expression de mon respectueux dévouement pour sa personne et de ma ferme volonté d'apporter dans mes relations avec son Gouvernement la plus entière et la plus loyale franchise. Vous voudrez bien en donner l'assurance à S. E. le cardinal secrétaire d'État. Mon intention n'est pas d'entrer dès à présent dans l'examen détaillé des questions dont la discussion est naturellement réservée à l'ambassadeur de Sa Majesté et que soulèvent l'organisation présente de l'Italie et la position particulière du Saint-Siége. Je crois devoir vous indiquer cependant quelques considérations générales que j'ai développées dans une conversation avec le Nonce apostolique et dont vous pourrez vous inspirer dans vos entretiens avec le cardinal Antonelli. J'ai d'abord donné lecture à M Chigi d'une dépêche que je venais d'adresser à la légation de l'Empereur à Turin, dans le but de préciser le caractère de l'intervention que les événements nous ont amenés à exercer en Italie, et de formuler une fois de plus les conditions auxquelles il nous serait permis de travailler utilement à la réconciliation qu'appellent avec une égale impatience les amis les plus sages de l'Italie et les défenseurs éclairés du Saint-Siége. Profondément convaincu de la nécessité d'une transaction équitable, le Gouvernement de l'Empereur ne s'est laissé décourager, dans ses efforts pour la préparer, ni par les résistances absolues ni par les prétentions immodérées, et il attend toujours du temps et de la réflexion l'apaisement des passions contraires et la manifestation de dispositions plus favorables

Frankreich,

1862.

No. 488 que celles qu'il a rencontrées jusqu'à ce jour. Dans cet ordre d'idées, j'ai dû 31. October exprimer de nouveau à M Chigi notre sincère regret de l'accueil fait par la Cour de Rome à nos tentatives réitérées d'accommodement, et j'ai insisté sur l'impression fâcheuse que ces refus persistants ne pouvaient manquer d'exercer, au grand détriment du Saint-Siége, sur l'opinion publique. Examinant ensuite les motifs allégués pour décliner nos propositions, je me suis appliqué à combattre les précocupations qui me paraissent les avoir suggérés au Gouvernement romain. La question des réformes à introduire dans l'administration des États de l'Église, à raison de la responsabilité particulière que la protection dont nous entourons le Gouvernement du Saint-Père fait peser sur nous, a été d'abord l'objet de mes observations. L'opinion bien connue du Gouvernement de l'Empereur sur la nécessité de procéder à ces réformes est partagée, ainsi que leurs déclarations en font foi, par la plupart des Gouvernements catholiques. Celui du Saint-Père a lui-même manifesté plusieurs fois l'intention d'accorder à ses sujets les réformes reconnues indispensables; et, en dernier lieu, le cardinal secrétaire d'État déclarait qu'elles étaient prétes, et qu'il n'attendait, pour réaliser les intentions paternelles du Saint-Père, que le retour sous sa domination des provinces qui s'en étaient détachées. J'ai peine, je l'avoue, à comprendre cet ajournement, et je m'explique encore moins la condition à laquelle en est subordonnée la durée. L'âme généreuse du Pontife peut-elle refuser à ses sujets fidèles les bienfaits acquis à ses sujets égarés? Les calculs de la politique ne sont-ils pas d'accord ici avec les inspirations du sentiment pour conseiller de faire cesser au plus tôt un si dangereux contraste? En consolidant par de sages concessions aux besoins du temps sa domination sur les sujets qui lui restent, la Cour de Rome assure le présent par un acte spontané dont elle recueille immédiatement tout l'honneur et tout le bénéfice, et qui lui permet d'attendre dans de meilleures conditions et peutêtre de se ménager des chances que l'avenir peut tenir en réserve. ¶ Le dévouement dont l'Empereur a donné tant de preuves au Saint-Père m'autorise en outre à invoquer ici les convenances et les nécessités de notre politique, directement engagée dans cette question, et je me plais à espérer que cette considération sera appréciée à Rome. On y comprendra les ménagements qu'imposent au Gouvernement de l'Empereur l'opinion de la France et le compte qu'il doit tenir d'exigences dont il reconnait lui-même la légitimité. Si la France catholique ne marchande pas ses sacrifices pour une cause chère à ses traditions, elle ne sépare pas la protection du Pape de l'amélioration du sort des populations romaines, et elle pourrait se lasser de voir toujours ajournées les espérances qu'elle-même a fait naître. Notre occupation prolongée des États-Romains est, d'autre part, on ne l'ignore pas, vivement sinon justement attaquée en France au nom de principes et d'intérêts qui sont les nôtres, et le Gouvernement de l'Empereur se croit en droit de demander au Saint-Siége de lui faciliter sa tâche, en désarmant, par l'usage éclairé et libéral de son pouvoir, les adversaires de sa souveraineté. ¶En ajournant les réformes au moment où seront restituées les provinces qui formaient naguère le domaine de l'Église, la Cour de Rome nous oblige à nous expliquer sur la question territoriale. Je n'ai pas à revenir sur les événements qui ont amené le démembrement des États de l'Église, ni sur le jugement que nous

