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devient évident que, sous ce nom, les fidèles de l'ancienne loi n'entendaient pas désigner le fils immédiat d'Abraham, mais le Messie, l'attente des nations ', que le saint Evangile, dès son début, qualifie de fils d'Abraham ».

En effet, l'Eglise de la première alliance, désignée généralement sous le nom de Synagogue 3, dépositaire de la promesse d'un Messie réparateur, à la fois prêtre et victime, seul capable de relever de l'anathême l'homme pécheur, et de le réconcilier avec Jéhovah justement irrité, comprit dès les jours de l'antiquité, qu'elle ne pouvait invoquer la miséricorde divine qu'en se prévalant par anticipation du mérite infini attaché à sa Sainte Personne, réunissant hypostatiquement la nature divine et la nature humaine, et de la complaisance du Père éternel pour l'éternel Fils de sa dilection. Mais cette Eglise, avant l'accomplissement des tems, n'offrait à la faiblesse de ses enfans que du lait, afin de les disposer à supporter la nourriture solide; elle leur parlait le langage de l'enfance, pour les préparer à l'intelligence du langage de l'homme 5. Je veux dire qu'elle ne présentait les plus sublimes vérités de la foi que sous la forme de l'emblême, de l'image symbolique. C'est ainsi que le Christ, dont elle attendait son salut o, était voilé sous la figure d'Isaac, parce que le Fils unique, bien-aimé, du Père de la

1 Gen. XLIX, 10 et 18. Voyez ma 2e lettre aux Israélites, p. 135 et suivantes.

• S. Matth. I, 1. Liber generationis Jesu Christi, filii Abraham. Le saint Evangéliste écrivit ceci pour les Hébreux. Voyez ma note dans la 5 édition de la bible de Vence, sur la double généalogie de N, S., tomes xx et xxi.

3 Les mots Eglise et Synagogue, sont formés chacun d'un mot grec, le premier de éxxλnoía (Ecclesia, cœtus convocatus) le second de avvaywy'n (Synagoga, congregatio). L'un et l'autre répondent exactement au mot Hébreu no (de congrego), qui a la même signification.

4 Tanquam parvulis in Christo, lac vobis potum dedi, non escam. 1 Cor. i, 1, 2.-Voyez aussi Hébr. v, 12, 13.

5 Cum essem parvulus, loquebar ut parvulus. 1 Cor. xi, 11. "Jacob, après avoir signalé l'époque de l'Incarnation, interrompit son discours pathétique, par ces paroles remarquables : « J'espère en ton SALUT, Jéhovah! Gen. XLIX. 18. Voyez ma 2a lettre, chap. 11, sect. 6. 7 Tolle filium tuum unigenitum quem diligis. Gen. xxn, 2.

multitude des nations', était le type le plus exact, de point en point, du Fils unique, bien-aimé, du Père de la multitude des êtres 2.

Mes Lettres aux Israélites sont remplies de citations d'où résulte que les traditions de la Synagogue des tems les plus reculés enseignent le mystère la Trinité de Personnes 3 dans l'indivisible essence divine, aussi-bien que celui de la double nature du Rédempteur promis. Et encore que nous n'en eussions pas ce grand nombre de témoignages, il ne serait pas permis, selon moi, d'en douter. Car, quel était le moyen de justification des Saints de l'ancien Testament? Leur foi dans le Messie futur. De là vient que S. Jérôme, à l'occasion du v. 16, ch. II de l'Epître aux Galates, dit : « Il y a des saints qui, sous l'an» cien Testament, ont été justifiés par la foi au Christ; puisque » Abraham vit le jour du Christ, et Moïse, etc. 4. » Je ne m'arrête pas à citer les autres Pères qui s'expriment dans le même sens, et si je n'aimais pas tant à rapporter les paroles du saint de Stridon, mon docteur de prédilection, j'aurais passé de suite à ce que nous enseigne le Catéchisme du concile de Trente. Voici comment il s'exprime sur l'article du Symbole : Et in Jesum Christum: La foi est la profession de cette rédemption néces»saire aux hommes pour faire leur salut, et elle l'a toujours » été ; aussi Dieu l'a signalée dès le commencement..... De telle sorte » que, si l'on ôtait la différence du futur et du passé, il ne resterait aucune différence entre les prédictions des prophètes et >>la prédication des apôtres, entre la foi des anciens patriarches et »notre foi 3. Or, ce Messie, en qui ils avaient foi, ne devait et ne pouvait être qu'un Médiateur entre Dieu et l'homme, par

› Quoniam patrem multitudinis gentium constitui te. Ibid. xvII, 5. • S. Matthieu, 111, 27. S. Jean, 1, 14.

