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sin. On s'empressa de déménager ces deux maisons et les cafés qui en occupent le rez-de-chaussée; mais il est arrivé ce qui arrive trop souvent en de semblables circonstances, c'est que la précipitation de ces déménagemens les rend presque aussi désastreux que l'incendie même.

L'expérience et l'habileté des pompiers leur avaient fait voir en un moment qu'ils devaient s'estimer heureux de renfermer le feu dans l'enceinte du théâtre. C'est à quoi tendirent tous leurs efforts. L'ardeur des troupes et de la population les seconda puissam

ment.

Vers deux heures, la chute des combles et de la toiture, qui firent jaillir une immense gerbe de feu, semblait avoir concentré l'incendie dans les parties inférieures de la salle. Mais il avait atteint et menaçait les deux maisons qui, du côté de la rue Basse, formaient comme des dépendances du théâtre, sous les n° 55 et 57. Les flammes qui s'élançaient à travers les

fenêtres et les crevasses de ces maisons lézardées; les pompiers qui, placés avec leur intrépidité habituelle sur les points les plus périlleux, dirigeaient avec un rare sang-froid le jet de leurs pompes; le bruit que faisaient des pans de murs en s'écroulant; l'activité des citoyens qui formaient la chaîne, et la consternation de ceux qui avaient tout perdu, offraient un de ces désastreux spectacles dont on ne perd jamais le souvenir.

Ce soir, à onze heures, un détachement de la 6 légion est rangé sur le boulevart; un détachement de la 5 occupe la rue Basse. Du haut des maisons 55 et 57 qu'ils ont pu sauver des flammes, les pompiers dirigent encore leurs pompes sur quelques parties embrasées; et cette scène, éclairée par des torches qui disparaissent souvent au milieu de tourbillons de fumée, est peut-être encore plus effrayante que celle du matin. On est maître du feu, mais on en connaît mieux les déplorables effets; et pourtant, au milieu de ce malheur, chacun se félicite que l'incendie n'ait pas en lieu la nuit dernière, au milieu de l'ouragan, qui, en portant des brandons dans tous les chantiers placés entre la rue Basse et

le canal, aurait pu rendre la perte et le péril immenses.

Les pertes ne sont déjà que trop considérables. MM. Lami et Bernard Léon venaient d'acheter la propriété du théâtre moyennant 420,000 fr.; et M. Guilbert de Pixérécourt, ancien propriétaire, estimait 300,000 francs le mobilier, qui lui appartenait encore, et qui vient d'être consumé.

23. Académie royale de musique. 1re représentation de LA JUIVE, opéra en cinq actes, paroles de M. Scribe, musique de M. Halevy. -La scène se passe à Constance, pendant le fameux concile qui s'ouvrit dans cette ville en 1414 et qui a laissé des souvenirs de nature si diverse. En effet, on y célébra des fêtes magnifiques, on y donna des carrousels et des tournois, on y brûla des hérétiques, mystères, on s'y livra à tous les excès des schismatiques, on y joua des quoi s'occupèrent à ce concile le déde la débauche et de la joie. Voilà à légué du pape, cinq patriarches, trentetrois cardinaux, quarante-sept évêques,'cinq cents princes et seigneurs, mille cinq cents chevaliers, deux ou trois mille docteurs, magistrats et bacheliers, une foule innombrable de soldats, de laquais, de pourvoyeurs, de ménétriers, de chanteurs, et sept cents courtisanes avouées, sans compter les secrètes, dit un vieux chroniqueur. féconde de spectacles d'une splendeur Par quoi vous comprenez quelle source merveilleuse et d'une variété infinie le concile de Constance offrait à l'opéra; aussi, sont-ce les décorations les processions, les fêtes, les danses, les habits, qui ont le plus frappé dans la pièce nouvelle, en reléguant, pour ainsi dire, au second rang le sujet et la musique. Le sujet a l'incontestable mérite d'offrir au peintre, au costumier; et même au musicien, les occasions les plus favorables de déployer leur talent, et sans doute M. Scribe ne cherchait pas autre chose. Mais quelle musique aurait pu lutter victorieusement avec une mise en scène vraiment éblouissante d'un bout de la pièce à l'autre, et ramener à soi l'attention des spectateurs continuellement distraite par toutes ces merveilles d'optique et de panorama, par la ri.

