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culture témoignent d'une évolution régulière et constante dans le sens de l'amélioration continue.

La mouche de l'asperge.

Tout le monde sait que la petite ville d'Argenteuil, près Paris, n'est pas célèbre uniquement par la possession d'une tunique jadis portée par le Christ. On y récolte aussi des asperges admirables et qui font les délices de tous les vrais gourmets.

Mais, par malheur, les gastronomes ne sont point les seuls à aimer passionnément ces savoureux produits, d'une horticulture savante et attentive.

Leur passion pour l'asperge, certains insectes très vulgaires la partagent, au grand dommage de la réussite des récoltes du délicieux légume.

Telle est l'exacte et cruelle réalité. Depuis quelques années, en effet en ce dernier printemps, les choses se sont encore aggravées - les cultures d'asperges à Argenteuil, au grand émoi des cultivateurs de la région, sont sérieusement menacées du fait d'une minuscule mouche, la platyparæa pœciloptera.

Contrairement à ce que l'on pourrait supposer, cette vilaine petite bête n'est pas le moins du monde une nouvelle venue dans la collection si étendue des ennemis de nos champs et de nos jardins.

Si la platyparœa pœciioptera n'avait pas encore fait son apparition dans nos champs d'asperges, il en était tout autrement en d'autres pays,

Connue depuis le xvII° siècle comme espèce zoologique, la platyparea fut pour la première fois signalée en 1847 par le naturaliste F. Bouché, à l'occasion des ravages occasionnés en Allemagne, dans certaines plantations d'asperges, et, depuis, à diverses reprises, d'autres auteurs attirèrent l'attention sur sa funeste présence.

Qu'est-ce exactement que cette vermine qui se présente ainsi

comme une ennemie redoutable aux gastronomes. M. Kunckel d'Herculais en donne la description suivante :

« Cette mouche, qui atteint à peine la taille de nos mouches domestiques, est d'un rouge brun luisant sur la tête, sur les côtés du thorax et sur les pattes; la face, y compris les joues, les pièces buccales et les antennes, qui ont la coloration la plus claire, est d'une nuance plutôt jaune rouge. Le dessus du thorax, saupoudré faiblement de gris, est traversé par trois raies longitudinales noires, étroites, plus ou moins nettes; l'écusson est d'un noir luisant. L'abdomen, d'un noir brunâtre. est gris sur les bords postérieurs de ses anneaux; chez la femelle, il est effilé, d'un noir intense, et porte une tarière jaune rouille; chez le mâle, il est mousse et cylindrique sur tout son trajet. Les ailes, dont la pointe est très mousse et très arrondie, et dont le dernier tiers offre une largeur très constante, sont également d'un noir brunâtre et présentent des taches claires transparentes disposées en zigzags.

« Les pattes, plutôt massives que grêles, portent, ainsi que les côtés de l'abdomen. des poils hérissés Cette mouche mesure 4,5 à 8,7 de long. »>

Comment ce chétif insecte exerce-t-il ses ravages?

Une note adressée à la Société de biologie par M. le professeur Alfred Giard nous renseigne à cet égard.

«Si l'on examine quel est le mode de développement de la mouche platyparœa, on constate la série des phénomènes suivants. Au moment où les jeunes pousses d'asperges sortent de terre, la femelle pond ses œufs entre les écailles du bourgeon terminal, et, à l'aide de sa tarière, les introduit à l'intérieur même des tissus de la plante. Ces œufs, de deux à trois semaines plus tard, éclosent et donnent naissance à des larves, qui se creusent de haut en bas dans la substance de la tige des asperges, des sillons longitudinaux, dont la couche interne prend rapidement une teinte roussâtre.

« Dans l'espace d'une quinzaine de jours, cette larve atteint toute sa taille et mesure alors un centimètre de longueur, avec une épaisseur variant de un millimètre et demi à deux millimètres et demi.

«Vers la fin de juin et au commencement de juillet, la larve, dont l'extrémité céphalique est la plus effilée et se dirige tou

L'ANNÉE SCIENTIFIQUE.

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jours vers la racine du végétal, se transforme en une nymphe de couleur fauve et en forme de tonnelet dans l'intérieur même de l'asperge. C'est de ce tonnelet qu'au printemps suivant s'échappe la mouche, qui, venant déposer ses œufs sur des turions émergeant à peine du sol, assure ainsi la perpétuation de son espèce ».

Tel est, en ses grandes lignes, le cycle des métamorphoses de la mouche « platyparée ».

De la connaissance même de son genre de vie et de son mode de développement, découle, naturellement, l'indication des règles à suivre pour la combattre.

Contraire à ce qu'on pourrait penser, en effet, la lutte contre les insectes ravageurs n'est pas nécessairement vaine. C'est que si les insectes sont redoutables par le nombre, ce nombre peut être singulièrement réduit si l'on prend les précautions requises. A de multiples reprises et pour des espèces très diverses, l'expérience en a été faite avec succès.

