met sur les feuilles mourantes!»-« Écoute-moi! « écoute-moi! - Astarté, ma bien-aimée, parle-moi ! α a α « -- Et pourtant je voudrais une fois encore, avant de périr, entendre la musique de ta voix. Parle-moi, car je t'ai appelée dans la nuit silencieuse, j'ai effrayé les oiseaux endormis dans les rameaux muets, - j'ai éveillé les loups des montagnes et « rendu ton nom familier aux échos des caver«nes, qui me répondaient; bien des choses m'ont répondu, - esprits et hommes; mais tu as toujours ⚫ été muette. Parle-moi; j'ai erré sur la terre, 1. There's bloom upon her cheek; But now I see it is not living hue, But a strange hectic like the unnatural red je « et je n'ai jamais trouvé ta ressemblance. Parle-moi; regarde les démons autour de nous; ils se sen« tent un cœur pour moi. Je ne les crains pas, « ne sens mon cœur que pour toi seule. Parle-moi, quand ce serait avec courroux. Dis un mot, - n'im« porte lequel. Seulement que je t'entende encore une « fois, encore cette fois, encore une fois1!» Elle parle, quelle triste et douteuse réponse! et des convulsions courent sur les membres de Manfred, lorsqu'elle disparaît; mais un instant après, les esprits 1. Hear me, hear me Astarte! my beloved! speak to me : I have so much endured. so much endure · Look on me! the grave hath not changed thee more Startled the slumbering birds from the hush'd boughs Which answer'd me - many things answer'd me- Speak to me! I have wander'd o'er the earth, voient qu'il se dompte et fait de sa torture l'esclave « de sa volonté. » — « S'il eût été l'un de nous, il eút « été un esprit redoutable1. » La volonté, voilà dans cette âme la base inébranlable. Il n'a point plié devant le souverain des esprits, il est resté debout et calme en face du trône infernal, sous le déchaînement de tous les démons qui voulaient le déchirer; maintenant qu'il meurt et qu'ils l'assaillent, il lutte et triomphe encore; tout « râlant qu'il est, les lèvres blanches, il reste « debout dans sa force,» les brave et les chasse. « Tu n'as point de pouvoir sur moi, je le sens. — Tu a ne me posséderas jamais, je le sais. Ce que j'ai « fait est fait, je porte au dedans de moi α " α " une torture à laquelle la tienne ne pourrait rien ajouter. L'âme, qui est immortelle, se donne à elle-même << la récompense ou le châtiment de ses bonnes ou de « ses mauvaises pensées. Elle est à elle-même le commencement et la fin de son propre mal. — Elle « est à elle-même son lieu et son temps. Son être intime, quand elle est dépouillée de cette mortalité, n'emprunte point sa couleur aux choses fugitives • du dehors, mais demeure absorbé dans une souffrance ou dans une joie- qui vient de la conscience « de ses propres mérites. Tu ne m'as point tenté, a ce n'est point toi qui aurais pu me tenter. -Je n'ai point été ta dupe, et je ne suis point ta proïe. — J'ai été mon propre destructeur, et je le serai encore – « 1. Yet see, he mastereth himself, and makes Had he been one of us, he would have made << dans la vie qui s'approche. Arrière, démons trompés! La main de la mort est sur moi, mais point la « vôtre 1.... » Le moi, l'invincible moi, qui se suffit à lui-même, sur qui rien n'a prise, ni démons, ni hommes, seul auteur de son bien et de son mal, sorte de dieu souffrant et tombé, mais toujours dieu sous ses haillons de chair, à travers la fange et les froissements de toutes ses destinées, voilà le héros et l'œuvre de cet esprit et des hommes de sa race. Si Goëthe a été le poëte de l'univers, Byron a été le poëte de la personne, et si le génie allemand dans l'un a trouvé son interprète, le génie anglais dans l'autre a trouvé le sien. V On devine bien que les Anglais se récriaient, et reniaient le monstre. Southey, poëte lauréat, disait de lui, en beau style biblique, qu'il tenait de Moloch 1. Thou hast no power upon me,, that I feel; Is its own origin of ill and end its innate sense, And its own place and time; Thou didst not tempt me, and thou couldst not tempt me. But was my own destroyer, and will be 4 a a et de Belial, mais surtout de Satan, et avec une générosité de confrère, réclamait contre lui l'attention du gouvernement. Le papier ne suffirait pas, s'il fallait transcrire les injures des revues décentes « contre ces hommes (entendez cet homme) au cœur gâté, à l'imagination dépravée, qui, se forgeant «< un système d'opinions accommodées à leur triste conduite, se sont révoltés contre les plus saintes • ordonnances de la société humaine, et qui, haïssant cette religion révélée dont avec tous leurs efforts et toutes leurs bravades ils ne peuvent entièrement déraciner en eux la croyance, travaillent à rendre « les autres aussi misérables qu'eux-mêmes en les infectant d'un poison moral qui les rongera jus« qu'au cœur. » Emphase de mandement et pédanterie de cuistre dans ce pays, la presse fait l'office de gendarme, et jamais elle ne l'y a fait plus violemment qu'alors. L'opinion aidait la presse. Plusieurs fois en Italie lord Byron vit des gentlemen sortir d'un salon avec leurs femmes lorsqu'on l'annonçait. A titre de grand seigneur et d'homme célèbre, le scandale qu'il donnait criait plus haut que tout autre : il était a public sinner; un jour un ecclésiastique obscur lui envoya une prière qu'il avait trouvée dans les papiers de sa femme, charmante et pieuse personne, morte récemment, et qui en secret avait demandé à Dieu la conversion du grand pécheur. L'Angleterre conservatrice et protestante, après un quart de siècle de guerres morales et deux siècles d'éducation morale, avait poussé à bout sa sévérité et son rigorisme, et |