Sivut kuvina
PDF
ePub

Christ au tombeau. Une des parois de ce tombeau est abattue pour laisser voir le corps qu'il recèle, et, au dessus du couvercle, une figure ailée, à genoux, les mains jointes, le regard dirigé vers le Christ, médite et prie. Tout autour de cette figure, le champ du tableau, qui se termine en forme de cintre, est occupé par une multitude de têtes d'anges dont on peut à peine distinguer les traits, plongées qu'elles sont dans une vapeur lumineuse. C'est, quant à la conception, une pensée mystique, réalisée au moyen d'une véritable allégorie, qui indique dans le peintre un tour d'imagination original, un esprit cultivé, et un sentiment élevé de l'art; quant à l'exécution, elle porte, de même que celle du tableau de M. Lehmann, des traces d'imitation des premiers maîtres de Ja renaissance.

Ce n'est pas pour les deux artistes dont nous venons de parler que les réflexions suivantes ont été écrites par un juge éclairé; mais elles viennent à propos ici, puisque MM. Lehmann et Signol ne sont pas étrangers au goût renouvelé du moyen-âge, qui, ainsi qu'elles le constatent, commence à dominer dans l'école française.

« Décidément, il y a scission parmi nos jeunes artistes. Quelques uns s'obstinent encore à suivre le système d'indépendance absolue que d'intrépides novateurs avaient mis en vogue, il y a dix ans. Ils continuent de se faire remarquer par la bizarrerie de leurs compositions, par leur prédilection pour le laid idéal, surtout par cette confusion d'idées et d'objets disparates qu'un des plus habiles élèves de David appelle l'anarchie de la peinture. D'un autre côté, un plus grand nombre de jeunes gens, dégoûtés du peu de succès de leurs licences ultraromantiques, dont on commence à se moquer, croient recouvrer la faveur publique en donnant dans l'excès contraire. Ils font peu de cas de la couleur et s'attachent exclusivement à la netteté, à la rigidité du dessin. Leurs contours, sèchement arrêtés, précisent des formes sans souplesse; c'est la réduction géométrique des objets, non la dégradation des tons, qui fait toute leur perspective; enfin leur manière étroite et leur purisme

exagéré, destructif de toute inspiration, rappelle à beaucoup d'égards les miniatures sur parchemin qui ornent nos vieilles bibles, avec cette différence néanmoins, que ce fini précieux et froid peut paraître joli dans une vignette gothique et n'avoir rien de ce qui convient à la composition d'un tableau. »

Nous ne pouvons que répéter, après avoir vu le portrait équestre du général Kellermann, et celui du connétable de Sancerre, qui, avec sa vieille armure et son cheval bardé de fer, est d'un coloris puissant, trop puissant peut-être, et a une saillie étonnante, ce que nous disions de M. Ziegler en 1834; c'est à savoir qu'il a suffisamment prouvé qu'il sait peindre une figure d'un pinceau large et hardi, et qu'il devrait maintenant nous donner la mesure de son talent dans une composition dont tout permet de croire qu'il se tirerait à sa gloire. Deux portraits équestres, qui ne font pas moins d'honneur à leur auteur que les précédens, ce sont ceux du maréchal de Rantzaw et du maréchal de Gassion, par M. Alaux. Assurément, il n'était pas facile, et c'est à quoi cependant le peintre a complétement réussi, de conserver, même à cheval, une attitude noble, une expression héroïque, au maréchal de Rantzaw, dont on raconte qu'il n'avait plus à sa mort qu'un œil, qu'une oreille, qu'un bras, qu'une jambe, par suite des mutilations que la guerre lui avait fait éprouver.

On ne voyait au salon que deux petits tableaux de M. Léopold Robert, et bien qu'ils laissassent encore reconnaître la main du maître, il s'en fallait de beaucoup qu'ils pussent dédommager le public d'une grande composition dans laquelle le peintre avait représenté des pêcheurs de l'Adriatique partant pour la pêche. L'administration avait attendu jusqu'au dernier moment, dans l'espérance que le tableau arriverait avant l'heure suprême rigoureusement fixée par le réglement; cette espérance fut trompée, de sorte que cet ouvrage n'a pas été admis à l'exposition de cette année. Ce n'était, au reste, qu'un ajournement pour le public, puisque les pêcheurs devaient paraître à l'expo

