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CHRONIQUE

POUR 1835.

JANVIER.

4. Laon. Tour de force. — On écrit de cette ville: Un jeune homme de Verly (Aisne), âgé de dix-huit ans, d'une taille de cinq pieds huit pouces et bien proportionné, avait l'habitude de divertir ses camarades par ses tours de force. Il y a environ quinze jours, occupé dans une grange à faire du cidre, il gage avec quelques jeunes gens de son âge qu'il enlevera avec les dents seules, et sans y porter les les mains, un tonneau de cidre qui se trouvait là, contenant au moins 180 litres. On convient du prix de la gageure. Aussitôt le tonneau est environné, dans tous les sens, d'une corde solide, dont on réunit les nœuds an dessus de la bonde. Notre jeune homme hésite d'abord; mais hué par ses camarades, il s'indigne et saisit avec les dents la corde ainsi disposée, emporte d'un seul trait, hors de la grange et jusqu'à l'extrémité d'une cour assez grande, le tonneau suspendu. On crie victoire de tous côtés; mais, à peine a-t-il déposé son fardeau, qu'il lui est impossible de fermer la bouche et de proférer une seule parole. Il tombe évanoui et sans connaissance, on le transporte chez ses parens, où il meurt six jours après, sans avoir pu recouvrer ses sens un seul instant.

10. Paris. Cour d'assises. Affaire du journal la Tribune. Ce journal contenait dans son numéro du 26 septembre dernier, parmi divers extraits

des journaux anglais, un article ainsi

concu :

« Le Sun, dans un article apologétique de la dernière circulaire de M. Duchâtel, renferme contre LouisPhilippe une accusation qu'on ne se permettrait pas en France, sans affronter les rigueurs des lois sur la presse; on y lit : « Le pays est évidemment à la merci des agioteurs. Le roi est un agioteur royal, plus désireux de remplir sa bourse que de conserver et d'étendre la liberté de son peuple.» Nous ne pouvons nous défendre d'une question et d'une réflexion; les voici : Est-ce par hasard que le ministre aurait quêté la louange au détriment du maître? Si le journaliste a parlé de lui-même, il faut avouer qu'on jouit en Angleterre d'une liberté de penser qu'on aurait bien le droit d'avoir d'ailleurs. Assurément M. Persil ne provoquera point contre le Sun les ordres qu'il aurait intimés contre nous. Et pourtant nous ne comprenons guère qu'il soit plus agréable à un roi d'être injurié par un étranger que par un citoyen. On a dit qu'il fallait laver son linge sale en famille, et les attaques étrangères portent un degré de gravité de plus : la dignité nationale en reçoit toujours une sorte d'éclaboussure. Mais nos hommes d'état ne s'inquiètent guère de cela. »

C'est à raison de cet article que M. Bichat, gérant de la Tribune, comparaissait aujourd'hui devant la cour d'assises.

M. Partarrieu-Lafosse, avocat-génė

ral, a fait ressortir ce que l'article contient d'offensant pour la personne du roi.

Me Moulin a fondé sa défense sur ce que les trois lignes incriminées sont littéralement traduites d'un journal étranger. Ce moyen n'a pas été admis par le jury.

Déclaré coupable d'offense envers la personne du roi, M. Bichat a été condamné à six mois de prison et 2,000 fr. d'amende.

12. Laon. Les chiens contrebandiers, On écrit de cette ville: Le principal siége.du commerce de contrebande par terre est notre frontière du nord; les dépôts en sont nombreux à Dunkerque, Lille, Valenciennes, Cambrai, Saint-Quentin, Ypres, Tour nay, Menin, Mons, Chimay, et dans plusieurs départemens voisins. Il y a trois lignes de douanes sur la frontière de terre. De tous les moyens employés pour Pintroduction des marchandises prohibées, en général les chiens sont le plus commun et celui qui a le plus de succès, surtout depuis l'abandon de la contrebande à cheval. La première tentative en fut faite aux environs de Valenciennes, d'où cette pratique se répandit sur tonte la frontière du nord. Les chiens transportent quelquefois dix et jusqu'à douze kilogrammes. On a estimé que généralement on tue un chien sur 60 à 75, et encore faut-il que quelque révélation ait donné l'éveil aux employés du fisc.

Les chiens que l'on dresse à ce manége sont conduits par meutes en Belgique; on les prive de nourriture pendant plusieurs heures, on les bat ensuite, on les charge, et à l'entrée de la nuit on les lâche pour la traversée. Ces animaux courent aussitôt vers la maison de leur maître, que l'on choisit généralement à deux ou trois lieues de la frontiere, et où ils sont assurés d'être bien traités et abondamment repus. Il en résulte des dommages pour l'agriculture, les chiens prenant toujours la route la plus directe à travers champs et étant de haute taille pour la plupart. Le gouvernement alloue, pour ruiner ce mode de contrebande, 3 fr. par tête de chien fraudeur; mais cet expédient

paraît avoir été insuffisant, bien que l'on ait détruit ainsi 40,000 chiens, et que l'on ait dépensé pour leur destruction 120,000 fr., de 1820 à 1830.

