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met sur les feuilles mourantes!»-« Écoute-moi!

« écoute-moi! - Astarté, ma bien-aimée, parle-moi !
J'ai tant enduré, j'ai tant à endurer encore !
a Regarde-moi, ce tombeau ne t'a pas changée - plus
que je suis changé pour toi. Tu m'aimais trop —
« comme je t'ai trop aimée. Nous n'étions point faits
pour nous torturer l'un l'autre, quand c'eût été
le plus mortel péché de nous aimer comme nous
<< nous sommes aimés. - Dis que tu n'as point horreur
<< de moi, que je subiscette punition pour nous
deux, que tu seras -un des esprits bienheureux, et
que je mourrai; - car jusqu'ici toutes les choses
« odieuses conspirent― pour me lier à la vie, à une
<< vie qui me fait reculer en frémissant devant
l'immortalité, devant un avenir pareil au
passé. Je n'ai plus de repos, je ne sais pas
« ce que je demande, ni ce que je cherche. Je
<< sens seulement ce que tu es et ce que je suis.

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Et pourtant je voudrais une fois encore, avant de périr, entendre la musique de ta voix. Parle-moi, car je t'ai appelée dans la nuit silencieuse, j'ai effrayé les oiseaux endormis dans les rameaux muets, - j'ai éveillé les loups des montagnes et « rendu ton nom familier aux échos des caver«nes, qui me répondaient; bien des choses m'ont répondu, - esprits et hommes; mais tu as toujours ⚫ été muette. Parle-moi; j'ai erré sur la terre,

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1. There's bloom upon her cheek;

But now I see it is not living hue,

But a strange hectic like the unnatural red
Which Autumn plants upon the perish'd leaf.

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je

« et je n'ai jamais trouvé ta ressemblance. Parle-moi; regarde les démons autour de nous; ils se sen« tent un cœur pour moi. Je ne les crains pas, « ne sens mon cœur que pour toi seule. Parle-moi, quand ce serait avec courroux. Dis un mot, - n'im« porte lequel. Seulement que je t'entende encore une « fois, encore cette fois, encore une fois1!» Elle parle, quelle triste et douteuse réponse! et des convulsions courent sur les membres de Manfred, lorsqu'elle disparaît; mais un instant après, les esprits

1.

Hear me, hear me

Astarte! my beloved! speak to me :

I have so much endured.

so much endure ·

Look on me! the grave hath not changed thee more
Than I am changed for thee. Thou lovedst me
Too much, as I loved thee: we were not made
To torture thus each other, though it were
The deadliest sin to love as we have loved.
Say that thou loath'st me not, that I do bear
This punishment for both that thou wilt be
One of the blessed- and that I shall die.
For hitherto all hateful things conspire
To bind me in existence in a life
Which makes me shrink from immortality
A future like the past. I cannot rest.
I know not what I ask, nor what I seek:
I feel but what thou art, and what I am;
And I would hear yet once before 1 perish
The voice which was my music Speak to me!
For I have call'd on thee in the still night,

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Startled the slumbering birds from the hush'd boughs
And woke the mountain wolves, and made the caves
Acquainted with thy vainly echoed name,

Which answer'd me - many things answer'd me-
Spirits and men - but thou wert silent all.

Speak to me! I have wander'd o'er the earth,
And never found thy likeness-speak to me!
Look on the fiends around, they feel for me:
I fear them not, and feel for thee alone.
Speak to me! though it be in wrath; but say
I reck not what- but let me hear thee once-
This once- once more

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voient qu'il se dompte et fait de sa torture l'esclave « de sa volonté. » — « S'il eût été l'un de nous, il eút « été un esprit redoutable1. » La volonté, voilà dans cette âme la base inébranlable. Il n'a point plié devant le souverain des esprits, il est resté debout et calme en face du trône infernal, sous le déchaînement de tous les démons qui voulaient le déchirer; maintenant qu'il meurt et qu'ils l'assaillent, il lutte et triomphe encore; tout « râlant qu'il est, les lèvres blanches, il reste « debout dans sa force,» les brave et les chasse. « Tu n'as point de pouvoir sur moi, je le sens. — Tu a ne me posséderas jamais, je le sais. Ce que j'ai « fait est fait, je porte au dedans de moi

