Sivut kuvina
PDF
ePub

tifiques, des 16 et 17° siècles, combattant et condamnant les assertions téméraires du novateur.

Ce n'est pas tout, il apprend encore comment la foi du moyen-âge, consacrant les arts, leur donna une perfection qu'ils n'ont pas dépassée jusqu'à ce jour; enfin, après avoir montré l'Europe moderne, créée et organisée par le Christianisme, l'orateur finit par cette admirable apostrophe adressée à la France et à la jeunesse qui l'écoutait.

France! France! patrie de tant de gloire, objet de tant de dévouement et d'amour, puisses-tu donc encore grandir, libre et forte, à l'ombre de tes institutions et de tes lois! Puisse la pensée catholique défendre encore, embellir, consoler, raffermir surtout l'édifice social depuis trop longtems ébranlé! Puissent à la science, à l'art, au génie, être rendues les nobles inspirations de la foi, qui les reportent jusqu'à ce type divin que nous avons perdu et du vrai et du beau! Puissent ces générations nouvelles, qui s'élancent pleines d'ardeur vers l'avenir, s'élancer aussi avec foi et courage vers ces principes éternels de conservation, d'ordre et de paix! Puissent-elles les embrasser et les étreindre comme les intérêts les plus sacrés du pays, et, par eux, voir s'ouvrir encore devant elles une large carrière de gloire et de bonheur!

A vous, Messieurs, il appartient de håter puissamment l'accomplissement de nos vœux; à vous, j'aime à le dire, en qui je vois reposer tant de désirs et d'espérances. A l'approche de ces jours de grands souvenirs et de grands devoirs, suivez la voix intime qui vous appelle depuis long-tems peut-être, suivez la voix de la foi jusqu'à ce sanctuaire de réparation et de vie où elle vous convie : là, croyez-moi, là seulement vous préparerez à la famille des membres utiles, à la société des généreux soutiens, généreux jusqu'au sacrifice; là seulement vous rendrez à vos cœurs, s'ils eurent le malheur d'en être depuis trop long-tems séparés, cette action bienheureuse et divine de la foi, et vous retrouverez enfin, au lieu de pénibles angoisses, d'agitations et de mécomptes cruels, vous retrouverez ce bien-être consolateur, ces douceurs intimes, cette force divine, seule félicité désirable de l'homme ici-bas, son unique et véritable dignité.

Dans la septième conférence, M. de Ravignan a entrepris de montrer ce que c'est véritablement que le Catholicisme. Le catholicisme, dit-il, n'est qu'un vain nom, ou c'est l'Eglise même de Jésus-Christ fondée par lui et ses apôtres, l'Église avec l'ensemble de ses dogmes, de ses lois et de sa hiérarchie. Or, l'existence de cette Eglise, de quelque manière qu'on veuille la

définir, est un fait, un fait qui est constaté comme tous les autres faits historiques. C'est donc comme un grand fait présent et passé, vivant et traditionnel qu'il faut considérer le Catholicisme. Ici nul examen de théories vagues et confuses, mais appréciation et témoignage d'un fait. Or, on distingue deux caractères dans ce fait; 1o c'est un fait accompli, 2° c'est un fait divin. Que le catholicisme soit un fait accompli, qui pourrait le nier ? et, nonseulement il est accompli, mais encore il est persistant et durable.

Suivez en effet ses traces au milieu des bouleversemens des nations, suivez fidèlement les faits et la raison saine des faits. Tout change, tout se modifie, tout s'ébranle, ou s'améliore, ou périt sur cette terre ; l'Eglise resta et reste ce qu'elle est, malgré la lutte, malgré le conflit des libertés et des passions humaines. Spectacle étrange, Messieurs, et qui jamais ne sera assez étudié par vous ! C'est la colonne antique et mystérieuse qui est debout quand tout croule autour d'elle, et qui sert toujours d'appui à l'édifice qu'on veut relever. L'Eglise a vaincu le sophisme, et il est tombé accablé sous le poids même de ses armes. L'Eglise a vaincu l'énergie farouche des barbares, qui s'est adoucie et abaissée devant la foi. Dans cette mêlée si confuse et si cruelle, la foi, vous le savez, sauva la civilisation et la science encore. Devant la foi, devant la ligue chrétienne que guidait son chef auguste et paternel, devant elle seulement s'est arrêté le néant envahisseur de l'islamisme, cet ennemi redoutable de la sociabilité humaine. Devant la foi encore, devant le vif éclat de l'unité, en présence des gloires romaines, des gloires catholiques, la réforme se dissout et s'en va par lambeaux, malgré toute son énergie d'indépendance, ou plutôt à cause d'elle; et puis est venu l'inconcevable dix-huitième siècle, enfant de la réforme, qui a passé à son tour, et nous avons su, grâce à Dieu, en rougir. Et nous passons à notre tour, nousmêmes. L'Eglise demeure, demeure toujours ce qu'elle est, ce qu'elle a été, avec ses dogmes, ses lois, son culte, sa hiérarchie sacrée; la voyez

