Sivut kuvina
PDF
ePub

6. Election académique. L'Académie des sciences a procédé aujourd'hui à la nomination d'un membre de la section de médecine et de chirurgie, remplacement de M. Dupuytren. La liste de candidats, formée par la commission, plaçait en première ligne M. Breschet; en seconde ligne, M. Lisfranc en troisième ligne, ex æquo, MM. Samson aîné et Velpeau : 55 votans étaient présens à Î'Académie. Au premier tour de scrutin, M. Breschet a réuni 41 suffrages; M. Civiale, que la commission avait écarté de sa liste, en a obtenu 7; M. Lisfranc, 4; M. Velpeau, 3. En conséquence M. Breschet est élu.

8. Académie royale de Musique. Représentation au bénéfice de Mlle T'aglioni, BREZILIA, ballet en un acte par M. Taglioni, — Comme de coutume, on avait imaginé une espèce de monstre dramatique pour donner de l'attrait à cette représentation: une tête d'opéra comique, un ventre d'opéra, une queue de ballet, autrement dit le premier acte de la Dame blanche, le troisième de Moïse et le bal de Gustave; ajoutez la résurrection du vieux Vestris, sortant vaillamment de sa retraite pour danser le menuet à 77 ans, et enfin une nouvelle composition chorégraphique de M. Taglioni tel est le spectacle qui avait rempli ce soir la vaste salle de l'Opéra, depuis le parterre jusqu'aux combles, et produit 25,000 fr. de recette à la bénéficiaire. Personne assurément n'a regretté son argent, si tout le monde était venu pour Mile Taglioni; car Brezilia nous l'a rendue avec cette plénitude de grâces, cette correction de figures, cette coquetterie naïve, ce pudique abandon, cette suavité d'attitudes, cette timide hardiesse, et surtout cette incomparable légèreté, qui ne cessent pas d'exciter l'enthousiasme du public. Au reste, ce n'était pas trop de tout cela pour faire passer la nouvelle invention de M. Taglioni. Brezilia, ballet en un acte de M.Taglioni, c'est au dessous de rien; mais Mile Taglioni, dansant, voltigeant, folâtrant, pirouettant sous le nom de Brezilia ou sous tout autre, voilà qui charme et qui ravit, sans qu'on s'inquiète à quel propos elle

danse, voltige, folâtre et pirouette.

[ocr errors]

13. Statistique criminelle. résulte des recherches de M. Chevalier, membre de l'Académie de médecine, et de M. Boys de Loury, médecin de Saint-Lazare, et des renseignemens qu'ils ont puisés surtout dans la Gazette des Tribunaux : 1o que dans un espace de sept années, 273 individus ont été accusés du crime d'empoisonnement, dont 171 ont été acquittés, et 102 condamnés; 2 que les poisons employés sont :

Dans 54 cas, l'acide arsénieux; dans 7, le vert-de-gris; dans 5, la poudre de cantharides; dans 5, le perchlorure de mercure; dans 4, la noix vomique; dans 3, la poudre aux mouches; dans 2, l'acide nitrique; dans 1, le sulfure d'arsenic; dans 1, l'émétique; dans 1, l'opium, dans 1, l'acétate de plomb; dans 1, la céruse; dans 1, l'acide sulfurique; dans 1, le sulfate de zinc; dans 4, l'onguent mercuriel; dans 5, des poisons non désignés;

30 Que les causes qui ont déterminé les crimes ont été dans 28 cas, l'intérêt; dans 24, le libertinage; dans 15, la vengeance; dans 10, la jalousie; dans 6, la folie;

4° Que sur 81 cas, le poison a été administré 34 fois dans le potage 8 dans du lait, 7 dans la farine, 7 dans du vin, 8 dans du pain, 5 dans du pâté, 4 dans du chocolat, 4 dans des médicamens, 2 fois immédiatement dans la bouche, 2 dans du café, 4 dans du cidre, 1 dans une volaille.

On a remarqué : 1o que, dans divers cas, le goût communiqué par les substances vénéneuses aux alimens a sauvé les victimes du danger qu'elles couraient; 2° que, dans d'autres cas, la couleur du poison a été un avertissement salutaire pour les personnes que l'on voulait empoi

sonner.

