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avait duré seize jours : le prince royal se hâta de quitter Mostaganem, le 14 décembre, et arriva à Toulon cinq jours après.

Entreprise pour réparer l'échec essuyé sur les bords de la Macta, l'expédition de Mascara avait glorieusement atteint son but. Les combats de la Sig et de l'Habrah, la prise et la destruction de la capitale ennemie étaient des revanches éclatantes du malheur de nos armes. Le sentiment d'honneur de l'armée était donc pleinement satisfait. Toutefois on ne pouvait guère attendre d'effets d'un autre ordre de cette trop rapide campagne. C'était une victoire pour annuler une défaite; et comme la défaite n'avait été qu'un accident sans conséquences graves et durables, la victoire ne paraissait pas. devoir être plus féconde en résultats. Abd-el-Kader avait sans doute éprouvé des pertes considérables, son crédit avait reçu une forte atteinte, quelques défections diminuèrent le nombre de ses partisans, quelques tribus firent acte de soumission à l'autorité française; mais ces faits, d'une importance d'ailleurs assez secondaire, ne garantissaient rien pour l'avenir. L'influence de l'expédition fut même actuellement peu décisive dans le reste de la régence, qu'au moment où elle réussissait, les infatigables Hadjoutes attaquaient les campemens français placés à quelques lieues à l'ouest d'Alger, avec une vigueur remarquable, et ne se retiraient qu'après avoir eu 150 hommes tués ou blessés. Cependant c'était déjà beaucoup que la cessation de la paix funeste pendant laquelle avait grandi le constant adversaire de la domination française dans les provinces de l'ouest et du centre de la régence.

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La province de l'Est, le district de Bone avaient aussi vu s'accomplir quelques événemens intéressans. Les Français n'occupaient ici que deux points, les villes de Bone et de Bougie. L'occupation de la première n'était plus contestée; pas un ennemi ne se présenta de toute l'année sous ses murailles, et l'on put même exécuter en paix dans les environs quelques travaux d'assainissement et d'agriculture; Ann. hist. pour 1835,

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mais Bougie, située au centre des peuplades belliqueuses des Kabyles, était toujours pour eux comme une provocation irritante, et des hostilités continuelles prouvaient avec combien de dépit et d'impatience ils la voyaient entre les mains des Français. A peine forte de 500 hommes, la petite garnison de cette place eut à repousser, au mois de novembre, des attaques alarmantes par leur vivacité et leur opiniâtreté. Pendant cinq jours de suite, 4,000 Kabyles assaillirent Bougie avec fureur. Reçus à l'arme blanche, et désespérant de vaincre la résistance des Français, ils se retirèrent enfin avec une perte de 100 morts et de 300 blessés. Ces journées glorieuses n'avaient coûté à la garnison que 13 morts et 23 blessés. Cette intrépide poignée de soldats se distingua encore vers la même époque, par un coup de vigueur et d'audace, en enlevant aux ennemis une position assez forte qui dominait la ville.

Les difficultés que rencontraient les Français dans la province de Bone, pouvaient là aussi se rapporter aux efforts d'un ennemi principal, du bey de Constantine. Ainsi ce fut à son instigation, entre autres témoignages de mauvais vouloir, que la tribu des Beni-Salah se révolta, au mois d'octobre, contre un scheick allié des Français, et commit des brigandages qui obligèrent le général Monck d'Uzer à envoyer une expédition pour la chàtier. L'influence hostile de cet émule d'Abd-el-Kader se retrouvait dans toutes les tentatives d'opposition à la domination française; mais, moins habile que l'émir de Mascara, il se livrait à des actes d'oppression et de cruauté qui ébranlaient son autorité. Aussi sa puissance commençait-elle à décliner, lorsqu'il se mit en relations avec des agens de la Turquie, et qu'il s'associa aux ressentimens de la Porte contre le bey de Tunis. Cette combinaison, qui relevait son importance, tendait à le rendre dangereux pour les Français; l'attention du gouvernement se fixa plus particulièrement, dès lors, sur les faits et les manoeuvres dont la frontière orientale de la régence pouvait être le théâtre.

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L'histoire des autres colonies françaises n'offre que peu choses qui méritent d'être notées. Au Sénégal, la guerre, qui durait depuis trois ans entre les Français et les Maures Trarzas et les nègres du Walloo, et qui causait du préjudice au commerce de la gomme, s'est enfin terminée au mois d'août par un traité, après avoir encore amené quelques hostilités dans les premiers mois de l'année. Aux Antilles, la situation a été généralement bonne et calme: on a pu remarquer quelques améliorations heureuses dans la condition de la population noire; et l'augmentation des affranchissemens, si prononcée à la Martinique depuis la révolution de 1830, ne s'est point ralentie. Le conseil colonial de lá Guiane, qui s'était déjà signalé dans sa session dernière par un esprit sagement progressif, a persévéré dans les mêmes voies, et a rendu des décisions dont les résultats doivent tourner au perfectionnement de l'agriculture et au développement de l'instruction primaire. L'ile Bourbon n'a point présenté un aspect aussi satisfaisant après une année de malaise et d'inquiétude vague, on y a découvert, au mois de décembre, un complot tramé par des noirs et par des hommes de couleur, dans le but, a-t-on dit, de massacrer la population blanche et de s'emparer de l'île. Le gouvernement français, en recevant la nouvelle du danger qu'avait couru cette colonie, s'est occupé aussitôt d'y envoyer les renforts de troupes depuis long-temps demandés.

