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717 saient les lords de vouloir évidemment annihiler toutes les mesures de réforme nécessaires, et priaient, en conséquence, les Communes d'insister sur une réforme de la Chambre haute, telle qu'elle pût devenir une branche utile de la législature. A l'occasion d'une pétition de cette nature, M. Roebuck avait annoncé, le 2 septembre, son intention de proposer, dès les premiers jours de la session prochaine, un bill qui enleverait à la Chambre des lords le veto qu'elle possédait en matière de législation, et ne lui donnerait plus qu'un pouvoir suspensif, de telle sorte qu'un bill adopté deux fois dans la même session par la Chambre des communes, après avoir été rejeté par les lords, et revêtu de la sanction royale, deviendrait loi du pays. M. Ripon avait annoncé aussi l'intention d'introduire un bill qui éloignerait les archevêques et les évêques de la Chambre des lords; et M. Hume de demander la nomination d'une commission spéciale chargée de s'enquérir du nombre des pairs du parlement, de leurs droits et priviléges comme tels, de la constitution de la Chambre des pairs, de ses prérogatives et immunités; d'examiner jusqu'à quel point cette Chambre avait rempli la mission importante d'un corps législatif, et de faire un rapport sur la manière dont les conférences et les communications avaient lieu entre les deux Chambres.

« Je dois dire, avait ajouté M. Hume, que j'ai toujours regardé la distinction établie par la Chambre des lords en pareille occasion, comme trèsdégradante pour la Chambre des communes. Lorsqu'une conférence a lieu, les membres de la Chambre des communes sont obligés de se tenir debout et chapeau bas, tandis que les lords sont assis et couverts. Et tout ce qu'on fait dans cet humiliante circonstance se borne à échanger deux morceaux de papier. Ce n'est, en fait, qu'une complète moquerie, de même que tout ce qui a rapport à l'autre Chambre. Il est évident maintenant que nous n'aurons aucune réforme d'aucun genre avec le concours des lords. Mais, une chose certaine, c'est que quand un corps irresponsable se met en opposition avec la masse de la communauté, il convient que ce corps soit réformé. Cette réforme, le pays voudrait l'obtenir; toutefois le peuple anglais, en appelant la réforme des abus qui sont liés à l'existence de la Chambre des lords, dans sa double qualité de pouvoir judiciaire et législatif, ne désire pas l'abolition de cette Chambre. Je n'ai entendu exprimer un tel désir par aucun de mes concitoyens. Tout ce dont ils ont besoin, c'est que la Chambre haute devienne un convenable instrument de législation. >>>

De la Chambre des communes, ces attaques contre la

Chambre des lords descendirent dans la rue et furent promenées à travers différentes villes du nord de l'Angleterre et d'Écosse, par M. O' Connell, qui, aussitôt après la clôture de la session, se mit à remplir ce qu'il appelait sa mission de propager ces nouvelles doctrines. Il reçut des diners et prononça des discours devant la foule assemblée, à Manchester, à Newcastle, à Édimbourg, à Glasgow, où partout il fut accueilli avec le plus grand enthousiasme par les classes ouvrières. Ce ne fut pas un spectacle médiocrement remarquable que de voir le représentant du catholicisme irlandais applaudi et fêté jusque par la population presbytérienne d'Edimbourg, et dans la ville de John Knox. Voici quelques passages de la harangue adressée par le missionnaire de la démocratie au peuple de Manchester :

« Nous arrivons à une crise; sir Robert Peel s'est placé d'un côté comme défenseur de l'aristocratie. Double honte pour lui! Son père était un respectable industriel et travaillait dans une fabrique de coton; il fit une noble fortune par une honorable industrie, une des plus belles choses que ce pays puisse produire; il fit cette fortune au moyen du crédit et de l'intégrité, et s'appliqua ensuite à rendre heureux tous ceux qui l'entouraient. Il fit en réalité honneur à l'Angleterre. N'est-ce pas une honte pour le fils d'un tel homme, pour celui qui s'appelle maintenant sir Robert Peel, d'oublier le peuple? I se range du côté de l'aristocratie! Si je me compare à lui comme homme d'état, je suis de bien peu d'importance. Je suis l'avocat du parti opposé, je suis pour le peuple, et je travaille à établir le bon gouvernement, à diminuer les charges, à introduire dans l'administration une économie aussi sévère que celle avec laquelle un avare veille à la conservation de son bien. Un gouvernement doit être parcimonieux, car c'est le bien des pauvres, après tout, qu'il dépense; un gouvernement à bon marché est nécessaire pour les pauvres, un bon gouvernement est doublement nécessaire pour les pauvres; car si nous avions un bon gouvernement, la propriété foncière serait seule taxée en masse, et les articles que les classes laborienses consomment, seraient totalement exempts de taxes, comme cela doit être. Je ne serai jamais satisfait tant qu'il restera un seul farthing d'impôt sur la drèche, là bière ou tout autre article qui est un objet de consommation pour le peuple. (Applaudissemens.)

