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naissance de son être est le seul bien de l'âme. Dieu est la fin de

l'homme. Moyens pour y arriver. - Correspondre avec Dieu. L'homme a reçu l'intelligence de Dieu par le moyen de la parole. Etat de la société sous le polythéisme.

peut seul guérir la société.

Le retour au christianisme

Ego sum x et w, principium et finis.
APOC., XXII, 13.

A la fin du siècle dernier, Condorcet prétendit avoir découvert que la loi de l'humanité consistait dans le progrès indėfini ; et pour sa découverte, on fit un mot nouveau, perfectibilité. Bientôt Mme de Staël mit en vogue le mot et l'idée, et les philosophes se disputèrent, comme d'habitude, sur la théorie merveilleuse sans s'apercevoir que la perfectibilité était dans l'évangile, et que l'invention de Condorcet n'était que le christianisme moins le dogme, moins la divinité. Aujourd'hui un écrivain nourri dans le sein de la vérité et attentif, comme une sentinelle fidèle, aux mouvemens de l'esprit humain, vient arracher son faux plumage au geai philosophique, et restituer sa gloire à la parole divine, qui seule peut expliquer le monde. C'est en effet dans cet unique dessein que l'auteur de l'ouvrage que nous annonçons entreprit d'exposer la destinée de l'homme d'après la révélation, et qu'il s'est efforcé d'établir en ce point l'accord parfait de la raison et de la foi. Non pas toutefois qu'il ait vouluremonter jusqu'aupremier principe, c'est-à-dire jusqu'à la négation

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absolue où se retranche l'incrédulité superbe. Son ouvrage s'adresse d'abord à ces hommes de désir, mécontens du présent, toujours dans l'attente d'un avenir fantastique; puis à cette jeunesse connaissant assez la religion pour ne pas la haïr, pas assez pour l'aimer, pour la pratiquer, et faire l'expérience de son action régénératrice sur les esprits et les cœurs dociles à sa voix. C'est à ces deux classes de lecteurs qu'il a dédié, comme il le dit, le fruit de ses travaux; ce sont ces âmes flottantes qu'il souhaiterait de raffermir.

Son ouvrage se divise en trois parties : dans la 1" partie, il enseigne et prouve la véritable fin de l'homme, par des raisons tirées de sa nature; dans la 2o il développe les moyens que Dieu avait donnés à sa créature pour atteindre la fin qu'il lui destinait, et dans la 3o,en nous montrant dans une analyse historique combien l'homme a méprisé ou corrompu les bienfaits de son Créateur, il nous conduit naturellement à cette conclusion, que la régénération du genre humain est dans un retour sincère à la vérité céleste qu'il a depuis trop long-tems abandonnée.

Au reste, pour ne pas me placer maladroitement entre l'écrivain et le lecteur, mais pour laisser, comme il est juste, à ce dernier le plaisir et la facilité de suivre la conception de l'écrivain dans son enchaînement naturel, je vais me contenter de résumer l'ouvrage pas à pas dans une analyse fidèle; de sorte que le plan ainsi mis à nu, sans aucune interruption arbitraire, dénonicera lui-même ses qualités et ses défauts.

Le bien n'est autre chose que l'être.

Donc, le souverain bien ne peut se rencontrer que dans l'Être-souverain.

L'homme est appelé à jouir du souverain bien par la connaissance et l'amour qu'il en a.

Donc, la connaissance de l'Être-souverain lui procurera la jouissance du souverain bien.

<< Maintenant que nous sommes dans le corps, dit S. Paul, le » voile des créatures nous dérobe la vue du Seigneur... '; toutefois les œuvres visibles du Créateur manifestent assez ses invisibles perfections'. >>

1 Aux Corinth., XIII

V.

10.

2 Aux Rom., ch. 1, v. 20.

Or, voyons s'il ne nous sera pas possible de lire l'âme dans le corps, comme nous lisons Dieu dans le monde matériel. Certainement nous le pourrons; car l'union de ces élémens est substantielle, le corps étant même jusqu'à un certain point l'ouvrage de l'âme 1.

Cherchons donc la notion exacte du principe formateur ou perfectionnant du corps. Par là, nous reconnaîtrons plus facilement le principe formateur de l'âme.

Le corps humain ne vit que par son union avec le principe vital que nous appelons âme.

D'où il suit que, pour que le corps eût une vie parfaite, il faudrait qu'il fût dégagé de la matière, et pénétré par l'esprit; en un mot, rendu complétement à l'action de son principe formateur, ou en d'autres termes, à son unité.

Ici s'élève la question de savoir comment se fera cette assimilation; elle se fera par un plus grand développement de nos facultés. Et ce développement, où puisera-t-il son principe? où trouvera-t-il son objet? sera-ce en nous ?

Le principe, nous le possédons en partie, autrement nous ne chercherions pas: ignoti nulla cupido. Mais réside-t-il dans les sens? non; car l'homme est loin de s'arrêter et de se reposer dans les délectations sensibles, comme fait un être qui a rencontré sa fin. Voyez les Césars: que de voluptés et que d'agita

tions.

