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Le début n'en fut pas d'abord trèsheureux; Baudry se brûla la cervelle. Il avait trop tôt désespéré, puisque son entreprise a depuis si étonnamment prospéré. Telle est la malheureuse destinée de la plupart des inventeurs : ils ont semé ; d'autres recueillent.

Les premiers Omnibus qui apparurent, et qu'on vit parcourir, commencèrent par les boulevarts intérieurs. Leur route, que dans leur langage-omnibus on appelle ligne, fut de la Madeleine à la place de la Bastille ; de la Bastille au coin du boulevart Beaumarchais, à la barrière du Trône; du Carrousel à la barrière de Passy, etc. Ne tardèrent pas de venir à la suite des Omnibus les Dames-Blanches; les Tricycles (le nom de ceux-ci tient à ce que les voitures n'avaient que trois roues, deux grandes pour le milieu, une petite sous le devant; elles sont maintenant à quatre roues). Arrivèrent ensuite les Favorites, les Orléanaises, les Diligentes, les Ecossaises, les Béarnaises, les Carolines, les Citadines, les Batignolaises; en ces derniers jours, les Parisiennes, les Hirondelles, les Joséphines, etc.

Tous ces Ominibus, d'ancienne et de nouvelle création ou tolérance, font un service plus ou moins actif, au moyen de 378 voitures qui se succèdent et se croisent depuis huit heures du matin jusqu'à minuit. Quelques unes, notamment celles des boulevarts, font merveilleusement leurs affaires. Les particuliers qui se confient aux Omnibus font aussi les leurs. L'accélération des communications, leur diversité, produisent un mouvement singulier dans tous les sens.

Tous les jours cent mille personnes montent en omnibus. La recette, ternie moyen, est à peu près de 30,000 fr. par jour.

Cinquante mille personnes occupent les fiacres et les cabriolets; les uns et les autres ne travaillent pas moins qu'avant la création des Omnibus, leur recette est à peu près la même qu'auparavant.

Depuis la révolution opérée par les Omnibus, il se trouve constaté que cent mille personnes qui seraient restées à pied, profitent aujourd'hui de la douceur des voitures, signe certain, ajouté à beaucoup d'autres, de l'ais

sance progressive dans toutes les classes de la société.

DÉCEMBRE.

1er. Paris. Le chapeau de Napoleon. Ce chapeau, qui se trouvait parmi les objets composant la vente du peintre Gros, était porté par l'empereur pendant la campagne de 1807, celle d'Eylau et de Friedland. Mis à prix à 500 fr., il a été adjugé aujourd'hui à 1,950 fr. La lutte s'est engagée entre deux concurrens inconnus du public. Après l'adjudication, on a vivement demandé le nom de l'acquéreur de la relique impériale; il a répondu C'est un Français. A ces mots, un tonnerre d'applaudissemens a éclaté dans toutes les parties du vaste atelier de Gros, encombré par la foule des curieux. L'acquéreur était M. le docteur Delacroix; il avait eu pour concurrent M. le capitaine Clary, qui a poussé les enchères jusqu'à 1,920

francs.

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3. Ouverture du théâtre de la Porte Saint-Antoine. Ce nouveau théâtre a été bâti en deux mois, au coin du boulevart Beaumarchais et de la rue du Pas de la Mule. A l'intérieur, la salle est bien construite, d'une coupe agréable, d'une distribution commode et d'une dimension en rapport avec le petit drame sentimental et le vaudeville qui doivent y attendrir et égayer tour à tour la population laborieuse du faubourg SaintAntoine. Par une singularité assez remarquable, cette salle fait face à l'emplacement de la maison de Beaumarchais et occupe la place d'une ancienne succursale des pompes funèbres : ainsi le drame sera bien là sur son terrain; et, quant au vaudeville, puisse-t-il s'y ressentir quelquefois de l'influence des lieux où habita le père de Figaro.

