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les commandans des troupes de la reine. Les pères, les tules maîtres et chefs de famille de ces lieux seraient responsables, tant de leurs personnes que de leurs biens, des maux infligés par les rebelles aux loyaux citoyens. Les personnes seraient confinées sur d'autres points, et les biens serviraient à indemniser les patriotes qui auraient souffert. Pour arriver au paiement de cette indemnité, le mode de poursuites serait simple et sommaire; les ayant-droit présenteraient une requête au bailli ou à l'alcade compétent, celui-ci apposerait, ainsi que le syndic, son visa au bas de la requête, et, sur la production de cette pièce, le commandant d'armes le plus voisin, ou l'alcade major, donnerait à l'ayant-droit la saisine des biens des criminels. Dans le cas où la mise en possession de ces biens ne suffirait pas pour indemniser les réclamans, une contribution forcée proportionnelle serait imposée sur tous les individus notoirement hostiles au gouvernement de la reine, jusqu'à concurrence des sommes dues pour indemnité. Si le général Mina avait cru rendre ses succès plus faciles en promulguant ce code draconien, il put comprendre dès l'abord qu'il s'était trompé; car la première opération qu'il entreprit, ce fut le siége du fort de la Virgen-del-Hort, dans lequel les insurgés s'étaient retranchés, et où ils se défendirent avec une telle vigueur que la fin de l'année arriva avant qu'il eût réussi à les réduire.

Cependant les échecs que la cause carliste avait essuyés en Catalogne s'étaient renouvelés en Aragon. Deux fois, à trois jours de distance, les bandes que commandaient Quilez, Cabrera et d'autres chefs, furent battues, vers le milieu de décembre, par les généraux Palarea et Espinosa, et ces deux défaites forcèrent les vaincus à se disperser dans les montagnes de Moya.

Quant aux autres bandes qui parcouraient la Vieille-Castille, le royaume de Valence, la Galice et la Manche, elles ne mettaient qu'un faible poids dans la balance de l'insur

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rection. Celles même de la Catalogne et de l'Aragon auraient eu bientôt perdu toute leur importance, si le principal foyer de la guerre eût été étouffé dans le pays basque et dans la Navarre. C'était donc ici qu'il fallait frapper les grands coups; mais jusqu'alors les forces suffisantes avaient manqué au gouvernement. Ces forces, les trouverait-il enfin et dans la levée de 100,000 hommes, décrétée par M. Men*dizabal, et dans la coopération d'un corps de 6,000 Portugais, qui, après beaucoup de difficultés, venait d'entrer en Espagne en vertu d'un traité signé le 24 septembre à Lisbonne (voyez l'Appendice), et dans la présence de ces : auxiliaires anglais qui vivaient déjà depuis six mois aux dépens de la nation espagnole, sans qu'on vit encore bien. clairement à quoi ils lui avaient été utiles? Tel était le problème qui serait sans doute résolu au printemps prochain.

CHAPITRE X.

PORTUGAL, Ouverture de la session des Cortès.

Budget. Proposition pour la dissolution de la Chambre des députés. — Griefs de l'opposition. } —Arrivée du prince de Leuchtemberg à Lisbonne.—Ses premiers actes.— Sa nomination au commandement en chef de l'armée. Mort de ce prince.

Troubles à Lisbonne. — Modification du ministère. — Objets divers. — Etat du parti miguéliste. — Adresse des Chambres à la reine pour la prier de contracter promptement un second mariage. — Autorisation des Cortès à ce sujet. Clôture de la session. - Nouvelle division territoriale du royaume. Modification du ministère.—Changement de ministère. Profession de foi des nouveaux ministres. Modification du ministère. — Question du mariage de la reine. — Différend entre le Portugal et la Sardaigne. — Convention conclue avec l'Espagne au sujet de la navigation du Douro. Question de l'intervention en Espagne. - Retraite et rentrée du ministère. Griefs de l'armée et de la population contre le ministère. — Formation d'un nouveau ministère. - Exposé de ses principes et de ses intentions. Assassinats politiques. Conclusion des négociations pour un mariage de la reine avec le prince de Saxe-Cobourg-Gotha.

La session ordinaire des Cortès s'ouvrit le 2 janvier par un discours de la reine qui était trop rapproché de celui qu'elle venait de prononcer (1834, pag. 585) à la clôture de leur session extraordinaire, pour offrir beaucoup de choses nouvelles et importantes. S. M. se félicitait de ce que l'état de troubles auquel le Portugal avait été si long-temps en proie était maintenant presque tout-à-fait calmé, et de ce que le crédit public présentait l'aspect le plus favorable. Elle entrait ensuite dans l'énumération des diverses mesures qui devaient être soumises aux Chambres pendant le cours de la présente session; elle terminait en déclarant que la situation du gouvernement portugais, vis-à-vis des puissances étrangères, n'avait subi aucun changement, et qu'elle avait la confiance certaine que les relations intimes qui existaient

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actuellement entre le Portugal et ses alliés seraient maintenues et successivement établies avec les autres nations.

