Sivut kuvina
PDF
ePub

phosphoré spontanément inflammable; il a appliqué immédiatement ce principe à l'allumage des bouées.

La torche marine est d'une remarquable simplicité. Cet engin consiste en un cylindre concave, en métal, de dimensions pouvant varier de 7 centimètres à 50 centimètres de diamètre et de 50 centimètres à 1,50 de longueur.

Ce cylindre est soudé à chacune de ses extrémités et renferme un panier en fil de fer dans lequel on place une certaine quantité de carbure de calcium; il contient aussi une chambre à air, qui lui donne la faculté de flotter librement sur l'eau, aussi bien lorsqu'il est plein de carbure qu'à vide.

A la partie supérieure du cylindre, sont disposés plusieurs brûleurs adjacents uniflammes, auxquels se trouve adaptée une petite chambre contenant du phosphure de calcium, lequel, mis au contact de l'eau, produit de l'hydrogène phosphoré qui s'enflamme spontanément. Pas de mécanisme, donc pas de dérangement possible. Une fois descellée, la torche n'a plus qu'à ètre jetée à l'eau : celle-ci pénètre par les trous disposés à sa base, et l'acétylène se forme instantanément.

Le gaz s'échappe des brûleurs et s'allume au contact de la flamme de l'hydrogène phosphoré qui s'est formé au contact de l'eau; il brûle avec une force telle qu'aucun courant d'air ne peut l'éteindre.

La chaleur dégagée sèche le phosphure de calcium, qui s'éteint et ne se rallume que si le fàcheux paquet de mer qui a éteint les becs ne vient comme par hasard l'humecter à nouveau et produire une nouvelle flamme.

La torche marine est d'une aide puissante lors des sauvetages en mer; elle s'attache aux bouées et peut être jetée à la mer avec elles.

GEOGRAPHIE ET GEODESIE

Europe.

L'année géographique.

Notre vieille Europe tente encore les explorateurs : c'est ainsi que M. Pittard, membre de l'Université de Genève, est allé étudier la Roumanie, après avoir passé déjà six mois à pérégriner dans la Dobrudja, entre le Bas-Danube et la mer Noire. Cette province est habitée par un mélange de races, Tures, Tatars, Bulgares, Roumains, Lazes, Tziganes, etc.

Après un séjour chez les Tatars Nogais, l'explorateur a visité les villages bulgares, où il a remarqué des statuettes à têtes de hiboux, des haches en pierre polie et des cranes macrocéphales ainsi qu'en décrivait Hippocrate; il a aussi étudié des types de tziganes purs, et exploré Constanza, colonie allemande perdue dans ces régions qu'il identifie avec l'ancienne Tomê, la petite ile où le poète Ovide finit ses jours.

Départ du baron de Baye, bien connu de nos lecteurs par ses explorations ethnographiques et archéologiques dans les Russies d'Europe et d'Asie dont il fait son fief. Cette année, il est parti au mois d'aoûùt dans le nord de la Russie d'Europe, et, traversant ensuite l'Empire du tzar du Nord au Sud il ira étudier méthodiquement le Caucase et les régions d'alentour.

MM. Anderson, Munro et Welsh (mission anglaise) et MM. Cumont frères (mission belge) rentrent d'une exploration archéologique faite dans les régions de l'ancien royaume du Pont; ils ont mis à jour plusieurs inscriptions et fourni de curieux renseignements inédits sur la civilisation gréco-romaine.

Asie. M. Lucat fait connaitre les résultats de la mission française en Boukharie, partie en 1902. Les voyageurs ont étudié le régime des eaux de l'Amou-Daria et remonté ce fleuve jusqu'à Saraï, puis, ayant traversé la région des placers aurifères et la Boukharie orientale, ils ont séjourné dans le Danvaz et le Kharté

gine afin d'en étudier la géologie. Enfin, franchissant les monts Alaï par le col de Karagoueh-Kana, ils ont reconnu un col situé à 4180 mètres et occupé par un glacier long de 14 kilomètres. Les voyageurs ont étudié des phénomènes glaciaires de ce massif montagneux.

2400 kilomètres et un pé

Il n'y avait qu'une seule route nible voyage de quatre mois environ pour passer de l'Inde

en Perse c'était celle de Trébizonde à Mèchez, dans le Khorassan. Les Anglais, toujours pratiques, viennent d'en créer une seconde, qui part de Quettah, à l'Ouest de l'Inde, et aboutit au même terminus que l'ancienne route, mais ne mesure que 1600 kilomètres. De plus, le point de départ, Quettah, n'est qu'à vingt-huit heures du port de Kuratchee, sur la mer d'Oman.

Cette nouvelle route, qui traverse tout le Bélouchistan désertique, région sans ressources, parcourue par des bandes de nomades pillards, et sans eau - il a fallu forer des puits, établir des relais et des postes armés a nécessité des frais excessifs.

Une société franco-allemande est en train de construire une voie ferrée à travers le Hedjaz, destinée à mettre en communication suivie les villes saintes de l'Arabie avec la Palestine et la Syrie. Cette ligne, qui en est au 120 kilomètre, partira de Damas, et passera par Mezarib, Amman, Maan, Médine et La Mecque. Le chemin de fer de Damas à Beyrouth la reliera à la Méditerranée.

