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changement du cœur, dans la continuation des crimes de ceux qui l'invoquent.

« Le Maître des cieux', immense et auguste, semble avoir >> oublié les faveurs dont il nous comblait ; il ne nous envoie plus >>>> que la disette et la famine; la mortalité règne en tout lieu.... » D'où vient que le Maître auguste n'exauce point les sacrifices que »nous lui offrons avec les rits voulus? Chacun continue à marcher dans »sa voie, à ne pas s'arrêter dans le crime. Sages de l'empire, il est » digne de vous de penser à vos propres intérêts. Pourquoi ne >> rien redouter? la crainte du Maître des cieux n'entrera-t-elle >> jamais en vous ? »

Et dans le chant qui suit :

« Le Maître des cieux est auguste et impénétrable, notre » intelligence ne peut le comprendre. Il est plein de terreurs et » de colères; il les répand et les sème sur la terre qui lui est >> soumise. Les conseils de ceux qui gouvernent sont mauvais, »l'iniquité est dans leur pensée. Quand verrons-nous la fin de »ces maux? Ils négligent le bien et exécutent le mal..... aussi ne peuvent-ils obtenir la paix qu'ils demandent 3.»

Immensum et augustum Cœlum solita benignitatis suæ jam fit immemor; nobis famem et calamitatem infert; ubique homines internecione necat... Qui fit ut augustum Cœlum, quas ritė fundimus, jam non audiat preces? Intereà suam, ut ità dicam, pergunt viam, nec sistere gradum noverunt. Quotquot estis in imperio sapientes, par est vos ves~ trimet diligentem curam habere. Quid est quod nihil vereamini? Quomodo Cœlum ipsum non veremini! (Ode 10, part. 2, ch. 4, pag. 103– 104.)

1 J'ai traduit par Seigneur ou Maître des cieux, le mot Thian ou cælum, parce que tel est le sens que les commentateurs lui attribuent dans les passages cités. Le Thian y est en effet désigné comme étant infini, et à la fois au-dessus et au-dessous de nous, incompréhensible à notre intelligence, sachant tout, voyant tout, étant présent partout; or de telles perfections peuvent-elles convenir au ciel matériel ?

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Augustum Cœlum incrustabile, et menti nostræ nullatenus pervium ; Cœlum jam plenum est terroris et irarum quas in terram subjectam dissipat et diffundit. Jam (aula) consilia prava sunt ; jam nihil rectum meditantur. Quis tandem dies tantis, tantis malis finem faciet? Quæ recta sunt, ea non sequuntur, immo quæ improba, ca adhibent et exequuntur....

Ailleurs, il avertit les hommes de veiller avec soin sur leur ame, qui est l'image de la Divinité, parce que la faveur du cieb une fois perdue il est difficile de la recouvrer..

Momâme est triste et cltagrine. Du soir au matin je repasse » dans mon esprit les vertus de nos ancêtres,, et le sommeil fuit »> loin de ma›paupière. Je sens deux hommes en moi. Si le sage » boit du vin,, il le fait avec modération,, sans jamais oublier » les lois de la modestie. Oh! que les insensés agissent différem»ment,, ils se gorgent: de vin et demain ils s'enfoncent: encore > plus dans la crapule et l'ivrognerie. Vous portez en vous l'image » et la ressemblance de Dieu, songez d la respecter, car il est difficile » de recouvrer la grâce du ciel une fois qu'on l'a perdue 1. »›

Le poète s'adresse aux grands et aux puissans, et leur annonce que s'ils veulent affermir leur autorité, il faut s'adonner à la vertu.

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Maître des cieux, auguste, élevé, et qui vois tout, tu pro» téges la terre par ta sagesse et tu es présent partout....

» O vous, qui gouvernez les peuples, je vous le dis en sou>>pirant, mettez un terme à vos débauches, songez d' affermir sur » votre tête la dignité que vous possédez: appelez aux charges de >> l'état des hommes probes et vertueux, remplissez les devoirs » de l'humanité 3, et l'esprit qui le saura vous comblera de ses biens. » O vous, grands de l'empire, je vous le dis en soupirant,

Ità quo intendunt pervenire non possunt: (Od. 1; part. 2, ch. 5', pag. Voyez encore Od. 4, part. 3, chap. 3, pag. 178-1792)

103.