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quantité. Les faits prouvent le contraire. La dernière neige a couvert le chemin de fer de Boston à Providence à 9 pouces de hauteur. On a donc appliqué un soc de charrue de chaque côté de la locomotive, laquelle jetait de côté la neige en balayant les railsway, ce qui n'empêcha pas de faire le trajet de Boston à Providence, et vice-versá, en neuf heures; cela correspond à une vitesse de neuf milles à l'heure. Il est donc prouvé qu'une forte neige ne peut retarder la communication que de quelques heures; pour le comfort des voyageurs, on a établi de petits poêles dans les voitures, ce qui n'était pas à dédaigner dans cette saison; ces poêles sont chauffés par une espèce de charbon (anthracite), qui donne la chaleur sans flamme ni odeur, et qui produit une cendre blanche.

8. Paris. Théâtre Italien. 1re représentation de : NORMA, opéra seria en deux actes, de Bellini. - Célébrée, attendue long-temps comme le chef-d'œuvre du compositeur qui venait d'être si prématurément enlevé à l'art musical, cette tragédie lyrique, que les Italiens accueillent toujours avec enthousiasme, n'a point répondu à Paris aux magnifiques espérances qu'elle avait excitées. La faute en est sans doute un peu au public parisien qui, dans son admiration sur ouï-dire pour une œuvre qu'il ne connaissait pas, la parait complaisamment de toutes les beautés, de toutes les perfections, de telle sorte que la réalité, si belle qu'elle fût, devait rester encore au dessous de ce que l'imagination avait rêvé; mais la partition de Norma, n'eût-elle pas eu à lutter contre cette disposition des esprits toujours défavorable, n'aurait jamais pu qu'être placée au second rang, parmi les productions de Bellini, sur la même ligne que la Straniera, i Capuletti, elc., et un peu en arrière d'il Pirata, de la Sonnanbula, et d'I Puritani. Cette partition offre tous les défauts et toutes les qualités de la manière de Bellini. « Ces qualités, dit un critique, sont, comme on sait, la grâce, la naïveté, une sensibilité qui touche mais ne s'élève jamais au pathétique des grandes émotions, une

douce mélancolie qui attendrit les si– tuations même les plus violentes et les plus passionnées : le vague des mélodies, leur manque de précision et de netteté, l'absence du rhythme, je ne sais quel mouvement doux et monotone qui balance les voix dans une espèce d'oscillation égale et uniforme; un orchestre timide, incertain, dépourvu, mal à l'aise, allant comme au hasard et sans aucun relief d'idées et d'harmonie, voilà les défauts justement reprochés à Bellini. A certains momens, lorsqu'on écoute quelques uns de ces morceaux de chant presque sans nuances et sans modulations, on croirait entendre une de ces luttes naïves où des voix délicates et tendres, mais inexpérimentées, unissent instinctivement des accords faciles et mélodieux. Cette simplicité primitive, cet instinct délicat auquel la science et l'art semblent n'avoir point encore prêté leur force et révélé leurs secrets, on les retrouve peut-être dans Norma plus que dans aucun autre ouvrage de Bellini. Le public, qui n'en est point précisément à ce point d'innocence, en a éprouvé un peu de gêne et de refroidissement. Mais avec un homme de sentiment et de grâce, comme l'est Bellini, on ne reste pas long-temps sans être ému par une de ces inspirations pénétrantes ou pleines de charmes qui lui sont familières. Ainsi, dans Norma, on a retrouvé et applaudi ces sentimentales et séduisantes qualités dans la prière Casta diva; dans l'andante du duo entre Adalgise et Norma, dans le trio final du premier acte, dans le délicieux duo de la réconciliation entre les deux rivales, et dans la grande scène qui termine le drame. Il y a aussi deux chœurs qu'on est étonné de rencontrer si vigoureux et si nets dans cette partition de Bellini. Quelque critique qu'on en puisse faire, le résultat définitif de la représentation de Norma est de renouveler le regret de la triste mort d'un artiste qui avait en lui tant de pensées suaves et un talent que l'avenir pouvait accroître et fortifier. »

Le poème de Norma est imité d'une tragédie de M. Soumet, jouée en 1834 à l'Odéon : c'est le sujet de la Vestale transporté dans les Gaules

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14. Paris. Les jumeaux siamois. On se souvient que ces jumeaux, nés dans cette partie de l'Inde située entre la Chine et le Gange, dans le fameux royaume de Siam, dans le pays des hommes libres, se sont déjà présentés à Paris, il y a cinq ou six ans, et qu'ils ont été repoussés de la France comme des monstres nés de Satan, Toutes les réclamations de M. Geoffroy Saint-Hilaire ne purent fléchir la police, qui pourtant avait assez bien accueilli la malheureuse Ritta-Christina. Chang-Eng sont alors partis pour l'Angleterre; ils ont visité l'Amérique, et après avoir satisfait la curiosité des deux mondes, ils ont tenté un second voyage parmi nous avant de retourner dans leur patrie.