Il y a offense, et offense non moins grave, quand le National proclame qu'un jour viendra où la France dira au roi « Vous avez besoin de nous, mais la France peut se passer de vous. » N'est-ce pas dire, en effet : « C'est parce que vous nous exploitez que vous avez besoin de nous; c'est parce que nous ne voulons pas être exploités, que nous saurons vous chasser vous et votre famille. »

chesse, la beauté des décorations, la tête d'une camarilla doctrinaire l'éclat des broderies et des armures? qu'il exploite à son profit. M. Halevy n'a point opéré ce miracle, et cependant sa partition renferme de très-grandes beautés, pour lesquelles on doit regretter qu'elles se soient ainsi trouvées en contact avec un tel déploiement de luxe matériel; d'autant plus que la manière du compositeur, savante, correcte et grave dans les masses harmoniques, sobre d'ornemens, plus habile et plus sage qu'inspirée dans les mélodies, ne pouvait manquer de paraître un peu sévère et réservée au milieu de cette profusion étourdissante de pompes scéniques, d'or, de soie et de pourpre. Il n'y eut toutefois qu'une voix pour proclamer que la musique de La Ĵuire faisait le plus grand honneur à M. Halevy, et qu'on y reconnaissait toutes les qualités qui viennent du goût, du savoir, de l'intelligence, du bon sens, d'une étude consciencieuse, et d'un sentiment ingénieux de la situation.

25. Cour d'assises. Affaire du National. Par suite d'un article publié dans le numéro du National du 31 octobre dernier, M. Rouen, gérant de ce journal, comparaissait ce matin devant la Cour d'assises de la Seine, comme prévenu du délit d'offense envers la personne du roi.

A l'ouverture des débats, M. Rouen décline ses noms, prénoms et qualités, et déclare résider à Sainte-Pélagie,où il est détenu. Il indique pour défenseur son ami M. Armand Carrel, détenu comme lui à Sainte-Pélagie. Après la lecture de l'arrêt de renvoi, M. l'avocat-général Plougoulm prend la parole pour soutenir l'accusation.

Messieurs les jurés, dit-il, vous venez d'entendre la prévention qui amène devant vous le gérant du journal qui s'intitule le National. Pour l'apprécier, il faut d'abord vous donner lecture de l'article incriminé. »

Examinant successivement les différens passages incriminés, M. l'avocat-général en fait ressortir les traits les plus saillans, et y aperçoit tous les caractères du délit d'offense.

Ainsi il y a offense quand on présente le roi comme en état de conspiration permanente contre le pays, quand on le présente comme étant à

Il y a offense, quand on accuse le roi d'avoir rempli les prisons et d'avoir disposé de la vie de ceux qui sont dans les fers... Mais quels sont donc, s'écrie M. l'avocat-général, quels sont donc ceux que le roi a tenus dans ses geôles?...

M. Carrel, vivement. — Jeanne et Jacobus ont été assassinés en prison!... (Mouvement. Interruption.)

M. Plougoulm.-J'invite M. Carrel à se renfermer dans son rôle de défenseur. Vous apprécierez, messieurs les jurés, la valeur de cette étrange interruption; car vous savez, messieurs, si c'est le roi qui a tué Jeanne et Jacobus...

M. l'avocat-général, continuant son réquisitoire, signale comme caractérisant le délit d'offense, ces mots jetés au public: « Il faut beaucoup d'improbité politique pour entrer dans le conseil », après avoir identifié LouisPhilippe avec son ministère, dont il serait, dit-on, le président de fait.

Quant à la pensée qui a dicté l'article incriminé, M. l'avocat-général dit qu'elle ne saurait être douteuse pour personne, alors que le National, loin d'appartenir à cette ligne d'opposition qui se fait honneur de défendre les institutions de juillet et la monarchie qu'elles ont créée, s'enorgueillit, au contraire, d'attaquer ces institutions elles-mêmes en se proclamant l'organe de l'opinion républicaine, c'est-à-dire d'une opinion qui a déclaré la guerre à la révolution, à la royauté de juillet.

Ne vous étonnez donc plus, dit en terminant M. l'avocat-général, si vous pliez sous le poids des procès; car on y met encore plus de mesure que vos actes ne le méritent. Vous avez déclaré la guerre au gouvernement,

ne vous étonnez pas s'il accepte le combat, et s'il use envers son ennemi des armes que la société a placées entre ses mains.

