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MÉMOIRE

Sur Thistoire chimique de la méconine, lu à l'Académie royale des sciences; par M. COUERBE.

EXTRAIT.

L'auteur annonce qu'il avait découvert cette substance en 1830, sans avoir cependant pu en bien constater les principales propriétés, vu la petite quantité qu'il en avait obtenue. Avant qu'il se fût livré à une nouvelle expérimentation, il apprit que M. Dublanc jeune avait précédemment trouvé dans l'opium une substance azotée, brûlant sans flamme, donnant naissance à des produits ammoniacaux, et contenant beaucoup plus d'hydrogène que de narcotine. M. Couerbe que la substance cristalline qu'il désigne sous le nom de méconine, est la même que celle qui a été obtenue, mais incomplétement étudiée par M. Dublanc.

croit

D'après l'auteur, la méconine pure est solide à la température atmosphérique, blanche, inodore, peu sapide d'abord, puis sensiblement âcre; elle est soluble dans l'eau, l'alcool et l'éther, et cristallise dans ces trois menstrues. Les cristaux qu'elle donne sont à six pans, dont deux parallèles sont plus larges et terminés par un sommet dièdre; elle fond à 90° c., et est alors incolore et très-limpide; elle conserve sa liquidité jusqu'à ce que le thermomètre soit desceudu à 75° c.; à 155° c., elle se vaporise et passe à la distillation sans aucune altération, et se prend, par le refroidissement de la liqueur, en une masse blanche ayant l'aspect de la graisse.

La méconine se dissout dans 265,75 parties d'eau froide

et 18,55 d'eau bouillante. L'alcool, l'éther et les huiles essentielles en dissolvent beaucoup plus que l'eau; la potasse et la soude dissolvent également la méconine, sans lui faire éprouver aucun changement. L'acide sulfurique, étendu du quart ou de la moitié de son poids d'eau, dissout à froid cette substance. Cette solution est limpide et incolore; exposée à une douce chaleur, on voit s'y former des stries verdâtres qui se multiplient à mesure que la concentration augmente; et enfin tout le liquide prend le beau vert foncé de la chlorophylle. La méconine, dans cet état, est complétement décomposée et ne peut plus se reconstituer.

Si l'on verse de l'alcool dans ce sulfate vert de méconine, le mélange s'effectue et la liqueur prend un rose clair; mais si l'on chasse l'alcool par la chaleur, le beau vert reparaît tel qu'auparavant.

Si, au lieu d'alcool, on verse de l'eau dans le sulfate, il s'y produit un précipité brun floconneux qui ne se dissout pas dans le mélange, même quand on porte celui-ci à l'ébullition. L'on sépare ces flocons en filtrant; la liqueur se montre d'un rose peu foncé, mais bien franc; la concentration par une douce chaleur y fait reparaître la couleur verte. Ce double changement se reproduit autant de fois que l'on veut, du moins tant que la matière organique de la solution n'est pas épuisée.

La matière brune, séparée par le filtre, est soluble dans l'acide sulfurique concentré qu'elle colore en vert, dans les alcalis, l'alcool et l'éther. Sa solution dans les deux derniers liquides est d'un très-beau rose foncé. Les sels de plomb, d'alumine, d'étain, versés dans la solution alcoolique étendue d'eau, la précipitent sous forme de laque, à la manière d'un grand nombre de substances colorantes. Il est aisé de voir que cette matière brune est celle qui colore la solution

en vert dans un cas, et en rose dans l'autre, suivant qu'il y a absence ou présence de l'eau.

L'acide nitrique concentré dissout, à la température ordinaire, la méconine. Sa solution, qui prend une belle couleur jaune, donne, quand on y verse de l'eau, un précipité qui n'a pas été étudié.

Si l'on soumet à une douce chaleur la solution nitrique, l'acide se dégage sans signe apparent de gaz nitreux. Il se forme alors sur les bords de la capsule des cristaux jaunâtres qui ne s'altèrent pas, même quand on pousse l'évaporation jusqu'à siccité. Quand l'acide a entièrement disparu, la masse reste fondue par l'effet de la chaleur. En se refroidissant, elle se prend en cristaux jaunâtres.