Chang-Eng sont nés, dit-on, de pauvres pêcheurs, et jusqu'à l'âge de quinze ans, ils ont gagné leur vie en vendant des poissons et des coquillages. Leur mère avait eu déjà d'autres enfans bien conformés, et en mettant au monde ces deux jumeaux accouplés, elle n'éprouva aucun accident. Ils sont unis, comme l'on sait, par la partie antérieure de la poitrine, au moyen d'un prolongement, d'une espèce de bande charnue de la grandeur de la main. Ce prolongement est, à ce qu'il paraît, formé à l'intérieur aux dépens du sternum de l'un et de l'autre côté. Le sternum est un os situé au devant de la poitrine, et terminé en bas par une pièce cartilagineuse nommée appendice xiphoïde, qui descend jusque vers le creux de l'estomac. C'est particulièrement cet appendice qui, s'étant redressé de chaque côté, est uni et soudé de manière à n'en former qu'un seul chez les jumeaux siamois. Ce moyen d'union, d'abord souple et flexible à la

naissance de ces enfans, leur permettait de se tourner en tous sens, et l'on prétend même qu'ils sont venus an monde tête-bêche, ou la tête de l'un entre les pieds de l'autre ; ils étaient néanmoins accolés presque face à face; mais à force de tirer chacun de leur côté, ils ont allongé le lien commun, de sorte qu'ils sont maintenant placés côte à côte, deux bras en avant et deux bras en arrière, à peu près comme des écoliers qui marchent bras dessus, bras dessous, une main appuyée sur l'épaule l'un de l'autre ; l'un des deux a donc son bras droit libre, et l'autre son bras gauche; les deux bras situés en arrière peuvent néanmoins être ramenés en avant, et les deux frères peuvent même tourner, faire volte-face, de façon que Chang se trouve à gauche et Eng à droite; mais cette position est gênante, et ils reviennent bientôt dans la situation contraire qui leur est habituelle.

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Les jumeaux siamois sont âgés de vingt-cinq ans; leur taille est d'environ cinq pieds; l'un des deux, Eng est un peu moins grand et moins fort que l'antre; leur teint est olivâtre, leurs yeux petits et relevés en dehors à la chinoise; leurs cheveux sont du plus beau noir d'ébène; ils les portent courts sur le front, mais en arrière ils en forment de longues tresses dont ils s'entourent la tête comme d'une couronne. Vêtus à l'européenne, ils portent de petites vestes ouvertes et l'on ne voit de leur corps que le prolongement qui les tient unis; une petite ouverture de la chemise suffit à cette partie commune qui forme un trait d'union entre les deux frères. Cette partie est extrêmement solide; lorsqu'on la touche à son milieu, les deux jumeaux éprouvent à la fois la sensation du toucher; mais si l'on s'éloigne à droite ou à ganche, celui de ce côté ressent seul le contact, comme si l'on touchait toute autre partie de son corps.

La solidité de leur chaîne n'est pas le seul obstacle à la séparation des deux frères; outre qu'ils répugnent à toute idée d'une opération qui tendrait à les désunir, cette opération est rendue impossible par la communication qui existe entre les cavités ab

Ann. hist. pour 1835. Appendice.

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dominales des deux côtés; on ne pour rait en effet, pratiquer la section du prolongement sans ouvrir le ventre, sans intéresser le péritoine, et l'on sait qu'une semblable plaie est ordinairement mortelle.

