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consentement au retrait de l'acceptation, si la France renonçait à ses demandes d'un engagement garantissant l'avenir. Une pareille communication, avons-nous ajouté, serait la meilleure preuve du désir du Roi de conserver la paix en Europe.

Je suis, etc.

Signé: GRANVILLE.

No 125.

LORD LYONS AU COMTE DE GRANVILLE.

Paris, le 14 juillet 1870.

Mylord, dans une dépêche d'hier, j'ai communiqué à Votre Seigneurie l'exposé que m'a fait le duc de Gramont de l'état de la question relativement à l'acceptation de la couronne d'Espagne par le prince de Hohenzollern, et du retrait de cette acceptation.

Ma dépêche a été expédiée à l'heure ordinaire, soit sept heures du soir. Pendant la première partie de la soirée, l'espoir de pouvoir conserver la paix s'était fortifié. On avait appris que la renonciation du prince Léopold à ses prétentions était venue confirmer celle que son père avait faite en son nom, et que le Gouvernement d'Espagne avait formellement déclaré au Gouvernement français que c'en était fait de la candidature du prince. Le langage des membres influents du cabinet était plus pacifique, et l'on regardait comme possible que quelque nouvelle conciliante pût arriver de la Prusse et permettre au Gouvernement de déclarer toute l'affaire finie.

Mais, dans la matinée tout était changé. On avait reçu un télégramme du chargé d'affaires français, à Berlin, annonçant qu'un article avait paru dans l'organe ministériel prussien, la Gazette allemande du Nord, portant que l'ambassadeur de France avait requis le Roi de promettre qu'il ne permettrait jamais à un Hohenzollern de se porter candidat pour le trône d'Espagne, et que Sa Majesté avait par suite refusé de recevoir l'ambassadeur et lui avait fait répondre par un aide de camp qu'il n'avait plus rien à lui dire.

La nouvelle de la publication de cet article changea complétement dans l'esprit du Gouvernement français la façon d'envisager l'état de la question. L'Empereur vint à Paris de Saint-Cloud, et tint un conseil aux Tuileries. On regarda comme certain qu'une déclaration de guerre à la Prusse serait instantanément portée par le Gouvernement aux Chambres.

Je fis toutes les démarches possibles pour voir le duc de Gramont, mais je n'y pus parvenir. Je lui adressai néanmoins un message pressant par son chef de cabinet, lui demandant, au nom du Gouverne

ment de la Reine, de ne pas se précipiter dans des mesures extrêmes, et à tout événement de ne pas engager le Gouvernement par une déclaration prématurée aux Chambres. Je lui représentai qu'il serait plus prudent et en même temps plus digne d'attendre, pour s'adresser aux Chambres, tout au moins le moment fixé tout d'abord, c'est-àdire demain.

Cependant, bien que la nouvelle de l'apparition de l'article dans la Gazette allemande du Nord ne fût pas encore répandue généralement, l'excitation publique était si forte, il y avait une telle irritation dans l'armée, qu'il devint douteux que le Gouvernement fût en état d'arrêter le cri de guerre. On comprenait que dès que l'article prussien aurait paru dans les journaux du soir de Paris, il serait très-difficile de réprimer la colère de la population. Aussi pensait-on généralement que le Gouvernement se croirait obligé de calmer l'impatience publique, en déclarant officiellement son intention de tirer vengeance de la conduite de la Prusse.

Les séances du Corps législatif et du Sénat ont eu lieu néanmoins sans qu'aucune communication ait été faite. Ainsi le Gouvernement n'a encore pris aucune décision irréparable.

Pourtant je ne puis prendre sur moi de donner à Votre Seigneurie aucun espoir que la guerre puisse être évitée. Je continuerai de faire tout mon possible, au nom du Gouvernement de la Reine, pour écarter cette grande calamité. Mais je dois dire qu'il y a les plus sérieux motifs de craindre qu'une déclaration équivalente à une déclaration de guerre ne soit faite aux Chambres demain.

J'ai l'honneur, etc.

Signé LYONS.

N° 126.

M. LAYARD AU COMTE DE GRANVILLE.

Madrid, le 14 juillet 1870.

Mylord, j'ai reçu hier matin une note du général Prim, par laquelle il m'informe que le père du prince Léopold de Hohenzollern a retiré l'acceptation de son fils à la candidature au trône d'Espagne et que la cause de la mésintelligence avec la France peut être en conséquence considérée comme terminée. J'ai fait immédiatement part à Votre Seigneurie par télégramme de de renseignement.

Je suis, etc.

Signé: A.-H. LAYARD.

N° 127.

M. LAYARD AU COMTE DE GRANVILLE.

Madrid, le 14 juillet 1870.

Mylord, le ministre d'Italie à Madrid a eu l'obligeance de me tenir au courant des instructions qu'il a reçues à plusieurs reprises de son Gouvernement au sujet de l'affaire Hohenzollern, et, dans ses communications avec les ministres espagnols, il s'est servi du même langage que j'ai employé, d'après les instructions de Votre Seigneurie.

Quoique nous n'ayons pas agi d'accord, nous avons ainsi suivi la conduite que Votre Seigneurie, dans sa conversation avec le ministre d'Italie à la cour de Saint-James, communiquée à Lord Lyons dans votre dépêche du 9 courant, exprimait le désir que nous adoptions. J'ai, etc.

Signé A.-H. LAYARD.

N° 128.

DÉCLARATION DU DUC DE GRAMONT AU SÉNAT, ET DE M. ÉMILE OLLIVIER AU CORPS LÉGISLATIF.

Le 15 juillet 1870.

