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de sir Charles Sutton n'était, suivant M. Stanley, qu'un prétexte pour éprouver la force des partis ; car par quel changement de circonstances les soutiens du dernier orateur, en 1831 et en 1833, étaient-ils devenus ses antagonistes en 1835? il n'y en avait pas d'autre que celui-ci : « nous étions alors au pouvoir, et maintenant nous n'y sommes plus ». Aujourd'hui on voulait saisir cette occasion de signifier à la couronne qu'on n'avait pas confiance dans l'administration actuelle. Or, M. Stanley déclarait qu'il n'était pas possible de commettre une plus énorme injustice, de faire plus ouvertement acte de ressentiment, que de décider cette question à propos d'une affaire qui intéressait matériellement l'honneur et le caractère d'un individu.

Lord John Russell, qui avait engagé le premier M. Abercromby à se présenter comme candidat au fauteuil, soutint que la non réélection de sir Charles Sutton ne toucherait point à son honneur, et que l'argumentation de lord Stanley tendait à priver la Chambre des communes de l'un de ses plus précieux priviléges. Ce serait, au contraire, la Chambre qui contracterait une tache ineffaçable, s'il était décidé qu'elle n'avait pas d'autre choix à faire. Lord John Russell pensait d'ailleurs que sir Charles n'aurait dû assister à aucun conseil privé, après que le précédent ministère avait été renvoyé, et lorsque le duc de Wellington était premier lord de la trésorerie et tenait les sceaux de trois départemens à la fois. S. S. reconnaissait qu'elle avait concouru volontiers, comme membre du ministère en 1833, à porter le dernier orateur au fauteuil.

« Je l'ai fait ainsi, disait lord John Russell, parce que je m'inquiétais excessivement et peut-être que je me défiais de la réputation qu'on ferait à la Chambre des communes réformée. Je ne doutais pas que sous le rapport dé l'intelligence, de la probité, de la vertu publique, elle ne fût de beaucoup supérieure à toute autre Chambre; mais je n'étais pas sûr, vu le grand nombre de nouveaux membres qui n'avaient jamais fixé leur attention sur les formes parlementaires, qu'elle ne laisserait pas à cet égard quelque chose à désirer, ce qui l'aurait exposée à un blâme injuste. C'est sur ce motif que je m'écartai de la règle générale, d'après laquelle l'orateur doit être l'organe et le représentant de la Chambre, dans le but de nous assurer l'avantage de l'expérience de sir Charles Sutton. Et si rien de particulier n'était arrivé de

puis cette époque, peut-être le même membre aurait-il pu encore être proposé pour le fauteuil sans objection; mais, considérant les événemens qu'on a vus et les circonstances qui les ont accompagnés, je ne pense pas qu'il puisse exister plus long-temps le moindre doute sur le parti que la Chambre doit prendre. Le principe que les anciennes coutumes et doctrines de la Chambre ont sanctionné, et qu'il est spécialement nécessaire de maintenir dans le moment actuel, c'est qu'il faut que le fauteuil soit occupé par un homme plein de zèle en faveur des libertés du peuple, pour être l'organe de cette Chambre vis-à-vis de la couronne, et pour représenter ses sentimens avec fermeté, sans crainte d'offenser ou désir de se concilier ceux qui pourraient posséder le pouvoir de dispenser des faveurs. Sans aucun doute, la prérogative de la couronne est de renvoyer et de nommer des ministres, et de dissoudre des parlemens; mais le peuple à aussi ses priviléges : si l'épée de la prérogative royale est tirée, il devient nécessaire de prendre aussitôt le bouclier du privilége populaire; et je ne connais pas de privilége plus sacré, on qui puisse souffrir moins d'infraction que le droit de la Chambre de placer son représentant au fauteuil. »