Chang-Eng marchent comme un seul homme; ils s'asseyent, ils se lèvent, ils courent, ils chassent, avec la même agilité, la même spontanéité dans leurs mouvemens que si une seule volonté présidait à tous les actes de leur vie; bien plus, ils ont les mêmes goûts, ils éprouvent les mêmes désirs, les mêmes besoins ensemble et en même temps. L'un p'a jamais vu dormir l'autre, ils s'endorment et se réveillent comme un seul et même être, et il suffit de toucher l'un pour les réveiller tous les deux; pendant leur sommeil celui de droite passe à gauche lorsqu'il est fatigué de sa première position, son frère roule sous lui sans être troublé par ce mouvement, comme les deux jambes d'un seul homme se croisent et se décroisent pendant la nuit. Les deux frères ne se parlent jamais, ils s'entendent sans que l'on puisse remarquer aucun signe ni avertissement de l'un ou de l'autre, si bien qu'ils ont complétement oublié leur langue natale, quoiqu'ils n'aient quitté leur pays qu'à près de dix-huit ans. Ils apprennent les langues avec une grande facilité, et maintenant ils parlent très-bien anglais; à la manière dont ils prononcent déjà quelques mots de français on peut croire qu'ils ne tarderont pas à savoir passablement notre langue; les traits de leur figure ont la plus grande ressemblance, et il est impossible de distinguer celui des deux qui parle au timbre de sa voix.

Si deux personnes essaient de lier en même temps une conversation différente avec l'un et avec l'autre, ils éprouvent une espèce de fatigue qui ne leur permet pas de se partager ainsi pendant long-temps, et bientôt leur attention se dirige du même côté, ils répondent tous les deux à la fois et à peu près dans les mêmes termes. Ils aiment à jouer, mais il leur est également impossible de s'intéresser à aucun jeu entre eux et l'un contre l'autre, pas plus que nous ne prenons de plaisir à faire jouer notre main

gauche contre notre main droite, même lorsqu'il s'agit d'un jeu de hasard.

Quand l'un a faim, l'autre a faim, et si l'un est fatigué, l'autre se repose; ils aiment la table et même la bonne chère; en cela comme en toute chose, ils ont les mêmes goûts. Ils sont particulièrement amateurs d'huîtres et de poissons, et ils aiment, comme ils le disent, les bons et les gros morceaux; ils n'ont encore éprouvé, Dieu merci, aucun désir de se marier, et pourtant ils affectionnent les enfans. L'un des deux a été atteint en Amérique d'une fièvre intermittente, et l'autre a été malade; celui-ci a même ressenti du malaise pendant que l'on saignait le bras de son frère; que vous dirai-je enfin? cet homme double n'est à bien des égards qu'un seul et même homme, et l'on est plus embarrassé pour trouver des faits d'individualité que des actions de communauté et de confusion entre ces deux êtres si intimement unis et pourtant si complets chacun de son côté.

(Extrait du journal des Débats.)

16. Théâtre de l'Opéra-Comique. 1re réprésentation de : L'ÉCLAIR, Opéra-comique en trois actes, paroles de MM. Saint-Georges et Planard, musique de M. Halevy, - Qui se serait douté, depuis que nous commençons à connaître les Américains, ce peuple exclusivement marchand, toujours supputant, calculant, comptant son or, et que nous avions la bonhomie de croire à la hauteur de sa constitution; qui se serait douté qu'un opéracomique pût naître à Boston, entre une balle de coton et une balle de tabac? Des Américains, soupirer galamment comme des bergers! des Américaines chanter des duos avec une harpe éolienne! cela n'est peut-être pas très-vraisemblable; mais enfin MM. Saint-Georges et Planard l'ont ainsi voulu, et l'on sait que les faiseurs de libretti, plus encore que les poètes, ont licence de tout oser. En Amérique donc, à Boston, un éclair a passé devant la vue de Lionel, jeune officier de marine, et lui a brûlé la vue. Lionel, aveugle, est recueilli dans une maison qu'habitent madame

Darbel et sa sœur Henriette, celle-ci bonne à marier, l'autre déjà veuve, quoique jeune encore. Henriette devient l'Antigone de Lionel, elle le suit, le veille, le promène; elle est toujours là, tantôt pour lui donner le bras, tantôt pour le distraire par quelque récit ou pour chanter un duo en têteà-tête. On n'ignore pas qu'ordinairement la perte d'un sens se

