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gres. ature,

Lui-même n'alla point chercher de nourrimais d'un piteux et perpétuel gémissement,

<< avec des cris pressés et désolés, léchant la main

«

«

qui ne lui répondait point par une caresse, il amourut. La foule périt de faim par degrés ; mais

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« deux hommes dans une énorme cité survécuet ils étaient ennemis. Ils se rencontrèrent auprès des brandons mourants d'un autel où

rent,

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«

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et,

<< un amas de choses saintes avaient été empilées pour un usage profane. Ils les ramassèrent, grelottant, de leurs froides mains de squelettes

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<< ils grattèrent les faibles cendres, et leur faible « souffle — tâcha d'y souffler une petite vie, et fit « une flamme qui était une dérision. Puis, comme

< elle devenait plus claire, ils levèrent leurs yeux « et regardèrent chacun la face de l'autre ; ils se

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I had a dream, which was not all a dream.
The bright sun was extinguish'd, and the stars
Did wander darkling in the eternal space,

Rayless, and pathless, and the icy earth

Swung blind and blackening in the moonless air;

Morn came and went

Forests were set on fire

and came, and brought no day.

but hour by hour

They fell and faded - and the crackling trunks
Extinguish'd with a crash and all was black.

And they did live by watchfires · and the thrones,
The palaces of crowned kings
the huts,

1

The habitations of all things which dwell,
Were burnt for beacons: cities were consumed,
And men were gathered round their blazing homes
To look once more into each other's face;

IV

Entre ces poëmes effrénés et funéraires, qui tous incessamment reviennent et s'obstinent sur le même sujet, il y en a un plus imposant et plus haut, Manfred, frère jumeau du plus grand poëme du siècle, le Faust de Goethe. « Lord Byron m'a pris mon Faust, << disait Goethe, et l'a fait sien. Il en a employé les << ressorts moteurs à sa façon, pour son but propre, « de sorte qu'aucun d'eux ne reste le même, et c'est pour cette raison surtout que je ne saurais trop « admirer son génie. » En effet, l'œuvre était originale. « Je n'ai jamais lu le Faust de Goethe, écrivait Byron, car je ne sais pas l'allemand; mais Matthew

The brows of men by the despairing light
Wore an unearthly aspect, as by fits

The flashes fell upon them; some lay down

And hid their eyes and wept; and some did rest

Their chins upon their clenched hands, and smiled;

And others hurried to and fro, and fed

Their funeral piles with fuel, and look'd up

With mad disquietude on the dull sky,

The pall of a past world; and thence again

With curses cast them down upon the dust

And gnash'd their teeth and howl'd the wild birds shriek'd,
And, terrified, did flutter on the ground,

And flap their useless wings; the wildest brutes
Came tame and tremulous; and vipers crawl'd
And twined themselves among the multitude,
Hissing, but stingless they were slain for food:
And War, which for a moment was no more,
Did glut himself again; a meal was bought
With blood, and each sate sullenly apart,
Gorging himself in gloom : no love was left;
All earth was but one thought and that was death,
Immediate and inglorious; and the pang

Of famine fed upon all entrails-men

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Monk Lewis, en 1816, à Coligny, m'en traduisit la plus grande partie de vive voix, et naturellement j'en fus très-frappé. Néanmoins c'est le Steinbach et << la Jungfrau, et quelque chose d'autre encore, bien plus que Faust, qui m'ont fait écrire Manfred. » — « L'œuvre est si entièrement renouvelée, ajoutait Goethe, que ce serait une tâche intéressante pour << un critique de montrer non-seulement les altérations, mais leurs degrés. » Parlons-en donc tout à notre aise il s'agit ici de l'idée dominante du siècle, exprimée de manière à manifester le contraste de deux maîtres et de deux nations.

