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La présence de l'air n'est pas indispensable à la formation de l'hydrate de phosphore. Je tiens de M. Robiquet qu'il a vu au laboratoire de Fourcroy une certaine quantité de cette matière blanche à la surface de plusieurs bâtons de phosphore que l'on avait laissés pendant un grand nombre d'années dans un vase rempli d'eau bouillie et bouché.

Quant à l'assertion que le phosphore recouvert de croûtes blanches laisse à la distillation une plus grande quantité d'oxide rouge que le phosphore pur, son inexactitude est suffisamment démontrée par les propriétés et la composition de ces deux combinaisons (1)..

EXAMEN CHIMIQUE

De matières qui se trouvaient dans une tumeur extraite du rein droit d'une femme morte à l'hôpital de la Charité (2); par A. CHEVALLIER.

La tumeur qui fait le sujet de cette note m'a été remise

(1) En parcourant les mémoires qui ont été faits sur le phosphore, j'en ai remarqué un publié en 1813, par M. Branchi, professeur à Pise, dans lequel ce chimiste rapporte « que le phosphore conserve sa transparence et ne se colore nullement sous l'influence du rayon rouge et des rayons calorifiques séparés des rayons lumineux; qu'après avoir été fondu, le phosphore se solidifie le plus souvent à peu de degrés au-dessous de 43°, mais que quelquefois il peut être amené jusqu'à 1,5). » J'ai tenté un grand nombre de fois d'obtenir ce résultat, mais sans jamais réussir complétement. Je n'ai pu retarder la -solidification plus bas que+ 15o.

(2) Cette analyse aurait dû être publiée il y a plus de deux ans ; mais le manuscrit s'étant trouvé placé dans d'autres papiers, ce n'est que depuis peu de jours qu'il a été retrouvé.

par M. le docteur Rayer, qui l'avait extraite lors de l'autopsie d'une femme âgée, dont la mort avait été causée par un ramollissement de l'hémisphère gauche du cerveau. Cette tumeur s'était développée à la partie inférieure du rein droit, qui était très-petit, ainsi que celui du côté opposé. Aucun symptôme, pendant la vie du sujet, n'a annoncé la présence de cette tumeur : les urines étaient excrétées comme dans l'état sain, et la malade n'accusait aucune douleur dans la région du rein. Il est cependant convenable de faire remarquer que l'affection cérébrale dont elle était atteinte ne lui permettait pas de donner des renseignemens exacts sur son état, et sur les circonstances qui l'avaient précédé.

Lors de l'autopsie, on remarqua une altération sensible de l'aorte; cette artère présentait dans son intérieur un assez grand nombre de tumeurs analogues à celles du rein; ces tumeurs étaient beaucoup plus petites, et on distinguait à leur surface et dans l'intérieur de petits points brillans, qui avaient de l'analogie avec l'acide borique en paillettes,

Examen des matières contenues dans la tumeur du rein.

Cette tumeur pouvait avoir environ 1 pouce de long sur 4 lignes de large; ouverte à l'aide du bistouri, il s'en échappa un liquide clair, d'une odeur fétide, qui était mêlé de petites paillettes brillantes, analogues au blanc d'ablette. Ce liquide fut jeté sur un filtre pour séparer la matière brillante, qui fut ensuite lavée à de l'eau distillée et séchée.

Le liquide filtré avait une saveur fade; il bleuissait assez fortement le papier de tournesol rougi; les vapeurs qui en émanaient noircissaient le papier recouvert d'acétate de plomb.

Ce liquide fut introduit dans une cornue tubulée, à laquelle on avait adapté une alonge et un ballon, puis soumis

à la distillation. Au moment où il allait entrer en ébullition, `on s'aperçut qu'une partie se concrétait et donnait lieu à la formation de flocons volumineux : l'opération fut arrêtée après une demi-heure d'ébullition. Lorsque l'appareil fut refroidi, on le démonta; on procéda ensuite à l'examen du liquide qui s'était condensé dans le ballon. Il était limpide, incolore; il avait une odeur hydrosulfurée, due à la présence de l'hydrosulfate d'ammoniaque. En effet, il fut divisé en deux portions égales, dans deux verres à expérience. L'une de ces portions, traitée par la potasse caustique, donna lieu à un dégagement d'ammoniaque très-abondant (1); l'autre portion du liquide, traitée par le nitrate d'argent, donna naissance à un précipité noir de sulfure d'argent.

