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Le célèbre Deguignes, ayant trouvé dans les livres chinois la description d'un pays situé à une grande distance à l'orient de la Chine, à ce qu'il lui sembla, crut que cette contrée, nommée Fou sang, pouvait bien être une partie de l'Amérique. Il a exposé cette opinion dans un mémoire lu à l'Académie des inscriptions et belles-lettres, et intitulé Recherches sur les navigations des Chinois du côté de l'Amérique, et sur plusieurs peuples situés à l'extrémité orientale de l'Asie (1).

Il faut d'abord observer que ce titre est inexact. Il ne s'agit nullement dans l'original chinois que Deguignes a eu devant les yeux d'une navigation en

(1) Voyez Mémoires de l'Académie royale des inscriptions et belles-lettres. Vol. XXVIII, pag. 505 à 525.

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treprise par les Chinois au Fou sang, mais, comme on verra plus bas, il est simplement question d'une notice de ce pays donnée par un religieux qui en était originaire et qui était venu en Chine. Cette notice se trouve dans la partie des grandes Annales de la Chine (1) intitulée Nan szu, ou Histoire du midi. Après la destruction de la dynastie de T'sin, en 420 de J.-C., la Chine fut pleine de troubles, dont il résulta l'établissement de deux empires, l'un dans les provinces septentrionales, l'autre dans celles du midi. Ce dernier a été successivement gouverné, de 420 jusqu'en 589, par les quatre dynasties des Soung, des Thsi, des Liang et des Tchhin. L'histoire de ces deux empires a été rédigée par yan tcheou qui vivait vers le commencement du VII° siècle. Voici ce qu'il dit du Fou sang.

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Li

«Dans la première des années young yuan,du règne a de Fi ti de la dynastie de Thsi, un cha men (ou prêtre bouddhique), nommé Hoeï chin, arriva pays de Fou sang à King tcheou (2); il raconte «< ce qui suit: Le Fou sang est à 20,000 li à l'est

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« du

(1) Ce sont les Nian eul szu, ou les vingt-deux historiens, dont les ouvrages forment une collection de plus de six cents volumes chinois, et qu'il ne faut pas confondre avec les Annales intitulées Thoung kian kang mou, qu'on connaît en Europe par le maigre extrait que le P. Mailla en a donné en douze volumes in-4°.

(2) King tcheou est une ville du premier ordre, située sur la gauche du grand Kiang dans la province actuelle de Hou pe.

du pays de Ta han, et également à l'orient de la << Chine. Dans cette contrée, il croît beaucoup d'ar«bres appelés Fou sang (1), dont les feuilles res« semblent à celles du Thoung (Bignonia tomentosa), et les premiers rejetons à ceux du bambou. << Les gens du pays les mangent. Le fruit est rouge «<et a la forme d'une poire. On prépare l'écorce de « cet arbre comme du chanvre, et on en fait des << toiles et des habits. On en fabrique aussi des étoffes à « fleurs. Les planches du bois servent à la construcation des maisons, car dans ce pays il n'y a ni villes, << ni habitations murées. Les habitans ont une écri« ture et fabriquent du papier avec l'écorce du Fou « sang. Ils n'ont ni armes ni troupes, et ne font pas « la guerre. D'après les lois du royaume, il y a une

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prison méridionale et une septentrionale. Ceux

qui ont commis des fautes peu graves sont envoyés dans la méridionale, mais les grands cri<< minels sont relégués dans la septentrionale. Ceux qui peuvent recevoir leur grace sont envoyés à la première, ceux au contraire auxquels on ne veut

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«

<< pas l'accorder sont détenus dans la prison du « nord (2). Les hommes et les femmes qui se trou

桑扶

(1) nonciation japonaise Fouts sók, est l'arbrisseau que nous nommons Hibiscus rosa chinensis.

Fou sang, en chinois et selon la pro

(2) Deguignes a assez mal rendu ce passage de cette manière : « Les plus coupables sont mis dans la prison du

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<< vent dans celle-ci peuvent se marier ensemble. « Les enfans mâles qui naissent de ces unions sont << vendus comme esclaves à l'âge de huit ans, les «< filles à l'âge de neuf ans. Jamais les criminels qui «< y sont enfermés n'en sortent vivans. Quand un « homme d'un rang supérieur commet un crime « le peuple se rassemble en grand nombre, s'assied « vis-à-vis du criminel placé dans une fosse, se régale d'un banquet, et prend congé de lui comme « d'un mourant (1). Puis on l'entoure de cendres. « Pour un délit peu grave, le criminel est puni « seul; mais pour un grand crime, le coupable, ses «fils et les petits-fils sont punis; enfin, pour les

«

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plus grands méfaits, ses descendans, jusqu'à la septième génération, sont enveloppés dans son «< châtiment.

«

<< Le nom du roi du pays est Y khi (ou Yit khi)(2); « les grands de la première classe sont appelés « Toui lou, ceux de la seconde les Petits Toui «<lou, et ceux de la troisième Na tu cha. Quand << le roi sort il est accompagné de tambours et « de cors. Il change la couleur de ses habits à dif« férentes époques; dans les années du cycle kia et

nord, et transférés ensuite dans celle du midi, s'ils obtiennent leur grace, autrement ils sont condamnés à rester pendant toute leur vie dans la première. »

(1) Deguignes traduit ces derniers mots par « on le juge ensuite. >>

(2) Deguignes a mal lu Y chi

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