Sivut kuvina
PDF
ePub

jour

"

Il y en a mille exemples: il fuffira d' en alleguer trois de mefme perfonnage. Scipion estant un accufé devant le peuple Romain d'une accusation importante, au lieu de s'excufer ou de Hatter fes juges: Il vous fiera bien, leur dit-il, de vouloir entreprendre de juger de la tefte de celui, par le moyen du quel Vous avez l'authorité de juger de tout le monde! Et une autrefois, pour toute response aux imputations que luy mettoit fus un Tribun du peuple, au lieu de plaider fa caufe: Allons, dit-il, nes Citoyens, allons rendre graces aux dieux de la victoire qu' ils ine donnoient contre les Carthaginois en pareil' jour que ce. luy-cy. Et fe mettant à marcher devant vers le temi, ple, voyla toute l'affemblée, et fon accufateur mesme à la fuite. Et Petitius ayant efté fufcité par Caton pour luy demander compte de l'argent manié en la province d' Antioche, Scipion eftant venu au Senat pour cet effect, produifit le livre des raifons qu'il avoit dessus sa robbe, et dit, que ce livre en contenoit au vray la recepte et la mife: mais comme on le luy deinanda, pour le mettre au greffe, il le refula, difant, ne fe vouloir pas faire cette honte à soy-mesme: et de ses mains en la prefence du Senat le deschira et mit en pieces. Je ne croy pas qu' une ame cauterizée fċeust contrefaire une telle affeurance. Il avoit le coeur trop gros de nature, et accoustumé à trop haute fortune, dit Tite Live, pour fçavoir eftre criminel, et se demettre à la baffeffe de defendre fon innocence.

[ocr errors]

C'est une dangereuse invention que celle des gehennes, et semble que ce soit plustost un essay de patience que de verité. Et celuy qui les peut fouffrir, cache la verité, et celuy qui ne les peut fouffrir. Car pourquoy la douleur me fera-elle pluftoft confeffer ce qui en eft, qu'elle ne me forcera de dire ce qui n'est

pas?

་་་

pas? Et au rebours, fi celuy qui n'a pas faict ce de quoy on l'accufe, eft allez patient pour, fupporter ces tourments, pourquoy ne le fera celuy qui l'a faict, un fi beau guerdon, que de la vie, luy eftant propofé? Je pense que le fondement de cette invention vient de la confideration de l'effort de la confcience. Car au coupable il femble qu'elle aide à la torture pour luy faire confeller La faute, et qu'elle, l'affoibliffe: et de l'autre part qu'elle fortifie l'innocent contre la torture. Pour dire vray. c'est un moyen plein d' incertitude, et de danger. Que ne diroit-on, que ne feroit-on pour fuir à si grieves douleurs?

Etiam innocentes cogit mentiri dolor.

D'où il advient, que celuy que le juge a gehenné pour ne le faire mourir innocent, il le faffe mourir et innocent et gehenné. Mille et mille en ont chargé leur telte de fauffes confeffions. Entre lesquels je loge Philotas, confiderant les circonftances du procez qu' Alexandre luy fit, et le progrez de fa gehenne. Mais tant y a que c'est (dit - on) le moins mal que l'humaine foiblesse aye pu inventer: bien inhumainement pourtant, et bien inutilement à mon advis.

Plufieurs nations moins barbares en cela que la Grecque et la Romaine, qui les appellent ainsi, estiinent horrible et cruel de tourmenter et defrompre un homme, de la faute duquel vous eftes encore en doubte. Que peut-il mais de votre ignorance? N'estesvous pas injuftes, qui pour ne le tuer fans occasion, luy faites pis que le tuer? Qu'il soit ainsi, voyez combien de fois il ayme mieux mourir fans raison, que de passer par cette information plus penible que le fupplice, et l'execute. Je ne fçay, d'où je tiens ce conte mais il rapporte exactement la confcience de noftre Justice. Une femme de village accusoit devant le Gene

fal

ral d'armée, grand Jufticier, un foldat, pour avoir arraché à fes petits enfans ce peu de bouillie qui luy' reftoit à les fubftanter, cette arniée ayant tout ravagé. De preuve il n'y en avoit point. Le General aprés avoir fommé la femme, de regarder bien à ce qu'elle difoit, d'autant qu'elle feroit coupable de fon accusa-* tion, fi elle mentoit: et elle perfiftant, il fit ouvrir le ventre au foldat, pour s'éfclaircir de la verité du faict et la femme fe trouva avoir raison.

nation inftructive.