Ici se termine la tâche que nous avions à remplir. En résumé, l'année 1835 laissait la France, à l'intérieur, dans un état de calme et d'ordre parfaits, de sécurité profonde et d'assez grande prospérité; mais la situation extérieure n'était pas aussi absolument nette et dégagée de tout nuage. Un différend, que nous exposerons ailleurs, s'était élevé entre la France et un canton suisse. Les discordes intestines qui désolaient l'Espagne, et dont nous tracerons aussi le tableau dans la seconde partie de notre ouvrage, tenaient l'Europe attentive, et menaçaient de devenir une question de poli

tique générale difficile à régler. Enfin, les relations de la France avec les États-Unis, que le vote des 25 millions paraissait devoir rétablir sur un pied tout amical, prenaient, au contraire, un caractère d'aigreur et d'irritation de plus en plus marqué. L'amendement qui imposait des conditions auxquelles, d'après les communications de l'envoyé américain au gouvernement français, en date du mois d'avril (voyez le chapitre de l'Amérique), le gouvernement des États-Unis ne pourrait pas satisfaire, était devenu un empėchement à la conclusion pacifique qu'entraînait naturellement l'allocation de l'indemnité. L'impossibilité où avaient été les deux gouvernemens de s'entendre, fut constatée au mois de novembre par un fait significatif: le Moniteur du 15 novembre, en faisant savoir que le chargé d'affaires des États-Unis venait de demander ses passeports, annonça que l'ordre de rappel avait été conséquemment envoyé au chargé d'affaires français à Washington. Ainsi toutes les relations diplomatiques étaient interrompues entre les deux pays, et leur dissentiment s'envenimait de plus en plus. Tout semblait dépendre maintenant du langage que tiendrait le président Jackson dans son message au congrès (voyez le cha pitre de l'Amérique). Ce langage fut tel qu'il éloigna toute appréhension d'une rupture plus sérieuse. Le gouvernement anglais venait d'ailleurs, à l'occasion de cette querelle, d'offrir sa médiation, que le gouvernement français s'était empressé d'accepter. Ces deux circonstances contrebalançaient le rappel des envoyés. Telle était la situation intérieure et extérieure du pays au moment où l'année se terminait, et où les Chambres, convoquées par ordonnance royale du 22 novembre, ouvraient, le 29 décembre, la session de 1836.

DEUXIÈME PARTIE.

HISTOIRE ÉTRANGÈRE.

CHAPITRE PREMIER.

- Projet

BELGIQUE. Question extérieure. - Budget des dépenses pour 1835. de loi relatif à l'organisation municipale. — Clôture de la session. - Projet de fortifications du côté de la Hollande. Institution d'une banque d Belgique. - Naissance d'un héritier du trône. — Inauguration du chemin de fer. Ouverture de la session législative. Loi relative à l'enseignement universitaire. — Loi relative au séjour des étrangers en Belgique. Question de douanes. Budget des dépenses pour 1836.

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- Contingent de

l'armée pour 1836. Budget des recettes pour 1836. - État de la ques

tion extérieure.

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HOLLANDE. Clôture de la session des États-Généraux.- Troubles à Amsterdam. Ouverture de la session des États-Généraux.- Discours du trône. - Adresse des États en réponse à ce discours. Budget des dépenses pour 1836. - Budget des recettes pour 1836. Loi relative au paiement des intérêts de la dette échéant à la fin de l'année. Loi tendant à protéger l'agriculture.

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Si la Belgique n'avait pu se défendre d'une vive émotion et même d'une certaine inquiétude, en voyant un ministère tory reprendre tout à coup les rênes du gouvernement anglais à la fin de l'année précédente, cette émotion et cette inquiétude ne tardèrent pas à s'apaiser complétement. Lorsqu'une députation de la Chambre des représentans alla, suivant l'usage, présenter ses hommages au roi, à l'occasion du premier de l'an, S. M. se félicita de pouvoir annoncer que, d'après les renseignemens les plus positifs, elle avait acquis la certitude pleine et entière que la paix de l'Europe n'était menacée sur aucun point. Ces paroles devinrent ensuite, dans la Chambre des représentans, le sujet d'une interpellation adressée au ministère; on désira qu'elles fussent confirmées

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