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tantisme dépendait, suivant le prélat, de la décision que la Chambre allait rendre.

Après que tous les argumens qui plaidaient en faveur de la mesure eurent été développés par les lords Lansdowne, Clanricarde, Conyngham, Plunkett, Brougham, Glenelg, lord Melbourne déclara formellement que, si la proposition passait, il abondonnerait le bill; c'est-à-dire que le clergé continuerait à être dans l'impossibilité de lever la dîme et à subir toutes les misères de sa situation actuelle. Cette considération n'arrêta pas la Chambre des lords, qui adopta la proposition à la majorité de 138 voix contre 41, et le bill en resta là.

Quelques jours avant cette victoire d'un protestantisme intolérant et cupide, le parti qui devait en profiter avait essayé un échec assez remarquable dans la Chambre des communes. Dès les premières séances de la session, une discussion s'était engagée dans cette Chambre sur les sociétés orangistes d'Irlande, et le ministère d'alors avait été accusé de favoriser ces sociétés illégales en donnant des places à des individus connus pour leur appartenir, et en recevant avec bienveillance des adresses qu'elles envoyaient au roi afin de le remercier d'avoir dissous le parlement et congédié le dernier ministère. Bientôt après, le 23 mars, une motion avait été adoptée portant qu'une commission spéciale serait nommée pour s'enquérir de la nature, du caractère, de l'étendue et de la tendance des loges et associations orangistes en Irlande, et de faire connaître sur ces points son opinion à la Chambre. Cette commission n'avait pas encore terminé son enquête lorsque M. Hume, s'appuyant des renseignemens qu'elle avait déjà recueillis, souleva de nouveau la question le 4 août, et déclara qu'il paraissait que des loges orangistes avaient été introduites dans l'armée et qu'il en existait dans trente ou quarante régimens de ligne; que ce fait constituait une violation directe des ordres généraux publiés par le commandant en chef en 1822 et 1829, qui le désapprouvaient avec

force comme funeste à la discipline militaire et contraire aux règles du service, et menaçaient de punition ceux qui contreviendraient à cet avertissement; que ces loges avaient été formées en vertu de brevets (warrants) délivrés à cet effet par le duc de Cumberland. Ces brevets à la vérité avaient été donnés en blanc; mais M. Hume pensait qu'il était difficile d'imaginer que le duc eût ignoré l'usage auquel ils étaient destinés. En conséquence il proposait une série de résolutions dont la dernière était ainsi conçue :

« Qu'une humble adresse soit présentée au roi pour le prier qu'il lui plaise gracieusement de diriger son attention sur la nature et l'étendue des loges orangistes établies dans son armée en contravention aux ordres du commandant en chef des troupes de S. M., ainsi que sur cette circonstance que S. A. R. le duc de Cumberland, feld-maréchal de l'armée de S. M., a signé des brevets en sa qualité de grand-maître de la grande loge orangiste en Irlande, lesquels brevets ont eu pour objet de constituer des loges orangistes dans l'armée. »

Dans le cours du débat qui s'engagea sur ces résolutions, il fut généralement reconnu que l'établissement de ces loges ne pouvait être défendu et qu'il était plein de dangers pour la discipline et pour la liberté publique. Suivant M. Hume, les orangistes étaient des perturbateurs de la paix publique qu'il fallait disperser et chasser de toutes les places. M. Sheil ne fut pas moins véhément à blàmer la conduite du duc de Cumberland.

«Que ferait cet homme, s'écriait-il, s'il arrivait au trône? Voudrait-il s'entourer de 100,000 janissaires irlandais, pour exterminer tout ce qui montre de la franchise et de l'indépendance.

» Les dangers qui menacent l'Angleterre, tant qu'on permet aux clubs d'exister, sont en vérité redoutables. Il faut renverser ces meneurs de l'absolutisme ou permettre qu'on nous renverse. Que dirait la Chambre, si le peuple irlandais formait des contre-associations pour opposer des millions d'hommes à la caste orangiste? Quel serait le résultat d'une pareille lutte? Le sang coulerait abondamment. Pour éviter un semblable résultat, il faut détruire le pouvoir qui s'est établi dans le sein des clubs; il faut plus encore, les criminels ne doivent pas échapper aux châtimens qu'ils méritent! »

Le colonel Perceval, qui était grand-trésorier de la grande loge, soutint que le duc de Cumberland avait signé des brevets dans la conviction qu'on ne s'en servirait que d'une manière conforme aux lois, et surtout qu'ils n'étaient pas des

tinés pour l'armée. Le duc eût été le premier à condamner cette pratique. L'orateur ajoutait que l'institution orangiste n'avait qu'un caractère exclusivement défensif, qu'elle n'était guère une société secrète, puisqu'elle avait produit devant la commission ses livres, ses papiers et même les signes et les mots d'ordre par lesquels les orangistes se reconnaissaient l'un l'autre. Elle n'avait pour but que de résister à d'autres associations qui tendaient, pensait-on, à détruire l'église établie en Irlande et à extirper la religion protestante de ce pays. Du reste, les sociétés orangistes étaient prêtes à se dissoudre, pourvu que les autres associations en fissent autant.

