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Enfin, le 8 novembre, le colonel Canrobert arriva sous Zaatcha sans avoir eu de combat à livrer, sauf l'accomplissement de quelques razzias, dont le produit rehaussa très-à-propos l'approvisionnement des troupes de siége. Quant au colonel Daumas, il avait dû, conformément à ses instructions, rétablir, chemin faisant, l'autorité française dans Bouçada, où quelques fanatiques avaient essayé de la méconnaître. Il se mit en rapport avec le général Herbillon, et manœuvra autour de Bouçada de la manière la plus favorable à la suite des opérations.

L'infanterie du colonel Canrobert fut employée immédiatement à resserrer la place dont l'investissement fut complété le 11, à l'arrivée d'autres renforts expédiés de Constantine. Les travaux de siége avaient reçu de nouveaux perfectionnements; l'artillerie faisait de grands ravages dans la place. Le moment décisif approchait; mais les négociations entamées avec les nomades traînant en langueur, comme on devait s'y attendre, tant que Zaatcha résisterait, le général Herbillon chassa leurs envoyés de son camp et se disposa, avant de livrer un nouvel assaut, à combattre un nombreux rassemblement de cavaliers et de fantassins appuyés à l'oasis d'Ourtal, vers l'OuedDjeddi, à une petite marche de son camp. Le 16, au point du jour, le général Herbillon tomba sur ces nomades, leur tua deux cents hommes, prit trois mille chameaux, quinze mille moutons et un butin immense. Cette action capitale ne produisit cependant aucun effet sur les assiégés, qui paraissaient décidés à se

faire tuer plutôt que de se rendre. Plusieurs fois il fallut recommencer les travaux de sape qu'ils détruisaient par un moyen sans exemple dans les guerres européennes; chaque fois que les nomades faisaient une tentative sur notre camp, les Zaatchéens, grâce à cette diversion convenue, sortaient en masse chargés de barils d'huile qu'ils roulaient contre les masques de sape, après quoi ils y mettaient le feu. L'incendie se communiquait des barils aux bois employés dans les sapes et ruinaient les travaux. Mais enfin les nomades étaient défaits et soumis; l'investissement était complet. Restait à réduire Zaatcha de vive force. Il s'agissait d'enlever par trois brèches médiocrement larges douze à quinze cents fanatiques entassés dans l'étroite enceinte de ce village, retranchés dans un dédale de ruelles barricadées, de maisons crénelées et solides quoique informes, impossibles à incendier, car le bois n'entrait presque pour rien dans leur construction. Enfin les trois brèches ayant été rendues praticables par le canon et la mine, l'assaut définitif fut fixé au 26 novembre.

A huit heures du matin, l'armée fut formée en quatre colonnes; les trois premières, de huit cents hommes chacune, ayant à leur tête le colonel Canrobert, le colonel de Barral et le lieutenant-colonel de Lourmel, franchirent les brèches avec enthousiasme. La quatrième, aux ordres du commandant Bourbaki, complétait l'investissement et servait de réserve.

Si l'élan de nos troupes fut admirable, la résistance de Zaatcha fut tout ce que promettait la défense meur

trière qui, pendant six semaines, les avait arrêtées. Toutefois, en moins d'une heure, les rues et les terrasses furent entièrement occupées; mais là ne se bornait pas la rude tâche de la prise complète de ce redoutable repaire. Il fallut, maison par maison, faire le siége des rez-de-chaussée, où s'était retranché l'ennemi désespéré que nous poursuivions. Beaucoup de ces maisons ne purent être enlevées qu'en les faisant sauter avec leurs défenseurs. Ces combats partiels. coûtèrent presque autant de monde que l'assaut. Quatre heures après l'occupation de la ville, des coups de feu sortaient encore des décombres fumantes 1.

Pendant ce temps, le commandant Bourbaki soutenait au dehors un engagement très-vif avec les gens de Lichana. Les goums et la cavalerie refoulaient de leur côté le mouvement des gens de Tolga.

Pas un des fanatiques compagnons de Bou-Zian ne demanda quartier. Tous, jusqu'au dernier, se firent tuer les armes à la main. Plus de huit cents cadavres jonchant le sol témoignaient assez de l'acharnement de la dernière lutte dont Zaatcha venait d'être le théâtre. Bou-Zian, ses deux fils et le chériff Si Moussa, l'ancien agitateur du sud de Médéah, qui, depuis quelques jours, s'étaient jeté dans la place, poursuivis de maison en maison, s'étaient retirés dans celle de Bou-Zian lui-même, où ils opposèrent une résistance désespérée. La mine ouvrit enfin leur retraite, et, dans ce moment suprême, ils trouvèrent la mort. Pour qu'il

Moniteur algérien du 2 décembre 1819.

ne restât aucun doute aux Arabes sur le sort justement mérité des principaux fauteurs de l'insurrection, leurs têtes furent exposées dans le camp français.

Nous eûmes, de notre côté, trente à quarante hommes tués, parmi lesquels MM. Lapeyruze, capitaine aux tirailleurs indigènes; Rosctti, sous-lieutenant au 1er spahis, et Reygnac, lieutenant aux zouaves; il y eut cent cinquante blessés, le lieutenant-colonel de Lourmel était du nombre.

La chute de cette oasis, sur laquelle tous les indigènes attachaient leurs regards, eut un grand retentissement parmi les mahométans de la province de Constantine; et bientôt l'insurrection, concentrée dans la subdivision de Bathna, fut entièrement domptée.

V

L'anniversaire du Dix Décembre fut célébré dans les hautes régions du pouvoir par des fêtes et des banquets dans lesquels le Président de la République donna le témoignage public des sentiments de conciliation qui l'animaient. Un dîner donné par M. Dupin, président de l'Assemblée Nationale, où assistaient, avec Louis-Napoléon, tous les ministres, tous les membres du bureau de l'Assemblée, les présidents des grands corps judiciaires, le Vice-Président de la République, les présidents de section du Conseil d'État, le grand chancelier de la Légion-d'Honneur, le prési

dent du Conseil municipal de Paris, etc., fut trèsremarquable sous le point de vue que nous venons d'indiquer. M. Dupin ayant porté un toast au Président de la République et à l'union des pouvoirs publics, le Président répondit en ces termes :

« C'est d'un heureux augure pour la paix au de« dans comme au dehors, de fêter le premier anni« versaire du 10 Décembre, au milieu d'un grand << nombre des membres de l'Assemblée et en présence du corps diplomatique. Entre l'Assemblée et moi il y a communauté d'origine, communauté d'inté⚫rêts. Issus tous du suffrage populaire, nous aspirons

tous au même but, le raffermissement de la société « et la prospérité du pays. Permettez-moi donc de répéter le toast de votre président :

. A l'union des pouvoirs publics!

J'ajoute A l'Assemblée! à son honorable pré<< sident! »

La même pensée se fit jour dans le discours que le Prince prononça au banquet qui lui fut offert par le préfet de la Seine :

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Messieurs, dit-il, je remercie le corps municipal de m'avoir invité à l'Hôtel-de-Ville et d'avoir fait distribuer aujourd'hui de nombreux secours aux indigents. Soulager l'infortune était à mes yeux la meilleure manière de célébrer le 10 Décembre. Je ne viens pas récapituler ici ce que nous avons fait depuis un an. Mais la seule chose dont je m'enorgueillisse, c'est d'avoir, grâce aux hommes qui m'ont entouré et qui m'entourent encore, maintenu

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