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le pays de la confiance que les puissances despotiques du continent mettaient dans la nouvelle administration. Il ne sentait pas augmenter son respect pour elle, en voyant qu'elle s'était concilié la bonne opinion de l'Autriche, de la Russie et de la Prusse. Il voterait pour l'amendement; mais il aurait voulu qu'il eût été rédigé en termes plus clairs, plus significatifs.

L'opinion de lord Howick avait d'autant plus d'impor tance, qu'elle pouvait être considérée comme celle de lord Grey, son père. L'orateur ne croyait pas que le résultat nécessaire de l'adoption de l'amendement serait le renvoi du cabinet actuel et la restauration de l'ancien. Il avait, au contraire, entendu avec satisfaction sir Robert Peel déclarer lui-même qu'il ne se regarderait pas, si cet amendement était adopté, comme obligé de se retirer. Ce danger évité, lord Howick pensait que cette adoption aurait une grande utilité; ce serait d'apprendre à S. M., de la manière la plus respectueuse de la part de la Chambre, et en même temps dans un langage assez net pour qu'on ne s'y méprît pas, que le pays n'accordait pas au cabinet, tel qu'il était à présent composé, ce degré de confiance qui permettrait aux ministres de rester en place avec avantage pour le service public. L'orateur refusait aux ministres la fermeté, la sagacité, la prudence qu'on devait exiger des hommes d'état, dans la position actuelle du pays; il leur refusait surtout l'art de connaître comment il fallait céder à propos, quand et où des concessions étaient justes et nécessaires, quand et où elles seraient inopportunes et dangereuses.

Sir J. Graham comparait l'opposition à une tour de Babel, dans laquelle tous les langages se confondaient, où jeunes et vieux, partisans du rappel de l'union et radicaux mêlaient leurs voix; à défaut de tout autre motif, l'existence seule d'une telle coalition l'aurait empêché de se joindre à de pàreils adversaires d'un pareil ministère. Si l'amendement s'était borné à réclamer une réforme convenable des corpora

tions municipales, l'orateur n'eût pas été éloigné de lui donner son vote; mais il était opposé à tout ce qui pourrait avoir pour effet de mettre en danger l'existence de l'administration actuelle, qui avait, suivant lui, de plus grandes facilités et des moyens plus étendus que toute autre, pour effectuer les larges et libérales mesures qu'elle avait promises. Enfin, cette longue discussion fut close par un discours dans lequel M. O'Connell attaqua les ministres avec sa virulence ordinaire, et déclara ensuite qu'il renoncerait à demander le rappel de l'union, si l'Irlande était placée sur la même ligne que l'Angleterre, si le surplus des revenus du clergé protestant en Irlande était appliqué à des objets de charité et d'utilité publique, et si l'on adoptait un système complet de réforme municipale qui soumît les municipalités au contrôle du peuple.

La Chambre s'étant divisée, 3og membres furent pour et 30% contre l'amendement, qui passa ainsi à une majorité de 7 voix. On aurait pu croire, d'après quelques paroles ambiguës de sir Robert Peel, que la lutte recommencerait le lendemain 27, sur le rapport de l'adresse; mais l'attente d'un débat sérieux ne se réalisa point. Tout se borna, de la part de quelques orateurs, à la reproduction des argumens déjà présentés des deux parts dans les séances précédentes. Seulement M. Hume fit une violente sortie contre lord Stanley, sir James Graham et les membres de leur opinion, dont la jonction avec les tories lui paraissait la plus anti-naturelle, la plus profane qu'on eût jamais vue. Il félicita sir Robert Peel des nouveaux amis qu'il venait d'acquérir, et plus encore les réformateurs d'avoir perdu de tels appuis; car il préférait en tout temps avoir affaire à un ennemi déclaré qu'à un ami prétendu qui ne lui sourirait que pour le trahir. Les réformateurs avaient la satisfaction d'avoir vaincu tout à la fois les tories et le parti Stanley.

Dans sa réponse à l'adresse de la Chambre des communes, le roi exprima le regret de voir que la Chambre n'était pas

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d'accord avec lui sur l'appel qu'il avait dernièrement fait à son peuple. S. M. avait cependant la confiance qu'aucune mesure importante pour les intérêts généraux ne şerait ni I mise en danger ni interrompue par l'occasion qu'il avait donnée à ses loyaux et fidèles sujets de manifester leur opinion, en choisissant leurs représentans dans le parlement. La grande bataille de l'adresse fut suivie de quelques es-, carmouches dans lesquelles l'opposition pressa le ministère de questions, le harcela sur différens points, tels que l'exécution du bill pour l'abolition de l'esclavage et la probabilité d'une nouvelle dissolution du parlement. Mais bientôt M. Hume voulut essayer une attaque plus directe et plus décisive en engageant la Chambre des communes à refuser l'impôt à un ministère qui s'obstinait à rester au pouvoir lorsque la majorité s'était deux fois prononcée contre lui. C'était suivant l'orateur, se mettre au dessus de l'opinion de la nation elle-même, exprimée par ses représentans au parlement. Sir Robert Peel répondit qu'il avait déjà déclaré que le vote sur l'adresse ne suffisait pas pour le déterminer à résigner ses fonctions. Il n'avait pas cru de son devoir, vu la condition de la majorité et la nature du vote qu'elle avait rendu, de se retirer avant d'avoir fait connaître les plans du gouvernement. La proposition de M. Hume n'avait pas eu l'assentiment des chefs de l'opposition; aussi fut-il obligé de l'abandonner.

