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obligé, non pas seulement de respecter le plan primitif, mais encore de tisser, pour ainsi dire, dans un style inspiré par la logique, la génération des idées. Si cette trame est habile, si nulle part il n'y a solution, alors le fil du raisonnement sera, pour ainsi dire, palpable et visible; l'esprit avancera de proposition en proposition, sans fatigue, sans écart, sans erreur, jusqu'à la conclusion définitive qui jaillira d'elle-même à l'instant voulu, pour saisir invinciblement la conviction.

Nous avons fait voir au commencement, dans un court ré-. sumé, que l'auteur avait rempli la première condition de l'art de composer : la seconde l'est-elle également? Oui, mais non pas au même degré. Nous n'avons rencontré presque aucune transition entre les chapitres; on regrette de ne pas les voir finir par une conclusion qui promette une suite, et commencer par un début qui rappelle les antécédens. Parfois même il surgit au milieu, des digressions soudaines dont la liaison au tout n'est pas assez marquée.

Il nous est plus agréable et plus facile de louer un habile emploi d'une érudition peu commune, relevée presque toujours par une éloquence chaleureuse et touchante; le chapitre où se trouve décrite la situation des esclaves antiques, est à lui seul, sous ce rapport, une œuvre vraiment remarquable. Ce dernier sujet ne réveillera que de vives sympathies parmi les chrétiens. Mais je n'oserai assurer qu'il en sera de même pour certaines doctrines que nous trouvons, pour notre part, un peu trop sévères. L'auteur maudit la presse sans rémission ; notre intention n'est, certes, pas d'excuser le mal qu'elle fait, mais il nous semble que c'est un parti un peu extrême que de vouloir l'exterminer en entier. La presse, selon la parole d'un célèbre prédicateur, est l'extension de la parole donnée à l'homme par le Créateur. Comme la parole, elle doit être surveillée, réglée, mais non supprimée.

En somme, le Traité de la perfectibilité humaine est un ouvrage conçu dans une noble et utile pensée, que l'on peut conseiller à cette jeune génération qui désire connaître les principales raisons qui soutiennent notre foi.

V. H.

ESSAI SUR L'ÉPOQUE de l'entrée des juifs en CHINE. 213

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AUTHENTICITÉ DE LA CHRONOLOGIE
DU TEXTE HÉBREU,

PROUVÉE PAR DEUX PENTATEUQUES CONSERVÉs en Chine et dans

LES INDES.

Deuxième Article '.

Essai sur l'époque de l'entrée des juifs en chine.

On demandera sans doute comment cet Essai sur l'époque de l'entrée des Juifs en Chine peut se lier au travail que j'ai annoncé sur l'accord des chronologies, et ce sera avec raison, car ce lien ne peut s'apercevoir si on ne le signale; il existe cependant, et le voici tel que je l'ai conçu. Mes recherches me faisaient regarder comme probable que « les premiers auteurs qui, avant › notre ère, s'étaient occupés à classer par ordre d'années les » événemens de la Chine, s'étaient en quelques points guidés » sur les dates de la Bible. » Si j'eusse exposé mes résultats, sans justifier le principe qui me les avait fournis, de tous côtés se seraient élevés des doutes défavorables à mes assertions. Les lecteurs, peu familiarisés avec l'histoire de la Chine, auraient dit: les écrivains chinois pouvaient-ils connaître nos Livres saints ? il fallait donc dissiper le doute avant de passer outre. C'est ce qui m'a décidé à consacrer à l'examen de cette question, le présent article, qui, je l'espère, pourra jeter quelque jour sur un point si important, et si peu étudié jusqu'à ce mo ment. Je suis assuré que les lecteurs des Annales voudront bien accorder quelque attention à mes preuves.

Voir le no 79, ci-dessus, p. 7.

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Travaux des Jésuites sur les colonies Juives établies en Chine. -- Témoignages Chinois. - Inscription Chinoise portant les noms d'Israël, d'Abraham, de Moïse. Les Juifs en Chine au 3e siècle avant notre ère. 'Relations vers le 7e siècle. Juifs devenus mandarins. Ambassade de Ming-ti pour chercher le Messie. - Traces des doctrines juives dans les récits des philosophes Chinois. - Le paradis terrestre. Arbre d'immortalité. - Sept années de famine.-L'homme façonné de terre jaune. -- L'arc-en-ciel. — Le Saint des saints. - Son portrait. L'être Trine. - Le nom de Jehovah.-Mention des 5 livres du pentateuque,-Des 8 livres des prophètes,-Des 9 livres des hagiographes, dès le 6e siècle avant notre ère. — Analyse du Chi-king. — L'auteur Chinois parle comme les prophètes, principalement sur le Messie.

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Les premiers Jésuites qui pénétrèrent dans la Chine ayant cu connaissance d'une colonie juive qui y existait depuis de longues années, et était établie à Kai-fong-fou, capitale du Honan, s'efforcèrent de se mettre en relation avec elle, dans l'espoir de recueillir dans les écrits ou les traditions qui devaient y être conservés, des notions importantes pour la parfaite intelligence des livres saints, et la solution des questions que le texte a soulevées jusqu'à ce jour. Pendant long-tems tous leurs efforts furent inutiles, ce ne fut qu'en 1704 que le P. Gozani put entrer dans leur synagogue, en interroger les anciens, et examiner les manuscrits et quelques inscriptions chinoises qui s'y trouvaient. Ce missionnaire envoya en Italie le résultat de ses investigations, qu'il n'avait pu rendre complètes, à cause de son ignorance de la langue hébraïque. Les supérieurs de la mission de Chine chargèrent alors les Pères Domenge et Gaubil, tous deux profondément versés dans les langues hébraïque et chinoise, de visiter les Juifs de Kai-fong-fou, pour combler les lacunes existant dans le travail du P. Gozani, et rectifier les erreurs dans lesquelles il pouvait être tombé. Ces deux savans jésuites remplirent leur mission avec le talent qu'on leur connaissait; ils envoyèrent en Europe, sur les passages les plus importans des bibles de ces Juifs, collationnés avec les imprimés d'Amsterdam, une série de questions avec les réponses qu'ils avaient obtenues, et une copie fidèle des inscriptions chinoises de la synagogue avec leur traduction. Ces documens combinés

