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La cinquième case, ou d'Espagne, offre le visigothique, que le défaut de monumens diplomatiques n'a pas permis de faire monter au-dessus du 10° siècle : les écritures lapidaires, métalliques, et des manuscrits, l'élèvent cependant au 6o ou 7o; il cesse au 12' pour faire place au français, qui le cède dans le 13e siècle au gothique.

La partie de la planche III, consacrée aux cursives des diplômes, renferme aussi quelques majuscules et minuscules propres à ces mêmes actes. C'est un inconvénient auquel on n'a pas cru devoir remédier, à cause de l'utilité qui en peut résulter.

Ces observations et ces détails, sur le mécanisme et le contenu des planches II, III, sont d'une nécessité absolue pour l'intelligence des autres planches alphabétiques. On y distinguerait sans doute bien aisément les lettres grecques des lettres latines, les capitales de celles-ci d'avec les minuscules et les cursives; mais cette connaissance stérile ne donnerait aucune lumière sur l'âge et la nature des lettres, si l'on n'était d'avance bien pénétré des remarques et des explications faites sur ces deux planches, et auxquelles on renverra sans cesse dans les dissertations sur chaque lettre.

A. BONNETTY,

De la Société asiatique de Paris.

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Enseignement catholique.

CONFÉRENCES DE NOTRE-DAME DE PARIS;

PAR M. L'ABBÉ DE RAVIGNAN.

Venez donc voir, vous qui disiez l'année dernière :

« Le concours de ces jeunes gens ne prouve rien pour le retour >> des esprits vers le Catholicisme. Cette foule n'est attirée que >> par la réputation de l'orateur, par le genre de son éloquence, »>étrange, indigne de la chaire, romantique pour tout dire; par » ses idées un peu libérales, un peu mondaines; c'est la curio»sité, c'est la mode, ce sont surtout les précédens de l'orateur » qui réveillent la sympathie de cette foule.... je vous dis et je » vous l'assure........... Eh bien, répétons-nous, venez voir : la cathédrale, comme l'an dernier, est remplie, on se presse dans la grande enceinte; on regrette que la voix de l'orateur, forte pourtant et sonore, ne puisse pas s'étendre davantage; car de tous les points il est des cœurs préparés qui regrettent de ne pouvoir entendre ces paroles de foi après lesquelles ils soupiraient. Et cependant ce n'est plus celui que vous nommiez le prédicateur de la mode, du libéralisme, des idées nouvelles, du romantisme! Voyez-le, sa figure est grave, imposante; sa taille élevée, sa maigreur, l'air souffrant de sa physionomie, rappellent ces prêtres, ces missionnaires austères, qui passaient pour effaroucher et rebuter le siècle; ses yeux n'ont pas l'éclat, la mobilité, la vivacité de ceux d'un jeune homme, c'est le regard vif aussi, mais doux, majestueux et paternel de l'orateur chrétien; son style fort, concis, brillant, n'a rien de cette irrégularité, de cette étrangeté, de ce hasardé, qui sympathisaient, disait-on, avec le mauvais goût du jour. Diction pure, ordonnance sage, goût exquis, expression propre et choisie, contexture nerveuse, enchaînement logique, c'est le Bourdaloue du 19o siècle. Enfin aucun de ses précédens ne le semblait recom

mander à la jeunesse, aucune sympathie surtout; car, s'il a rempli pendant quelque tems la charge de magistrat, il avait depuis dix ans façonné son esprit, refait sa vie, soumis ses inspirations aux lois de l'obéissance religieuse; car il faut pour l'édification de plusieurs le dire, M. de Ravignan est membre d'une société célèbre, et la plus grande partie de son auditoire le savait bien.

Et cependant, comme nous l'avons dit, le même concours a eu lieu, le même empressement; et la jeunesse a tout d'abord sympathisé avec l'orateur, et elle applaudissait à ses discours, et nous l'avons vue recevoir avec émotion sa parole, s'identifier avec ses idées, et boire à longs traits à la source pure et douce de la fontaine évangélique.

Il faut donc croire que ce n'est pas la personne ou le talent de l'orateur, que ce n'est pas la forme plus ou moins nouvelle de son éloquence, qui attirent, fixent et remuent ces jeunes hommes qui se pressent avec tant d'impatience autour de la chaire de la métropole de Paris. Ce qui les intéresse et les attache, ce sont les questions que l'on y traite, et surtout le point de vue sous lequel on envisage la foi et la croyance chrétienne; sous ce rapport, les discours de M. de Ravignan, aussi bien que ceux de M. Lacordaire, sont nouveaux, neufs, parfaitement en rapport avec les besoins des cœurs, les doutes des esprits, la tendance des études; ils répondent exactement à la science et surtout à l'ignorance de ses jeunes auditeurs. En effet, que l'on examine avec attention l'analyse que nous allons en faire, et l'on verra que ce ne sont point des sermons, des discours ecclesiastiques. C'est, comme le dit l'orateur lui-même, une véritable philosophie de l'histoire, mais une philosophie de l'histoire faite la Bible à la main, et l'Église pour maîtresse et pour guide. C'est, nous le répétons encore, la véritable manière d'intéresser et d'instruire non pas les croyans fidèles, mais cette jeunesse imbue de l'éducation philosophique de nos colléges, à peine chrétienne, saturée de science, mais non éclairée, instruite, fixée, non croyante surtout. L'enseignement que lui prépare chaque année Monseigneur l'archevêque de Paris, est précisément celui qui lui convient, et la raison en est facile à saisir. Nous en avons parlé plusieurs fois dans les Annales, et

il nous le faut répéter encore, parce qu'on ne le sait pas assez, parce qu'on ne peut le savoir trop.