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M. Rouen prononce un discours dans lequel il expose la doctrine du National, le roi règne et ne gouverne pas, doctrine qui a fait la révolution de juillet et en vertu de laquelle le peuple, le 30 juillet, écrivit sur la porte des Tuileries: Nul ne régnera ici, nul n'y sera supporté s'il ne fait la volonté nationale. M.Rouen demande comment il est poursuivi lorsqu'on laisse tranquillement vendre un pamphlet soutenu et préconisé par la cour, qui présente au roi la doctrine la plus subversive du gouvernement constitutionnel. C'est l'Adresse d'un constitu tionnel aux constitutionnels, qui propose au roi l'usurpation de tous les pouvoirs et provoque à la guerre civile. Le gérant du National termine en citant l'acquittement du National par la police correctionnelle en 1830, à l'occadu principe attaqué aujourd'hui par le pouvoir, c'est-à dire l'axiome le roi règne et ne gouverne pas.

M. l'avocat-général réplique et rend justice à la réserve de la défense; mais il ne la trouve pas concluante; il voit quelque chose d'étrange dans cette manière de se faire un rempart d'une brochure publiée il y a quelques jours. Il avoue n'avoir eu connaissance de l'Adresse d'un constitutionnel aux constitutionnels, que par la publication faite dans les colonnes du National. Il déclare d'ailleurs la brochure contraire au gouvernement représentatif, et très-condamnable.

M. Plougoulm reproduit tous les argumens qu'il a donnés dans l'affaire de la Gazette de France, pour prouver que le roi doit régner et gouverner, dans l'intérêt du pays. Le National, dit M. Plougoulm, doit être condamné ; il trouvera ici douze jurés qui le condamneront.

M. A. Carrel réplique au ministère public: il dit que les jurés ne sont pas seulement juges des mots, mais des intentions des écrivains ; qu'il ne croit pas devoir s'occuper des mots, mais des choses. Il cite les nombreuses poursuites contre la presse repoussées par le jury; il rappelle qu'on a demandé la tête d'un journaliste devant

un conseil de guerre, mais que la sagesse de la cour de cassation avait forcé de le traduire devant le jury qui repoussa l'accusation avec mépris. Depuis, dit-il, quand on a voulu la tête d'un journaliste, on a fait au jury l'honneur de ne pas la lui demander; la Chambre des pairs a été chargée du soin de venger le pouvoir.

<< Si quelquefois, dit M. Carrel, nous sommes vifs dans nos attaques, cela n'est-il pas justifié par les éloges dont le roi est l'objet de la part des ennemis de la France. Lorsqu'ils le louent, chaque jour, d'avoir dompté les majorités dans les Chambres, écrasé la presse sous le poids des condamnations, et les républicains par la mitraille, sa réponse n'a-t-elle pas pu être âpre? Mais elle n'est pas sortie des formes de la discussion.»

Le défenseur du National expose à son tour la doctrine le roi règne et ne gouverne pas, et se félicite d'avoir contribué, en posant ce principe avec MM. Thiers et Mignet, à la révolution de juillet. Il relève avec énergie les calomnies dont le National est l'objet, lorsqu'on vient l'accuser de pousser à l'anarchie et d'avoir provoqué aux troubles de juin et avril, après qu'une décision du jury et un arrêt de non lieu de la Chambre des pairs ont déclaré qu'il y était étranger.

M. Carrel finit en donnant connaissance d'une lettre de lord Brougham adressée à M. Arago, dans laquelle cet illustre ministre s'étonne que l'opposition parlementaire de la Chambre des députés soit restée impassible devant la double condamnation du National par la cour d'assises et par la Chambre des pairs dans la même se-maine, lorsqu'en Angleterre, il y aurait eu accusation contre le ministère auteur de telles poursuites.

M. Plougoulm réplique de nouveau, ainsi que M. Armand Carrel.

Le jury entre à quatre heures et demie en délibération, il revient après trois quarts d'heure et rend une réponse négative.

La cour prononce l'acquittement de M. Rouen, gérant du National.