Après avoir cité plusieurs faits à l'appui de ces deux observations, MM. Chevalier et Boys de Loury en concluent qu'on pourrait rendre moins fréquens les empoisonnemens, si l'on exigeait que les poisons, dans un grand nombre de cas et lorsque cela ne nuirait pas à leur emploi, fussent colorés où rendus sapides.

1

13. Théâtre de la Porte SaintMartin. 1o représentation de : Le MONOMANE, drame en cinq actes et en prose, par M. Ch. Duveyrier. Ce monomane est un procureur-général, qui bien né, bien élevé, bon fils, bon mari, bon père, est cependant tourmenté on ne sait par quel besoin ou quel plaisir de faire couler le sang. Quand il veille, l'honneur et l'éducation mettent un frein à ses affreux penchans, et il n'a pour se satisfaire que la ressource de se montrer dur et impitoyable en remplissant ses fonctions judiciaires; mais la nuit, dans le somnambulisme, car il est somnambule, la férocité de son instinct se réveille. Tantôt il veut étrangler sa femme, tantôt empoisonner sa fille, enfin on nous le montre assassinant un voyageur. Le lendemain, sur qui tombe le soupçon du crime? Sur un ami de l'assassin, sur un médecin dont le scalpel, la trousse et le linge ont servi dans l'assassinat, et portent encore des traces de sang; et ce médecin serait condamné, si l'un de ses confrères ne venait en pleine cour d'assises magnétiser le procureurgénéral, qui s'endort et avoue son crime. Le malheureux finit par tour⚫ner contre lui sa fureur homicide; il s'empoisonne, ou plutôt, comme il le dit lui-même, il se fait justice. Nous ne saurions nier que le public n'ait été intéressé, ému par ce drame; mais aucun exemple n'a jamais mieux prouvé qu'on peut arriver à ce résultat par l'horrible et par l'absurde. Une seule chose distingue le Monomane, c'est le style; il est correct, élégant et quelquefois énergique : quant à la conception même de l'ouvrage, rien de plus faux, rien de plus inadmissible, rien qui soit d'une nature plus exceptionnelle et moins propre au théâtre.

22. Thermométrie. M. Peltier a fait dernièrement, à l'Académie des sciences, une communication très-intéressante sur les moyens de connaître la température de la terre et des mers à de grandes profondeurs, et celle de l'atmosphère à de grandes hauteurs; ce procédé, aussi exact que commode, n'exige pour ainsi dire aucun déplacement, et l'observateur ne sort pas

de son cabinet c'est une nouvelle application du principe qui a guidé M. Becquerel dans ses recherches sur l'appréciation de la température des êtres organisés, au moyen d'un appareil thermo-électrique. Lorsque deux fils de métaux différens sont soudés ensemble, et forment un circuit, il suffit que l'une des soudures soit un peu plus chauffée que l'autre, pour qu'il s'établisse dans le circuit un courant électrique; la force de ce courant est proportionnée à la différence qui existe dans la température des deux soudures; donc si l'on met dans un point de ce circuit métallique un instrument qui indique la force du courant électrique, on connaîtra le rapport existant entre la température des deux points soudés.

M. Peltier plonge au fond d'un puits l'une des soudures d'un circuit métallique composé de deux fils de cuivre et fer, longs de 42 mètres chacun; l'autre soudure plonge dans un vase d'eau placé dans son cabinet. Un galvanomètre est établi en un point de ce circuit. Il est clair que s'il y a une différence entre la température du puits et celle du vase d'eau, il s'établira dans les fils métalliques un courant électrique dont l'aiguille du galvanomètre donnera la mesure. Si au contraire on élève ou or abaisse successivement la tempé rature de l'eau du vase, il arrivera un point où le courant électrique sera nul dans le circuit où l'aiguille du galvanomètre sera à zéro, et ce point sera précisément celui où la température de l'eau du vase sera égale à celle du puits, un thermomètre plongé dans le vase indiquera donc exactement le degré de température de l'eau du puits.

On voit combien ce moyen ingėnieux est susceptible d'applications nombreuses et importantes; en élevant dans l'air un fil métallique au moyen d'un ballon, on constaste la température de l'air à de grandes hauteurs sans se déplacer ; il en est de même des eaux de la mer, de l'intérieur des mines, etc.

M. Peltier a de plus observé un échange de courans électriques entre l'atmosphère et la terre, suivant les variations de la température.