Après avoir confirmé les paroles de sir Charles Sutton, en ce qui concernait la formation du nouveau cabinet et la dissolution du parlement, sir Robert Peel déclara que personne ne contestait à la Chambre le droit de choisir qui lui plaisait pour orateur; mais ce droit lui avait été confié en vue du bien public, et devait être exercé avec discrétion avec justice, et dans l'intérêt général. Or, le ministre soutenait qu'il n'était ni juste ni convenable, non seulement pour l'individu, mais encore pour la place, de ne pas réélire l'orateur qui avait été nommé, presque à l'unanimité, par six parlemens successifs, qui avait rempli son office pendant dixhuit ans, à l'égard duquel toute espèce d'accusation avait été abandonnée, et qui était disposé à continuer de faire son devoir, sans aucun motif personnel. Il combattait le principe posé qué l'orateur devait représenter la majorité de la Chambre. C'était assez qu'il s'acquittât de ses fonctions avec intégrité et impartialité. Ainsi en avait jugé le premier parlement réformé. Si la Chambre n'avait pas confiance dans le gouvernement, elle devait le manifester de la manière ordinaire, et non en faisant un acte d'injustice envers un individu qu'elle commencerait par frapper pour annoncer l'approche de la grande attaque.

roi

Les commettans de M. Cobbett ayant voté une adresse au pour le remercier d'avoir renvoyé les derniers ministres,

le célèbre radical ne ferait rien qui pût tendre à forcer le roi à les reprendre. Lord Dudley Stuart se croyait, de son côté, obligé de se séparer de ses amis politiques en cette occasion, et de nommer sir Ch. Sutton.

Enfin, la chambre se divisa, et M. Abercromby fut élu orateur ou président à la majorité de 10 voix (316 contre 306). Parmi les membres anglais, 247 avaient voté pour sir Ch. Sutton et 224 pour M. Abercromby; mais les membres écossais avaient donné au second 31 voix et 18 seulement au premier, qui n'avait également obtenu que 41 suffrages des membres irlandais, tandis que 61 s'étaient portés sur son compétiteur.

Le lendemain, le nouvel orateur fut présenté aux commissaires du roi, qui approuvèrent sa nomination, et il réclama, suivant l'usage, le libre exercice de tous les anciens droits et priviléges des communes. Quant à sir Ch. Manners Sutton, il fut aussitôt appelé à la Chambre des pairs, avec le titre de vicomte de Canterbury.

Après quelques jours donnés à la prestation des sermens dans la Chambre des communes, le roi vint, le 24 février, faire l'ouverture de la session. Le discours (voyez l'Appendice) qu'il prononça en cette occasion, commençait par quelques détails sans importance sur l'incendie des salles du parlement, puis sur les affaires étrangères ; il annonçait ensuite que le budget avait été préparé dans le plus strict esprit d'économie, et que l'état du commerce national et des revenus publics était des plus satisfaisans. Mais l'intérêt agricole continuait à souffrir d'une grande dépression. D'un autre côté, le roi, malgré les difficultés qu'entraînait nécessairement l'exécution de la loi pour l'abolition de l'esclavage, n'avait pas vu de motif de concevoir le moindre doute sur une heureuse issue de cette mesure.

α

Il y a beaucoup de questions importantes, ajoutait S. M., dont quelques unes ont déjà subi une discussion partielle dans le parlement, et qu'il serait d'un grand avantage pour les intérêts publics de voir décidées aussi rapidement que le permet un examen approfondi.

»Parmi les plus urgentes, se trouvent en première ligne l'état de la question des dîmes en Irlande, ainsi que les moyens d'arriver à sa solution équitable et définitive.

» Des mesures vous seront proposées qui auront pour objet de favoriser la commutation de la dîme en Angleterre et dans le pays de Galles, d'améliorer notre jurisprudence civile et l'administration de la justice dans les causes ecclésiastiques, de pourvoir plus efficacement au maintien de la discipline ecclésiastique, et d'exempter ceux qui ne suivent pas les doctrines ou la discipline de l'église, de la nécessité de célébrer, d'après ses rites, la cérémonie du mariage.