20. Paris. Statistique. — D'après Annuaire du Bureau des longitudes, qui vient de paraître, la population de Paris a mangé, en 1833, 69,974 bœufs, 526 de plus qu'en 1832; 45,684 vaches, 66,949 veaux, 6,742 de plus; 331,654 moutons, 25,324 de plus; 81,534 porcs et sangliers, 14,293 de plus; 181,488 kilogr. de pâtés, terrines, écrevisses, 125,018 kilogr. de plus; 559,780 kilogr. de charcuterie, 66,960 kilogr. de plus; 1 million 10,248 kilogr. d'abats et issues, 65,623 kilogr. de plus; 4 million 27,552 kilo. de fromages secs, 4,120 kilogr. de plus qu'en 1832.

Ce n'est pas tout nous avons consommé, en 1833, pour 3 millions 906,214 f. de marée, c'est 324,388 f. de plus; pour 987,174 f. d'huîtres, c'est 255,584 fr. de plus; pour 515,219 fr. de poisson d'eau douce, c'est 115,252 fr. de plus; pour 6 millions 974,222 f. de volailles et gibier, c'est 313,632 f. de plus; pour 9 millions 950,245 f. de beurre, c'est 753,941 fr. de plus; et enfin pour 4 millions 272,333 fr. d'enfs, c'est 218,374 f. de plus qu'en 1832.

Les chevaux ont mangé 7 millions 442,674 bottes de foin, 42 millions 150,284 de paille, et 924,778 hectolitres d'avoine; c'est beaucoup plus que l'année précédente.

La consommation réelle de Paris en grains et farines, est évaluée à 1,500 sacs par jour en temps ordinaire.

Il est né en 1833, 27,460 enfans, dont 13,927 garçons et 13,533 filles; c'est 1,177 enfans de plus qu'en 1832, année du choléra; mais en 1834 il y a eu 2,070 paissances de plus qu'en 4833.

Le nombre des enfans naturels, pour cette dernière année, est de 9,347, et il s'est fait 7,938 mariages, 1,174 de plus que l'année précédente.

On compte 25,896 décès, tandis qu'en 1832, année du choléra, il y en a eu 44,463, et en 1831, 25,996. II est donc bien constant que le choléra n'a pas enlevé plus de 18 à 19,000 personnes.

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Enfin les naissances, en 1833, l'emportent sur les décès de 2,364.

23. Londres. Les premiers ministres de Grande-Bretagne. - Un journal anglais publie la liste suivante, qui comprend tous les premiers ministres depuis le règne de George III jusqu'à ce jour :

Le comte de Bute, le 29 mai 1762; M. Grenville, le 16 avril 1763; le marquis de Buckingham, le 12 juillet 1765; le duc de Grafton, le 2 août 1766; lord North, le 28 janvier 1770; le marquis de Rockingham, le 30 mars 1782; lord Selborne, le 13 juillet 1782; le duc de Portland, le 5 avril 1783; M. Pitt, le 27 décembre 1783; M. Ad dington (aujourd'hui lord Sidmouth), le 17 mars 1804 M. Pitt, le 12 mai 1804; lord Grenville, le 8 janvier 1806; le duc de Portland, le 13 mars 1807; M. Perceval, le 23 juin 4840; lord «Liverpool, le 8 juin 1812; M. Canning, le 14 avril 1827; lord Goderich, le 10 août 1827; le duc de Wellington, le 44 janvier 1828; le comte Grey, le 22 novembre 1830; lord Melbourne, juin 1834; sir Robert Peel, décembre 1834. On voit par cette énumération, dit ce journal, que les tories ont présidé aux destinées de ce pays pendant soixante-quatre ans, après l'avènement de Georges III, tandis que le parti whig ou libéral n'est resté aux affaires que pendant le court espace de neuf années.