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1 Grand Dieu, j'ai deux hommes en moi. Racines Louis XIV disait qu'il connaissait bien ces deux hommes.

⚫ Ego anxio animo morore conficior. Majores nostros animo versans ad auroram › usque: somnum carpere non possum; et duos homines apudme cogito. Sapiens, cum vino indulget, sibi temperare novit, eta ino→ destiæ leges diligenter servat. Hanc bibendi legem nesciunt insani illi;. hodie vino madent, magisque in dies vino et crapulæ se dedunt. Unasquisque in se speciem et imaginem ( Dei seu cœli ) revereri deberet, et attendere. Favorem sive gratiam cæli semel amissam difficile rursus conciliari. (Ode 2, part. 2, ch. 5, pag、 106.),

3 Ces devoirs consistaient comme on le voit par le Tchong-yong « d être attentif à ne pas faire aux autres ce qu'on ne voudrait pas qu'on nous fit. Ch. 13, 3, p. 49.

» mettez un terme à vos débauches, songez à affermir sur votre » tête la dignité que vous possédez; ayez pour amis des hommes » probes et vertueux, et l'esprit vous récompensera par un surcroît » de félicité 1. ».

Il exhorte à ne pas dire comme les insensés, que Dieu est éloigné, et que par conséquent il ne peut voir ce qui se passe ; que les péchés demeureront inconnus, etc.; car l'esprit de Dieu. pénètre tout, il est présent partout; que l'on monte ou que l'on descende,, on est toujours en sa présence..

« Craignez la colère du Maître des cieux, et ne vous laissez » pas aller, sans crainte pour l'avenir, au cours rapide de vos plaisirs. Il n'est rien que le Maître du ciel n'aperçoive : quel» que part que tu ailles il y est; le Maître du ciel est souveraine»ment intelligent, en quelque lieu que tu te transportes, il s'y

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» trouxe".

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Lorsque tu es en présence d'un sage ton ami, tu veilles » sur ton extérieur pour ne rien, faire qui soit un mal; lorsque >> tu es dans ta maison, loin du regard des hommes, crains ta »propre chambre, crains les ténèbres même. Ne te laisse point aller» au mal, disant la chose sera secrète, personne ne la verra. Ignores» tu que l'esprit est là présent et qu'il ne peut être trompe 3 ?.

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1 Perspicacissimum, augustum et excelsum cœlum, terram infimam sapientiâ tuâ protegis et nobis præsens ades.............

O vos! qui populorum regimini præpositi estis magnates, suspirans dico, voluptati fruendæ aliquem modum et finem statuite. Dignitatem vestram tueri, satagite; probos viros et animi rectos ad munera imperii adhibete; benevolentia complectamini, sic spiritus cum id audiverit, vos bonis cumulabit.,

O vos magnates imperii, suspirans dico, nolite voluptati sine fine vos dedere. Dignitatem vestram tueri studete; probos et rectos viros fovete et amplectamini. Cum Spiritus istum vestrum agendi modum resciverit, nova et magna vobis ab illo felicitas accedet. ( Od, 3, ch. 6, part. 2, p. 119 et 120.)

⚫ Cœli iram reverearis, nolito securus voluptati te dedere, cœli mutatum animum verearis, nolito securus quam sequeris pergere viam. Cœlum augustum perspicacissimum est, et quocumque exiveris: hùc te.sequitur, ibique adest; cœlum augustum summe intelligens, ubicumque ambulaveris, huc sese confert, ibique adest præsens. (Od. 2, part. 5, ch. 2, p. 168.). 3 Cum in amici tui sapientis viri conspectum venies, nihil tetrici sit

» Veille sur toi, veille sur toi; car le regard du Seigneur est » pénétrant, très-pénétrant. Il est difficile de persévérer dans sa » grâce. Ne dis pas qu'il est loin de nous, il est plus élevé que les » lieux les plus hauts, il ne saura donc ce que je fais; car le maître » du ciel est à la fois au-dessus et au-dessous; il est présent à tout ce » que nous faisons, il est ici, dans le lieu même dont tu le crois » éloigné. »

