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Il repoussa de nouveau, dans les termes les plus énergiques, toute intention de dissimulation de sa part dans le but de tromper la France ou toute autre Puissance. La réserve qu'il a montrée était absolument nécessaire, et il l'a gardée avec l'entier assentiment de ses collègues, qui ne voulaient pas exposer leur pays à l'humiliation d'avoir fait des ouvertures à un nouveau candidat qui pourraient être encore refusées.

Si le prince avait refusé l'offre qui lui était faite, comme il y avait toute raison de le supposer, rien n'aurait transpiré; la chose se serait terminée là, et l'Espagne se serait épargné un nouvel aflront.

Je ne jugeai pas nécessaire d'entrer en discussion avec Son Excellence à ce sujet; je répondis simplement que la question actuelle était, si la paix serait préservée et si je pouvais informer le gouvernement de la Reine, si lui, le général Prim, était prêt à faire dans ce but tout ce qui serait en son pouvoir, compatible avec la dignité et l'honneur de son pays et le sien. Il me répondit que je pouvais assurer au Gouvernement de Sa Majesté que tel était le cas et qu'il avait fait et qu'il faisait tout ce qu'il était possible dans ce but.

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P.-S. Conformément aux instructions de Votre Seigneurie, j'ai remis à M. Sagasta une copie de votre dépêche du 8 courant.

N° 97.

RENONCIATION DU PRINCE ANTOINE DE HOHENZOLLERN.

Le 42 juillet 1870.

<< Vu les complications que paraît rencontrer la candidature de mon fils Léopold au trône d'Espagne, et la situation pénible que les derniers événements ont créée au peuple espagnol en le mettant dans une alternative qu'il ne saurait prendre conseil que du sentiment de son indépendance, convaincu qu'en pareille circonstance son suffrage ne saurait avoir la sincérité et la spontanéité sur lesquelles mon fils a compté en acceptant la candidature, je la retire en son nom. >>

Signé PRINCE DE HOHENZOLLERN.

N° 98.

LE COMTE BENEDETTI AU DUC DE GRAMONT.

(Télégramme.)

Ems, le 13 juillet 1870, 10 heures 30 min. du matin.

Je viens de voir le Roi. Il n'avait pas encore le message qu'il attend de Sigmaringen. Je lui ai donné connaissance de la communication que vous a faite M. l'ambassadeur d'Espagne. Je lui ai fait remarquer que le désistement du prince de Hohenzollern, approuvé par le Roi, nous était une garantie pour le présent, mais que nous pensions qu'il était indispensable d'assurer l'avenir et de rendre définitivement une confiance entière à tous les intérêts; que le Roi, dans ce but, voudrait bien me permettre de vous annoncer, en son nom, que si le prince de Hohenzollern revenait à son projet, Sa Majesté interposerait son autorité et y mettrait obstacle. Le Roi a absolument refusé de m'autoriser à vous transmettre une semblable déclaration. J'ai vivement insisté, mais sans réussir à modifier les dispositions de Sa Majesté. Le Roi a terminé notre entretien en me disant qu'il ne pouvait ni ne voulait prendre un pareil engagement, et qu'il devait, pour cette éventualité comme pour toute autre, se réserver la faculté de consulter les circonstances.

N° 99.

LE DUC DE GRAMONT AU COMTE BENEDETTI, A EMS.

(Télégramme.)

Paris, le 13 juillet 1870, 1 heure 45 min, du matin.

L'Empereur me charge de vous faire remarquer que nous ne saurions considérer la renonciation que nous a communiquée l'ambassadeur d'Espagne, et qui ne nous est pas adressée directement, comme répondant suffisamment aux justes demandes adressées par nous au roi de Prusse encore moins saurions-nous y voir une garantie pour l'avenir. Afin que nous soyons sûrs que le fils ne désavouera pas son père, ou qu'il n'arrivera pas en Espagne, comme son frère l'a fait en Roumanie, il est indispensable que le Roi veuille bien nous dire qu'il ne permettra pas au prince Léopold de revenir sur la renonciation que nous a communiquée le prince Antoine.

N° 100.

LE COMTE BENEDETTI AU DUC DE GRAMONT.

(Télégramme.)

Ems, le 13 juillet 1870, 14 h. et demie du matin.

Je reçois à dix heures et demie, et après vous avoir expédié mon dernier télégramme, celui que vous m'avez adressé cette nuit, à onze heures quarante-cinq. J'attends que le Roi me fasse demander pour me donner connaissance du message du prince de Hohenzollern, qui devrait arriver d'un instant à l'autre. Je profiterai de cette occasion pour insister sur ce que j'ai dit ce matin au Roi et me conformer de nouveau aux ordres de l'Empereur.

On dit dans l'entourage du Roi que M. de Bismarck, s'étant trouvé très-fatigué en traversant Berlin, s'y est arrêté, et qu'il n'arrivera pas aujourd'hui.

Veuillez autant que possible, en m'expédiant vos télégrammes, m'accuser réception des miens.

N° 101.

LE COMTE BENEDETTI AU DUC DE GRAMONT.

(Télégramme.)

Ems, le 13 juillet 1870, 3 h. 45 m. du soir.