sition suivante; mais un malheur immense, irréparable, ce fut la mort de l'auteur, dont on apprit quelque temps après la nouvelle il s'était suicidé le 20 mars à Venise, dans toute la force de l'âge et du talent. Si le frère de cet artiste, à jamais regrettable, M. Aurèle Robert, ne pouvait encore nous consoler de la perte que les arts venaient de faire, il a montré du moins cette année, dans une Vue intérieure du Baptistaire de Saint-Marc, qu'il savait disposer avec une rare intelligence des nombreuses ressources du clair-obscur, et qu'il joignait à cet avantage celui de bien peindre la figure.

Un artiste, dont la manière n'est pas sans rapport avec celle de Léopold Robert, et qui compte dans cette petite phalange de peintres français qu'on appelle l'Ecole romaine, M. Bodinier, a obtenu le suffrage des connaisseurs pour ses Joueurs de luth et pour sa Vue du Tibre. Ce n'est pas qu'on ne soit encore en droit de reprocher à l'auteur de la sécheresse dans l'exécution, de la monotonie, de la crudité dans la couleur; mais la fermeté de l'ensemble et la vérité des détails de chacune de ces deux compositions sont dignes de tout éloge. La Vue du Tibre, imitation franche et naïve de la nature, est particulièrement un fort bel ouvrage sous le rapport de la pensée; elle laisse dans l'âme une impression profonde de mélancolie et de grandeur, Conçus et exécutés dans un système tout différent, et qui atteste de la part de l'artiste une prédilection pour les maîtres flamands et hollandais, les Musiciens ambulans de M. Gallait se sont fait également remarquer par la franchise du coloris, la vivacité de la touche et la distribution de la lumière. Enfin, et pour en finir avec les compositions qui dépassent les dimensions des tableaux de chevalet, nous dirons qu'on a généralement vu avec plaisir les Amours des Anges de M. Cibot, qui a groupé ses figures avec beaucoup de grâce, et su les rendre non moins belles de forme que de couleur.

Il y a trois raisons pour que le paysage et le genre soient aujourd'hui iraitės avec succès en France, savoir

le goût du public, la prédilection des artistes et la direction qu'a prise la peinture française, qui cherche généralement la perfection des procédés matériels beaucoup plus que la profondeur et la force de la conception et de la pensée. Les paysages qui ont été le plus remarqués à l'exposition de 1835, sont ceux de MM. J.-V. Bertin, Watelet, Lapito, Dagnan Giroux, Marilhat, Jules Dupré, JulesAndré, mademoiselle Sarazin de Belmont, etc., et surtout celui dans lequel M. Brascassat a représenté un taureau qui se frotte contre un arbre. A voir la vérité d'attitude, l'énergie d'action de ce taureau, on ne peut s'empêcher de s'écrier que c'est la nature prise sur le fait: et si, comme ce taureau le prouve, et comme le prouvent aussi les moutons, les chèvres qui enrichissent le tableau, et jusqu'aux bergeronnettes, ces vives et sautillantes compagnes des troupeaux, M. Brascassat mérite la palme pour la perfection avec laquelle il peint les animaux; la beauté, la fermeté de son exécution se retrouvent dans les arbres, dans les plantes, dans les terrains et dans tous les accidens dont il lui plaît de semer sa toile. Après cette imitation naïve et fidèle de la campagne dans sa simplicité agreste et pleine de charme, il était curieux d'examiner les paysages systématiques de M. P. Huet, fantaisies à la manière de Watteau, parées d'un coloris fort et brillant, mais dont la réputation ne nous semble pas destinée à durer.

S'il fallait en juger par l'empressement, par l'engouement dont la Mort du duc de Guise, le seul tableau que M. Delaroche ait exposé cette fois, a été l'objet de la part du public, on croirait que ce tableau de chevalet est à mettre au dessus des plus belles compositions historiques de l'auteur. Or, il n'en est rien, et c'était bien évidemment, au contraire, le souvenir de Jane Gray, des Enfans d'Édouard, d'Elisabeth, qui faisait accueillir, avec cette faveur si extraordinaire, le dernier ouvrage de M. Delaroche; mais nous devons reconnaître en même temps qu'elle est en grande partie justifiée par la supériorité de talent avec laquelle la scène est disposée, par la finesse et l'élégance du