25. Cour de cassation. Discipline judiciaire. Toutes les chambres de la cour de cassation se sont assemblées aujourd'hui à huis clos sous la présidence de M. le comte Portalis, à l'effet de prononcer disciplinairement sur la plainte de M. le garde-dessceaux contre M. Degonne, juge, et M. Mathieu, avocat et juge suppléant du tribunal civil du Puy (HauteLoire), lesquels ont sigué une souscription ouverte au Puy et destinée à subvenir au paiement de l'amende infligée au National de 1834 par la Chambre des pairs.

Ce n'était pas, assure-t-on, le fait seul d'avoir souscrit en faveur du National qui avait fait mander ces deux magistrats devant la cour; on leur reprochait d'avoir signé une liste de souscription précédée d'un préambule dans lequel on qualifiait la condamnation de monstrueuse, ajoutant qu'elle était rendue par des juges dans leur propre cause et qu'elle rappelait le souvenir de la mort du maréchal Ney, et d'avoir ainsi adhéré à un écrit oùtrageant pour la Chambre des pairs.

a

et

Les prévenus ont donné à la cour des explications. Ils ont, dit-on, prétendu qu'on leur avait présenté une feuille en tête de laquelle était écrit: Souscription pour payer l'amende du National de 1834», qu'ils n'avaient fait aucune attention au préambule qu'ils n'avaient pas lu. Quant au fait de la souscription, ils pensaient qu'ils étaient dans leurs droits de citoyen et même de magi

[blocks in formation]

d'hui sa première séance publique sous la présidence de M. le duc de Bassano, L'élite de nos salons s'était réunie à l'élite du monde littéraire, philosophique et politique pour embellir cette grave solennité. M. le ministre de l'instruction publique, accompagné de M. le ministre de l'intérieur, siégeait sur les bancs de cette assemblée qui lui doit son existence nouvelle, et qui s'honore de le compter au nombre de ses membres.

Les prix proposés par l'Académie ont trouvé des aspirans laborieux, parmi lesquels elle a couronné MM. Ravaisson et Mouillard : l'un, à peine âgé de vingt-deux ans, est l'auteur d'un mémoire sur la philosophie d'Aristote, qui, par la finesse et la sagacité des aperçus, a excité l'étonnement de l'Académie; l'autre a écrit sur la contrainte par corps avec beaucoup de mérite et de savoir. Tous deux ont reçu la médaille d'or, palme du combat, des mains de M. de Bassano. Huit nouveaux prix sur différentes questions de philosophie, de morale, de législation et d'économie politique, sont proposés pour 1836 et 1837 à l'émulation de nouveaux concurrens.

Après la lecture des questions proposées, le président a donné la parole à M. Charles Comte, secrétaire perpétuel de l'Académie. M. Comte à lu une Notice sur M. Garat.

:

M. Mignet a lu un fragment de son ouvrage, encore inédit, sur la Réforme. Le morceau choisi par M. Mignet convenait parfaitement à l'esprit de cette solennité. Ce morceau a pour titre Luther à la Diète de Worms. Prenant Luther au berceau, dans la maison de son père, pauvre ouvrier mineur, M. Mignet nous le montre livré de bonne heure à l'exaltation religieuse et teignant son imagination hardie des couleurs de la Bible et du génie hébraïque. Bientôt Luther est à Rome, où il assiste au scandaleux spectacle de la vente officielle des indulgences. De retour à Wittemberg, Luther prend la plume et lève son redoutable drapeau contre la cour de Rome. Ses livres sont brûlés, et luimême cité par le pape à comparaître devant la Diète de Worms, présidée par l'empereur Charles-Quint. On conseille à Luther de ne point aller à

Worms, et on lui fait entrevoir la fatale destinée de Jean Huss. « Quand ils allumeraient, dit-il, un feu de la hauteur du ciel entre Worms et Wittemberg, j'irais. » Et une autre fois « J'irai, quand il y aurait à la Diete autant de diables que de tuiles sur les maisons » ; et il part.

Les portraits de Luther et de Charles-Quint, que M. Mignet a lus, ont surtout excité les applaudissemens de l'assemblée.