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Ce qui fait la gloire de Goethe, c'est qu'au dix-neuvième siècle il a pu faire un poëme épique, j'entends un poëme où agissent et parlent de véritables dieux. Cela semblait impossible au dix-neuvième siècle, puis

Died, and their bones were tombless as their flesh;
The meagre by the meagre were devour'd,
Even dogs assail'd their masters, all save one,

And he was faithful to a corpse, and kept

The birds and beasts and famish'd men at bay,
Till hunger clung them; or the dropping dead
Lured their lank jaws; himsef sought out no food.
But with a piteous and perpetual moan,
And a quick desolate cry, licking the hand
Which answer'd not with a caress - he died.
The crowd was famish'd by degrees; but two

Of an enormous city did survive,

And they were enemies they met beside
The dying embers of an altar place

Where had been heap'd a mass of holy things

For an unholy usage; they raked up

And shivering scraped with their cold skeleton hands
The feeble ashes, and their feeble breath

Blew for a little life, and made a flame

Which was a mockery; then they lifted up
Their eyes as it grew lighter, and beheld

Each other aspects-saw, and shriek'd, and died
Even of their mutual hideousness they died....

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que l'œuvre propre de notre âge est la considération épurée des idées créatrices et la suppression des personnes poétiques par lesquelles les autres âges n'ont jamais manqué de les figurer. Des deux familles divines, la grecque et la chrétienne, aucune ne paraissait capable de rentrer dans le monde épique. La littérature classique avait entraîné dans sa chute les mannequins mythologiques, et les dieux antiques dormaient sur leur vieil Olympe, où l'histoire et l'archéologie pouvaient seules aller les réveiller. Les anges et les saints du moyen âge, aussi étrangers et presque aussi lointains, étaient couchés sur le vélin de leurs missels et dans les niches de leurs cathédrales, et si quelque poëte, comme Châteaubriand, essayait de les faire rentrer dans le monde moderne 1, il ne parvenait qu'à les rabaisser jusqu'à l'office de décors de sacristie et de machines d'opéra. La crédulité mythique avait disparu par l'accroissement de l'expérience; la crédulité mystique avait disparu par l'accroissement du bien-être. Le paganisme, au contact de la science, s'était réduit à la reconnaissance des forces naturelles; le christianisme, au contact de la morale, se réduisait à l'adoration de l'idéal. Pour diviniser de nouveau les puissances physiques, il eût fallu que l'homme redevînt un enfant bien portant comme sous Homère. Pour diviniser de nouveau les puissances spirituelles, il eût fallu que l'homme redevînt un enfant malade comme sous Dante. Mais il était adulte, et ne

1. L'ange des saintes amours, l'ange de l'Océan, les chœurs des esprits bienheureux. Voyez cela tout au long dans les Martyrs

pouvait remonter vers les civilisations, ni vers les épopées d'où le courant de sa pensée et de sa vie l'avait retiré pour jamais. Comment lui montrer ses dieux, les dieux modernes? comment les revêtir pour lui d'une forme personnelle et sensible, puisque c'est justement de toute forme personnelle et sensible qu'il a travaillé et réussi à les dépouiller? Au lieu d'écarter la légende, Goethe la reprend. C'est une histoire du moyen âge qu'il choisit pour thème. Soigneusement, pieusement, il suit à la trace les vieilles mœurs et la vieille croyance. Un laboratoire d'alchimiste, un grimoire de sorcière, de grosses gaîtés de villageois, d'étudiants ou d'ivrognes, le sabbat sur le Brocken, la messe à l'église vous croiriez voir une gravure du temps de Luther, consciencieuse et minutieuse; rien n'est omis. Les personnages célestes apparaissent dans les attitudes consacrées, selon le texte de l'Écriture, à la façon des anciens mystères. C'est le Seigneur avec les anges, puis avec le diable, qui vient lui demander la permission de tenter Faust, comme autrefois il a tenté Job. C'est le ciel comme l'imaginait saint François et le peignait Van Eyck, avec les anachorètes, les saintes femmes et les docteurs, les uns dans un paysage de rochers bleuâtres, les autres au-dessus dans l'air sublime, autour de la Vierge glorieuse, rangés par régions et flottant en chœurs. Goethe pousse l'affectation d'orthodoxie jusqu'à inscrire au-dessous de chacun son nom latin et sa niche dans la Vulgate1.

Mulier Samaritana,

1. Magna peccatrix, S. Lucæ vil, 36. S. Johannis IV. Maria Egyptiaca (Acta Sanctorum), etc.

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