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toutes les tendances, de toutes les facultés, de toutes les nécessités de la nature, doit être aussi le garant de leur accord avec la vérité.

2o Comment et par quelle voie le philosophe cherche-t-il la vérité? Où peut-il espérer de la trouver?

Dans la raison, les idées, l'évidence, la réflexion, l'analyse, la conscience, l'expérience, etc.; dans l'observation et la contemplation du moi, selon Fichte, de l'absolu, selon Schelling, etc.; c'est-à-dire qu'il la cherche partout et par toutes voies, mais qu'il la trouve où, et comme il peut, qu'il la compose et la construit souvent comme il l'entend, sans garantie indépendante de sa raison propre. Car si la vérité existe (ce que le philosophe croit par la raison pratique, mais ne peut démontrer par la raison spéculative), elle n'est ni réduite en formules fixes, ni recueillie en un code où il lui soit loisible d'aller la puiser. Bien différente en effet des mathématiques, des sciences naturelles, de la théologie elle-même, qui ont chacune leur système de conclusions ou d'affirmations reçues, incontestées, authentiques, la philosophie n'a rien de tout cela; et si tous les philosophes, tous les systèmes (à part les sceptiques et les matérialistes), ont admis certaines vérités d'un commun accord, comme l'existence de Dieu, la spiritualité de l'âme, etc., il est à remarquer: 1° que ces vérités n'ont point été découvertes par leurs efforts, puisqu'elles se trouvent antérieurement dans les symboles et dans les croyances des peuples; 2° qu'ils ne sont nullement d'accord sur la nature et la valeur des démonstrations qu'ils en donnent, chacun de leur côté.

3° A quels signes le philosophe reconnaît-il la vérité pour certaine et indubitable? A l'évidence, dit Descartes; à la nécessité de croire, dit Malebranche dans son Traité de morale: à l'observation rigoureuse des règles de la logique dans le raisonnement, dit Leibnitz; au sens commun, disent les Ecossais et les disciples de l'abbé de La Mennais, quoiqu'en sens différens; à l'interprétation authentique de la vérité par l'Église, dit M. Bautain, etc. Mais chacun entend tout cela à son sens et de là nulle unité possible; partant point de certitude, point de vérité.

L'homme a besoin de connaître la vérité, puisque c'est elle

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qui règle sa conduite et ses destinées. Donc la méthode philosophique n'est pas celle de l'humanité, puisque la méthode philosophique, bien loin de pouvoir enseigner et démontrer aux hommes la vérité, n'a pu parvenir jusqu'ici ni à la découvrir, ni à la prouver, ni même à la définir.

Pour l'homme tel que Dieu l'a fait avec ses besoins, ses occupations terrestres, ses préjugés et ses passions, il faut un organe qui proclame la vérité, qui la lui rende sensible et visible, qui la lui transmette sans effort de sa part pour l'accepter et la comprendre. Sous ce rapport, rien n'est plus en harmonie avec la nature de l'homme et sa raison, que la méthode théo logique.

De tout ce que nous avons dit, il résulte, croyons-nous, que la dialectique du théologien est parfaitement liée et raisonnable; que la philosophie n'a nul titre pour prétendre qu'elle fasse mieux ou plus pour l'enseignement de la vérité que la théologie, et que si l'espèce humaine était condamnée à n'être éclairée que par elle, elle serait pour long-tems encore plongée dans les ténèbres de l'ignorance et de la barbarie.

Nous ne pouvons donc, que regretter infiniment la préoccupation d'esprit qui a dicté ces lignes à M. Tissot 1: - La >> théologie positive est, avant tout, une affaire d'autorité. Elle »est, quand elle le peut, une affaire d'intelligence : ce qui du >> reste lui importe médiocrement. Ayant ses thèses obligées données par anticipation, et les comprenant bien ou mal, tout en »croyant du reste les bien comprendre, c'est-à-dire comme on lui >> dit qu'elle doit le faire, elle n'a pas besoin de rechercher la » vérité; car elle est convaincue qu'elle la possède; elle n'a be»soin que de se l'inculquer et de l'inculquer aux autres. De là >> une dialectique tout instrumentale qui doit aller à un but assigné d'avance; de là le critérium factice ou d'emprunt de toute doctrine, de toute dialectique. Selon que cette doctrine, cette ⇒dialectique, cadre ou ne cadre pas avec les thèses qu'impose l'autorité, on peut l'admettre ou la rejeter. Et le malheur veut encore que chaque individu qui accepte l'autorité, se fasse ici presque

Nous soulignors simplement et pour toute critique les expressions les plus hasardées de cette tirade contre la théologie.

TOME XIV.-N° 82. 1837.

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infaillible dans le jugement qu'il porte sur la disconvenance ou la » convenance de la doctrine rationelle avec la doctrine d'autorité. Mais » cela coûte peu, et on le fait. Quand donc Kant viendra nous dire » qu'on ne démontre Dieu ni ontologiquement, ni, etc., il sera >> certainement fort mal accueilli, eût-il mille fois raison, parce que » malgré tout il doit avoir tort. » Ce que nous avons souligné est entièrement inexact et n'exprime pas le moins du monde la manière de procéder en théologie, soit dans l'exposition, soit dans la défense de la vérité.