[ocr errors]

28. Théâtre Français. 1re représentation de ANGELO, TYRAN DE PADOUE, drame en quatre actes et en prose, par M. Victor Hugo. Jusqu'ici toutes les pièces de M. Hugo ont failli plus ou moins à ses préfaces si pompeuses, si pleines de magnifiques promesses, de vues si hautes et si larges sur la réforme du théâtre et la mission du poète dramatique; le drame nouveau, régénéré, était donc toujours à naître, malgré Hernani, Marion Delorme, Lucrèce Borgia, Le roi s'amuse et Marie Tudor ; nous devons malheureusement ajouter que ce drame tant promis ne se trouve pas encore dans Angelo. Il semble même que cet ouvrage, nonobstant son succès incontestable comme fait, soit, ainsi que Le roi s'amuse et Marie Tudor, un pas en arrière plutôt qu'un pas en avant, plutôt qu'un progrès sur Hernani et Lucrèce Borgia, la plus remarquable, suivant nous, de toutes les pièces de l'auteur. Angelo est un personnage fameux dans l'ancien mélodrame. Tyran de Padoue par délégation de la république de Venise, amant de Tisbé la courtisane, et mari de la princesse Catarina, Angelo a tout à la fois du malheur dans sa tyrannie, dans son mariage et dans ses amours; Padoue le déteste, sa femme l'a en horreur, et sa maitresse ne se soucie nullement de lui. Tisbé prefère le jeune et beau Rodolfo au tyran de Padoue; mais Tisbé a du malheur aussi, car ce n'est pas pour elle que soupire Rodolfo, c'est pour Catarina, qui le paie de retour. Catarina et Rodolfo sont les deux seuls personnages de la pièce qui aient eu la chance de s'aimer mutuellement. Outre le tyran, la princesse, le prince et la courtisane, nous avons encore

Omodei, sbire de l'inquisition vénitienne, très-proche parent du Gubetta de Lucrèce Borgia, un de ces traîtres achevés de l'ancien mélodrame, qui sont partout, qui savent tout, qui peuvent tout. La sympathie, ce dour lien des âmes, est chose nulle pour Omodei, comme pour Angelo, comme pour Tisbé; c'est vainement que Catarina a inspiré de l'amour à cet espion du conseil des Dix: il a été complétement rebuté, et il a juré de s'en venger. A cet effet, il dit à Rodolfo : Vous n'aimez pas Tisbé, c'est Catarina que vous aimez; eh bien! je vous ménagerai une entrevue avec Catarina. Il dit ensuite à Tisbé : Rodolfo ne vous aime pas, c'est Catarina qu'il aime, je vous en donnerai la preuve; obtenez seulement du seigneur Angelo qu'il vous donne une petite clef d'or qu'il porte au cou. Angelo livre cette clef, qui est un passe-partout, qui ouvre toutes les portes de son palais les unes après les autres, d'où il suit qu'Omodei introduit sans peine Rodolfo dans la chambre de Catarina. Arrive à son tour la courtisane, qui ne pouvant plus douter de la trahison de son amant, entre dans une affreuse jalousie; elle appelle à grands cris Angelo pour le convaincre de l'infidélité de sa femme. Catarina est perdue; mais un de ces incidens qui abondent dans les romans et dans les mélodrames, produit une révolution complète. Tisbé vient d'apercevoir un crucifix sur le prie-dieu de Catarina. Or ce crucifix a été donné jadis par la mère de Tisbé à une jeune fille qui lui avait sauvé la vie. Äinsi, Catarina est l'ange sauveur. La courtisane Tisbé, qui est le sublime de l'amour filial, comme Lucrèce Borgia, l'empoisonneuse, est le sublime de l'amour maternel, fera tout pour Catarina, en reconnaissance du service que celle-ci a rendu autrefois à sa mère. Elle trompe la colère d'Angelo en administrant à Catarina, au lieu de poison, le narcotique de Roméo et Juliette; puis quand vient Rodolfo retrouver celle qu'il aime, et qu'il la croit morte, Tisbé se laisse poignarder par lui plutôt que de le détromper. Un moment après, Catarina s'éveille et retrouve son amant. Par qui donc as-tu été sauvée ? s'écrie Rodolfo.

