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saurait trop le répéter aux personnes qui se livrent quelquefois à ces excès.

On l'a observé dans les divers pays où cette maladie a régné tous les individus placés dans la sphère d'activité qui lui est propre, ont eu la constitution modifiée de telle sorte, qu'il en résultait constamment une diminution plus ou moins notable des fonctions cutanées et des fonctions digestives. Il sera donc essentiel, en cas de menace, d'aller au-devant de cette impression générale et d'en prévenir le développement.

Conseils aux médecins, en cas de menace de la maladie.

Le choléra épidémique a présenté dans les régions qu'il a parcourues des variations notables, sous le rapport de sa durée, de sa gravité et de ses conséquences. Malgré tous les travaux des médecins distingués qui jusqu'à ce jour se sont occupés de l'étude de cette maladie, notre ignorance est encore si grande sur les causes de cette affection, de son mode, de sa propagation, sur les modifications, altérations organiques qui doivent lui être véritablement imputées, sur les moyens capables de préserver de son atteinte, de combattre efficacement son action, que les médecins français devront apporter à son étude l'application de tout leur savoir, s'ils se trouvent témoins de cette maladie. Il est essentiel que les médecins possèdent des notions anticipées qui leur permettent, au moment du danger, de se livrer utilement à l'étude de cette maladie. Ils devront surtout conserver, au milieu de l'inquiétude générale et de la consternation qui régneraient alors, le calme qui inspire la confiance, et qui permet d'agir avec prudence et discernement.

Les ouvrages que l'Académie indique comme les plus

utiles à méditer, sont les Traités d'Annesley, de Jameson, de Turnbull-Christie, de Lichtenstaet; les Observations particulières de MM. Jachnichen et Marcus, ouvrages allemands et anglais qui n'ont pas été traduits. Malgré les travaux de MM. Deville, Kéraudren, Larrey et autres, les médecins français, avant ce rapport, n'avaient rien publié de complet sur ce sujet. Il sera utile aux médecins de se livrer à une étude approfondie des conditions topographiques qui les environnent, de chercher à connaître dans tous leurs détails statistiques les élémens de la population au milieu de laquelle ils exercent; ce qui leur permettra de comparer le nombre des malades à la population totale, et le nombre des morts à celui des malades. Ils détermineront les classes, les professions, les sexes, les âges, les constitutions qui ont été épargnés ou atteints, guéris ou victimes; ils distingueront les décès arrivés à la suite du choléra, de ceux qui, aux mêmes époques de l'année, et dans des temps ordinaires, sont la suite des autres maladies.

Les médecins signaleront à l'autorité les améliorations réclamées par l'hygiène publique et l'hygiène privée; ils la dirigeront dans les lieux qu'il convient d'assigner pour l'établissement des hôpitaux et les maisons de convalescence; ils surveilleront les mouvemens journaliers des hôpitaux, visiteront avec soin les maisons d'arrêt, de détention, les casernes, les colléges, les grands ateliers.

Il sera d'une haute importance d'étudier l'état sanitaire des animaux avant, pendant et après l'épidémie; on notera les différences que peuvent présenter les animaux fixés dans le pays et ceux qui n'y font que passer les animaux domestiques fixeront surtout l'attention des médecins.

Conseils aux médecins, en cas d'invasion.

C'est surtout dans cette circonstance que le médecin sera appelé à exercer son influence sur le moral des familles. Il devra les éclairer sur les vrais dangers de la maladie, sur les moyens préservatifs, et sur les moyens curatifs. Il devra avoir égard aux différentes complexions sur lesquelles il doit agir; il faudra surtout apporter toute son attention à recueillir des observations complètes: elles auront pour but d'éclairer sur la nature contagieuse ou non de la maladie, sur son mode de propagation, sur son itinéraire, sur les différences qu'elle peut présenter aux diverses périodes de l'épidémie, sur celles qui peuvent dépendre des localités, etc. Ces observations seront surtout utiles à faire connaître la nature de la maladie, les lésions organiques qui en sont le résultat, les succès et les revers obtenus par les divers traitemens.