vous ?

Or, pour que l'Eglise puisse subsister ainsi, il a fallu et il faut encore une assistance particulière et immédiate de Dieu, et ce qui le prouve, c'est que toutes les religions qui ont été formées par les hommes sont tombées malgré tous les secours qu'on leur a prodigués.

Mais voilà, dit l'orateur, voilà que de nos jours, un évangile nouveau s'élève; on s'élance vers des manifestations nouvelles, on y appelle, on

y convie les populations, les populations malades à guérir! On se balance dans je ne sais quels songes d'un travail créateur au sein des peuples créateurs d'un christianisme futur. Et quelles sont ces voix qui se sont unies pour prophétiser, grand Dieu ! Et par qui envoyées! Sur quoi fondées? Sur quelles raisons, sur quels faits? Contre la raison, contre les faits, contre la raison des faits, contre la raison des seuls faits véritablement dignes d'être appelés, accomplis dans l'univers. Alexandrie aussi, Arius, Mahomet, Luther, furent les grands révélateurs contre l'Eglise et sa foi; ils furent, vous le savez, les quatre grandes personnifications d'antagonisme : eux aussi, ils ont voulu, dans le cours de ces 18 siècles, refaire le catholicisme, ils l'ont voulu ; qu'est-il arrivé ? Quelle est la pierre où ils se sont brisés ?... Eh! mille fois, l'orgueil déçu, les passions abusées, le génie égaré, l'enthousiasme, le fanatisme, et aussi l'inspiration prétendue des masses, ont fermenté pour retremper, disait-on, la race humaine, pour la revêtir une fois de bonheur et de gloire. Et alors du puits de l'abîme est montée à la surface une lie infecte et impure, qui a souillé l'humanité de sang et d'infamie, tandis que du seul foyer catholique rayonnaient toutes les splendeurs divines de gloire et de prospérité. »

Que le Catholicisme et l'Eglise soient un fait divin, il le prouve, 1o par cette assurance et cette constance avec laquelle l'Eglise, scule entre les écoles, assure qu'elle est infaillible par privilége du ciel; 2o par l'histoire de l'Ancien et du NouveauTestament; 3° par les prophéties qui sont dans l'Ancien-Testament, et qui annoncent la venue du Christ, et l'établissement de l'Eglise ; 4o par les miracles; 5° par les combats soutenus et les victoires remportées. Ici, l'orateur s'adressant à son jeune auditoire, lui dit :

Eh bien, résistez, vous, si vous pouvez; dites non à tous les faits, non à l'histoire du monde entier, non à la gloire de Jésus-Christ, non à ses martyrs, non à ses évêques, non à toutes les gloires du génie catholique durant 1800 ans, non aux combats, aux luttes, aux triomphes, à l'invincible et indestructible durée de l'Eglise; dites non encore aux illustrations les plus vives et les plus nobles de notre France, non enfin à la prophétie et au miracle qui si haut et tout à la fois proclament ce fait çatholique divin! Mais non, vous ne pouvez pas le dire, la nuće de témoignages vous accable, elle dit oui quand vous dites non, et la conscience même, par son trouble et son malaise, a dit oui encore.

Donc, Croix de Jésus-Christ, vous avez vaincu ! La foi est divine,

l'Eglise est divine, le catholicisme constitué est à jamais le fait divin, l'action surnaturelle et divine. Voilà, Messieurs; ce qui vaut mieux que les rêves, les folies, les romans, les prophéties nouvelles, que ces exaltations qui vous appellent à vous élancer vers je ne sais quel songe de manifestation nouvelle et de christianisme futur. Restez, restez à jamais avec l'Eglise sur la pierre angulaire posée par Jésus-Christ même, car Jésus-Christ même est là : vous avez à jamais la promesse divine, l'œuvre, la parole divines, l'action divine et le fait divin.