24. Paris. Théâtre Italien. Are représentation de : I PURITANI E I CAVALIERI, opera seria en deux actes, paroles de M. le comte Pepoli, musique de M. Bellini. Il ne s'agit point ici de ces partis politiques que la baguette magique de Walter Scott a ressuscités pour nous, mais bien des puritains et des cavaliers, tels que M. Ancelot les a peints dans un vaudeville à allusions, qui n'a que médiocrement réussi au théâtre de la rue de Chartres, il y a deux ou trois ans. Pour un écrivain distingué, pour un poète élégant comme M. le comte Pepoli, c'était vraiment faire preuve d'abnégation que de s'astreindre à arranger un vaudeville de si mince qualité pour la scène italienne; c'était se condamner, en outre, à ne nous offrir que des si

tuations ou faibles on usées, comme on pourra en juger par cette annalyse: Lord Talbot, partisan des Stuarts, doit épouser Elvire, fille de lord Walton, du parti du parlement. Il a pour rival sir Richard Forth, attaché aussi au parlement. Au moment de se rendre à la chapelle, une femme se présente à Talbot; c'est la reine Henriette d'Angleterre. Sa retraite est découverte, elle est sur le point d'être arrêtée, et elle apprend à Talbot le danger qui la menace. Talbot n'hésite point; il fait prendre à la reine le voile et le costume de sa fiancée, sort avec elle du château comme pour se rendre à l'église, et ils disparaissent ensemble. A cette nouvelle, Elvire croit son amant infidèle et perd la raison. Au second acte, Elvire continue d'être folle. L'oncle d'Elvire, sir Georges, et Richard Forth, l'amant dédaigné jurent de la venger sur lord Talbot. Celui-ci revient après avoir conduit la reine jusqu'au port où elle s'est embarquée pour la France; mais comme il est proscrit à cause de ses opinions, il s'introduit en secret dans le château où il rencontre Elvire, Elle reconnaît son amant, s'attendrit, pleure, et retrouve un instant sa raison; mais bientôt elle la perd encore et appelle à grands cris son père et son oncle. Lord Talbot est arrêté, et sa mort paraît certaine, lorsque tout à coup on annonce le triomphe de Cromwell et l'amnistie dans laquelle Talbot est compris. La raison d'Elvire se rétablit, et le mariage des deux amans a lieu, Sur ce sujet, que le poète a du moins le mérite d'avoir disposé avec beaucoup d'adresse et de goût pour le travail du compositeur, M. Bellini a fait un grand nombre de morceaux ingénieusement variés, et d'un effet agréable ou touchant, qui ont généralement prouvé que le talent de cet aimable musicien était en voie de progrès. L'auteur de la Straniera, de la Sonnanbula, des Montecchi, n'avait point échappé à une accusation de faiblesse et de vague incertitude, dans son orchestre, de décousu dans ses idées, et d'impuissance dans l'ensemble. On peut dire que ces reproches, dont la plupart étaient fondés, n'atteindront pas les Puritains. Sans rien perdre de son mérite d'expression et

de délicatesse, que tout le monde lui avait reconnu, M. Bellini, cette fois, a gagné du côté de la force et de l'étendue son instrumentation est plus ample et plus soutenue, son style a plus de vigueur et de fermeté; ses idées ont plus d'originalité, se lient et se déduisent plus logiquement. Ce n'est point sans doute une partition que le génie a marquée de sa grande et profonde empreinte; mais c'est l'œuvre d'un esprit de choix, d'un talent élevé et gracieux, qui devait obtenir et a obtenu un succès d'autant plus brillant et complet, que la masse du public la saisissait d'ellemême et la comprenait plus rapide

ment.

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25. Altdorf (Suisse). Procès pour mauvaises mœurs. Le landrath (conseil du pays) du canton d'Ury a été saisi d'une cause assez curieuse. Une jeune fille accusée pour la seconde fois à raison de sa conduite immorale, a été condamnée à l'exposition près de la porte de l'église d'Altford, chef-lieu du canton. Cette peine a reçu son exécution le 25 janvier. La pénitente portait une couronne de paille sur sa tête, une poignée de verges dans la main, et elle était assistée d'un archer. Une foule considérable entourait cette malheureuse, qui tremblait de froid.

26. Paris. Statistique électorale des conseils généraux. D'après un relevé qui a été fait sur la liste des membres des conseils généraux de département élus en exécution de la loi du 22 juillet 1833, il y a parmi les 2,405 membres dont ces conseils sont composés, dans 85 départemens (celui de la Seine excepté):

764 membres des anciens conseils généraux, 383 membres des anciens arrondissemens, 2 ministres, 1 maréchal de France, 3 ambassadeurs, 44 pairs de France, 198 députés, 57 présidens ou conseillers de cours royales, 106 présidens ou juges de tribunaux de première instance, 68 membres du ministère public près les cours et tribunaux, 167 juges de paix ou suppléans de juges de paix, 161 avocats et avoués, 187 notaires, 59 officiers-généraux,supérieurs et autres

de l'armée, 780 maires, 47 adjoints, 59 fonctionnaires ou employés non compris dans les classes désignées cidessus, 50 anciens députés, 246 anciens fonctionnaires ou emploės, 165 négocians, 110 manufacturiers, 86 médecins ou chirurgiens, 334 propriétaires sans autre qualification.