Par moi et pour toi, répond Tisbé expirante. Ce dernier trait est fort beau, et il y en a plusieurs autres dans la pièce qui ne le sont pas moins. A vrai dire, il serait impossible que M. Victor Hugo ne mit pas quelquefois dans un ouvrage, si mauvais qu'il fût d'ailleurs, l'empreinte de son grand talent. Mais lui serait-il donc également impossible de laisser là les mœurs et les passions exceptionnelles? de procéder par des combinaisons d'intrigue plutôt que par des surprises de théâtre? de frapper juste, plutôt que fort et violemment? de renoncer aux clefs, aux serrures aux portes secrètes, aux poisons et aux contrepoisons, aux souterrains, aux caveaux, à tous ces moyens, en un mot, de roman et mélodrame? Ne pourrait-il pas cesser de parler aux yeux pour s'adresser au cœur, et renoncer aux trivialités affectées du dialogue, aux puérilités recherchées du style, lui dont la langue, quand il le veut, est si puissante et si fière, si pleine de verve et d'imagination? Dans l'intérêt même de l'auteur, ce n'est pas après Angelo que nous répondrons à toutes ces questions.

[ocr errors]

29. Constantinople. naissance d'un petit-fils du Sultan.-La fille de Mahmoud, qui s'est mariée il y a un an environ, comme on peut se le rappeler, vient d'accoucher d'un fils. Voici en quels termes l'annonce de cet événement a été faite dans un journal otto

man :

<< Dans le sérail, séjour de délices de l'auguste fille de Sa Hautesse, de la bienheureuse sultane Salihah et de son digne époux, Khalil-Bacha, est né dans le 22 de silkaudeh, à la chute du jour, un bouton de rose du jardin de la magnificence, un rejeton de la vallée des roses du sérail, un petit garçon fait pour réjouir le cœur. »

Dès le lendemain de cet heureux événement le sultan fit une visite des plus gracieuses à l'anguste couple, "et daigna, parmi la quantité de superbes noms, donner au nonveau-né celui d'Abdul-Hamid (mots arabes signifiant serviteur du Très-Haut); le jour suivant, arrivèrent les uns après les autres au sérail de l'auguste gendre du grand - seigneur, le grand-visir, le séraskier, le capudan-pacha et le mus

chin-pacha, pour présenter leurs félicitations, les hauts employés de la Porte vinrent chacun à son tour s'acquitter de leur devoir dans le même

sens.

30. Paris. Théâtre de la PorteSaint-Martin. 4re représentation de KARL OU LE CHATIMENT, drame en quatre actes et en prose, par MM. Lockroy et Anicet.-Shakespeare, Godwin et Mullner; Hamlet, Falkland, l'Expiation, sont pour beaucoup dans cette pièce; mais, à défaut d'invention, les auteurs ont fait preuve d'habileté et de goût, en arrangeant les scènes et les idées qu'ils ont puisées à cette triple source. Le comte Karl, noble et puissant seigneur norwégien, a deux crimes à se reprocher; premièrement il a séduit la femme de son intime ami, le comte Alphonse d'Almeida, qu'il avait suivi en Espagne; et puis, voyant qu'Alphonse n'ignorait plus son déshonneur conjugal, il l'a assassiné dans une partie de chasse. Comme l'opinion générale est que le comte d'Almeida, dont tout le monde avait remarqué la profonde tristesse, s'est suicidé, Karl a pu ensuite épouser la veuve du comte et retourner tranquillement en Norwége avec sa femme et le fils qu'elle a eu pendant son premier mariage. Cependant Karl ne connaît plus ni le bonheur ni le repos; il est déchiré des plus affreux remords. Au bout de dix ou douze années, le père d'Alphonse, le marquis d'Almeida, ar rive en Norwége, avec le titre d'ambassadeur d'Espagne, et naturellement son premier soin est de revoir son petit-fils et sa belle-fille. Karl se trouble, se trahit à l'aspect de ce malheureux vieillard, qui a deviné que son fils était mort assassiné, et qui bientôt connaît le meurtrier. Il veut venger son fils les armes à la main, mais Karl refuse ce duel inégal, alors le noble Castillan appelle son petitfils Fernando et lui impose la tâche de punir l'assassin de son père. Celuici ne met que trop d'ardeur à remplir cette tâche, et, lorsque Karl est tombé sous ses coups, il apprend de sa mère qu'il a tué et non venge son véritable père. Ce drame, où se rencontrent trois ou quatre scènes d'an grand effet, a été écouté avec

Ann. his'. pour 1835. Appendice.

9

[ocr errors]
« EdellinenJatka »