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Ce fut ensuite le tour du ministère d'être obligé de se séparer de l'un de ses partisans. Dans la séance du 10 mars, le marquis de Chandos présenta de nouveau une proposition que la Chambre voyait presque chaque année reproduire (1833, p. 594; 1834, p. 637) pour la suppression de la taxe sur la drèche. Sir Robert Peel combattit la motion avec une grande vigueur de logique et ne laissa intact aucun des argumens qu'il était possible de faire valoir en sa faveur. Elle fut appuyée par MM. Cobbett et Bennett, qui ne montraient ni l'un ni l'autre de répugnance à établir une taxe sur la pro

priété à la place de la taxe sur la drèche. Parmi les membres de l'ancienne administration, MM. C. Wood, Spring-Rice et Poulett Thompson se rangèrent du côté de sir Robert Peel, auquel ils prêtèrent le secours qu'ils en avaient reçu dans les sessions précédentes pour repousser la même motion; mais ils ne le firent pas sans poursuivre de leurs sarcasmes les membres nommés par les comtés, qui maintenant étaient prêts à voter le maintien de la taxe, contrairement aux engagemens qu'ils avaient pris pendant les élections. Le payeur-général de l'armée, sir Ed. Knatchbull, était un de ces anciens adversaires de la taxe, qu'il devait à présent soutenir; il justifia ce changement de conduite en disant que, lorsqu'il avait demandé l'abolition de cette taxe, en 1833, il y avait un excédant de revenus considérable, tandis que cet excédant n'était plus aujourd'hui que de 250,000l. D'autres membres, qui avaient promis aux électeurs de réclamer cette abolition, alléguèrent, pour ne pas tenir leur promesse, qu'ils ne voulaient pas appuyer une motion dont le succès entraînerait la chute du ministère. Elle fut rejetée à une majorité de 158 voix (350 contre 192).

Entre autres mutations diplomatiques que la nouvelle administration avait jugé devoir opérer, l'ambassade de SaintPétersbourg avait été destinée au marquis de Londonderry. Cette nomination fut vivement attaquée, dans la séance du 13 mars, par M. Sheil et par M. Cutlar Fergusson, qui citèrent divers passages des discours du marquis, où il justifiait la ligne que la Russie avait suivie à l'égard de la Turquie et de la Belgique, et où il traitait les Polonais de rebelles. Ces honorables membres soutenaient qu'il ne convenait pas d'envoyer à la cour de Russie un ambassadeur qui avait parlé des braves et malheureux Polonais en pareils termes, et qui pensait que le gouvernement anglais avait déjà été trop loin en leur faveur. Ce devait être l'affaire d'un ambassadeur anglais, à Saint-Pétersbourg, de travailler de tout son pouvoir à adoucir le sort de cette nation infortunée, qui maintenant

souffrait la proscription, la confiscation, l'exil, pour avoir fait une révolution qu'ils trouvaient parfaitement excusable; mais telle n'était pas l'opinion du noble personnage que le public désignait comme appelé à cette ambassade. Lord Stanley parla dans le même sens, et il ajouta que, par déférence pour les sentimens du peuple anglais, les ministres révoqueraient sans doute une nomination qui n'était propre ni à donner du crédit au gouvernement ni à contenter le pays. Sir Robert Peel n'était pas étonné que cette nomination n'eût pas satisfait l'opposition; car aucune de celles qu'il avait pu faire n'avait encore produit ce résultat. Il prit la défense de lord Londonderry, n'ayant vu, nulle part, disait-il, les paroles qu'on lui attribuait, bien qu'il ne contestât pas qu'elles eussent été prononcées. D'ailleurs, il n'était pas loyal de juger les individus sur les expressions qui pouvaient leur échapper dans la chaleur d'une discussion. Enfin, sir Robert Peel déclara qu'il n'était pas disposé à conseiller à la couronne d'annuler la nomination du marquis de Londonderry; mais celui-ci annonça à la Chambre des lords, dans la séance suivante, qu'après avoir lu le débat de l'autre Chambre il n'avait qu'un parti à prendre, comme un bon et fidèle sujet, ayant à cœur l'intérêt du service public; c'était de ne pas accepter la place qui lui était destinée. Il s'éleva ensuite fortement contre le procédé de la Chambre des communes en cette occasion, et invita les nobles lords à réfléchir avec calme à toutes les conséquences qui pouvaient résulter d'un pareil système d'attaque. Le ministère ne tarda pas à essuyer deux nouvelles défaites qui, quoique peu importantes au fond, n'en contribuèrent pas moins à prouver que la majorité était contre lui. Vainement il combattit (séance du 24 mars), une motion tendant à ce qu'une pétition où l'on se plaignait de l'intervention inconstitutionnelle d'un fonctionnaire public dans l'élection du bourg de Chatham, fût renvoyée à une commission spéciale; la motion fut adoptée à une majorité de 31 voix (161 contre 130). Deux jours après (26 mars) un membre

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