28. Théâtre de l'Opéra-Comique. 1re représentation de : LA MARQUISE, opéra-comique en un acte, paroles de

MM. Saint-Georges et Leuven, musique de M. Adolphe Adam. Cette marquise a vu Clairval dans le rôle d'Azor, de l'opéra de Zémire et Azor, et, comme plus d'une grande dame du dix-huitième siècle, elle est devenue amoureuse d'un comédien, nonobstant la passion qu'elle a inspirée à M. le duc de Cavalcante, grand d'Espagne de première classe. Tous les soirs, la marquise s'échappe secrètement de son hôtel, va se cacher au fond d'une loge, et s'enivre de la douce voix de Clairval, à qui son imagination enflammée se plaît à préter les plus séduisantes qualités. C'est tout-à-fait comme dans une charmante nouvelle de Georges Sand, qui a aussi pour nom : La Marquise. Dans l'opéra et dans la nouvelle, la marquise veut voir de près cet homme qui lui cause de si vives émotions. Alors, désappointement complet au lieu du tendre et timide Azor, Clairval n'est qu'un comédien, fat, vaniteux, épris de luimême, et singeant les airs cavaliers des grands séducteurs de Versailles. Cependant il ne tiendrait qu'à lui d'épouser la marquise; mais il se sert noblement de son ascendant sur elle pour la déterminer à accorder sa main au duc de Cavalcante. M. Adam, en composant pour cette agréable historiette une musique légère, facile spirituelle, coquette, lui a donné précisément le caractère qui convient à un ouvrage de ce genre.

MARS.

10. Vienne. Funérailles de l'empereur d'Autriche. Une lettre écrite de cette ville contient les détails suivans : Quand on apprit la mort de l'empereur, la consternation fut générale; les fonds publics éprouvèrent une forte baisse, et les esprits ne commencèrent à se tranquilliser qu'à l'apparition d'une proclamation de Ferdinand Ier, qui laissait toutes choses dans l'état où elles se trouvaient avant la mort de son père. Cette assurance que l'on n'avait à redouter aucun fâcheux changement, calma les inquiétodes, et les fonds remontèrent au taux d'où ils étaient si rapidement descendus.

Cependant on s'occupait des funé

railles du vieil empereur; on fit l'autopsie de son corps, dont tous les organes furent trouvés en bon état, à l'exception des poumons et du cœur, où l'on découvrit les traces de l'inflammation, canse de sa mort; le cœur et les entrailles furent enfermés dans deux vases d'argent destinés à être déposés, l'un dans l'église des Augustins, l'autre dans la cathédrale; le corps fut embaumé, et l'on prépara la chapelle ardente où il devait rester exposé trois jours aux regards du peuple, avant d'être conduit dans sa dernière demeure, dans les caveaux du couvent des Capucins, sépulture ordinaire des princes de la famille impériale.

Au milieu de la chapelle du palais, que l'on tendit de noir, fut dressé le it mortuaire : cinq rangées de cierges l'entouraient, et, à travers cette masse de lumière, on apercevait l'empereur en costume de feld-maréchal, frac blanc, culotte rouge, bottes á l'écuyère; sa tête reposait sur un coussin de drap d'or. Autour de lui étaient disposés et rangés symétriquement plusieurs coussins aussi de drap d'or, sur lesquels étaient disposés les divers attributs de sa puissance. Celui qui se trouvait immédiatement derrière la tête du mort supportait la couronne impériale; puis venait, en commençant par la droite, la Couronne-de-Fer, le chapeau archiducal, le chapeau et le bâton de maréchal, les gants et l'épée; aux pieds étaient placés les deux vases d'argent qui contenaient le cœur et les entrailles; du côté gauche se trouvaient le grand cordon de Saint-Léopold, le grand cordon de Saint-Etienne, celui de la Couronnede-Fer, l'ordre de la Toison-d'Or, la couronne de Bohême, et enfin la couronne de Hongrie.