Que M. Tissot, en écrivant cette page, ne s'est-il souvenu de ce qu'il venait de dire à l'instant même contre d'autres adversaires de sa philosophie! La première classe des adver»saires de Kant, est celle des incapacités suffisantes, qui se » prennent pour la mesure de toute puissance intellectuelle, et » qui prosternées à deux genoux devant leur superbe nullité, lui >> immolent sans hésiter tout ce qui la passe. De pareils adver»saires sont de tous les plus irréfutables..... Et cependant nous » sommes loin de reconnaître la moindre autorité à leur superbe » dédain. »

On ne saurait mieux caractériser quelques-uns des adversaires de la méthode théologique, laquelle, il est vrai, ne craint guère leur superbe dédain 1.

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L'Abbé DONEY,

Chanoine, vic. gén. de Besançon.

1 C'est avec plaisir que, sur la demande qui nous en a été faite par un de nos abonnés, nous avons inséré cet article, qui avait déjà été publié par un excellent journal de province, les deux Bourgognes.

(Note du Directeur).

Traditions.

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RECHERCHES SUR LA CONFESSION AURICULAIRE',

Par M. l'abbé GUILLOIS, curé de Notre-Dame du Pré, au Mans.

Occasion de l'ouvrage. Son plan.

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Jaifs, Dans les mystères de la Grèce et de Rome, Chez les Chinois,

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A Sienne, Dans l'ile de Ceylan, En Perse,
Conclusion.

Voici un petit volume que nous nous faisons un véritable plaisir de signaler, et dont on trouvera la lecture agréable et utile tout à la fois. C'est une suite de lettres, aussi simples qu'intéressantes sur les difficultés et les prétextes que l'esprit d'incrédulité, et plus encore l'esprit d'orgueil et d'indépendance, mettent en avant pour s'éloigner d'une des plus salutaires institutions de l'église catholique.

L'auteur nous apprend lui-même les avoir successivement adressées en 1832 à un jeune magistrat qu'il eut le bonheur de convaincre et de toucher, et il s'est décidé à les livrer à l'impression, dans l'espoir qu'elles pourront produire le même effet sur le cœur de ceux qui les liront avec bonne foi, et un sincère désir de rendre hommage à la vérité, dès qu'elle brillera à leurs yeux.

Nous avons déjà, il est vrai, plusieurs ouvrages en ce genre, entr'autres un bon Essai par M. Marguet, chanoine de Nancy. M: Guillois a voulu compléter tous ces traités, en donnant une plus grande étendue aux recherches historiques sur la pratique de la confession, qui a eu lieu parmi les nations païennes avant l'ère chrétienne. Il faut avouer qu'il a convenablement et savamment traité cette matière; nous aurions

1 1 vol. in-12, prix 1 fr. 75 cent.; à Paris, chez Debécourt, libraire; et au Mans, chez Fleuriot.

désiré pourtant qu'il y eût ajouté une ou deux lettres sur les dispositions que l'on doit apporter à ce grand acte de la vie chrétienne. Tel qu'il est, au reste, un juge bien compétent, monseigneur l'évêque du Mans, qui l'a honoré de sa haute approbation, le recommande en même tems, et aux prêtres et aux fidèles de son diocèse; il leur annonce qu'ils le parcourd'intérêt. ront les uns et les autres avec autant de profit que Pour nous, nous allons nous attacher aux documens qu'il contient sur l'antiquité de la confession, sur l'analogie que les prescriptions et les rits des autres religions présentent avec elle, et sur l'usage plus ou moins fréquent où elle a été chez tous les peuples.

Nous passer ons ce qui regarde les Juifs, parce que les merveilleux rapports qui existent entre la loi nouvelle et la loi ancienne ne sont une découverte pour personne aujourd'hui, et que tout le monde sait que le judaïsme n'a été qu'une préparation, qu'une ébauche, qu'une figure complète du christia

nisme '.

Mais, voici les faits que l'auteur a recueillis sur les autres nations; ils sont si curieux, ils se prêtent un si puissant appui, quand on les examine dans leur ensemble, qu'on nous permettra de les reproduire un peu au long, quoique tous ne soient pas nouveaux.

« On se confessait dans les mystères de Bacchus, de Vénus et d'Adonis. Les prêtres qui entendaient les confessions portaient une clef pendue aux épaules; c'était le symbole du secret qu'ils devaient garder'.

A Samothrace, des sacrifices expiatoires, une confession en règle, précédaient l'admission de l'initié aux mystères cabiriques. Le prêtre qui y présidait se nommait koës (purificateur, prophète); il avait le pouvoir d'absoudre du meurtre, mais le parjure était considéré comme un crime capital . A

1 I. ad Cor. x, 6 et 11.

• Voltaire, Histoire générale.

• Recherches sur les mystères du paganisme, par le baron de Ste.-Croix, 1re éd., p. 33.

4 Religions de l'antiquité, ouvrage traduit de l'allemand, du D. Frédéric Creuzer, par J.-D. Guigniaut, t. 2o, p. 319.

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