L'un des projets de loi le plus impatiemment attendus, était le budget pour l'exercice 1835-1836, commençant le 1er juillet prochain; aussi fut-il promptement communiqué à la Chambre des députés, accompagné d'un rapport du ministre des finances dont voici les passages les plus remarquables :

« Le budget, disait M. Carvalho, se présente de la manière la plus satisfaisante; son ensemble offre une augmentation de 700 contos environ (1) dans le produit des douanes, et une diminution de 600 contos dans los juros e anuidades qui se paient par le gouvernement; c'est donc une amélioration de 匪 1300 contos en faveur de l'administration publique.

» Dans l'état où se trouvent l'armée et la marine, non seulement il est impossible que les ministres fassent des réductions dans les dépenses, mais au contraire il y aura une légère augmentation. Lorsqu'on pourra considérer la guerre comme définitivement terminée, lorsqu'il n'y aura plus la nécessité de former et de mobiliser des corps d'observation plus ou moins forts, et mis en mouvement avec plus ou moins d'activité, mais toujours de manière qu'à la première occasion ils puissent prendre le caractère de forces offensives, alors, dis-je, les ministres pourront sans doute faire des économies de quelque importance. Dans l'état actuel, on doit leur savoir gré d'avoir fixé la dépense de l'armée à moins de 10 millions de cruzados (27 millions de francs environ), et celle de la marine à 3 millions et demi (40 millions de francs environ). La dépense du ministère des affaires ecclésiastiques et de la justice monte à la somme approximative de 800 contos, quoique, d'après la loi votée récemment, les congruas des curés doivent être payées par le trésor public. » Le budget des affaires étrangères n'arrive pas à 300 contos, en y comprenant même la dépense des courriers. Le budget du ministère de l'intérieur portera une augmentation à cause d'un grand nombre d'entreprises d'utilité publique; mais elle ne sera que peu forte, parce que le gouvernement, imitant les nations voisines les plus civilisées, est déterminé à favoriser ces travaux par le moyen d'entreprises particulières. D

Après avoir fait remarquer que, par le budget qu'il venait de présenter, le déficit de la prochaine année financière serait de 4,400 contos; que néanmoins le gouvernement avait la satisfaction de rappeler qu'il n'avait besoin ni de surcharger le peuple d'impositions nouvelles, ni d'augmenter la dépense future par de nouveaux emprunts, le ministre continuait en ces termes :

« Quelques personnes pensent que l'un des moyens pour couvrir le déficit serait l'imposition de nouvelles charges. Certainement il ne serait pas difficile

(1) Le conto de reis 1000 mille reis; le mille reis 6 fr., 04,7124.

de créer une recette nouvelle; nous n'avons pas en Portugal tous les impôts qui sont en usage dans les autres états, comme les droits de la presse, du timbre, de l'enregistrement, de l'octroi, qui maintenant est en vigueur à Lisbonne seulement, etc.; mais ce n'est pas ce système que le gouvernement se propose de suivre; son système consiste à soulager le peuple, afin de recueillir les fruits de la prospérité générale. »

Le budget de l'année commençant le 1er juillet 1835, et finissant le 30 juin 1836, portait les recettes à 8,420,257,408 reis, et les dépenses à 12,744,161,266, qui se répartissaient de la manière suivante

RECETTES.

Taxes directes et indirectes.

dites proprios.

Agio sur le papier monnaie.

7,242,470,679

617,686,729

240,000,000

320,100,000

Total. . . . . 8,420,257,408

Intérêts sur l'emprunt anglais de 1823, à recevoir du Brésil.

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des affaires étrangères.

de la justice et des affaires ecclésiastiques.

Intérêts et fonds d'amortissement de l'emprunt anglais.

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4,800,000

1,102,448,000

4,707,975,600

1,077,175,250

3,989,945,066

1,395,941,156

278,700,640

497,198,300

1,870,188,766

12,744,161,266

Le déficit qui ressortait du dernier budget (1834, p. 580) était en réalité de 5,333 contos, et s'il n'avait été porté que pour 2,971 contos ou 17,826,974 fr. 16 c., c'est qu'on espérait qu'il serait réduit à ce chiffre par un paiement que ferait le Brésil sur sa dette. Ainsi le déficit du budget actuel était d'environ 1,000 contos inférieur à celui du précédent; toutefois, malgré cette amélioration et la certitude que montrait le ministre de faire face à tous les besoins sans impôts ni emprunts nouveaux, cet état des finances du Portugal ne pouvait, s'il se prolongeait, si les plans de M. Carvalho ne se réalisaient pas, que donner de sérieuses inquiétudes pour l'avenir.

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