avec ceux déjà fournis par le P. Gozani, et d'autres encore, servirent de base au mémoire sur les Juifs de Chine, inséré dans le tome 24 des Lettres édifiantes; ce mémoire est plein de détails curieux que nous ne pouvons reproduire ici, mais que nous engageons à lire dans le Mémoire même, en recommandant toutefois, de comparer ce qui y est rapporté avec les détails donnés par le P. Gaubil, dans sa Chronologie et ailleurs, sur la synagogue de Kai-fong-fou.

Nous nous contenterons d'en extraire ce qui peut servir à nous éclairer sur le séjour des Juifs en Chine, et l'époque de leur entrée dans ce vaste empire.

On y lit d'abord, que « ces Juifs disaient qu'ils entrèrent en >> Chine sous la dynastie des Han, pendant le règne de Han-ming»ti (ce prince monta sur le trône l'an 56 après Jésus-Christ, » et mourut l'an 78), et qu'ils venaient du Sy-yu, c'est-à-dire, » du pays de l'occident. » Lors même que nous ne connaîtrions pas l'extrême ignorance des Juifs de Kai-fong-fou, le simple énoncé de cette tradition suffit pour nous prouver qu'elle a sa source dans l'inscription placée en 1515 dans la synagogue, par Tso-tang, grand mandarin, et grand trésorier de la province, et dans laquelle on lit en effet, « que du tems des Han, les Juifs » se fixèrent à la Chine, et que lavingtième année du cycle 65, »( qui correspond à la 1163° après J.-C., première du règne de › Hiao-tsong, d'après ce mémoire, page 282), ils offrirent à l'em>pereur Hiao-tsong un tribut de toiles des Indes; que cet em» pereur les reçut très-bien, et leur permit de demeurer à Kai» fong-fou, qui s'appelait en ce tems là Pien-leang. »

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Cette assertion du docteur Tṣo-tang provient certainement d'une confusion de personnes, née de l'usage des Chinois, qui comprennent, sous le nom de seng ou bonzes, les prêtres et les disciples de toutes les religions étrangères. Car ce sont, selon

1 M. de Guignes, Mémoires de l'acad. des inscrip., t. 30, p. 802 et suiv., a démontré que le nom de Seng ou Bonze, s'appliquait aux chrétiens, et notre inscription ne peut laisser de doute sur son extension aux Juifs, identifiés d'ailleurs avec les Chrétiens par tous les peuples idolâtres. Car autrement Tso-tang aurait-il pu les confondre avec les Bouddhistes?

les témoignages les plus certains', les sectateurs de Bouddha, qui sont entrés en Chine l'an 65 de notre ère, sous le règne de Ming-ti, de la dynastie des Han.

Cette inscription ne nous apprend donc rien sur la question qui nous occupe. Il n'en est pas de même de celle placée dans la même synagogue en 1444, par un juif lettré nommé Kintchong, et dans laquelle nous lisons : « que l'auteur de la loi » d'Yse-lo-ye (d'Israël), est Havoulohan (Abraham), et que ce » saint homme vivait 146 ans après le commencement des Tcheou; » que Miche (Moïse) publia cette loi, et qu'il vivait 613 ans après >> le commencement des Tcheou(A) 1. »

Cette indication, dirai-je avec le père Gaubil, si bon juge en ces matières, prouve que ce qui est dit dans cette inscription, des années dans lesquelles ont vécu Abraham et Moïse, est pris de quelque monument du tems de la dynastie Tcheou, car dans tout autre tems postérieur on n'aurait pas pensé à se servir d'une époque de la dynastie Tcheou ainsi exprimée.

Je reviendrai plus tard sur le synchronisme que nous fournit cette inscription; pour le moment je me contente de remarquer qu'elle ne nous laisse pas de doute sur l'existence des Juifs en Chine au troisième siècle avant notre ère, la dynastie Tcheou s'étant éteinte 249 ans avant Jésus-Christ (B) : ces faits étant une fois constatés, et d'un autre côté les bouddhistes n'ayant pénétré en Chine qu'au commencement de notre ère, il semble que nous devons, vu la grande extension de ce nom, entendre des Juifs ce qui est dit de ces bonzes, qui 248 ans avant J.-C., sous le règne de Chi-hoang-ti de la dynastie Tchin, vinrent au nombre de dix-huit du pays du Sy-yu ou de l'Occident, et firent connaître leur religion aux Chinois 5.

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Voyez Annales de la Chine, par Mailla, t. 3, et t. 5, p. 57; Klaproth nouveau journal Asiatique, t. 8, et ailleurs, Abel Remusat, etc.

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1 (A) Voir à la fin de l'article la note A.

3 Chronologie Chinoise, p. 265, no 1. 4 Voyez Gaubil, Chronologie, p. 57.

5 Voyez le Ven-hien-toung-kao, cité par M. de Guignes, et Mémoires de l'acad., t. 26, p. 802.

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