3 Voir la table générale des matières, à la fin du xãe vol., au mot trinité. 4 Sanctos autem, qui antiquitùs fuerint ex fide Chirsti Justificatos. Siquidem Abraham vidit diem Christi, et lætatus est; et Moyses, etc.

5 Hujus autem redemptionis fides et confessio hominibus ad salutem consequendam necessaria est, semperque fuit, quam Deus initio præmon stravit... ita ut si futuri et præteriti temporis tollatur diversitas, nihil jam inter prophetarum prædicta et apostolorum prædicationem, nihil inter veterum patriarcharum fidem et nostram interesse videamus.

conséquent, un Dieu-homme: homme, pour sacrifier l'humanité coupable '; Dieu, pour égaler le prix de ce sacrifice à la

1 C'est une chose curieuse de voir comment les rabbins modernes, accablés sous le poids des expressions du chap. 53 d'Isaïe, chapitre qui de leur aveu, commence au verset ecce intelliget servus meus, se débattent, se démènent, pour se débarrasser de ces écrasans témoignages. Il n'y a sorte d'explications qu'ils ne proposent à l'exclusion de la véritable, si claire, si simple, d'après laquelle on peut véritablement intituler cette belle prophétie, Passion de N. S. Jesus-Christ, selon Isaïe.Vains efforts, l'ancienne synagogue, dont ils ne peuvent rejeter l'autorité, a déjà prononcé. Il n'est pas de mon objet, dans cette note, d'entrer dans le détail de tout ce que j'ai à dire relativement à ce chapitre. Je me borne donc aux trois citations suivantes.

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La paraphrase de Jonathan ben Uziel, antérieure à l'avénement de J.-C., applique cette prophétie au Messie: elle traduit servus meus, par mon serviteur le Messie, 'n'WD 'Tɔy. « A l'heure où le Messie est instruit des souffran» ces d'Israël dans la dispersion, et de ces péchés qui sont sur eux (Israéli»tes), et qu'ils ne se soucient pas de confesser à leur maître; alors il élève » la voix, et il pleure sur les péchés qui sont en eux. C'est ce qui est écrit, (ISAÏE, LII, 5) Il a été navré pour nos iniquités, brisé pour nos péchés. Dans » le jardin d'Eden, il y a un palais nommé le palais des enfans des infirmi» tés; alors le Messie entra dans ce palais, et il invita à tomber sur lui toutes » les infirmités, toutes les douleurs, toutes les souffrances d'Israël ; et >> toutes vinrent sur lui. Et s'il ne s'en était pas chargé pour soulager » Israël, nul homme n'aurait pu endurer les souffrances d'Israël, à cause des punitions qu'entraîne la transgression de la loi. C'est ce que dit » l'Écriture (Ibid., v. 4.) En vérité, il s'est chargé de nos maladies et il a » porté nos douleurs.» II. Zohar, 2e partie, livre de l'Exode, fo 212, recto.

N'allez pas regarder ce palais des enfans des langueurs comme un des contes à la cigogne des rabbins. C'est au contraire un des mystères Messianiques, les plus précieux, et qui appartient à la bonne tradition. (Voyez ce que je dis ci-après, des allégories des anciens docteurs de la synagogue.) Il suffit de la moindre réflexion pour voir que ce palais place dans le jardin d'Eden où entre le Messic, est le lieu appelé par les rabbins', le jardin d'Eden inférieur, jnnn bo jay 12, et par les théologiens catholiques, limbus patrum. Les saints patriarches y étaient détenus jusqu'au moment où Jésus-Christ y vint en personne les délivrer, après avoir pris sur lui-même leurs infirmités.« Et sic est limbus patrum, dit saint Thomas, » (supp. q. 69, a. 7,) in quo detinebantur Patres à consecutione glo» riæ propter reatum humanæ naturæ, qui nondum poterat expiari. » Quant à la dénomination rabinique du jardin d'Eden, inférieur, elle est également

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hauteur de la Divinité offensée. Ce Dieu fait homme devait donc s'offrir à Dieu; en d'autres termes, il fallait que Dieu nous livrât son Fils unique 1. Cela suppose de toute nécessité une distinction de personnes dans l'Essence divine

Mais ces grandes vérités ne se transmettaient aux sages quen des termes obscurs, inintelligibles pour le commun du peuple :

justifiée par les théologiens catholiques. Je citerai encore ici, les paroles de notre saint Docteur : « Quia enim ante Christi adventum, » dit-il, (supp., q. 69, a. 40) sanctorum requies habebat defectum requiei adjunctum, dicebatur idem infernus et sinus Abrahæ, unde ibi » non videbatur Deus. Sed quia post Christi adventum sanctorum re» quies est completa, cum Deum videant, talis requies dicitur sinus Abraha, et nullo modo infernus. »

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>>

Quel est le nom du Messie? « Nos maîtres disent, lépreux de la maison

» de Rabbi est son nom, car il est dit : (Isaie, Lu11, 4.) En vérité, il s'est

>>

chargé de nos maladies, et il a porté nos douleurs. Nous l'avons regardé » comme couvert de lépre, frappé de Dieu et affligé.