Sir Robert Peel critiqua la forme dans laquelle les résolutions avaient été introduites, et soutint que la Chambre n'était pas suffisamment éclairée pour prononcer. Il consentait à voter une adresse par laquelle le roi serait prié de porter son attention sur les loges orangistes; mais il refusait d'aquiescer à la résolution qui faisait une mention spéciale du duc de Cumberland. Lord John Russell trouvait aussi qu'il n'était guère possible d'adopter cette résolution, bien qu'elle ne parlat d'un illustre personnage que dans les termes les plus modérés, sans donner lieu de croire qu'on jetait un blame sur lui. Le ministre n'était disposé à prendre aucune décision touchant la conduite d'un individu quelconque, si cet individu n'était pas pleinement entendu ou s'il voulait se défendre ou s'expliquer. Il désirait donc que ces derniers mots de la résolution, « lesquels brevets ont été rendus pour constituer des loges orangistes dans l'armée », fussent omis, persuadé qu'ainsi modifiée elle obtiendrait l'assentiment général. Elle passa, en effet, à une très-grande majorité (183 voix contre 40).

Les questions de finances, d'industrie et de commerce ne tinrent proportionnellement qu'une petite place dans les débats de cette session. Quelques unes de ces questions se reproduisaient chaque année sans résultat. Ainsi, le 25 mai, lord

Chandos avait de nouveau présenté sa motion pour le soulagement de la détresse des classes agricoles; et combattue par lord John Russell et par sir Robert Peel, elle avait été de nouveau repoussée à une immense majorité. Dans le cours de la discussion qu'elle avait soulevée, quelques membres avaient répété l'opinion, si souvent exprimée par un parti dans la Chambre, que tout le mal provenait de la reprise des paiemens enargent, et qu'il ne pourrait être guéri que moyennant quelque modification de la circulation (currency). Une motion fut faite à ce sujet le 1er juin, par M. Cayley; elle eut encore pour adversaires sir Robert Peel ainsi que M. Poulett Thompson, et, soutenue par les mêmes argumens qu'en 1833, elle n'obtint pas plus de succès qu'à cette époque. Le 2 juin, M. Grote proposa sa motion annuelle pour le vote au scrutin secret dans les élections des membres du parlement, en insistant sur la nécessité de mettre un terme à l'influence corruptrice des riches sur les classes pauvres. C'était à cette influence que les partisans de la proposition attribuaient les dernières défaites électorales que le ministère avait essuyées dans les comtés et l'échec de lord John Russell lui-même dans le Devonshire. Cependant les membres du cabinet qui prirent la parole, lord Howick et lord John Russell, combattirent la motion, sur laquelle on avait demandé la question préalable. Mais cette demande fut retirée, après que sir Robert Peel et lord Stanley eurent manifesté leur surprise de ce que le ministère permettait que le débat fût conclu de cette manière, comme pour donner à entendre qu'il n'avait pas une opinion arrêtée sur la matière, qu'elle n'était qu'ajournée. La proposition de M. Grote fut rejetée à une majorité de 173 voix (317 contre 144). La Chambre adopta, le 16 juillet, une motion tendant à l'admission des dames à ses séances; mais les moyens de mettre cette motion à exécution qui furent ensuite présentés par une commission à la Chambre, n'obtinrent pas son assentiment. Une mesure chère au parti libéral, c'était la réduction du droit de timbre sur les journaux, qu'il considé

rait comme un obstacle à la propagation des lumières parmi les classes peu aisées de la population. Une motion avant été faite le 21 août pour l'abolition de cette taxe, par M. Bulwer, l'un des représentans de Londres, le chancelier de l'échiquier déclara que cette motion était juste en principe, qu'il ne s'opposait en ce moment à son adoption qu'en raison de l'état des finances, et que dès qu'il y aurait un excédant de revenus disponible, il s'occuperait de réduire la taxe sur les journaux. Satisfait de cette déclaration, qui lui parut un engagement pour la session prochaine, M. Bulwer retira sa motion.

L'état des finances avait été mis sous les yeux de la Chambre le 14 août, par la présentation du budget. Le chancelier de l'échiquier, après avoir rappelé toutes les diminutions déjà opérées dans les taxes et les dépenses, avait énuméré plusieurs charges temporaires, pour la présente année, qui n'augmentaient pas le budget de moins de 436,000 1. C'étaient ces dépenses extraordinaires qui avaient empêché le gouvernement de pousser plus loin ses projets de réduction des taxes.

Le chancelier de l'échiquier évaluait les revenus de l'année 1835-1836 à 45,550,000 l., et la dépense à 44,715,000. Dans cette évaluation, les douanes, qui avaient produit l'année précédente 19,182,000 l., étaient portées pour 20,000,000 1.; l'accise, qui avait produit 13,880,000 l., était portée pour 13,270,000l.; le timbre', qui avait produit 6,998,000 1., était porté pour 6,980,000 l.; les taxes, qui avaient produit 4,312,000 l., étaient portées pour 3,600,000l.; la poste, qui avait produit 1,506,000l., était portée pour 1,500,000l.; les recettes diverses, qui avaient produit 206,200 l., étaient portées pour 200,000 l. Ainsi, le total du revenu de l'année précédente avait été de 46,087,000 1., et celui de l'année actuelle était estimé à 45,550,000 l. Les dépenses de cette année, en ce qui touchait la dette publique fondée et non fondée, non compris la portion des intérêts de l'emprunt pour les Indes occidentales qui pourrait venir en accroissement des

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