Mais rien n'est plus étonnant que l'Ode première du second chapitre de la troisième partie. Nous y lisons au milieu de rêveries sans nombre, que la mère d'Heou-tsi ( chef de la dynastie des Tcheou), le conçut par l'opération céleste, et l'enfanta, lui son premier né, sans aucune douleur '; les bœufs et les brebis caressèrent le nouveau-né, les bûcherons vinrent le visiter 3. Heou-tsi devenu grand répandit en tout lieu le bonheur et l'abondance, il établit un sacrifice, que le souverain Seigneur de toute chose a pour agréable, un sacrifice d'un gâteau de froment. Ce sacrifice s'offrait à certains jours, après s'être purifié

in vultu, sed benignè amicum excipe, id semper timens, ne quid pecces; cum domi versaberis ab hominum conspectu remotus, vel ipsum cubiculum et latebras tuas reverere, ne quidquam turpe in te admittas, dicens res erit secreta, nec potest ab hominibus resciri, ab hominibus videri. Quo se Spiritus contulerit, et ubi adsit intime præsens, quis tandem sciat? Numquid ille falli potest? (Od. 2, chap. 3, part. 3, p. 172.)

Attende tibi, attende tibi, Cœlum enim perspicacissimum est et longè perspicacissimum est. Ejus gratia et favor non est quid facile. Noli dicere cælum suprà nos longè à nobis distare et altioribus altius esse. Adest tamen suprà et infrà. In rebus nostris, quotidie adest hic, et hæc loca propius intuetur. (Od. 3, part. 4, chap. 1, pag. 201.)

• Gerendi tempore expleto, primogenitum peperit... sine labore, sine dolore. Voyez Chi-king, trad. du P. Lacharme, édit. de J. Mohl, 1830, p. 156, No 2.

Boves et oves infantulum proculcare parcentes ipsi adblandiebantur ; in magnam sylvam abjecto puero occurerunt homines qui ligna cœdebant. No 3.

4 Placetque honos ille summo rerum domino et dominatori, eumque acceptum habet. No 6.

5 Sic autem fiunt sacrificia........ frumenta pistillo proteruntur et protrita ex mortario accipiuntur...; aquâ lavantur...; deinceps placenta fumo aquæ ferventis et vapore decoquuntur. No 5.

de ses vices; il a maintenu sans péché jusqu'au tems de l'auteur, le peuple au milieu duquel Heou-tsi l'a établi '.

Si l'histoire du Chi-king, qui nous est parfaitement connue, ne démontrait que ce livre existe sous sa forme actuelle au moins depuis le second siècle avant notre ère 3, on serait tenté de voir dans cette ode une altération du récit des évangélistes, un produit de la prédication de l'évangile ; mais forcés par l'histoire d'en rapporter la composition à une époque très-antérieure, ne devons-nous pas y voir l'application à Heou-tsi des prophéties qui annonçaient le Messie, de celles de Malachie entre toutes les autres ? Il est vrai que l'auteur Chinois est en certains points plus explicite que les prophètes même; mais rappelons-nous que les Juifs emportèrent dans leur dispersion non-seulement le texte de la Bible, mais encore les explications que les colléges des voyans leur avait données. Ils ont communiqué aux nátions ces prophéties, éclaircies autant qu'elles pouvaient l'être, et de là ces vérités exprimées dans les écrits des idolâtres plus clairement que dans la Bible même (F).

L'abbé SIONNEI,

De la Société asiatique de Paris.

NOTES DE M. LE CHer DE PARAVEY

SUR L'ARTICLE PRÉCÉDENT.

(A) Si le rabbin, auteur de cette inscription, avait un peu mieux étudié les anciens documens, conservés dans les livres assyriens emportés en Chine, il y eût reconnu qu'Abraham ↳ y était nommé TAN-FOU, c'est-à-dire le Père élevé, ou le Père de la multitude; car TAN a ces deux valeurs, et il n'eût pas eu besoin d'épeler son nom. Or ce TAN FOU est en effet un des ancêtres de la

Dies seligitur, abstinemus et animum vitiis purgamus. Id.

Ubi Heou-Tsi sacrificia fieri instituit, populus nullo scelere vitam suam contaminavit, nihil cujus pœniteret perpetravit, quod usque adhuc perseverat. No 6.

3 C'est l'an 130 av. J.-C. que l'on présenta à l'empereur Vou-ti l'exemplaire du Chi-king, recouvré depuis l'incendie des livres. Cet exemplaire a servi de base à toutes les copies qu'on en a tirées par la suite.

4 Voir la Table générale des Annales, au mot Abraham.

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