La manière dont vous avez accueilli notre déclaration du 6 juillet, nous ayant donné la certitude que vous approuviez notre politique et que nous pouvions compter sur votre appui, nous avons aussitôt commencé des négociations avec les puissances étrangères pour obtenir leurs bons offices, avec la Prusse, afin qu'elle reconnût la légitimité de nos griefs.

Dans ces négociations, nous n'avons rien demandé à l'Espagne dont nous ne voulions ni éveiller les susceptibilités ni froisser l'indépendance; nous n'avons pas agi auprès du prince de Hohenzollern, que nous considérions comme couvert par le Roi; nous avons également refusé de mêler à notre discussion aucune récrimination ou de la faire sortir de l'objet même dans lequel nous l'avions renfermée dès le début,

La plupart des puissances étrangères ont été pleines d'empressement à nous répondre, et elles ont, avec plus ou moins de chaleur, admis la justice de notre réclamation. Le ministère des Affaires étrangères prussien nous a opposé une fin de non-recevoir en prétendant qu'il ignorait l'affaire et que le cabinet de Berlin y était resté étranger.

Nous avons dû alors nous adresser au Roi lui-même, et nous avons donné à notre ambassadeur l'ordre de se rendre à Ems auprès de S. M.

Tout en reconnaissant qu'il avait autorisé le prince de Hohenzollern à accepter la candidature qui lui avait été offerte, le roi de Prusse à soutenu qu'il était resté étranger aux négociations poursuivies entre le Gouvernement espagnol et le prince de Hohenzollern; qu'il n'y était intervenu que comme chef de famille et nullement comme souverain, et qu'il n'avait réuni ni consulté le conseil de ses ministres. S. M. a reconnu cependant qu'elle avait informé le comte de Bismarck de ces divers incidents.

Nous ne pouvions considérer ces réponses comme satisfaisantes. Nous n'avons pu admettre cette distinction subtile entre le souverain et le chef de famille, et nous avons insisté pour que le Roi conseillât, et imposât, au besoin, au prince Léopold une renonciation à sa candidature.

Pendant que nous discutions avec la Prusse, le désistement du prince Léopold nous vint du côté d'où nous ne l'attendions pas, et nous fut remis le 12 juillet par l'ambassadeur d'Espagne.

Messieurs, le Roi ayant voulu y rester étranger, nous lui demandames de s'y associer et de déclarer que si, par un de ces revirements toujours possibles dans un pays sortant d'une révolution, la couronne était de nouveau offerte par l'Espagne au prince Léopold, il ne l'autoriserait plus à l'accepter, afin que le débat pût être considéré comme définitivement clos.

Notre demande était modérée; les termes dans lesquels nous l'exprimions ne l'étaient pas moins. « Dites bien au Roi, écrivions-nous au comte Benedetti, le 12 juillet, à minuit, que nous n'avons aucune arrière-pensée, que nous ne cherchons pas un prétexte de guerre, et que nous ne demandons qu'à résoudre honorablement une difficulté que nous n'avons pas créée nous-mêmes. »><

Le Roi consentit à approuver la renonciation du prince Léopold, mais il refusa de déclarer qu'il n'autoriserait plus à l'avenir le renouvellement de cette candidature.

« J'ai demandé au Roi, nous écrivait M. Benedetti, le 13 juillet, à minuit, de vouloir bien me permettre de vous annoncer en son nom que si le prince de Hohenzollern revenait à son projet, S. M. inter

poserait son autorité et y mettrait obstacle. Le Roi a absolument refusé de m'autoriser à vous transmettre une semblable déclaration. J'ai vivement insisté, mais sans réussir à modifier les dispositions de S. M. Le Roi a terminé notre entretien en me disant qu'il ne pouvait ni ne voulait prendre un pareil engagement, et qu'il devait, pour cette éventualité comme pour toute autre, se réserver la faculté de consulter les circonstances. >>

Quoique ce refus nous parût injustifiable, notre désir de conserver à l'Europe les bienfaits de la paix était tel, que nous ne rompimes pas les négociations, et que, malgré notre impatience légitime, craignant qu'une discussion ne les entravât, nous vous avons demandé d'ajourner nos explications. Aussi notre surprise a-t-elle été profonde lorsque, hier, nous avons appris que le roi de Prusse avait notifié par un aide de camp à notre ambassadeur qu'il ne le recevrait plus, et que, pour donner à ce refus un caractère non équivoque, son Gouvernement l'avait communiqué officiellement aux cabinets d'Europe. Nous apprenions en même temps que le baron de Werther avait reçu l'ordre de prendre son congé, et que des armements s'opéraient en-Prusse.

Dans ces circonstances, tenter davantage pour la conciliation, c'eût été un oubli de dignité et une imprudence. Nous n'avons rien négligé pour éviter une guerre. Nous allons nous préparer à soutenir celle qu'on nous offre, en laissant à chacun la part de responsabilité qui lui revient. Dès hier nous avons rappelé nos réserves, et avec votre concours nous allons prendre immédiatement les mesures nécessaires pour sauvegarder les intérêts, la sécurité et l'honneur de la France!

N° 129.

LE PRINCE DE METTERNICH AU CONTE DE BEUST.

Paris, 16 15 juillet 1870.

Monsieur le ministre, lorsque la nouvelle de l'acceptation par le prince de Hohenzollern de la couronne d'Espagne arriva à Paris, elle y produisit une émotion très-soudaine et très-vive.

On y vit un plan combiné entre le maréchal Prim et la Prusse.

Le Gouvernement français déclara immédiatement qu'il ne tolérérait pas la réalisation de ce plan, et voulant se rendre compte jusqu'à quel point la représentation constitutionnelle du pays partageait sa répugnance contre une combinaison qui pouvait étendre l'influence

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