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dées à des bourgs, conserveraient leurs fonctions, et que la couronne nommerait directement les juges de cette espèce sans recommandation des conseils de ville; que le pouvoir de diviser les villes par quartiers, et de fixer le nombre des conseillers que chaque quartier aurait à élire, serait conféré, non à la couronne, mais à des avocats réviseurs; que toutes les villes de 6,000 âmes seraient divisées par quartiers, et que le nombre des conseillers pour chacun d'eux serait fixé en raison composée de la population et de la propriété; que le pouvoir d'accorder des licences serait maintenu aux magistrats de comté; que le patronage ecclésiastique des conseils de ville serait restreint à ceux de leurs membres qui appartiendraient à l'église anglicane; que les clercs des villes garderaient leur emploi, tant que leur conduite ne donnerait lieu à aucun reproche; enfin que ce serait non le roi en conseil, mais le parlement qui déterminerait les limites de chaque bourg.

Le bill, ainsi amendé, fut de nouveau soumis à la Chambre des communes dans la séance du 31 août, par lord John Russell, qui consentit à l'adoption de plusieurs de ces amendemens, en sous-amenda quelques autres, et repoussa le

reste.

Les radicaux trouvèrent que le ministère allait beaucoup trop loin dans ses concessions et qu'il n'avait consulté, en les faisant pour se concilier la Chambre des lords, ni l'opinion publique ni la dignité de la Chambre des communes. Quand les désirs et les inclinations du peuple anglais, sur cette question, avaient été ainsi appuyés par le jugement mûrement délibéré de ses représentans, aucun pouvoir dans l'état ne devait se mettre en opposition avec eux. Croyait-on que les membres de la Chambre des communes se tiendraient pour satisfaits de voir toutes leurs grandes mesures de réforme rejetées par les lords, et qu'après avoir réformé leur propre Chambre, ils seraient long-temps encore à entrepren dre la réforme de l'autre Chambre du parlement? Si le bill

passait bouleversé, mutilé, comme il était à présent, ce serait le moyen d'exciter un cri pour une réforme beaucoup plus étendue que celle qui avait été proposée. L'autre Chambre du parlement devait prendre garde aux signes du temps et ne pas refuser les redressemens réclamés. Pourquoi, disait M. Roebuck, les véritables représentans du peuple sup-porteraient-ils les insultes d'une assemblée si faible, quand ils peuvent l'écraser ?

« Dans mon opinion, ajoutait cet orateur, le désir du peuple devrait être la loi, et personne ne doit ou ne pourra plus long-temps se mettre entre le peuple et son désir. Les intérêts des lords, n'étant que de maintenir un pouvoir irresponsable, sont absolument incompatibles avec ceux du peuple. Pourquoi une telle assemblée, opposée par sa condition, ses intérêts, ses sentimens, aux désirs populaires, aurait-elle plus long-temps le pouvoir de contrôler les décisions de la Chambre des communes? Il est puéril et ridicule de parler de conciliation et de concession en pareil cas. Je suis un de ceux qui jugent nécessaire d'agiter le peuple sur ce point jusqu'à un degré presque révolutionnaire. »

M. O'Connell, déclara que la collision si long-temps redoutée commençait, et il se réjouissait qu'elle fût venue de ceux qui, se disant les amis des pauvres, n'étaient que les amis des riches qui pouvaient séduire et corrompre les pauvres. Il était absurde de penser que le peuple anglais se soumettrait paisiblement à la domination de deux cents individus. Du reste, M. O'Connell conseillait d'adopter le bill,

Le parti tory n'était pas, de son côté, d'une opinion unanime sur les amendemens faits au bill par la Chambre des lords, et sir Robert Peel se prononça, entre autres, contre celui qui établissait des conseillers municipaux à vie, sous le nom d'aldermen, et donna son assentiment à quelques unes des modifications proposées par le ministère.

Le bill retourna à la Chambre des lords, et revint, une troisième fois, devant la Chambre des communes, qui l'adopta définitivement le 7 septembre. En résumé, l'amendement qui déclarait les clercs des villes inamovibles, avait disparu; un quart des conseillers municipaux seraient élus pour six ans, et non plus à vie; la décision des avocats réviseurs

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sur la division des villes en plusieurs quartiers, ne serait exécutoire qu'après avoir eu la sanction du roi en conseil ; la condition d'éligibilité pour les conseillers municipaux ne consistait plus à être compris parmi les plus imposés, mais à posséder une propriété de 1000 livres dans les grandes villes, et de 500 dans les petites villes, ou à payer une taxe de 30 livres dans les premières et de 15 dans les secondes ; le patronage ecclésiastique des bourgs serait vendu, et le prix employé dans l'intérêt général du bourg. Les autres amendemens introduits par les lords avaient été maintenus.

La seconde des deux mesures importantes que le ministère eût résolu de soumettre au parlement dans cette session, le bill relatif à l'église d'Irlande, avait été présentée, le 26 juin, à la Chambre des communes, par lord Morpeth. Cette mesure, en ce qui concerne les dimes, reposait sur les mêmes bases que celle de l'année dernière (voyez 1834, page 618), et ne différait pas essentiellement du bill proposé cette année par sir Robert Peel; mais elle contenait de plus une série de clauses ayant pour objet d'établir une nouvelle distribution des fonds de l'église, dont il résultait un excédant qui serait appliqué, suivant la résolution de la Chambre, à l'éducation morale et religieuse de toutes les classes de la population, sans distinction de croyances.