Dans une région toute voisine, le docteur Bielinski a traversé la région transcaspienne, entre Krasnodarsk et Khiva. Cette chevauchée de 850 kilomètres dans un effroyable désert de sable où la chaleur atteint parfois 60o Réaumur, où les rares puits ne renferment que de l'eau chaude, amère et bourbeuse, où sévit sans cesse un vent suffocant dura 29 jours; au vingtième, les explorateurs étaient épuisés, et nul d'entre eux n'aurait revu peut-être l'Europe, sans le Khan de Khiva qui envoya des troupes à leur secours.

Cette exploration a découvert une nouvelle route pour les caravanes et reconnu des points d'eau non encore portés sur les

cartes.

Un autre point important regarde l'hydrographie. Il y a plu sieurs siècles, l'Amou-Daria (l'antique Oxus) se jetait dans la

mer Caspienne. Modifiant son cours, ce fleuve se jette aujourd'hui dans la mer d'Aral, et privée de cet appoint, la mer Caspienne a élevé sa température, s'évapore davantage et diminue de superficie de jour en jour. D'un autre côté, les alluvions de la Volga envahissent et comblent progressivement le bassin, de sorte que la Caspienne est condamnée à disparaître dans un temps relativement court. Aussi, inquiet à juste titre, le gouvernement russe serait disposé à rétablir l'ancien cours de l'Amou-Daria.

En remontant en Sibérie, il nous faut mentionner l'expédition Jésup, qui, au point de vue ethnographique, est grosse de conséquences. Cette mission, organisée par M. Jésup et le Muséum d'histoire naturelle américain, et dirigée par M. Jokhelson, a découvert la tribu inconnue des Yukoghirs et séjourné chez les Tchoukies, peuplade fort primitive, dont l'originalité est de présenter une flagrante identité d'origine avec les races indiennes de l'Amérique boréale. Ce qui confirme une fois de plus l'hypothèse de l'isthme plus ou moins grand de Behring, que M. de Lobel voudrait rétablir par une voie ferrée le Transalaskien.

Les Yukoghirs appartiendraient donc à la race paléo-asiatique; petits et bien faits, ils ont la figure ronde, et leurs femmes ont la peau très blanche. Ces naturels n'avaient jamais vu de blancs les voyageurs ont dù s'entretenir avec eux par gestes, à la façon des sourds-muets.

L'exploration Jesup a recueilli de nombreux documents linguistiques, des cantiques et des légendes, qui jettent un jour nouveau sur l'histoire des races humaines.

Aujourd'hui que la Russie d'Asie s'est prodigieusement agrandie, nous pouvons passer de Sibérie en Thibet sans faire un trop grand saut. Là, nous rencontrerons l'explorateur russe Boris Fedtschenko, qui s'est aventuré dans ces régions fermées à peu près à la même époque que Sven Heddin. L'explorateur russe a rapporté de Pamir et du Chougan d'admirable collections. Après avoir exploré le Pamir intérieur et défini les limites naturelles de ce plateau haut de 4000 mètres, entouré de montagnes deux fois plus hautes, Fedtschenko a découvert et exploré les glaciers souterrains qui bordent le grand lac Karakoul.

Mentionnons enfin l'expédition de l'explorateur japonais Ka

ragouski, qui a pu pénétrer à Lhassa et y séjourner 18 mois. Mais ce n'a pas été sans peine. Après deux tentatives infruetueuses, le voyageur japonais se mit à apprendre la langue thibétaine et se présenta comme étant un lama de province; il fut très bien accueilli et il séjournerait peut-être encore dans la Mecque thibétaine, si un jour sa supercherie n'avait été découverte. Il fut expulsé, après avoir failli perdre la vie comme chàtiment de son indiscrétion et de son imposture.

L'hostilité religieuse des Thibétains a fait également rétrograder une mission commerciale anglaise, en même temps que les habitants détruisaient les lignes télégraphiques que celle mission avait établies derrière elle. Assiégés dans Kamba-long où ils s'étaient retranchés, les voyageurs durent oublier leur caractère pacifique et montrer ce qu'ils étaient peut-être au fond : des éclaireurs d'une mission militaire. L'Angleterre qui ne néglige aucun des atouts que le Destin met dans son jeu va certainement en profiter pour venger l'honneur du drapeau... et agrandir probablement ses états.

Dans l'Inde, il nous faut mentionner le prodigieux exploit de 6 alpinistes: 5 Anglais, 2 Autrichiens et 1 Suisse, le Dr Jacob Guillarmot, qui ont escaladé les monts Daprang (8620 mètres d'altitude). A la vérité, cette deuxième cime du monde, daus le haut massif du Karakoroum, n'a été violée que jusqu'à 7000 mètres; mais, pendant les 75 jours qu'a duré le séjour sur ce glacier, des études très intéressantes ont été faites sur la raréfaction de l'air et sur la respiration.

Cette caravane scientifique ne comptait pas moins de 250 personnes, divisées en 12 camps distincts.

Si nous passons à notre Asie française, nous signalerons la rentrée de M. Barthélemy, qui a créé là-bas le cabotage méthodique qui n'y existait pas encore.

Après avoir étudié en détail, le petit port fluvial de Tong-Kéou, à l'embouchure du Peï-llo, M. Varcollier, enseigne de vaisseau, a pris le chemin de fer transmandchourien, qui forme le dernier tronçon de la ligne transsibérienne. A l'époque du retour de M. Varcollier, l'amorce d'Irkoustk-Pékin n'était plus interrompue qu'en deux endroits à New-Chang (où l'on passait le Liao-Khé en bateau) et au lac Baïkal qu'on traversait en bateau ou en traineau selon la saison. Le trajet total (Paris-Pékin), qui était

« EdellinenJatka »