»Je n'ai pas encore reçu le rapport des membres de la commission chargée de s'enquérir de l'état des corporations municipales; mais j'ai des raisons de croire qu'il sera fait, et que je serai à même de vous le communiquer à une époque rapprochée. »

Ici le roi rappelait la nomination récente d'une commission pour examiner l'état des diocèses en Angleterre et dans le pays de Galles, et, après avoir dit ensuite qu'il comptait sur la prudence et la circonspection que mettrait le parlement à modifier des lois qui touchaient à des intérêts très-étendus et très-compliqués, il terminait en ces termes :

« Je suis assuré que notre but commun, en remplaçant ce qui peut être défectueux, en renouvelant ce qui peut s'être altéré, sera d'affermir les bases de ces institutions de l'église et de l'état, que possèdent mes peuples par droit d'héritage et de naissance, et qui, au milieu de toutes les vicissitudes des affaires publiques, ont été, par la faveur du Dieu tout-puissant, les plus sûres garanties de leurs libertés, de leurs droits et de leur religion. »

Dans la Chambre des pairs, l'adresse, qui n'était, comme de coutume, qu'un écho du discours du trône, fut proposée par le comte de Hardwicke et appuyée par lord Gage. Lord Melbourne présenta un amendement de la même nature que celui dont nous aurons à parler en passant tout à l'heure à la Chambre des communes, et qui n'était évidemment pour S. S. qu'un prétexte d'engager la discussion sur le renvoi du ministère qu'il présidait et sur la dissolution du parlement. Il voyait dans cette dissolution une mesure extraordinaire, qui avait troublé la tranquillité, sans aucune raison intelligible, si ce n'est que, le nouveau ministère ayant été formé dans des vues hostiles à la réforme, il ne pouvait marcher avec une Chambre des communes dont le mandat était de réformer. Que si, au contraire, le nouveau ministère était préparé à

présenter des mesures de réforme, quelle nécessité y avaitil de renvoyer un parlement réformateur?

Le grand argument que le duc de Wellington (ministre des affaires étrangères) et lord Lyndhurst (lord chancelier) opposèrent à ces attaques, c'est que la dernière administration avait été dissoute à cause de l'impossibilité où elle était de continuer à se maintenir, après avoir perdu son principal membre dans la Chambre des communes. Lorsque lord Althorp avait donné une première fois sa démission, le comte Grey avait déclaré qu'il ne pouvait rester à la tête du gouvernement, puisque, par cette démission, il avait perdu son bras droit. Il y a plus; le vicomte Melbourne lui-même avait aussi déclaré que l'un des motifs qui l'avaient déterminé à prendre le ministère, c'est qu'il avait été assuré que lord Althorp consentait à entrer en place avec lui. C'était donc sur lord Althorp exclusivement que reposait l'ancienne administration, et lorsqu'il avait passé de la Chambre des communes dans la Chambre des lords, il avait été permis au roi d'examiner si sa position n'était pas matériellement changée par cet événement, et s'il n'était pas convenable qu'il formât de nouveaux arrangemens et cherchât d'autres conseillers. On avait reconnu que le ministère actuel ne pouvait pas marcher avec la précédente Chambre des communes; là était la justification de la dissolution du parlement; car il était parfaitement constitutionnel de demander au peuple s'il voulait nommer une Chambre des communes avec laquelle le gouvernement pourrait marcher. Lord Melbourne avait dit que la dissolution se justifiait par le succès; il fallait donc laisser le temps au ministère d'obtenir cette justification, et ne pas l'attaquer dès le premier jour de la session.

Lord Brougham soutint à son tour qu'aucune raison n'exi stait pour renvoyer l'ancienne administration. En effet, le discours du trône avait fait le tableau le plus pompeux de la prospérité intérieure du pays et n'avait pas jeté le moindre blâme sur cette administration. On alléguait qu'elle avait été

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