dessin, par la délicatesse de l'exécution, par la manière dont la lumière est distribuée, et enfin par la suavité, la vigueur et la pureté du coloris. Un petit tableau qui a également emporté tous les suffrages, c'est une Rébecca donnant à boire au serviteur d'Abraham, par M. Horace Vernet. Si, dans cet ouvrage, et plus encore dans la Prise de Bone, du même peintre, on trouve que la végétation, les fonds et le ciel ne sont pas sans crudité; en revanche, il n'y a qu'une voix sur le charme, la simplicité, la grâce pudique dont toute la personne de Rébecca est empreinte. L'Apprenti barbier et le Bon gendarme auraient appris, si on ne le savait déjà, que = M. Biard possède plus qu'aucun autre peintre de genre de ce temps-ci, une verve intelligente, un esprit de bon = comique, un talent fécond, vrai et varié, et le don fort rare d'imprimer à ses productions un cachet d'originalité qui les fait toujours reconnaître avec plaisir. Il ne manque à M. Biard que d'entendre aussi bien la couleur que la composition, pour être un peintre parfait. C'est encore une idée fort plaisante que celle du tableau dans lequel M. Pigal a représenté un Savetier revenant du cabaret, et contre lequel sa femme, qui devine trop bien ce qu'elle va avoir à endurer, se barricade dans son intérieur. Sans être d'un dessin très-exact ni d'un très-bon coloris, cette scène a partagé, avec le Bon gendarme, l'avantage de dérider les fronts les plus sévères. Dans le grand nombre de femmes qui cultivent la peinture avec plus ou moins de succès, madame Brune s'est fait distinguer par un tableau qui représente Silvio Pellico, visité dans sa prison par la fille du geolier. Quelques petites scènes familières aussi spirituellement conçues qu'agréablement touchées, ont contribué à étendre la réputation de M. Roehn fils. Il y a, dans l'Épisode de la retraite de Moscou que M. Boissard a exposé, une vérité et une expression poignantes; mais le peintre a poussé à l'excès la trivialité, la laideur des formes. On n'a pas ce reproche à faire à M. Philippoteaux, qui, dans un sujet du même genre, touchant et pathétique sans affecta

[ocr errors]

tion de sensibilité, a su dessiner et peindre également bien ses figures.

Citons encore MM. Lepoitevin et Gudin, qui occupent toujours le premier rang parmi nos peintres de marine; MM. Beaume, Lugardon, Desmoulins, Gros Claude et Giraud, qui ont représenté avec un talent remarquable, et dans des proportions moyennes, le premier, Anne d'Autriche au Val-de-Grâce; le second, Guillaume Tell sauvant Baumgartner; le troisième, la Fuite de la reine Henriette d'Angleterre; le quatrième, un Toast à la Vendange; le cinquième, un Enrôlement volontaire au xvm siècle, et terminons par quelques considérations d'ensemble sur l'exposition des tableaux en 1835.

En laissant de côté une immense quantité d'ouvrages très-mauvais ou très-médiocres, il faut dire cependant que le nombre de compositions où brille un mérite réel est assez grand au salon de cette année. Toutefois, on ne saurait citer une production vraiment forte et élevée : c'est le talent moyen qui domine. Il y a un progės matériel extraordinaire, et la connaissance de la science acquise, de la pratique des arts, n'a jamais été plus généralement répandue qu'en ce moment. Cet état de perfection moyenne, d'amélioration matérielle, est surtout remarquable dans le portrait. Si aucun des ouvrages de ce genre qui figurent à cette exposition ne sort de ligne, cependant il y en a une foule où l'on trouve des têtes, des mains et des vêtemens peints avec une extrême habileté. Mais, ainsi qu'on l'a justement remarqué, le diapason moyen des arts, quoique singulièrement élevé aujourd'hui, relativement à celui d'autrefois, n'en détermine pas moins ce que sera toujours la médiocrité, eu égard à la haute sphère où plane le génie.

S'il était permis, dit un critique, même de chercher à déterminer le caractère général de la peinture actuelle, on pourrait, en la comparant à celle de l'époque précédente, dire qu'elle est coloriste plutôt que tout autre chose. Mais qu'est-ce que la couleur, quand elle ne repose sur rien? un jeu de la main, plus ou moins ingénieux, et rien de plus.