מה שמו [רש"י של משיח] ורבנן אמרי חיוורא דבי רבי שמו שנאמר אכן חליינו הוא נשא ומכאובינו סבלם ואנחנו חשבנוהו נגוע מוכח אלהים ומעונה :

Talmud, traité Sanhedrin, fol. 88, verso.

Avant de terminer cette note, je ferai observer que le terme 33, du texte, qui signifie proprement plagosus, se prend généralement dans le sens de leprosus, comme traduit fort bien la Vulgate, et comme dit le docte hébraïsant S. Jérôme (Com. in Is.) « Quod in aliis verbis hebraico >idiomate lepra intelligitur, juxta illud quod in psalmo scriptum est et fla»gellum non appropinquabit tabernaculo tuo.» Les bibles protestantes, d'après celle de Luther, traduisent frappé sans autre motif que celui de traduire autrement que la Vulgate qui traduit lepreux. On peut poser comme règle à laquelle je n'ai encore trouvé aucune exception, moi qui lis la Bible et le Talmud depuis 35 ans au moins, que toutes les fois qu'il y a dissidence entre les catholiques et les protestans, pour l'explication d'un passage de la sainte Écriture, si ce passage se trouve expliqué quelque part dans le Talmud, ou les autres anciens recueils, tels que Zohar médraschim, etc., c'est dans le sens catholique. La raison en est bien simple. Le Catholicisme est la continuation de la loi et de la tradition de la synagogue, tandis le Protestantisme n'est la continuation de rien, et est lui-même que le commencement du néant en fait de religion.

Sic enim Deus dilexit mundum ut Filium suum unigenitum daret. S. Jean III.

16.

in parabolis. Le tems n'était pas encore arrivé d'en parler publiquement, et d'une manière plus claire. «Il y a des choses, >> disaient les Rabbins, qu'il est permis de prêcher en public ; et » il en est d'autres que tu as l'obligation de tenir secrètes '.. Quand les docteurs hébreux, dans le secret de la confidence, s'énonçaient nettement en s'entretenant de ces mystères portés sur l'aile de la tradition, ils avaient soin d'ajouter une de ces formules: Ferme ta bouche, et n'en parle pas . Et le secret de Jéhovah est pour ceux qui le craignent 3.— Ou bien : Mais ce sera un mystère pour le peuple jusqu'à ce qu'il (le Messie) vienne le manifester lui-même 4, etc., etc.

2

Cela ne doit pas étonner, puisque plusieurs siècles après l'établissement de l'Eglise, quand il s'agissait de traiter devant la multitude du redoutable mystère de la présence réelle, dogme fondamental, on avait aussi soin d'user d'un langage mystérieux. Je parle du fait peu importe la différence du motif.

Et ici, avant de passer aux nombreuses traditions que j'ai à exposer, qu'il me soit permis de dire un mot sur les Fables, Paraboles ou Allégories des Rabbins.

Elles sont de deux espèces bien différentes l'une de l'autre. La première est celle des allégories, sous l'écorce desquelles on avait coutume de cacher les plus sublimes mystères de la Foi, non-seulement au peuple, mais aussi au vulgaire des docteurs. Des hommes choisis en très-petit nombre DT, dans chaque génération bbw, étaient les seuls dépositaires du sens de ces mythes

sacrés.

Il est dit dans le Talmud: On ne doit pas expliquer le mys »tère de l'œuvre de la Création à deux personnes, ni celui du >> Char de Dieu à une seule, à moins que ce ne soit un sage » doué de grande sagacité 6. »

י יש דברים שניתן רשות לדורשן ויש שאתה מצווה לסותמן

Deuxième lettre, p. 70.

3 Ibid, p. 272.

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267. Voyez aussi la même Deuxième lettre aux Israélites, p.

5 De la vision d'Ezechiel.

* אין דורשין במעשה בראשית לשנים ולא במרכבה ליחיד אא"כ היה

Traité Hhaghiga, fol. 11, verso.

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