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pense par une plus grande perfection des autres; aussi l'ouïe et le toucher sont-ils infaillibles chez Lionel, dès qu'il s'agit d'Henriette. En vain madame Darbel met sa main dans la main de l'aveugle, pendant qu'Henriette lui parle : C'est bien la voix d'Henriette, dit-il alors, mais ce n'est pas sa main. Il y avait d'ailleurs une autre raison pour qu'il ne s'y trompât point, et vous l'avez devinée; Henriette et Lionel s'aiment mutuellement. Cependant l'heure de la guérison approche pour Lionel, il va recouvrer la vue. Cette nouvelle jette Henriette dans une cruelle inquiétude. Lionel aime Henriette en aveugle; l'aimera-t-il encore quand il y verra clair? Les traits, l'air, la taille, la tournure d'Henriette le séduiront-ils comme l'ont séduit sa bonté, son dévouement, sa tendresse? Enfin la lumière est rendue à l'aveugle; son premier mouvement est de chercher Henriette pour se précipiter à ses pieds en lui offrant sa reconnaissance et son amour; mais il se trompe de route et s'élance vers madame Darbel. Henriette pousse un cri et s'évanouit. Revenue de son évanouissement, elle s'éloigne de la maison, et fait annoncer qu'elle n'y reviendra que lorsque Lionel et madame Darbel seront mariés. Ce mariage serait contraire à toutes les habitudes de l'opéra-comique; car c'est bien Henriette que Lionel préfère, quoique la vue lui ait été moins fidèle que l'ouïe et le toucher; c'est donc Henriette qu'il doit épouser, et qu'il épouse en effet, après que Lionel et madame Darbel ont ramené la fugitive auprès d'eux en l'abusant par un faux mariage. Depuis long-temps ce théâtre n'avait pas donné une pièce aussi variée, aussi attachante, aussi ingénieuse que ce petit roman; et, pour comble de bonheur, la partition de M. Halevy a, de son côté, enlevé tous les suf

frages. Ce qu'on pouvait jusqu'ici re procher à l'auteur de la Juive ( voyez 23 février), malgré son incontestable talent, c'était une sorte de dureté et de sécheresse dans l'expression mélodique; sa musique était habile, correcte, savante; mais elle ne touchait pas, ne séduisait pas, c'était plutôt de l'art et du travail que de l'âme et de l'inspiration. M. Halevy a pris une bonne revanche cette fois : il a montré que ce talent consciencieux et sévère savait être, au besoin, élégant, simple, gracieux, pathétique, spirituel et délicat.

17. New-York. Incendie de cette ville. New-York a été pendant quinze heures en flammes ; l'incendie n'est pas encore éteint; la partie la plus ancienne, mais en même temps la plus riche de la ville, est en ruines; les progrès du feu ne sont pas encore complétement arrêtés. Depuis l'incendie de Moscou, il n'y a pas eu exemple d'un aussi affreux désastre.

Le feu a commencé, hier 16, à neuf heures du soir, dans Merchant-Street, au milieu du triangle formé par Wall, William et Pearl Streets. Un grand vent de nord-est et l'intensité du froid ont paralysé l'effet des pompes, et rien n'a pu arrêter la rapidité et la violence de l'incendie: c'était une terrible nuit pour New-York et tous les environs. Des passagers descendant la baie d'Hudson ont vu les flammes à une distance d'environ 45 milles, du point des Highlands. On les a aperçues, dans le New-Jersey, jusqu'à Cran berry.

Dix-sept masses d'édifices les plus vastes et les plus riches sont détruites. C'est dans le centre de toutes les transactions commerciales que l'incendie a éclaté et a exercé les plus grands ravages. On ne saurait encore évaluer la perte des marchandises et des effets mobiliers; mais ce quartier avait été rebâti il y a cinq ou six ans et dans les proportions les plus belles que l'on puisse donner à des édifices destinés à l'usage du commerce.

L'incendie s'étant étendu jusqu'aux maisons de la place de la Bourse, les flammes gagnèrent bientôt le bâtiment de la Bourse lui-même, que l'on croyait à l'abri du danger et où l'on

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