Dans les grands peintres, qu'on appelle plus spécialement coloristes, la couleur ne va jamais seule. Quoi qu'il en soit, il est certain que, sous le rapport de l'exécution et des procédés pratiques, l'école actuelle est très supérieure à celle qu'elle a remplacée, et que les peintres d'aujourd'hui ont un éclat, une vigueur de ton et un certain charme pour les yeux que n'avaient pas les autres. Ceux qui seraient tentés de se féliciter de ce changement comme d'un véritable progrès de l'art, devront ne pas oublier cependant que les écoles qui se sont rendues célèbres par leurs coloristes, sont venues toujours dans des momens de décadence, et ne figurent qu'au second rang dans l'histoire de l'art. »

Quelques unes des réflexions qui précèdent s'appliquent à la sculpture; et, après avoir nommé le David de M. Chaponnière, l'Invocation à la Vierge de M. Petitot, la Léda de M. Etex, la Madeleine de M. Gechter, et les divers ouvrages de M. Dantan aîné, comme les morceaux les plus saillans de l'exposition des sculptures, nous devons ajouter que, semblable à celle des peintures, elle n'offre rien, sous le rapport de la pensée et du style, de vraiment propre à exciter l'admiration, et que l'ensemble des statues, bas-reliefs, bustes et figurines atteste seulement que l'art, en ce qui touche l'imitation matérielle, est dans une direction assez satisfaisante.

Quant aux gravures qui ont principalement fixé l'attention, ce sont : Henri IV jouant avec ses enfans, d'après M. Ingres, par M. Richomme; Léda et ses deux fils, d'après un tableau attribué à Léonard de Vinci, par M. Leroux; l'Enlèvement de Rébecca, d'après M. L. Cogniet, par M. Girard; un portrait de Rembrandt, d'après ce maître, par M. Martinet; Sancho Pança, d'après M. Decamps, par M. Prévost. On trouve dans l'estampe de M. Richomme une pureté, une précision, une délicatesse de dessin, une vérité d'expression et un sentiment de couleur qui permettent de dire que l'un des plus beaux ouvrages de M. Ingres est ici rendu dans tout son charme. La Léda de M. Le

roux, gravée sur acier, est d'un travail doux et moelleux. Dans le portrait de Rembrandt, M. Martinet a imité avec une rare intelligence la touche hardie et pleine de feu du peintre hollandais. La planche de M. Girard satisfait les connaisseurs et le public, sous le rapport de l'art et de l'agrément. L'étonnante fidélité avec laquelle le burin de M. Prévost traduit ordinairement son modèle, se retrouve encore au plus haut degré dans le Sancho Panca.

Voici maintenant l'état statistique du salon de 1835: 2,174 tableaux, 155 ouvrages de sculpture; ce qui, avec les gravures, les plans d'architecture et les lithographies, forme un total de 2,535 objets d'art, appartenant à 1,227 artistes, parmi lesquels on compte 235 femmes.

LITTÉRATURE.

Le mouvement littéraire de l'année 1835, pour ce qui ne touche ni le théâtre ni les séances académiques, dont nous avons parlé avec détails dans la Chronique, pent se résumer en quelques ouvrages d'un caractère grave, élevé, et d'un mérite remarquable à beaucoup d'égards. Cependant celui de tous ces ouvrages auquel on était fondé à promettre les plus brillantes destinées n'a point répondu à la vive attente qu'il avait excitée. Il y a eu, en effet, une sorte de malentendu entre le public et M. de Lamartine sur les quatre volumes que l'illustre poète a publiés sous ce titre : « Souvenirs, impressions, pensées et paysages, pendant un voyage en Orient (1832-1833), ou Notes d'un voyageur. Mais si le public a paru ne pas trouver ce qu'il avait cru pouvoir chercher dans ces quatre volumes, ce n'est pas faute de franchise de la part de M. de Lamartine; il avait nettement averti que ces notes qu'il avait consenti à donner aux lecteurs n'avaient le mérite ni d'un livre, ni d'un voyage. « Je les livre à regret, avait-il ajouté, elles ne sont bonnes à rien qu'à mes souvenirs; elles n'étaient destinées qu'à moi seul. Il n'y a là ni science, ni histoire, ni géographie, ni mœurs; le public était bien loin de ma pensée