Le Roi a reçu la réponse du prince de Hohenzollern : elle est du prince Antoine, et elle annonce à Sa Majesté que le prince Léopold, son fils, s'est désisté de sa candidature à la couronne d'Espagne. Le Roi m'autorise à faire savoir au gouvernement de l'Empereur qu'il approuve cette résolution. Le Roi a chargé un de ses aides de camp de me faire cette communication, et j'en reproduis exactement les termes. Sa Majesté ne m'ayant rien fait annoncer au sujet des assurances que nous désirons pour l'avenir, j'ai sollicité une dernière audience pour lui soumettre de nouveau et développer les observations que je lui ai présentéés ce matin.

J'ai de fortes raisons de supposer que je n'obtiendrai aucune concession à cet égard.

N° 102.

LE COMTE BENEDETTI AU DUC DE GRAMONT.

(Télégramme.)

Ems, le 13 juillet 1870, 7 heures du soir.

A ma demande d'une nouvelle audience, le Roi m'a fait répondre qu'il ne saurait consentir à reprendre avec moi la discussion relative aux assurances qui devraient, à notre avis, nous être données pour l'avenir. Sa Majesté me fait déclarer qu'elle s'en réfère, à ce sujet, aux considérations qu'elle m'a exposées ce matin, dont je vous ai fait connaitre la substance par mon premier télégramme de ce jour, et que j'ai développées dans un rapport que vous recevrez demain matin.

Le Roi a consenti, m'a dit encore son envoyé, au nom de Sa Majesté, à donner son approbation entière et sans réserve au désistement du prince de Hohenzollern; il ne peut faire davantage. J'attendrai vos ordres avant de quitter Ems.

N° 103.

LE COMTE BENEDETTI AU DUC DE GRAMONT.

Ems, le 13 juillet 1870.

Monsieur le duc, j'ai eu l'honneur de télégraphier hier à Votre Excellence que je m'étais rendu auprès du Roi pour renouveler mes instances et presser Sa Majeste de me mettre en mesure de vous faire connaître ses résolutions. Le Roi, comme je vous l'ai mandé, m’a répondu qu'il avait reçu un télégramme lui annonçant que la réponse du prince de Hohenzollern lui avait été expédiée, et qu'elle lui arriverait ce matin. Il voulait bien m'assurer en même temps qu'il s'empresserait, dès qu'elle lui serait parvenue, de satisfaire mon impatience.

On m'a remis au milieu de la nuit dernière votre télégramme d'hier au soir sept heures, par lequel, en m'annonçant que le prince Antoine avait notifié le désistement de son fils à l'ambassadeur d'Espagne à Paris, vous m'invitez à demander au Roi de s'associer à cette résolution, et de nous donner l'assurance qu'il ne permettrait pas au prince Léopold de revenir sur sa renonciation.

Je n'ai pas perdu un instant dès la première heure, bien que le Roi, en se levant, se fût rendu aux sources minérales, pour approcher Sa Majesté et exécuter vos ordres. J'ai informé le Roi de la communication qui vous a été faite par M. Olozaga. J'ai ajouté que le parti pris par le Prince ne pouvait avoir aucune valeur pour nous s'il n'était approuvé par Sa Majesté, et que nous devions en outre être assurés qu'il ne lui serait pas permis de reprendre plus tard le projet qu'il venait d'abandonner; que cette garantie, nécessaire au rétablissement de la confiance, ne pouvait nous être donnée que par le Roi, et j'ai demandé à Sa Majesté de me permettre de vous annoncer que, le cas échéant, Elle interdirait au Prince de poser de nouveau sa candidature. Se montrant surpris de la démarche faite par le prince Antoine, dont il n'aurait reçu aucun avis, et de celle dont je m'acquittais en ce moment, le Roi m'a répondu qu'il ne connaissait pas encore la détermination du prince Léopold; qu'il attendait à tout instant le message qui devait l'en instruire; qu'il ne pouvait, par conséquent, me donner aucun éclaircissement, ni m'autoriser à vous transmettre la déclaration que je sollicitais.

J'ai répliqué que la renonciation du prince Léopold ne pouvait plus être douteuse après ce que son père en avait fait savoir à l'ambassadeur d'Espagne; que nous pouvions, au surplus, raisonner par hypothèse et admettre qu'elle serait avant peu un fait accompli, et que Sa Majesté pouvait donc nous donner dès à présent l'assurance qu'elle userait au besoin de son autorité pour empêcher toute nouvelle tentative faite en vue de revenir à cette première combinaison.

« Vous me demandez, a repris le Roi, un engagement sans terme et pour tous les cas; je ne saurais le prendre. » Pour justifier cette manière de voir, Sa Majesté a soutenu qu'elle ne pouvait aliéner de la sorte sa liberté de résolution, et qu'elle devait, en toutes choses, se réserver la faculté de tenir compte des circonstances dans les éventualités diverses qui pourront se produire ultérieurement; qu'elle n'avait assurément aucun dessein caché, et que cette affaire lui avait donné de trop graves préoccupations pour ne pas désirer qu'elle fût. irrévocablement écartée; qu'il lui était toutefois impossible d'aller aussi loin que nous le demandions.

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Je m'expliquerais jusqu'à un certain point, ai-je continué à mon tour, que le souverain ou son gouvernement ne voulussent pas engager l'avenir; mais, pour rester sur le terrain où le Roi s'est placé lui-même, je m'adresse au chef de la famille des Hohenzollern, et, en cette qualité, Votre Majesté peut assurément accueillir, sans préjudice d'aucune sorte, la demande que j'ai été chargé de lu présenter. >>

Je me suis appliqué à bien préciser l'objet de cette démarche et à

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