En faisant passer sur de la méconine chauffée jusqu'au point de fusion un courant de chlore bien pur et bien sec, on observe une coloration en rouge qui augmente à mesure que l'absorption du gaz s'opère. La substance finit par prendre une couleur rouge de sang. En cet état, pour rester liquide, elle exige une température bien supérieure à celle qui est nécessaire pour faire fondre la méconine pure; en se refroidissant, elle perd sa belle couleur rouge et se prend en cristaux aiguillés. L'auteur l'a reconnue pour un chlorure à base organique, composé de

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Matière organique..... 74,25

Nous disons que c'est un chlorure à base organique : c'est que son radical, comme on le verra plus loin, n'est pas la méconine, ainsi qu'il eût été naturel de le supposer. Après avoir exposé les propriétés principales de la méconine, l'auteur parle de sa composition. Cette substance n'étant pas azotée, ainsi qu'il a été dit d'abord, son analyse n'offre que très-peu de difficultés. Quatre expériences, faites chacune

sur un décigramme de méconine, ont donné sensiblement

les mêmes proportions, savoir :

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Nombres qui correspondent à 9 atomes de carbone, 9 d'hydrogène et 4 d'oxigène; ce qui fixe le poids de son atome à 1142,102. L'analyse, calculée d'après cette formule, donne à peu de chose près les chiffres trouvés par l'expérience; elle est en effet de

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M. Couerbe revient ensuite aux cristaux qu'on obtient par l'évaporation d'une solution nitrique de méconine. Ces cristaux contiennent un peu d'acide nitrique, qu'on n'en pourrait chasser entièrement par le feu sans altérer la matière organique, mais qu'on élimine en dissolvant ce produit dans l'eau distillée bouillante, recueillant les cristaux. qui se déposent par le refroidissement, les dissolvant euxmêmes dans l'alcool bouillant, puis les faisant cristalliser. dans cette liqueur.

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La substance, qui, après cette deuxième purification, ne contient plus d'acide nitrique libre, se présente sous forme de longs prismes déliés, à quatre pans, et à base carrée. Exposée à une température de 150° centig,, elle se fond, et à 199 elle se volatilise en grande partie; l'autre portion se dessèche à cette température, et se décompose lorsqu'on élève la chaleur, en dégageant une odeur, d'amandes. amères, Jetée sur des charbons incandescens, elle brûle en. répandant une odeur d'aubépine.

L'éther dissout aussi cette substance; la solution est tout

à-fait incolore: ce qui n'a pas lieu pour les solutions alcooliques et aqueuses. Les acides concentrés ne détruisent pas ce corps, mais le dissolvent à l'aide d'une douce chaleur et le laissent cristalliser. Si l'on étend d'eau la solution acide, elle paraît incolore, comme celle faite avec l'éther, `et les cristaux obtenus sont d'une blancheur éclatante.

La potasse, la soude, l'ammoniaque dissolvent avec une extrême facilité cette substance; l'addition d'un acide dans la solution l'en précipite avec toutes ses propriétés primitives. D'après cet exposé, ce corps jouit de plusieurs propriétés qui le rapprochent des acides; il agit aussi comme eux, quoique faiblement, sur les teintures végétales (1). L'auteur s'est occupé de rechercher la composition de cette substance; mais ayant agi sur une très-petite quantité, il donne des résultats si peu certains, que nous croyons devoir les passer sous silence. M. Couerbe examine ensuite le produit cristallin obtenu par la réaction du chlore sur la méconine. Ce corps est presque insoluble dans l'eau bouillante et très-peu soluble dans l'éther sulfurique; l'alcool à 36° et bouillant le dissout assez difficilement: cependant, une fois la solution opérée, la cristallisation ne s'opère point par le simple refroidissement, mais seulement par l'évaporation. Abandonnée à elle-même, cette solution donne des cristaux grenus, sans forme déterminable, salis par une matière jaune qu'on enlève par l'alcool à 38° froid, et qui offre tous les caractères physiques d'une résine molle. Les cristaux, purgés

(1) Nous ne pensons point que l'auteur soit parvenu à dépouiller complétement cette substance de l'acide nitrique qu'elle contenait : les combinaisons des acides avec les corps organiques étant très-difficiles à rompre, nous avons lieu de croire que c'est à la présence de cet acide qu'est due son action sur les teintures végétales.

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