quand je les écrivais..... Que le lecteur les ferme donc avant de les avoir parcourues, s'il y cherche autre chose que les plus fugitives et les plus superficielles impressions d'un voyageur qui marche sans s'arrêter. Il ne peut y avoir un peu d'intérêt que pour les peintres; ces notes sont presque exclusivement pittoresques; c'est le regard écrit, c'est le coup d'œil d'un passager assis sur son chameau ou sur le pont de son navire, qui voit fuir des paysages devant lui, et qui pour s'en souvenir le lendemain jette quelques coups de crayon sans couleur sur son journal. Quelquefois le voyageur, oubliant la scène qui l'environne, se replie sur lui-même, se parle à lui-même, s'écoute lui-même penser, jouir ou souffrir. »

En même temps qu'il poursuivait sa grande et belle Histoire des Français, dont il a donné cette année même le 24 volume, qui comprend le règne de Henri IV, M. de Sismondi mettait au jour une Histoire de la chute de l'empire romain et du déclin de la civilisation jusqu'à l'an 1000. Ce nouvel ouvrage retrace les événemens mémorables depuis l'an 250, et nous conduit jusqu'à la recomposition de la société sous la forme féodale. Sans négliger le côté social de son sujet, M. de Sismondi s'est surtout appliqué à faire connaître intimement le gouvernement de cette époque, qu'il explique de la manière la plus satisfaisante, et dont il place avec raison les vices monstrueux parmi les principales causes de la chute de l'empire. Si ce livre n'a pas reçu tous les développemens qu'il réclamait, il n'en est pas moins semé de larges aperçus, de curieux détails, d'appréciations énergiques et profondes.

Le plus distingué et le plus fécond des historiens de l'école pittoresque, M. Capefigue a publié sous ce titre : Richelieu, Mazarin, la Fronde et Louis XIV, un ouvrage qui prouve comme l'Histoire de Philippe-Auguste, comme Histoire du XVIe siècle, du même auteur, que sa méthode consiste principalement à faire revivre les vieux temps par les actes et les pièces authentiques, par toutes les expressions possibles empruntées aux contemporains. L'inconvénient

de cette méthode, c'est l'abus de la description et de la couleur locale; c'est un mélange de mots surannés, de figures inconnues qui ne jettent pas toujours une grande clarté dans les tableaux historiques. D'ailleurs le style de M. Capefigue est bien assez remarquable pour qu'il s'y tienne; aussi est-on souvent fâché de le voir l'abandonner pour celui de la chronique, de la chanson, du pamphlet contemporains. Cette part faite à la critique, nous devons dire que la partie politique du caractère de Richelieu est envisagée d'une manière neuve et hardie, dans cet ouvrage; que jamais le cardinal-ministre n'avait été apprécié avec une connaissance plus puissante de ses œuvres; enfia que toutes les questions sociales sont ici vues de haut, et que nulle part ne se dévoile plus complétement la pensée intime des partis.

Une Histoire du Consulat et de l'Empire, en dix volumes, par M. Thibaudeau, offrira au futur historien de Napoléon les plus précieux renseignemens pour l'étudier comme administrateur. L'écrivain a tenu la promesse qu'il avait faite de montrer dans Bonaparte l'homme social, le grand législateur, l'organisateur par excellence, le juge inspiré de toutes les questions générales et particalières.

La publication d'une nouvelle édition du Dictionnaire de l'Académie française, n'est pas l'événement littéraire le moins important de l'année. Il y a eu jusqu'ici trois éditions réelles du Dictionnaire de l'Académie, celle de 1694, celle de 1762, et celle dont nous parlons en ce moment. Les autres éditions n'ont été que des réimpressions ou n'ont pas été avouées par l'Académie. Voici donc l'inventaire authentique de la langue en 1835. Un des juges les plus compétens en pareille matière, M. Saint-Marc Girardin, a dit de ce grand travail : « Nous aurions mauvaise grâce à prétendre que le Dictionnaire de l'Académie est parfait : l'Académie ellemême ne le croit pas; mais, tel qu'il est, et malgré les défauts qui tiennent à son plan, défauts qui ne sont guère plus grands que les défauts du plan opposé, ce trésor de notre langue

« EdellinenJatka »