» J'en dis autant de la taxe sur le pain. Tous les biens que je possède sont en terre; on dit que la taxe sur les grains est utile aux propriétaires d'Irlande : je ne m'en inquiète pas le moins du monde. Il est injuste d'empêcher que le pain ne soit à meilleur marché qu'il n'est; il est injuste d'empêcher une pauvre mère d'acheter un pain à deux pence meilleur marché pour ses enfans affamés. Je suis donc l'ennemi décidé des taxes sur les grains.

>> Je vais plus loin; je pense que vous n'aurez jamais un bon gouvernement, tant que la durée du parlement ne sera pas réduite. Si vous donnez à un homme une location pour sept ans, il négligera son travail pendant les quatre ou cinq premières années, dans l'espoir d'avoir une remise pour les deux ou trois dernières; il sera un malhonnête homme au début, et il promettra d'être honnête à la fin; mais, comme tant d'autres pénitens tardifs, le diable peut

l'emporter à l'improviste. (Rires.) Je veux qu'on rende promptement ses comptes. Je suis prêt à me présenter devant mes commettans, une fois tous les six mois, s'ils le désirent. Comme l'ancienne loi voulait que les parlemens ne fussent que de trois ans, je ne serai satisfait que lorsque nous en serons revenus à ce projet.

» Vous connaîtrez alors le visage de vos représentans, comme la chose est juste; mais sont-ce vos représentans? La masse des classes laborieuses a besoin de protection, car elle n'a pas de représentans. Rien n'est plus absurde que de donner des droits électoraux uniquement à ceux qui paient un certain taux de loyer je suis pour le vote universel. (Applaudissemens.) Il n'est pas convenable qu'une maison constitue un vote. Il n'y a pas un homme parmi vous qui ne soit tenu à servir dans la milice, et, en conséquence chacun devrait avoir un représentant qui pût empêcher les convocations déplacées ou trop fréquentes de la milice. A ce propos, je vous citerai une histoire racontée par Franklin: Nul ne pouvait voter sans posséder cinq livres sterling. L'homme dont parle Franklin avait quatre livres en argent et un âne qui valait une livre. Il vota deux ou trois fois; mais immédiatement avant une élection, l'âne mourut, et le vote de l'homme fut rejeté. L'employé qui présidait à l'élection lui dit : « Vous ne pouvez voter; l'âne faisait partie » de votre cens, et il est mort. Ainsi donc, reprit l'homme, c'était l'âne » qui votait en définitive. Si j'avais su cela, je l'aurais apporté aux hustings, » et il aurait voté mort ou vif. » Dans notre pays, quoique l'âne ne fasse pas partie d'un vote, il y en a beaucoup qui pensent que les ânes ont eu voix délibérative à la Chambre des lords, et probablement vous penserez avec franchise que l'âne y a toujours droit de voter.

» Pardessus tout, mes amis je suis décidément pour le scrutin secret. Alors un homme peut voter pour celui qu'il préfère; personne ne pénètre le secret du vote; il n'y aura plus de corruption, car si un homme est assez misérable pour se vendre, il sera assez de mauvaise foi pour ne pas gagner son argent. Je crains de vous retenir trop long-temps; mais comme je suis avocat du peuple contre Peel et compagnie, je pense devoir vous montrer d'abord un côté de leur marché. Que veulent les lords? Engraisser leurs fils, beaux-fils, cousins, neveux, aux dépens de la bourse publique, et, au lieu de leur assurer un revenu, leur distribuer une portion des fonds de l'état.

» C'est là ce qui a précipité l'Angleterre dans sa dette. Peel est pour ce système. Le peuple d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande, l'a déjà condamné une fois et le condamnera encore s'il s'expose à son jugement. Il parle du principe aristocratique de la constitution: ce principe existe certainement; mais quel bien vous en revient-il? Les lords ont eu la direction du parlement pendant cent quarante ans depuis la révolution : qu'ont-ils fait pour le peuple d'Angleterre? Ils ont accumulé l'énorme fardeau de notre dette; ils ont créé toutes les taxes. De quelle utilité ont été les guerres de Hanovre? Elles ont ajouté 200 millions sterling à la dette. En quoi importait-il au peuple anglais de triompher de la résistance des Américains? En rien; mais cela nous a valu un surcroît de dette de 200 millions. Quel intérêt avait le peuple dans la lutte contre la France? Aucun; mais nouvel accroissement de 600 millions dans la dette nationale. Cette dette est le legs que nous ont fait les lords. Nous devons des impôts presque innombrables à ces hommes qui gouvernaient à leur gré la Chambre des communes avant le bill de réforme.

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» J'ai parlé long-temps et de beaucoup de choses, mais faut-il que je vous exprime le principal motif qui me dirige? C'est d'obtenir que l'Angleterre se joigne à moi pour mettre un terme aux scènes de Wallscourt, de Rathcormac et de Rathangan, et enfin au système qui force une partie du peuple à payer pour la religion d'un autre. Si quelqu'un vient vous dire : « J'ai un procès », (chose bien folle pour un homme s'il peut faire autrement), vous répondez: « Très-bien! que m'importe ? —Oh! réplique votre interlocuteur, je veux employer un légiste, et vous le paierez, » Celui qui tiendrait un pareil dis

cours exciterait le rire et la moquerie. Lorsqu'un malade demande un médecin, il ne charge pas son voisin, qui se porte bien, de payer pour lui. Pourquoi donc paierais-je pour des docteurs spirituels dont je n'ai que faire ? Le vrai principe est: Payez pour tout ce dont vous avez besoin, et que les autres en fassent autant. On dit qu'en Angleterre le sens commun prédomine, et c'est là un principe puisé dans le sens commun.