Tous les habitans de Vienne se ruèrent au palais impérial pour voir une fois encore leur vieil empereur, lui dire un dernier adieu. Depuis quatre heures du matin jusqu'à minuit que les portes restèrent ouvertes, la foule ne cessa pendant trois jours de remplir la chapelle; et, par moment, les flots du peuple arrivaient si pressés, que les barrières étaient rompues, les portes forcées, les soldats qui les gardaient bousculés; un hussard fut

culbuté avec son cheval. La chaleur, causée par le grand nombre de lumières et l'immense concours de personnes qui se succédèrent sans relâche dans cet endroit, était telle, que le troisième jour, vers les sept heures du soir, le corps, qui, selon toute apparence, avait été mal embaumé, enfla 3 considérablement, et les chairs com4mencèrent à se crevasser. Comme en cet état il était impossible de le laisser exposé plus long-temps aux regards, on fit fermer les portes en dépit de la foule, qui s'obstinait à =obtenir entrée. Puis ce corps fut déposé dans son double cercueil.

Le jour fixé pour les funérailles était le 7 mars. Ces sortes de cérémonies se font ordinairement à Vienne à quatre heures de l'après-midi. Dès neuf heures du matin, les deux petites places et la rue par lesquelles le cortége devait passer étaient déjà encombrées de monde; chacun prenait l'avance, sachant bien que l'espace qui sépare le palais impérial de l'église des Capucins n'étant guère de plus de =trois cents pas, il deviendrait bientôt impossible aux retardataires de se faire jour à travers la masse compacte des curieux.

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A quatre heures précises, le cortége commença à défiler : un détachement de hussards ouvrit la marche et fut suivi de détachemens de chaque corps composant la garnison de Vienne; venait ensuite le char funèbre, précédé de la garde allemande, et suivi de la garde hongroise. Chaque officier portait sur son brillant uniforme une écharpe en crêpe dont le nœud venait rejoindre la poignée du sabre les soldats avaient au schakos une branche de cyprès en signe de deuil. Le char, fort simple d'ailleurs, était recouvert de drap noir et fermé des quatre côtés par de grandes glaces, à travers lesquelles apparaissait le cercueil sur lequel reposait la couronne impériale et le sceptre; il était traîné au pas par six chevaux noirs entièrement caparaçonnés de noir, excepté pourtant qu'ils portaient au front les armes d'Autriche brodées en or. Suivaient les voitures de la cour et des ambassadeurs, dont les plus remarquables étaient celles du prince Colloredo et de l'ambassadeur de Rus

sie, que précédaient quatre coureurs en grand deuil portant à la main de longues cannes noires. Un détachement de hussards fermait la marche.

Arrivé en face de l'église des Capucins, le cortège s'arrêta, et plusieurs seigneurs et dames nobles de la cour qui attendaient dans l'église, vinrent recevoir le corps. Quand il fallut entrer dans le couvent des Capucins pour déposer le cercueil dans le caveau, on frappa à la porte de l'édifice: «Qui frappe? cria une voix de l'intérieur.-L'emperenr François Ier,

Que veut-il? reprit la même voix. Un asile pour se reposer.» La porte alors fut ouverte, et une partie du cortège pénétra dans le couvent. Le nouvel empereur avait, contre l'usage, suivi le convoi; quand il s'apprêta à descendre dans le caveau où I'on allait déposer le corps de son père, le prince Colloredo s'avança et lui dit. «Je prends la liberté de faire observer à Votre Majesté qu'elle ne peut entrer ici c'est absolument contraire au cérémonial usité. » L'empereur avança le bras, et écartant le prince, lui dit d'une voix ferme :

Monsieur, je ferai tout ce qu'il me plaira.» Et il pénétra dans le caveau. Le cercueil fut déposé et scellé à l'endroit qui, depuis long-temps, était préparé pour le recevoir.

La place du nouvel empereur est déjà marquée, et sera bientôt prête à l'attendre aussi.

12. Paris. Théâtre-Italien. 4re représentation de MARINO FALIERO, opéra-seria en trois actes, paroles de M. Bidera, musique de M. Donizetti. Ce nouveau Marino Faliero n'est que la tragédie de M. Delavigne, réduite, tant bien que mal, en trois actes, qui reproduisent néanmoins ses principales situations. Ce que M. Delavigne a ajouté à l'histoire, l'amour de Fernando pour Elena, femme du doge, la rivalité de Fernando et de Steno, leur duel où succombe l'amant d'Elena, a été trouvé de bonne prise par l'auteur du libretto. Du reste, la conspiration s'ourdit, se développe et se dénoue comme dans la pièce française. Elle naît de la double in ure de Faliero et d'Israël Bertuccio, qui mettent en commun leur haine contre

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