La totalité des électeurs inscrits pour élire les conseillers généraux de département et les conseillers d'arrondissement est de 210,213.

Les votes exprimés se sont élevés à 141,732.

27. Sheffield (Angleterre). Emeute et destruction de l'école de médecine de cette ville. - De graves désordres, qui ont fini par la destruction complète de l'école de médecine, située dans Eyre-Street Sheffield, ont éclaté dans les journées d'hier et d'avant-hier. Voici comment cette malheureuse affaire a commencé : une querelle étant survenue entre une femme du peuple et son mari, tous deux ivres, cette femme, à la suite de mauvais traitemens, s'était mise à crier : A l'assassin! Aussitôt le bruit se répand qu'on a voulu se saisir de la malheureuse pour en faire un sujet d'étude d'anatomie; et le nom de Burke, nom exécré, vole de bouche en bouche. Bientôt la populace accourt aux cris de la prétendue victime. La scène se passait devant les portes de l'amphithéâtre, les portes sont enfoncées; mais l'arrivée des constables dissipe ce rassemblement, et la nuit se passe tranquillement. Le lendemain matin de bonne heure, une foule compacte, composée en grande partie de jeunes garçons, assiégeaient les portes de l'école. Ayant pénétré dans l'intérieur, la foule procéda à l'œuvre de la destruction, on vit voler par les fenêtres le mobilier, les livres, etc. On commença par incendier ces objets, puis le feu fut mis au bâtiment.

La populace empêcha les pompes de jouer; il devint nécessaire d'appeler la force armée sur les lieux. Le 6o dragons étant survenu, fit évacuer la place; mais les groupes s'étant reformés derrière eux, ils furent forcés de revenir et de stationner sous les armes. Au même moment on attaquait Medical-hall, dans Surret-Street; mais les

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Minimum des effets en portefeuille.
Maximum idem.

Escompte des bons du trésor. Recouvrement fait des effets provenant des comptes courans.

Mouvement général des caisses.

Depuis l'an 14, origine du compte d'effets en souffrance, c'est-à-dire pendant une période de 32 ans, la totalité des sommes passées à profits et pertes, pour couvrir les pertes éventuelles du portefeuille, s'élève à 1,973,900 fr., dont 1,805,300 fr. sont le résultat des crises financières des six derniers mois de 1830 et du premier semestre de 1834. Depuis la même époque, et malgré cette perte, qui, au reste, est extrêmement minime, en raison des opérations, chaque action de 1,000 fr. a reçu, au-delà de son intérêt légal de 6 pour cent, une distribution de bénéfice, montant à 959 fr. par action. Les 67,900 actions de la Banque sont aujourd'hui la propriété de 3,876 actionnaires.

La circulation des billets s'est soutenue constamment, pendant l'année dernière, au taux moyen de 240 millions. Sur 336 millions de francs, tant en billets de 1,000 fr. que de 500 fr., émis par la Banque dans les quinze premières années de son existence, il n'en reste aujourd'hui dans la circulation que pour environ 600 mille francs.

Sur 1,208,900,000 fr. de billets émis par la banque depuis son institution,

et commerciale du royaume. La Bourse n'est plus le centre des opérations licites sur les fonds publics; ce n'est plus qu'un trafic pour le succès duquel tout moyen paraît bon à employer. Ce n'est donc point là que nous irons interroger l'état du pays; mais dans le compte que le conseil général de la Banque de France a rendu aujourd'hui de sa gestion pendant l'année qui vient de s'écouler.

Afin de faciliter la comparaison des opérations de l'année derrière et celles de l'année qui l'a précédée, nous mettrons en regard les chiffres qui se rapportent à ces deux époques.

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il en a été retiré et annulé pour 956 millions.

Une opinion assez généralement répandue est qu'un nombre considérable de faux billets mis en circulation à divers intervalles ont échappé à la surveillance de la Banque, et ont été remboursés par elle. Il résulte du compte rendu qui nous occupe, que, depuis 32 ans, le chiffre des billets faux n'a pas dépassé 80,000 fr. et qu'une partie de cette somme a été payée par la Banque, souvent en connaissance de cause, pour suivre à la trace les faussaires et arriver à détruire les élémens de la contre-façon. Quoi qu'il en soit, la Banque est parvenue à produire depuis 1831 des billets qui déjouent tous les moyens qu'offraient aux faussaires les arts de la taille-douce, de la lithographie et du dessin, et les produits chimiques.

30. Le Havre. Progrès de la navigation par la vapeur.—Le commerce et les voyageurs vont bientôt jouir d'un nouveau moyen de communication aussi commode que rapide avec les contrées du nord de l'Europe, par la mise en activité d'un service régulier de paquebots à vapeur entre

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