Frankreich,

1862.

en avons porté. Nous n'avons jamais méconnu la légitimité des réclamations du No. 488. Saint-Siége ni la valeur de ses protestations, et en lui conscillant de pourvoir au 31. October présent, nous n'avons nulle intention de les infirmer dans l'avenir. Mais la reconnaissance même la plus explicite d'un droit n'implique pas nécessairement l'obligation de le faire prévaloir. Chaque Gouvernement reste maître de son action et juge de l'étendue de ses devoirs; aucun n'est tenu au delà de ce que lui commandent ses intérêts propres et sa libre appréciation de ce que permettent, comportent ou exigent les circonstances. Or, il est de mon devoir de le déclarer nettement, le Gouvernement de l'Empereur exclut absolument des moyens de faire rentrer sous l'obéissance du Souverain Pontife les provinces qu'il a perdues le recours à la force. Il est superflu d'insister sur les raisons qui lui commandent cette détermination. Elles sont comprises par tous les Cabinets et acceptées, il en a la conviction, par les consciences catholiques les plus froissées par les épreuves du Saint-Père. Devons-nous, cependant, renoncer à l'espoir de voir le Saint-Siége se prêter à toute négociation qui aurait pour objet de lui donner, sous une forme à déterminer et pour les possessions qui lui restent, la garantie spéciale, que les traités qui avaient constitué son état territorial ne lui avaient nullement assurée pour les provinces qui lui ont été enlevées. Si les États du Saint-Siége sont le domaine du monde catholique, les Gouvernements qui représentent la catholicité dans ses intérêts terrestres ne peuvent-ils pas être appelés à résoudre une question dont l'examen semblerait leur être naturellement dévolu? L'inaliénabilité du domaine temporel du Saint-Siége, est-ce donc réellement une question du ressort absolu de la conscience? Les intérêts de cette souveraineté temporelle, soumise à ce titre à toutes les vicissitudes des choses de ce monde, peuvent-ils se gouverner autrement que par la raison humaine, faillible toujours, mais seul guide pourtant des conceptions de la politique? Je l'ai dit d'ailleurs, les combinaisons auxquelles la Cour de Rome pourrait acquiescer n'invalideraient en rien ses réserves et l'autorité de ses protestations. En maintenant le droit, en constatant un jour donné son impuissance, elles laisseraient l'avenir ouvert, et quel pouvoir en ce monde est autant que celui du Saint-Père fondé à s'en remettre à l'avenir du soin de réparer les malheurs du présent? Nous sommes convaincus que tout arrangement qui garantirait efficacement dans son état actuel le domaine de l'Église, et qui assurerait, par conséquent, l'entière indépendance du Souverain Pontife, satisferait pleinement les consciences catholiques ; elles ne demandent rien de plus, et ce serait, selon nous, une illusion dangereuse de les supposer plus exigeantes; au contraire, dans leur impatience d'une solution qui les rassure, elles s'alarmeraient et s'irriteraient peut-être d'une résistance dont elles s'expliqueraient mal les motifs. Le Gouvernement de l'Empereur, dans sa sollicitude pour les graves intérêts qui se rattachent à la question romaine, n'a pas cessé de rechercher les éléments de cette solution et de convier le Gouvernement du Saint-Père à l'aider dans cette recherche, et nous sommes prêts à nous entendre avec lui pour y associer tous les Cabinets. Nous ne craignons pas d'affirmer que les consciences catholiques seraient soulagées d'un grand trouble le jour où le Saint-Siége se déciderait à se départir de ses refus absolus et à entrer dans la voie d'une transaction acceptable. ¶ Vous n'aurez pas,

