Sivut kuvina
PDF
ePub
[ocr errors]

de cinq gouttes d'acide sulfurique concentré que nous avions mêlées à une pinte environ de liquides végétaux et animaux que cet acide n'avait point coagulés. On croira peut-être qu'il eût été plus avantageux de faire passer un excès de chlore gazeux à travers la liqueur suspecte, de filtrer, de concentrer par l'évaporation, puis de faire bouillir le liquide avec du cuivre pour obtenir de l'acide sulfureux. Nous avouerons qu'il nous a été impossible, en opérant ainsi sur une pinte de liquide végéto-animal mêlé avec cinq gouttes d'acide sulfurique, de reconnaître la moindre odeur d'acide sulfureux, non-seulement parce que la majeure partie de cet acide s'était combinée avec l'ammoniaque provenant de la matière animale non précipitée par le chlore et décomposée, et avait formé du sulfate d'ammoniaque que le feu avait transformé en sulfite acide volatil, mais encore parce qu'il se dégageait des vapeurs abondantes d'acide hydrochlorique formé aux dépens du chlore et de la matière organique précipitée, et d'huile fétide provenant de la matière végéto-animale décomposée par le feu: on conçoit dès-lors qu'une petite quantité d'acide sulfureux n'ait pu être décelée par son odeur au milieu de plusieurs autres matières odorantes.

Potasse. Si la pierre à cautère ou là potasse à l'alcool faisaient partie des liquides vomis ou de ceux qui sont contenus dans le canal digestif après la mort, on aurait recours au procédé suivant : après avoir filtré le liquide, on y plongerait un papier de tournesol rougi par un acide, qui ne tarderait pas à reprendre sa couleur bleue; on constaterait en même temps qu'il ne s'exhale point d'odeur ammoniacale, et par conséquent qu'il n'existe point d'alcali volatil libre: alors on évaporerait presque jusqu'à siccité, et on agiterait le produit de l'évaporation pendant quelques mi

nutes avec de l'alcool froid très-concentré, marquant 44 degrés. Le plus ordinairement l'alcool se borne à dissoudre une certaine quantité de matière animale sans attaquer la potasse, qui, par suite de l'action qu'elle a exercée sur cette matière organique, est transformée en carbonate, et n'est plus soluble dans le menstrue alcoolique : aussi, lorsqu'on a décanté l'alcool, si l'on traite par l'eau, on dissout, entre autres produits, la potasse et de la matière animale altérée; la liqueur est très-alcaline, et rétablit la couleur du papier rougi'; elle fournit, par l'acide perchloriqué, un précipité d'oxychlorate de potasse, et par l'hydrochlorate de platine (pourvu qu'elle ait été concentréé par l'évaporation), un précipité formé en partie par une portion de matière animale qui se dépose sous forme de flocons, et en partie par de l'hydrochlorate de platine et de potasse: on reconnaît cette dernière portion à son état grenu, pulverulent, à ce qu'elle occupe le fond du vase, et qu'elle adhère aux parois du verre lorsqu'on l'a agitée dans celui-ci, et que l'on a décanté la portion floconnense qui est plus légère. S'il arrivait par hasard que l'alcool concentré dissolvît et la matière animale et la potasse, on filtrerait, et on évaporerait cette dissolution alcoolique, après avoir constaté son alcalinité; puis on agirait sur elle avec l'acide perchlorique et le sel de platine, comme il vient d'être dit.

3

Mais, objectera-t-on, vous admettez qu'un liquide contient de la potasse libre parce qu'il bleuit le papier rougi, et qu'il précipite par l'acide perchlorique et par l'hydrochlorate de platine, tandis que la plupart des liquides animaux contenant des sels de potasse doivent également précipiter par ces deux réactifs, quoiqu'ils ne renferment point de potasse libre. Nous répondrons que nous avons