» Il en est un autre qui peut s'appliquer aux lords. Quel titre ont-ils à faire des lois pour nous? Ils en ont deux : la loi actuelle et la constitution. Mais la loi et la constitution ont déjà été changées, pourquoi ne le seraientelles pas encore? Ce n'est donc pas un argument. Que sont les lords? Des législateurs héréditaires. Attendu que le père était regardé comme un bon législateur, le fils doit être aussi tenu pour tel; c'est comme si un homme voulant vous faire un habit, répondait à la question: «Etes-vous tailleur ? — Non, mais mon père l'était. » Est-il un seul d'entre vous qui voulût employer un tailleur héréditaire de cette espèce? Ce principe du sens commun touchant les lords deviendra populaire. Législateurs ou tailleurs héréditaires, nous ne voulons pas de pareilles gens. Et qui rend ce principe populaire? Les lords eux-mêmes, qui se montrent les pires des tailleurs. Ils ont essayé de gâter le bill de réforme des corporations. Nous autres des communes, nous y avons mis d'aussi bons ingrédiens que nous avons pu; mais eux, comme des enfans affamés, ils ont craché au plat pour en dégoûter les autres. Nous, nous avons purifié la liqueur de nouveau, et nous lui avons donné toutes les qualités qu'il nous a été possible de lui donner. Nous espérons que ce sera une boisson salutaire, et l'année prochaine nous essaierons d'étancher leur soif avec une plus grande dose.

Cette croisade de M. O'Connell contre la Chambre des lords fut suivie de quelques nouveaux échecs électoraux pour le ministère, qui vit, à Devizes et dans le comté de Northampton, deux tories succéder à deux membres ministériels dont le siége était devenu vacant par suite de décès. Aussi les whigs jugèrent-ils nécessaire de dénier toute participation de leur part aux vues et aux opinions qui venaient d'être prêchées par le grand agitateur irlandais. Lord John Russell, ayant été invité à un diner public, saisit cette occasion d'annoncer que lui et ses collègues étaient absolument opposés à des changemens organiques dans la constitution.

Le ministère fut plus heureux dans les élections qui eurent lieu vers la fin de l'année, en vertu du dernier bill sur les corporations municipales. Déjà de nouvelles intrigues étaient tramées pour renverser l'administration actuelle, et les tories ne dissimulaient pas leurs espérances de voir rentrer prochainement leurs chefs au pouvoir. Mais le résultat des élections municipales vint raffermir le cabinet menacé. Ce résultat fut une victoire éclatante et complète. Les villes

même qui avaient envoyé des tories au parlement, et où l'influence de ce parti avait toujours été prépondérante, renouvelèrent leurs conseils municipaux dans un sens favorable aux amis de la cause du progrès. Ce succès venait à propos pour permettre au ministère de se maintenir, malgré l'hostilité déclarée des lords, l'antipathie de la cour et la faiblesse de sa majorité dans la Chambre des communes. Les vieilles corporations municipales avaient vivement et efficacement appuyé les tories dans les élections du mois de janvier; en cas d'une nouvelle dissolution de la Chambre des communes, cet appui serait maintenant acquis aux réformateurs.

La colonie anglaise du cap de Bonne-Espérance s'est vue exposée, cette année, à de graves dangers par suite d'une irruption inattendue des Cafres du côté de la frontière orien=tale. Le motif de cette invasion n'a pas été nettement expliqué. Les chefs des Cafres se plaignaient d'avoir été injustement dépouillés de leur propriété, et l'on a dit qu'une patrouille envoyée pour reprendre quelque bétail qui avait été volé ou qui s'était égaré en passant la frontière, n'ayant pu trouver l'objet de ses recherches, avait emmené à sa place un certain nombre de têtes de bétail appartenant aux Cafres. Peu après cette expédition, vers la fin de décembre 1834, les Cafres prirent leur revanche en envahissant la colonie. Ils franchirent la frontière sur différens points à la fois ; ils n'étaient pas moins de 30,000, suivant les uns, tandis que d'autres n'en comptaient pas plus de 10,000: une faible portion d'entre eux avait des armes et des munitions; mais ils pouvaient faire beaucoup de mal, en raison de la rareté et de la dissémination de la population dans le district qu'ils avaient attaqué, et qui s'étend depuis la grande rivière des Poissons (Great fish River) jusqu'à Grahamstown. Ils se répandirent dans cette contrée, brûlèrent les moissons, enlevèrent les troupeaux et tuèrent les fermiers qui tombèrent en leur pouvoir. Il est cependant remarquable qu'ils avaient laissé une trentaine de missionnaires résidant sur leur territoire, se Ann. hist. pour 1835.

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