Frankreich,

1862.

No 488 Monsieur, à puiser dans les considérations qui précèdent les éléments d'aucune 31. October proposition à adresser à la Cour de Rome; elles sont uniquement destinées tant à inspirer le langage que vous aurez à tenir pendant votre séjour à Rome qu'à vous guider dans vos entretiens avec le cardinal secrétaire d'État, et vous ne manquerez pas de me rendre compte des impressions que vous aurez recueillies.

A Mr. le Comte de Lallemand, etc., Rome.

Drouyn de Lhuys.

No. 489. Frankreich,

1862.

No. 489.

FRANKREICH. Min. d. Ausw. a. d. kaiserl. Geschäftstr. in London.
Unterredung mit Lord Cowley über die römische Frage betr.

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Palais de Compiègne, le 25 novembre 1862.

Monsieur, le soin des affaires courantes qui ont réclamé toute mon 25. Nov. attention m'a fait différer d'entretenir l'ambassade de l'Empereur à Londres d'une communication dont lord Cowley a été chargé de me donner lecture, il y a quelque temps déjà, au sujet de la question romaine. Je sais que M. l'ambassadeur d'Angleterre a rendu compte à son Gouvernement de mes observations; je me proposais néanmoins de les reproduire dans ma correspondance, et tel est l'objet de la dépêche que je vous adresse aujourd'hui. La communication du Cabinet anglais porte la date du 31 octobre. Lord Russell commence par se défendre de vouloir exercer aucune pression sur nos décisions, et ne donne à sa démarche d'autre caractère que celui d'un échange sincére d'opinions. Il admet que le droit des gens autorise certaines exceptions à la règle d'après laquelle chaque peuple est le meilleur juge de la forme de gouvernement qui lui convient. Il émet toutefois l'avis que le moment est venu pour l'intervention française de prendre fin. Tout en rendant hommage aux vues élevées qui ont inspiré à l'Empereur le dessein de réconcilier le Pape avec l'Italie, il ne partage pas l'espérance que Sa Majesté y rattache, il considère comme une solution à la fois équitable et pratique de laisser dès à présent Rome aux Romains. Après avoir achevé la lecture de la dépêche du principal secrétaire d'État, lord Cowley a ajouté qu'il était autorisé à m'en laisser copie, si je le désirais; je n'ai pas cru devoir accepter une offre qui eût témoigné de ma part l'intention d'entrer dans une discussion régulière et suivie. Je suis certain, ai-je dit à M. l'ambassadeur d'Angleterre, de connaitre assez la pensée de Sa Majesté pour n'avoir pas besoin, en ce moment, de lui demander ses ordres. L'Empereur a tracé la règle de conduite de son Gouvernement dans sa lettre du 20 mai. Je suis moi-même rentré au ministère des affaires étrangères pour suivre une politique conforme aux vues exposées dans ce document. Il me suffit de m'y reporter, et en comparant les directions qu'il renferme aux idées exprimées par lord Russell, je ne puis que constater la distance qui sépare le Gouvernement de Sa Majesté du Cabinet anglais dans l'affaire de Rome. Mais je me demande en même temps, ai-je ajouté, si le Cabinet de Londres a des raisons vraiment pressantes d'opposer sur ce terrain son opinion à la nôtre et de manifester la divergence de nos

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