La jeunesse actuelle, — c'est une maladresse et un déni de justice de ne pas en convenir, est instruite, elle a beaucoup étudié, elle sait beaucoup, elle est altérée, passionnée pour la science, et de plus il y a de l'impartialité dans ses jugemens, et un grand désir dans son âme d'arriver à la connaissance de la vérité. Voilà le fond pour ainsi dire de la génération actuelle. Mais ce qui lui manque, c'est de savoir disposer avec ordre toute cette science, c'est de connaître d'où vient la science, à qui on la doit; comment on distingue la vraie science de la fausse; c'est de posséder le grand mot des doctrines humaines ; c'est en un mot, de savoir comment disposer et classer cet amas de science et d'érudition qu'elle possède. Or, le christianisme seul est capable de le faire. Des professeurs éclectiques ont pu remuer une infinité d'idées, mais après les avoir, avec effort, soulevées, ils n'ont plus su qu'en faire.

Lorsque donc ces nouveaux géans ont eu entassé Pélion sur Ossa, le Dieu du ciel n'a pas eu besoin de venir foudroyer leur ouvrage; il n'a eu qu'à les laisser faire. La montagne exhaussée sur l'autre montagne, ne les à pas rapprochés du ciel : ils ont pu dire seulement qu'ils avaient travaillé avec effort. Religion, empires, mœurs, peuples, langues, institutions, ils ont tout remué; et puis ils se sont trouvés faibles, petits, perdus au milieu de ces grandes choses. C'est que dans le christianisme seul se trouve la solution de ces grands mystères; les prêtres, divinement chargés d'expliquer aux peuples les lois de Dieu, pcuvent seuls donner la clef de ces mystères. Comme les dieux de la fable, ils ne viennent pas froudroyer ces montagnes, et ensevelir ces modernes géans sous leur ouvrage ; au contraire, ils leur tendent une main amie, s'unissent à leurs efforts pour tenter l'escalade du ciel, les orientent dans ces plages désertes: et arides, leur montrent une issue à travers ces longues et tortueuses vallées; et puis, ce qui vaut mieux, ils lui apprennent que l'homme n'est pas seulement en ce monde pour ce rude travail, mais qu'il peut encore y jouir d'une sorte de repos; et aussi ils lui font de douces solitudes, revêtues de verdure, arrosées d'eau vive, raffraîchies de vents célestes, où l'homme, ce

voyageur et ce travailleur malheureux, peut goûter quelques momens de répit. O vous! qui souffrez des doutes de l'esprit et des sécheresses du cœur, vous qui n'avez jusqu'à ce jour connude la vie que les durs travaux, que vous avez faits seuls dans ce monde, et qu'aucune voix d'amour n'a soulagés, réjouissezvous, en voyant apparaître ces grandes rosées, qui sont destinées à désaltérer et à rajeunir les générations nouvelles !!!...

Et maintenant nous allons exposer rapidement et en peu de mots quel a été l'ensemble de l'enseignement que M. de Ravignan a donné pendant le dernier carême à la jeunesse de Paris.

La première conférence a été consacrée à constater la situation morale de notre époque, si pleine de contradictions. Ce discours a été naturellement divisé en deux parties, la première consacrée à faire ressortir les symptômes heureux qui nous font espérer un retour plus ou moins général des générations présentes, vers la foi; la deuxième, à signaler les élémens funestes qui retardent l'accomplissement de cette grande conversion. Et d'abord l'orateur reconnaît les progrès et l'amélioration qui se sont opérés dans les esprits.

Il est certain, dit-il, que, depuis peu d'années, les attaques haineuses contre la religion, qui étaient auparavant l'aliment le plus amer de la polémique de chaque jour, ont cessé tout-à-coup: on est tombé de l'effervescence des passions irréligieuses dans une espèce de calme réparateur; comme des enfans mutinés qui se révoltent contre leur mère, et qui, revenus bientôt à de meilleurs sentimens, viennent se réfugier dans son sein; ainsi les hommes, après cette longue guerre dénaturée contre la religion, ont cherché en elle un abri contre eux-mêmes. Instruits par de grandes leçons, ils ont senti le vide qui s'était fait dans la société ; et plaçant sous leurs pieds le dix-huitième siècle, ils ont voulu se montrer plus grands et meilleurs dans le dix-neuvième.

B

L'orateur a développé ce fait en rappelant le mouvement simultané qui s'est fait sentir dans presque toutes les parties de la science humaine. Les études plus approfondies sur la nature ont démontré ce que l'Ecriture-Sainte avait déjà raconté : la progression de la création du monde, la fluidité primitive du globe, la lumière préexistante aux corps destinés à la concentrer ou à la distribuer, le développement graduel des êtres,›

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