En passant à l'exposition de cette deuxième partie du bill, lord Morpeth fit observer que la Chambre se trouvait en présence d'un état de choses qui, dans la condition actuelle de l'opinion, empêcherait tout homme doué d'un esprit sain d'essayer de fonder en Irlande, si cette entreprise était à recommencer, une église protestante épiscopale. Cependant cette église existait, et, pour la maintenir autant que possible, il fallait la modifier. Il était nécessaire de fixer un point au dessous duquel toute présentation à une cure vacante serait suspendue; autrement rien ne serait fait, et l'on devrait continuer à conserver des bénéfices sans charges, un clergé sans paroissiens, et des salaires sans travail, en un mot

toutes les sinécures fondées sur les principes de la bigoterie. Le bill proposait donc de suspendre la présentation ou la nomination à un bénéfice en Irlande, là où il n'y aurait pas plus de cinquante protestans. Huit cent soixante paroisses de cette contrée étaient dans ce cas, et sur ce nombre cent cinquante et une ne comptaient pas un seul membre de la religion anglicane. D'après le bill, chaque fois que le titulaire actuel de quelqu'une de ces huit cent soixante paroisses viendrait à mourir, il ne serait pas remplacé, au moins immédiatement. D'un autre côté, des mesures seraient prises pour assurer à la minorité protestante de ces paroisses les secours et les ser. vices d'un ministre anglican d'une commune voisine, à moins que le lord-lieutenant d'Irlande en conseil ne jugeât devoir y autoriser, en certaines circonstances, la résidence d'un ministre particulier qui ne pourrait avoir plus de 75 livres d'appointemens. Enfin, si, à la mort du titulaire de quelque bénéfice que ce soit, il était constaté que le revenu du bénéfice s'élevait à plus de 300 livres par an, la commission ecclésiastique en ferait son rapport au lord-lieutenant, et ce revenu serait réduit à ce taux. Différens calculs autorisaient à penser que toutes ces suppressions et réductions de bénéfices donneraient une somme de 58,000 livres. Telle était la somme qui serait appliquée à l'instruction du peuple irlandais.

Le 21 juillet, au moment où la Chambre allait se former en comité, pour examiner les détails du bill, sir Robert Peel proposa de séparer ce bill en deux parties, pour qu'il pût rejeter celle qui supprimait les églises protestantes de huit cent soixante paroisses, et consacrait leurs revenus à des objets sans connexion immédiate avec les intérêts de l'église établie. Alors le débat que nous avons déjà résumé plus haut (page 683), et qui avait eu pour résultat la dissolution du ministère tory, recommença et se prolongea à travers trois séances en tournant à peu près dans le même cercle d'objec tions et de réfutations que la première fois. Chaque parti aligna surtout des bataillons de chiffres à l'appui de son opiAnn. hist. pour 1835.

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nion. Le discours de sir Robert Peel lui-même n'était pour ainsi dire qu'une série non interrompue de calculs, dont il suivait que l'église d'Irlande, loin d'avoir plus de revenus qu'il ne lui en fallait, n'en avait pas même assez pour entretenir ses ministres d'une manière décente. Aux chiffres de sir Robert, M. Spring Rice opposa d'autres chiffres qui mettaient de nouveau en relief l'immense disproportion existante entre les membres de l'église établie, les revenus de cette église et la masse de la population irlandaise. L'opinion de la Chambre était connue, et rien n'était arrivé, depuis la discussion du mois d'avril, qui fût de nature à la lui faire abandonner; aussi la proposition de sir Robert Peel fut-elle repoussée à une majorité de 37 voix (319 contre 282). Le bill passa ensuite sans autre opposition, les tories s'abstenant de discuter des détails qui, suivant eux, ne pouvaient pas être amendés, et qu'on devait supprimer entièrement.

D'ailleurs la Chambre des lords était là, et les adversaires du bill n'ignoraient pas qu'il y rencontrerait une majorité irrévocablement hostile en ce qui touchait la disposition des fonds de l'église irlandaise. En effet, dans la séance du 20 août, le comte de Haddington, qui avait été lord-lieutenant d'Irlande sous la précédente administration, demanda que toute cette partie du bill fût rejetée. Il ne voulait pas examiner s'il y avait ou s'il n'y avait pas d'excédant. C'était une question décidée, cet excédant était une chimère; mais alors même qu'il en serait autrement, le plan projeté n'autorisait que trop la Chambre à repousser le coup le plus fatal qui eût encore été dirigé contre la religion protestante en Irlande. Il ne s'opposait pas moins au principe sur lequel était basée la séquestration des bénéfices qu'à cette séquestration elle-même. On bornait aujourd'hui l'application de ce principe à l'Irlande ; mais si on l'adoptait, le temps viendrait où il serait aussi appliqué à l'Angleterre. L'évêque de Londres appuya la proposition en dénonçant ce principe comme un germe de destruction et d'extermination. Le sort du protes

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