Puis il a terminé par ces paroles si graves, si amicales, si fraternelles, et qui, écoutées avec un religieux silence, et avec une grande sympathie, prouvent que l'union va se faire encore entre le prêtre et la jeune génération, entre l'Église et le Siècle.

Nous avons donc terminé, Messieurs, la carrière qu'il nous fut donné de parcourir ensemble, avec une si patiente bienveillance dans ceux qui écoutaient, avec un sentiment profond de gratitude, et, souffrez que je le dise, de dévouement intime et vrai, dans celui qui vous parla. Le tems qui s'écoule si rapidement, emporte les hommes et la voix qu'ils firent entendre; mais la parole, mais la vérité demeure éternellement, et vous, Messieurs, en venant ici lui rendre un solennel témoignage par votre assiduité, vous aurez du moins consolé puissamment l'Eglise affligée dans ces jours. Oui, cet étonnant et religieux concours, ce ministère tout spécial de la mission évangélique, le tems, le lieu, ce pontife si digne de vénération et d'amour, ce prêtre si ferme, cette génération si pleine d'espérance et d'avenir, sa présence grave et attentive, et mille pensées qui se pressent en foule dans l'âme, oui, tout ici rend un éclatant hommage à la puissance divine de la foi de l'Eglise, à ce besoin religieux intime qui nous travaille et nous pousse si fortement. Puisse, Messieurs, la parole qui un moment retentit à vos oreilles, et qui va passer avec la rapidité de l'heure écoulée, n'avoir pas du moins affaibli dans vos cœurs l'élan généreux que la foi voulut prendre! Trop heureux en rentrant dans la retraite et le silence, si j'ai pu du moins contribuer à ramener quelque âme égarée, dans les droits sentiers de la paix et du bonheur, et si j'ai pu m'unir ainsi plus fidèlement aux vues 9 aux pensées, au zèle si pur de mon évêque Messieurs, une dernière fois sa main va vous bénir humiliez avec respect vos fronts dans la foi, devant le successeur des apôtres, et le ciel, exauçant ses travaux, son ardente prière, le désir le plus cher de sa grande âme, répandra, je l'espère, en abondance sur vous, toute la douceur des bénédictions divines et éternelles.

A. B.

Archéologie chrétienne.

GLOSSAIRE LITURGIQUE

DES EGLISES GRECQUE ET LATINE.

Deuxième Article '.

Dans le précédent article, nous avons fait connaître les diverses liturgies qui ont été, ou qui sont encore en usage dans l'Eglise chrétienne; il nous reste à offrir la nomenclature des mots les plus difficiles que l'on trouve cités dans la plupart des auteurs liturgiques. Nous avons choisi la méthode alphabétique comme plus commode.

A.

ABSOLUTIONIS DIES, ou le Jeudi saint absolu. Suivant quelques liturgistes, cette institution chrétienne remonte au 9e siècle; mais l'on peut rattacher cette cérémonie aux premiers siècles de l'Eglise; car saint Jérome, dès le 4° siècle, parlant de sainte Fabiole, nous montre les pénitens à la porte de la basilique de Saint-Jean-de-Latran, prosternés le visage contre terre, à genoux sur les marches de l'Eglise, et attendant avec humilité que l'évêque les fît rentrer dans l'Eglise avec les prières et les cérémonies en usage. Le quatrième concile de Tolède, tenu en 633 3, ordonna de mettre les pénitens en état de communier le jour de Pâques, mais sans fixer le jour de leur réconciliation, ce choix dépendant de la volonté des évêques. Nous apprenons par le plus ancien des Ordo romains, lequel date du 8e siècle, et par le sacramentaire de Gelase, que ce jour de la réconciliation des pénitens fut fixé au jeudi absolu ‘. Une homélie attribuée à saint Eloy (mort en 659), parle de

Voir le N° ci-dessus, p. 180.

› Hieroni. epist. 30 ad Ocean.-Joan. Pap., epist. ad decentium Eugub. Canon vi, lit. 5. 4 Mabillon, Muscum ital. I. 2.

« EdellinenJatka »