Voyous donc comment s'opère la contamination des plants. La mouche pond sur l'asperge alors que celle-ci sort de terre. Il s'ensuit, fait observer M. le professeur Giard, « que les plantes en plein rapport n'ont rien à craindre de ses attaques. L'œuf est bien introduit dans les tissus du végétal par la tarière du diptère femelle, mais les asperges sont cueillies et portées au marché avant que la larve ait eu le temps d'éclore, ou en tout cas, à une époque où elle est trop petite pour être aperçue par le consommateur.

«La disparition de l'insecte parfait coïncidant avec la fin de la cueillette, les dernières asperges qui poussent sur les buttes ne sont pas atteintes non plus, et les vieilles souches demeurent indemnes.

«Mais il n'en est malheureusement pas de même des jeunes plants, sur lesquels on ne fait pas de cueillette pendant les trois premières années après le semis. Leur tige est rongée et plus ou moins détruite par les larves, de telle sorte que la plante dépérit et souvent même disparaît avant d'avoir fourni sa première récolte. >>

Or, jusqu'ici, à Argenteuil, si nous nous en rapportons à un des plus habiles cultivateurs de ce pays, M. Diegner, les habitudes de culture de l'asperge sont précisément des plus favo

rables à la multiplication de l'insecte. A Argenteuil, en effet, la coutume est de laisser le turion (que l'on désigne ici plus habituellement sous le nom de coton) sur la griffe jusqu'après Thiver, c'est-à-dire jusqu'aux premiers travaux du printemps. de manière à conserver un signe marquant l'emplacement des touffes à buter.

Eh bien! pour lutter efficacement contre la « platyparée pæciloptère », il faut rompre délibérément avec cette pratique.

A l'automne, ou mieux encore aussitôt après la récolte, il importe d'enlever soigneusement tous les turions et de les brùler, afin de détruire les pulpes qu'ils renferment. Par cette simple précaution, en effet, on évite au printemps suivant l'éclosion des diptères et par suite la contamination des plants, si bien que le combat cesse bien vite, faute de combattants.

Mais pour que ce résultat heureux soit atteint, il faut nécessairement que tous les intéressés de la région poursuivent une action commune.

Aux cultivateurs d'Argenteuil, déjà fort éprouvés par cet ennemi de leurs récoltes, d'agir en conséquence!

La phthiriose de la vigne.

Les ennemis de la vigne sont légion. Aussi, les viticulteurs ont-ils fort à faire pour défendre contre eux leurs plants les plus précieux. Chez nous, c'est le phylloxera, c'est l'oïdium, c'est le black-rot ou le mildew; en Palestine, en ces derniers temps, c'est la phthiriose qui menace l'existence des vignobles. Cette maladie, `au surplus, est loin d'ètre nouvelle : la Bible, le Talmud, Posidonius, Strabon, constatérent jadis son existence et proposèrent des moyens propres à la combattre.

Quoi qu'il en soit, jusqu'en ces derniers temps, on connaissait mal la nature précise de la phthiriose. Des recherches récentes de MM. L. Mangin et P. Viala ont fixé de façon précise ce point important. La phthiriose, d'après ces deux savants, est déterminée par une association, presque par une symbiose,

de la cochenille, le Dactylopius vitis, et d'un champignon, le Bornetia corium.

Cette association de l'insecte et du végétal pour produire la maladie des vignes de Palestine est particulière à cette contrée et tient à la sécheresse particulière de son climat, qui oblige le Dactylopius vitis à adopter des conditions de vie particulières.

En Europe et en Afrique (France, Algérie, Tunisie), partout où l'on a eu occasion de rencontrer cette sorte de cochenille, on l'a toujours trouvée cantonnée sur les organes extérieurs des pieds de vigne; or, en Palestine, il est tout à fait exceptionnel de la trouver sur les rameaux; son habitat ordinaire est sur les racines des ceps, d'où elle fait sortir, par ses piqûres, des quantités considérables de liquide. Mais l'humidité ainsi créée dans le sol favorise le développement du Bornetia corium, dont le mycelium forme autour des racines une sorte de manchon qui les enveloppe, sans, du reste, les pénétrer jamais. Ces manchons offrent aux cochenilles un abri des meilleurs contre la dessiccation, jusqu'au jour où la plante succombe épuisée par les piqures répétées des insectes.

D'après MM. Mangin et Viala, la maladie de la phthiriose pourrait être utilement combattue par l'emploi du sulfure de carbone injecté dans le sol, et appliqué avant la formation du feutrage mycélien, qui s'oppose, par son imperméabilité, à la pénétration des vapeurs destructives dans les régions habitées par les cochenilles.

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