traité comparativement, par le procédé indiqué plus haut, plusieurs sortes de liquides animaux, et entre autres du lait coagulé par l'alcool et filtré. Dans une portion, nous avons mis quatre ou cinq gouttes de dissolution de potasse caustique, tandis qu'il n'y en avait pas dans l'autre ces liquides, concentrés par l'évaporation, traités par l'alcool, puis par l'eau, ont fourni un solutum très-alcalin, précipitant abondamment par le sel de platine et par l'acide perchlorique (ces précipités offraient évidemment les caractères de ceux que la potasse fournit avec les mêmes réactifs) dans la portion à laquelle on avait ajouté de la potasse, tandis que la portion des mêmes liquides où l'on n'avait pas mis de potasse n'était pas alcaline, par conséquent ne rétablissait pas la couleur bleue du papier rougi, et, traitée par l'hydrochlorate de platine et par l'acide perchlorique, fournissait un précipité floconneux peu abondant, composé en grande partie de matière animale, et contenant une petite portion d'hydrochlorate de platine et de potasse. Ainsi, tout en accordant que la plupart des liquides animaux renferment une faible proportion de sels à base de potasse, et que, par conséquent, ils doivent, après avoir été concentrés par l'évaporation, fournir, avec le sel de platine et l'acide perchlorique, de légers précipités, il n'en est pas moins vrai que ces liquides ne sont pas ordinairement alcalins, et que, par conséquent, on peut conclure à l'existence de la potasse lorsqu'on a constaté, d'une part, l'alcalinité, et de l'autre la faculté de précipiter abondamment, et comme le fait la potasse par le sel de platine et par l'acide perchlorique. Objectera-t-on que les liquides de l'estomac et du canal intestinal peuvent être naturellement alcalins? Cela est vrai; mais alors ils doivent leur alcalinité à la soude ›

et ne donnent pas, par l'hydrochlorate de platine et l'acide perchlorique, les précipités que fait naître la potasse. Dira-t-on encore qu'il ne serait pas impossible qu'un liquide animal, naturellement alcalin par la soude qu'il contient, renfermât des sels de potasse en assez grande quantité, ce qui rendrait insuffisant le procédé que nous conseillons ? L'objection serait fondée, et, dans ce cas, le problème nous paraîtrait insoluble.

On imaginera peut-être qu'il eût été plus convenable, pour découvrir la potasse libre dans les liquides vomis, de précipiter la matière animale par un excès de chlore gazeux, puis d'évaporer et de traiter par l'hydrochlorate de platine ce serait une erreur, car alors on obtiendrait du chlorure de potasse, ou un mélange de chlorate et d'hydrochlorate, suivant que la dissolution serait étendue ou concentrée ; ce qui rendrait la découverte de l'alcali beaucoup plus difficile.

Nous avions pensé d'abord que l'on pourrait tirer parti de l'acide carbonique, après avoir constaté que le liquide était alcalin, pour déterminer si l'alcali était de la chaux, de la baryte ou de la strontiane, ou bien de la potasse ou de la soude; mais l'expérience nous a appris que certains liquides animaux, qui ne contiennent ni chaux, ni baryte, ni strontiane libre, blanchissent et se troublent légèrement par l'acide carbonique, comme ils le feraient s'ils renfermaient de très-petites proportions de ces alcalis: dès-lors ce réactif doit être abandonné, comme pouvant induire en

erreur.

Eau de javelle. Procédé pour decouvrir l'eau de javelle dans du café au lait ou dans un autre liquide coloré. On s'attachera surtout et d'abord à démontrer dans la liqueur la présence du chlore libre pour cela, on recherchera

soigneusement si elle n'exhale pas une odeur de chlore; puis on plongera dans une partie une lame d'argent pur exempt de cuivre, et l'on ne tardera pas à s'apercevoir que le métal sera bruni ou noirci: en éffet, il se formera du chlorure d'argent noir on lavera la lame avec de l'eau distillée, puis on la traitera par l'ammoniaque liquide, qui dissoudra le chlorure d'argent ; la lame reprendra le brillant métallique on saturera la dissolution ammoniacale par de l'acide nitrique pur qui s'emparera de l'alcali, et laissera précipiter du chlorure d'argent blanc, dont les caractères sont géné ralement connus. Or, ce chlorure ne peut avoir été formé qu'aux dépens du chlore libre contenu dans la liqueur, lės hydrochlorates qui peuvent entrer dans sa composition n'étant point décomposés par la lame d'argent. Il est aisé de s'assurer que la lame d'argent ne s'emparera que d'une portion du chlore du chlorure; mais quelque minime que soit la proportion de chlorure contenu dans la liqueur, l'argent ne tarde pas à brunir.

[ocr errors]

L'existence du chlore une fois reconnue, on cherchera à constater celle de l'alcali: pour cela, on laissera pendant vingt ou vingt-cinq minutes dans le liquide suspect un papier de tournesol faiblement rougi par un acide: l'expérience prouve que le papier est bleui dans un mélange d'une partie d'eau de javelle et de plus de vingt parties de café au lait. Si le papier rouge est bleui, la liqueur dans laquelle nous supposons avoir démontré du chlore libre contient un chlorure d'alcali; si le papier rouge n'est pas bleui, on coagulera la liqueur par l'alcool, on la filtrera, et on la concentrera par l'évaporation, puis on y plongera de nouveau le papier rouge, qu'on y laissera pendant quelques heures, s'il n'était pas bleui de suite: quelque

« EdellinenJatka »