Condain

[ocr errors][merged small][merged small]

Fenelon.

Francois de Salignac de la Miotte Fenelon, Erzbischof zu Cambray, geb. zu Querch 1651, gest. 1715, gehört unstreitig zu den französischen Prosaikern vom ersten Range. Aus seinem Telemach würde ich schon im fünften Bande unter den Proben franzifischer Heldengedichte eine Stelle eingerückt haben, wenn ieß Werk nicht in aller Händen wåre, so unglücklich und ziveck widrig man es auch, wenigftens chedem, zum Lesebuche für Aufäns ger in der französischen Sprache wählte. Fenelon vereinte mit großen Talenten den edelsten, reinften moralischen Charakter: und beide leuchten unverkenubar aus seinen Schriften überall hervor. Auch seine philofophifchen Werke verdienen noch immer Aufmerkz famkeit, und empfehlen sich eben so sehr durch Würde und Ans muth des Styls, als durch ihren belehrenden Inhalt. Juimer noch sollte auch fein kleines Buch, L'Education des Filles mehr gelesen und beherzigt werden, weil es so manches enthält, was man gewiß in unsern beften neuern Erziehungsschriften nicht besser autrift, und so manches, was man, wenn man fich bloß an den Titel hålt, nicht darin anzutreffen erwartet. Durch folgendes daraus entlehnte Kapitel wünsche ich es etwas mehr wieder in Ers innerung zu bringen.

QUELS SONT LES PREMIERS FONDEMENS DE L' EDUCATION.

Pour rémedier à tous ces maux, c'est un grand avantage que de pouvoir commencer l'education des filles dès leur plus tendre enfance; ce premier âge qu'on abandonne à des Femmes indifcretes et quelquefois déréglées, eft pourtant celui où se font les impreffions lés plus profondes, et qui par conféquent a un grand rapport à tout le reste de la vie.

Avant que les enfans fçachent entierement parler, on peut les préparer à l' inftruction. On trouvera peut-être que j'en dis trop: mais on n'a qu' à confide

ter

[ocr errors]

Il ap

rer ce que fait l'enfant qui ne parle pas encore. prend une langue qu'il parlera bien - tôt plus exactement que les Sçavans ne fçauroient parler les langues mortes qu'ils ont étudiées avec tant de travail dans l'àge le plus meur. Mais qu'eft-ce qu' apprendre une langue? Ce n'eft pas feulement mettre dans fa menioire un grand nombre de mots; c'est encore, dit Saint Augustin, observer le fens de chacun de ces mots en particulier. L'enfant, dit-il, parmi les cris et les jeux, remarque de quel objet chaque parole eft le figne, il le fait tantôt en confiderant les mouvemens naturels des Corps qui touchent, ou qui montrent les objets dont on parle, tantôt étant frappé par la fréquente répétition du même mot pour fignifier le même objet. Il eft vrai que le tempérament du cerveau des enfans leur donne une admirable facilité pour l'impreffion de toutes ces images. Mais quelle attention d' efprit ne faut-il pas pour les discerner et pour les attacher chacune à son objet?

Confiderez encore combien dès cet àge les enfans cherchent ceux qui les flattent, et fuyent ceux qui les contraignent; combien ils fçavent crier ou fe taire pour avoir ce qu'ils fouhaitent; combien ils ont déjà d'artifice et de jaloufie: J'ai vû, dit Saint Augustin, un en

fant jaloux, il ne fçavoit pas encore parler, et avec un visage pàle et des yeux irritez il regardoit déjà l'enfant qui tettoit avec lui.

On peut donc compter, que les enfans connoiffent dés-lors plus qu'on ne s'imagine d'ordinaire; ainfi vous pouvez leur donner par des paroles qui feront aidées par des tons et des geftes, l'inclination d'être avec les perfonnes honnêtes et vertueuses qu'ils voyent plûtôt qu'avec d'autres perfonnes déraifonnables qu'ils!

feroient

« EdellinenJatka »