Donc, si la force perfectionnante n'est pas dans les sens, elle est dans l'intelligence.

Et qu'on ne dise pas que son objet n'existe pas, qu'il nous est totalement inconnu. Ce serait un mensonge que repoussent facilement l'idée, le désir, l'espoir d'un bonheur parfait que nourrit l'homme dans le fond de son cœur.

Quel est donc cet objet, cet aliment nécessaire de l'intelligence?

Cet objet, c'est la lumière de la vérité.

Donc, la vérité est le principe formateur et perfectionnant de l'âme, comme l'âme est celui du corps.

Cette conclusion est pleinement confirmée par la soif brû

1 Corpus, cordis opus. M. de Maistre, Soirées de S.-Pétersb., t. 1, 2o entr.

lante de savoir que l'homme éprouve sans cesse, e qu'il s'efforce d'étancher par tous les moyens possibles.

On va criant que les journaux sont un besoin de l'époque; et l'on a raison. L'âme, déshéritée de la lumière de la vérité, se nourrit de connaissances vides et creuses, qui trompent ou dissimulent sa soif. Il semble même que les jouissances intellectuelles prolongent l'existence, témoins Épiménide qui vécut 157 ans, Démocrite 109, Xénophane 102, Hyppocrate 104, Pythagore 100 et plus, Zénon 98, Isocrate 98, Diogène go, Solon, Sophocle, Pindare, Xénophon, Platon, 80 et au-delà.

Donc, nous le répétons, la vérité est le besoin essentiei de l'homme, le principe perfectionnant de son âme, et partant la seule base de son bonheur.

Or, ce n'est pas ici-bas que nous atteindrons ce bonheur. Ainsi se trouve démontrée, même aux yeux de la raison philosophique, cette maxime fondamentale, que la foi révèle à l'enfance: « L'homme est fait pour connaître, aimer, servir Dieu, et par ce moyen obtenir le bonheur éternel. »

La fin de l'homme, une fois connue, il s'agit de découvrir les moyens par lesquels il a plu au Créateur de l'y conduire. Ces moyens, ou plutôt ces bienfaits, les voici :

L'homme est l'abrégé du monde, le chef de la création, et tout a été fait pour lui.

Mais si le monde est fait pour l'homme, une si grande munificence impose à celui-ci le devoir de s'élever vers son Créateur, par un commerce continuel d'intelligence et d'amour. Et cette aspiration n'est pas seulement un devoir, elle est aussi un besoin fondé sur l'immense disproportion de nos facultés. Dans un clin d'œil notre pensée traverse l'univers, et nous avons besoin d'années et de bras étrangers pour bâtir une maison.

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Ce fait accuse certainement une immense lacune dans la nature humaine, ou bien une grande imperfection.

Or, cette imperfection est le symptôme et le corollaire de l'état d'épreuve où l'homme fut placé par Dieu.

Or, l'état d'épreuve a pour conséquences indispensables : 1° La foi, car la raison seule ne pouvait pas nous donner l'intelligence complète de Dieu, qui est notre fin, «ni exciter TOME XIV. - N° 81. 1837.

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>> en nous cet amour surnaturel par lequel nous devons l'at>> teindre. >

2. La possibilité d'errer, qui se trouve implicitement dans la nécessité de croire.

3o La liberté de pécher, qui est une suite naturelle de la possibilité d'errer.

4° La souffrance et la mort qui sont à la fois un châtiment et une expiation.

Cependant Dieu ne livra pas l'homme sans défense à cette redoutable épreuve.

1

Il lui révéla tout d'abord sa dignité, sa puissance, ses rapports avec le Créateur et la création, et lui enseigna en même tems ce qu'il devait faire et éviter pour remplir ses hautes destinées.

La philosophie a voulu expliquer le perfectionnement de l'homme par la seule force de sa nature; mais tous les systèmes ridicules qu'elle a enfantés tombent devant ces deux proposi

tions :

L'homme ne saurait se développer sans la pensée;

Et il ne pense pas sans le secours de la parole.

Or, le langage n'a pu être inventé par l'homme, Rousseau luimême le confesse, et son aveu est d'un grand poids. Donc c'est Dieu seul qui nous a donné la parole et par suite la pensée, base nécessaire de notre développement.

Ici, il est bon de signaler en passant les rapports intimes de la parole avec la pensée, lesquels forment en nous un nouveau trait de ressemblance avec Dieu et une belle image du premier mystère de notre foi.

« La pensée, dit un Père de l'église, n'est point sans la parole, »> ni la parole sans la pensée. Mais la pensée fait la parole en la» quelle elle paraît, et la parole montre la pensée en laquelle >> elle est faite... La pensée est comme le père de la parole, exis> tante d'elle-même. La parole est comme le fils de la pensée >> puisqu'elle ne peut-être conçue avant elle, ni hors d'elle, mais » qu'elle existe avec elle et naît d'elle 1. »

1 ́S. Denis d'Alexandrie, cité par S. Athanase, §. xxIII. --Voir ce passage tout entier, et une dissertation sur l'origine de la parole, dans le No 6, t. 1, p. 356 des Annales.

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