On s'attachera à établir comparativement les topographies médicales des lieux où la maladie a pris naissance, des des pays où elle s'est plus facilement établie, des contrées voisines épargnées par le choléra. On cherchera à connaître les conditions et les causes de ces différences, sous les trois points de vue qui suivent: 1o Les pays qui ont été violemment et itérativement atteints; 2o les lieux qui n'ont été que partiellement et passagèrement atteints; 3o les contrées qui ont été complétement préservées, soit d'une manière fortuite, soit par l'effet de quelques mesures sanitaires. Parmi les points qu'il faudra éclairer par de nouveaux faits, la commission désigne les suivans :

Qu'arrive-t-il quand on est placé loin du centre d'action de la maladie, hors de la sphère d'activité des causes qui l'engendrent?

Un cholérique, transporté au loin, peut-il transmettre la maladie à des personnes placées au milieu des conditions salubres?

Dans le cas d'affirmation, quelles sont les circonstances qui empêchent ou retardent cette transmission? Un individu bien portant peut-il, en voyageant, transporter la maladie dont étaient atteintes les personnes au milieu desquelles il a vécu; quelles sont les causes qui peuvent augmenter ordinairement cette faculté de transport ?

En traversant un pays affecté du choléra, peut-on se charger des émanations de la maladie, et, sans en être atteint, la transporter au loin?

Atteint du choléra, les chances de guérison sont-elles plus nombreuses lorsque l'on est transporté loin du foyer où la maladie a pris naissance?

Une réunion quelconque d'individus, parmi laquelle siége le choléra, se débarrassera-t-elle plus promptement du fléau en s'éloignant du lieu où elle fut atteinte de la maladie ?

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Différens objets ayant immédiatement servi aux cholé riques, tels que couvertures, matelas, linge de corps, tissus, vêtemens et autres, portés loin du foyer de la maladie, conservent-ils plus ou moins long-temps la faculté de transmettre le choléra aux personnes qui se serviraient de ces objets, ou qui seulement les manieraient? Les meubles, livres, papiers, bijoux, portés, touchés et gardés par les malades, peuvent-ils seuls transporter la maladie loin de son foyer?

Les substances animales, végétales, minérales; les matières alimentaires, ayant seulement resté dans le pays où règne la maladie, peuvent-elles, sans avoir été touchées par des malades, transporter au loin le choléra?

Les animaux vivans, domestiques ou de basse-cour, peuvent-ils transporter avec eux la maladie ?

Pour la solution de ces questions, on saisira toutes les circonstances fortuites nées dans le cours d'une maladie régnante, sans tenter, pour les résoudre, des expériences qui pourraient être dangereuses.

Il sera sans danger de chercher à constater si des rassemblemens ont favorisé l'extension de la maladie; comment, dans ce cas, s'est conduite la maladie envers les habitans des communes différentes, à la suite d'un marché, d'une foire, d'une fête publique.

Constater l'époque de l'apparition du choléra dans le pays, et sa durée; s'il reparaît dans les pays qu'il a quittés, les particularités qui ont favorisé sa récidive.

L'état général de l'atmosphère, les observations barométriques, thermométriques, hygrométriques, électrométriques, quelque temps avant, pendant et après le choléra. Quelle direction le choléra semble disposé à suivre par rapport aux plages de l'horizon en traversant le pays?

Quelles sont les conditions de localité, de profession, de régime, d'habitude, d'âge, de sexe, de fortune, qui disposent à l'invasion de la maladie, la secondent ou la contrarient ?

Y a-t-il une époque de l'épidémie où son extension soit plus prompte et plus facile ? La violence favorise-t-elle la propagation ?

La maladie se propage-t-elle toujours par voie épidé mique, ou par des émanations autour des malades, ou par migration des personnes, ou par transport des marchandises?

Le choléra a-t-il une influence sur les maladies intereurrentes du pays? Quelle est cette influence?

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