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ficacité. En résumé, le comité était d'avis que le temps n'était pas encore arrivé pour le Congrès d'être appelé à examiner la question vraiment sérieuse de savoir s'il avait à prendre une décision par laquelle il assumeraît sur lui le redressement des griefs contre la France; qu'il fallait éviter tout récours à la guerre ou à des mesures tendant à l'amener qu'il fallait plutôt attendre le résultat des efforts qué ferait sans aucun doute le roi des Français pour assurer la pleiné et entière exécution du traité.

Un projet de résolution conforme à ce rapport, et portant qu'il ne convenait pas d'investir en ce moment le président des pouvoirs qu'il avait demandés, fut discuté par le sénat dans la séance du 14 janvier. M. Clay présenta de nombreuses considérations en faveur du projet. M. King, après avoir rendu un éclatant témoignage à la franchise et à la modération du rapport, proposa d'amender le projet en fixant un délai au sénat pour agir à l'époque où des nouvelles ultérieures de Francé áuraient pu être reçues. Cet amendement ayant été combattu par M. Clay, M. Webster suggéra une formule qui, en définitive, fut adoptée à l'unanimité elle déclarait qu'il était inopportun, dans les circonstances présentes, de prendre aucune mesure lé gislative touchant les relations entre la France et les ÉtatsUnis. C'était aller encore plus loin que la rédaction primitive de M. Clay, qui consistait seulement à écarter les propositions du président.

La majorité du comité des relations extérieures, dans la Chambre des représentans, était également contraire à la demande du président; mais pour ne pas condamner la précipitation du général Jackson, à l'exemple du sénat, elle résolut de ne faire provisoirement aucun rapport, de laisser tomber l'affaire, sans manifester publiquement, sans consigner dans aucun acte officiel qu'elle différait d'opinion avec le pouvoir exécutif sur une question qui l'intéressait personnellement.

Cependant une tentative fut faite pour amener la Chambre à s'expliquer un membre proposa sur la partie du message qui se rapportait aux relations des États-Unis avec la France, une série de résolutions tendant à déclarer qu'il n'était pas expédient, d'après les circonstances existantes, d'adopter aucune mesure législative au sujet des 25 millions. Ces résolutions, combattues par les amis de l'administration, furent laissées sur le bureau, à la majorité de 109 voix contre 103; c'est-à-dire, en d'autres termes, qu'on passa à l'ordre du jour.

Malgré ce vote, dont il résultait clairement que la Chambre voulait s'abstenir, M. Adams remit l'affaire sur le tapis, en demandant que le président fût invité à communiquer au Congrès, touchant les relations des États-Unis avec la France, des documens plus récens que la correspondance qui lui avait déjà été soumise, et pour autant qu'ils pourraient être produits sans préjudicier aux intérêts publics. En réponse à cette motion, qui avait été adoptée par la Chambre, le président envoya le 7 février au Congrès différens extraits des dépêches de M. Livingston, ministre des États-Unis à Paris. On voyait, par l'un de ces extraits, que le roi des Français avait, dans un entretien avec M. Livingston, donné à ce dernier sa parole d'honneur, non seulement comme roi, mais comme homme, qu'il ferait tout en son pouvoir, et qu'il mettrait en œuvre toute son influence pour obtenir la prompte exécution du traité d'indemnité. Dans une autre lettre du 22 novembre 1834, l'agent américain s'exprimait ainsi :

« Je n'espère pas de décision sur nos affaires avant le milieu de janvier. Un des motifs de délai est l'attente du message du président, qui doit arriver avant la discussion et dont quelques passages peuvent contenir la vive expression des sentimens nationaux sur ce sujet. Ceci n'est pas simplement une conjecture, je sais que c'est un fait, et, quoique je l'aie déjà dit plus d'une fois dans mes dépêches précédentes, je le répète encore maintenant d'après ma parfaite connaissance de toute l'affaire le ton de modération dont s'est servi notre gouvernement, après le rejet de la loi, a été attribué par quelques personnes à l'indifférence ou à la conviction du président qu'il ne serait pas soutenu par le peuple dans l'adoption d'aucune mesure vigoureuse, tandis que

d'autres y ont vu l'aveu tacite que le traité nous accordait plus que nous n'avions le droit de demander. »

M. Livingston revenait encore dans la même lettre sur cette idée, que du ton du message dépendraient en grande partie et le paiement de l'indemnité et même la réputation d'énergie de la nation, ajoutant qu'il n'avait pas de doute que ce document ne fût rédigé de manière à assurer à l'Amérique ces deux importans objets.

Après la lecture de la correspondance et du message d'envoi, M. Adams proposa que ces documens fussent renvoyés au comité des relations extérieures, avec injonction de faire son rapport immédiatement.

« Il est du devoir de la Chambre, disait M. Adams à l'appui de sa proposition, d'agir sans plus de délai; il importe à l'honneur et à la dignité de la nation que les recommandations faites par le président des États-Unis dans son message annuel, soient appuyées par un vote unanime.