Le résidu qui était dans la cornue fut jeté sur un filtre et séparé en deux parties: l'une solide, qui resta sur le filtre; l'autre liquide, qui passa à travers les parois du papier. La partie solide nous présenta tous les caractères de l'albumine concrétée par la chaleur; elle retenait une petite quantité de matière grasse, que nous séparâmes à l'aide de l'alcool à 40° bouillant; mais cette matière grasse était en trop petite quantité pour que nous ayons pu la soumettre à un examen chimique.

La liqueur d'où l'on avait séparé l'albumine', soumise à l'évaporation à une douce chaleur dans une capsule de verre, laissa un extrait d'un jaune rougeâtre, d'une odeur fade, d'un goût assez agréable. Amené à l'état sec et traité par l'alcool, on obtint une solution qui a été reconnue contenir de l'osmazôme mêlée de traces de muriate de soude.

(1) L'ammoniaque se trouvait en excès dans ce liquide, qui bleuissait fortement et promptement le papier de tournesol rougi par un

La partie du résidu qui n'avait pas été dissoute par l'alcool a été traitée par l'eau distillée : le liquide qui en provenait a été divisé en deux parties. L'une a été examinée par les réactifs, qui ont démontré qu'elle contenait de l'hydrochlorate, du phosphate et du sulfate de soude, enfin des traces d'un sel à base de potasse; l'autre a été évaporée à siccité; elle a brûlé en donnant des produits analogues à ceux qui, proviennent du traitement des matières animales, en laissant pour résidu des cendres qui contenaient, outre les sels que nous avons indiqués plus haut, une petite quantité de sous-carbonate de soude, enfin des traces d'oxide de fer.

Examen de la matière nacrée brillante.

La matière nacrée brillante, qui avait été recueillie sur un filtre et lavée à l'eau distillée, s'était prise en une seule masse, présentant une feuille argentée, plissée comme le filtre et simulant une cocarde. Une portion de cette matière que nous regardions (à cause de l'aspect) comme étant de la cholestérine, fut divisée en plusieurs portions, et soumise à diverses expériences. Cette matière présentait les caractères suivans: elle se fondait à une température de 136°; abandonnée à elle-même, après avoir été fondue, elle cristallisait par refroidissement; les cristaux formaient des rayons, qui, partant du centre et s'élargissant vers la circonférence, ne faisaient éprouver aucun changement au papier de tournesol rouge et bleu. Elle était insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et dans l'éther, non altérée par les alcalis: traitée par l'acide nitrique, elle s'est convertie en acide cholestérique.

Cet acide, combiné à la potasse, précipitait la chaux et la baryte en jaune-orangé, etc.

La matière nacrée, séparée des petites tumeurs qui exis

taient dans l'aorte, traitée de la même manière, a été aussi reconnue pour être de la cholestérine.

De ces faits il résulte que la tumeur que nous avons examinée contenait, 1° de l'hydrosulfate d'ammoniaque ; 2o de l'albumine; 3° une petite quantité de matière grasse; 4° de l'osmazôme (1); 5o divers sels, des hydrochlorate, phosphate et sulfate de soude; 6° du carbonate de soude, provenant sans doute de la décomposition de quelques sels de soude formés avec un acide susceptible de se décomposer par la chaleur; 7° des traces d'oxide de fer; 8° enfin de la cholestérine.

La présence de la cholestérine dans ces tumeurs démontre que cette substance, découverte d'abord dans les calculs biliaires, n'existe pas seulement dans ces calculs, Aussi elle a été trouvée par M. Caventou dans un dépôt formé sur une gencive; par M. Morin, dans un engorgement qui s'était formé vers la partie inférieure et latérale du côté gauche de la langue d'un perroquet mort d'apnée; par M. Chevreul, dans la bile humaine et dans celle de l'ours; par M. Barruel, dans le kyste de l'ovaire d'une jument; par M. Lassaigne, 1° dans une matière squirrheuse extraite du méso-colon d'une jument; 2° dans une concrétion albumineuse trouvée dans le cerveau d'un cheval; 3° dans une concrétion formée dans le cerveau d'un homme; par MM. Guibourt et Blondeau, dans le muse; par M. Lecanu, dans l'huile de jaune d'œuf; par Gmelin, dans le cerveau des hommes, dans celui des boeufs, enfin dans d'autres parties du corps animal (Magaz. sur pharmac., oct. 1824, pag. 96); par

(1) L'osmazôme ne se forme-t-elle pas pendant la décomposition des autres substances animales, la fibrine et l'albumine? Nous nous proposons d'examiner cette formation, que nous croyons avoir aperçue.

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