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une torture

à laquelle la tienne ne pourrait rien ajouter. L'âme, qui est immortelle, se donne à elle-même << la récompense ou le châtiment de ses bonnes ou de « ses mauvaises pensées. Elle est à elle-même le commencement et la fin de son propre mal. — Elle « est à elle-même son lieu et son temps. Son être intime, quand elle est dépouillée de cette mortalité, n'emprunte point sa couleur aux choses fugitives • du dehors, mais demeure absorbé dans une souffrance ou dans une joie- qui vient de la conscience « de ses propres mérites. Tu ne m'as point tenté, a ce n'est point toi qui aurais pu me tenter. -Je n'ai point été ta dupe, et je ne suis point ta proïe. — J'ai été mon propre destructeur, et je le serai encore –

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1.

Yet see, he mastereth himself, and makes
His torture tributary to his will.

Had he been one of us, he would have made
An awful spirit.

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<< dans la vie qui s'approche. Arrière, démons trompés! La main de la mort est sur moi, mais point la « vôtre 1.... » Le moi, l'invincible moi, qui se suffit à lui-même, sur qui rien n'a prise, ni démons, ni hommes, seul auteur de son bien et de son mal, sorte de dieu souffrant et tombé, mais toujours dieu sous ses haillons de chair, à travers la fange et les froissements de toutes ses destinées, voilà le héros et l'œuvre de cet esprit et des hommes de sa race. Si Goëthe a été le poëte de l'univers, Byron a été le poëte de la personne, et si le génie allemand dans l'un a trouvé son interprète, le génie anglais dans l'autre a trouvé le sien.

V

On devine bien que les Anglais se récriaient, et reniaient le monstre. Southey, poëte lauréat, disait de lui, en beau style biblique, qu'il tenait de Moloch

1.

Thou hast no power upon me,, that I feel;
Thou never shalt possess me, that I know:
What I have done is done; I bear within
A torture which could nothing gain from thine:
The mind which is immortal makes itself
Requital for its good or evil thoughts

Is its own origin of ill and end

its innate sense,

And its own place and time;
When stripp'd of this mortality, derives
No colour from the fleeting things without;
But is absorb'd in sufferance or in joy,
Born from the knowledge of its own desert.

Thou didst not tempt me, and thou couldst not tempt me.
I have not been thy dupe, nor am thy prey

But was my own destroyer, and will be
My own hereafter. Back, ye baffled fiends!
The hand of death is on me but not yours!

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4

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et de Belial, mais surtout de Satan, et avec une générosité de confrère, réclamait contre lui l'attention du gouvernement. Le papier ne suffirait pas, s'il fallait transcrire les injures des revues décentes « contre ces hommes (entendez cet homme) au cœur gâté, à l'imagination dépravée, qui, se forgeant «< un système d'opinions accommodées à leur triste conduite, se sont révoltés contre les plus saintes • ordonnances de la société humaine, et qui, haïssant cette religion révélée dont avec tous leurs efforts et toutes leurs bravades ils ne peuvent entièrement déraciner en eux la croyance, travaillent à rendre « les autres aussi misérables qu'eux-mêmes en les infectant d'un poison moral qui les rongera jus« qu'au cœur. » Emphase de mandement et pédanterie de cuistre dans ce pays, la presse fait l'office de gendarme, et jamais elle ne l'y a fait plus violemment qu'alors. L'opinion aidait la presse. Plusieurs fois en Italie lord Byron vit des gentlemen sortir d'un salon avec leurs femmes lorsqu'on l'annonçait. A titre de grand seigneur et d'homme célèbre, le scandale qu'il donnait criait plus haut que tout autre : il était a public sinner; un jour un ecclésiastique obscur lui envoya une prière qu'il avait trouvée dans les papiers de sa femme, charmante et pieuse personne, morte récemment, et qui en secret avait demandé à Dieu la conversion du grand pécheur. L'Angleterre conservatrice et protestante, après un quart de siècle de guerres morales et deux siècles d'éducation morale, avait poussé à bout sa sévérité et son rigorisme, et

« EdellinenJatka »