» La France, j'en suis convaincu, n'a pas l'intention d'accomplir le traité du 4 juillet 1831; la guerre doit être la conséquence immédiate de son refus, et il faut que le peuple américain sache que ses droits seront défendus. La France doit donc apprendre quelles sont nos intentions; de plus longs délais de la part de la Chambre ne conviendraient qu'à une assemblée sans énergie et pusillanime, et non pas à un peuple plein de fermeté et de courage. La Chambre doit au président d'agir maintenant; que la France sache que la nation américaine est unie dans la ferme résolution de défendre son honneur et de faire triompher ses droits. »

L'orateur disait enfin de cette partie du message du président qui traitait de la question française, que, bien qu'elle pût exposer celui qui l'avait conçue à un reproche d'imprudence, elle resterait néanmoins comme un monument de son patriotisme.

Ce discours produisit une vive impression; toutefois la Chambre, préférant rester libre de tout engagement, renvoya le message et les documens au comité, sans lui enjoindre de présenter son rapport immédiatement.

Telles furent cependant la surprise et l'inquiétude que causèrent dans tout le commerce les paroles de M. Adams, qu'il crut devoir donner à deux reprises différentes des explications sur leur véritable sens. Il était, suivant lui, du devoir du comité des relations extérieures d'agir de quelque

manière que ce fût sur les importans objets soumis à son examen; c'est là ce qui l'avait engagé à introduire dans sa proposition le mot immédiatément. Il n'avait pas dit, ou du moins il n'avait pas voulu dire, qu'il fût prêt à appuyer les recommandations du président, ni même aucune résolution de la Chambre ou du comité dont l'effet serait d'amener la guerre; ce qu'il avait voulu dire, c'est que la Chambre devait délibérer et en venir à une décision sans perdre de temps. Revenant une seconde fois sur les alarmes que sa proposition avait fait naître, M. Adams s'attacha de nouveau à démontrer qu'elles étaient mal fondées, et termina ainsi :

« En résumé, je désire faire savoir à tous les négocians des États-Unis, qu'il n'y a, dans les mesures prises par les deux Chambres, aucun danger à concevoir sur une guerre avec la France. J'avance ce fait sur ma responsabilité envers la nation ; j'espère qu'il tranquillisera les esprits alarmés à ce sujet, et que les marchands de soieries, dentelles, rubans, et autres articles si recherchés par le beau sexe, vont maintenant réduire leurs prix; car que Dieu me préserve d'être la cause d'une surtaxe sur des objets que les dames regardent comme l'ornement de leur beauté naturelle ! »

Bientôt après (19 février) arriva la nouvelle du rappel de M. Serrurier, ministre de France aux États-Unis. Dans le premier moment, cette nouvelle excita une vive sensation et affecta gravement le cours des marchandises.

Il s'en fallait de beaucoup, comme on vient de le voir, que toute la nation américaine partageât les passions que le général Jackson avait déchaînées contre la France. Voici maintenant un fait qui fera juger de certains partisans du général : au moment où les officiers du brick le d'Assas, qui apportait les dépêches du gouvernement français, débarquaient à New-York (22 février), il furent hués et insultés; mais tous les hommes respectables, de quelque parti qu'ils fussent, s'empressèrent de désavouer ces insolences, et dès le lendemain les principales autorités réparèrent par les attentions les plus bienveillantes les vociférations qui avaient accueilli la veille les' officiers du d'Assas, et auxquelles ils n'avaient opposé que le mépris qu'elles méritaient. Rien ne fut négligé pour convaincre les officiers français que

le véritable peuple de New-York avait vu avec dégoût et indignation ces brutalités de la populace.

Le 25 février, le président adressa au congrès un nouveau message accompagné d'une copie de la correspondance entre M. Livingston et M. Forsyth, secrétaire d'état de l'Union pour les affaires étrangères, M. Livingston et le comte de Rigny, ministre des affaires étrangères de France, M. Forsyth et M. Serrurier, à l'occasion du message du 1er décembre et des mesures que le gouvernement français avait cru devoir prendre après la réception de ce dernier document. M. Livingston, qui avait évidemment inspiré au général Jackson le langage menaçant du message du 1er décembre, ne dissimulait pas, dans une lettre du 11 janvier adressée à M. Forsyth, que la première impression produite par ce message n'avait pas été de nature à faciliter l'acceptation du traité; mais il exprimait en même temps l'opinion que plus tard les paroles du président agiraient d'une manière favorable sur les délibérations des Chambres. Il avait d'ailleurs désavoué les intentions hostiles qu'on prêtait au message. Une note de M. de Rigny à M. Livingston, en date du 13 janvier,' développait les raisons qui auraient dû empêcher le pouvoir exécutif des États-Unis de proposer au Congrès aucune mesure de représailles, dans la crainte d'un second refus de l'allocation par la Chambre des députés. Le gouvernement français s'étant engagé à présenter de nouveau le projet de loi aux Chambres, le général Jackson aurait pu attendre le résultat de la discussion. Quelque grandes que fussent les difficultés qu'avaient fait surgir les provocations du général, M. de Rigny allait demander aux Chambres l'allocation des 25 millions. Cependant le roi avait jugé qu'il ne devait pas laisser son ministre aux États-Unis exposé à entendre un langage si offensant pour la France. M. de Rigny finissait par mettre à la disposition de M. Livingston les passeports qu'il pourrait désirer. Dans une autre lettre, M. Livingston expliquait pourquoi il n'avait pas quitté la France après

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