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tant que les circonstances l'admettraient, aux bons offices d'une puissance amie; » et il se croit d'autant plus autorisé à le faire que la question au sujet de laquelle les deux puissances sont en contestation se renferme dans des limites plus étroites.

Le Gouvernement de Sa Majesté invite donc la France et la Prusse dans des termes identiques à recourir, avant d'en venir aux extrémités, aux bons offices d'une puissance ou de plusieurs puissances amies, dont l'intervention puisse être acceptée par elles; et Votre Excellence dira que le Gouvernement de Sa Majesté est prêt à prendre dans l'affaire telle part qu'on pourra désirer.

Je suis, etc.

N° 134.

Signé: GRANVILLE.

LE COMTE DE GRANVILLE AU VICE-AMIRAL HARRIS A LA HAYE.

(Extrait.)

Foreign-Office, le 15 juillet 1870.

Le ministre néerlandais m'a rendu visite aujourd'hui, et, dans le cours de notre entretien, il m'a annoncé que, dans le cas d'une guerre entre la Prusse et la France, la Hollande observerait une stricte neutralité.

Je lui dis que je n'étais pas autorisé par le cabinet à entrer dans une discussion relativement aux éventualités qui pouvaient résulter de la guerre ; je l'informai en même temps que, dans le cas de déclaration d'une guerre entre la France et la Prusse, la GrandeBretagne proclamerait sa neutralité, et que si, dans un tel cas, le Gouvernement de Sa Majesté prenait la décision d'adresser des avis à d'autres puissances, ce serait pour les engager à adopter une ligne de conduite semblable.

N° 135.

LORD LYONS AU COMTE DE GRANVILLE.

Paris, le 45 juillet 1870.

Mylard, j'ai reçu avant dans la soirée les télégrammes de Votre Seigneurie, m'informant que vous aviez fait des représentations pressantes au roi de Prusse, dans l'espoir d'arriver à une solution pacifique du différend entre la France et la Prusse.

Aussitôt que les télégrammes ont été déchiffrés, je suis allé au ministère des Affaires étrangères où j'appris que le duc de Gramont s'était rendu à Saint-Cloud auprès de l'Empereur. J'ai, néanmoins, causé avec le comte de Favernay, chef du cabinet du ministre.

Les renseignements que m'a donnés M. de Favernay sont loin de diminuer mes craintes.

Il paraît qu'un télégramme du marquis de La Valette était déjà arrivé au ministère, annonçant la nature de la solution proposée par le Gouvernement de la Reine. M. de Favernay n'a pu naturellement me donner une opinion à ce sujet, mais d'après ce que j'ai pu deviner, cette solution ne paraîtrait pas suflisante à la France.

Il parait que la nouvelle était arrivée ici, que le Gouvernement prussien avait donné communication de l'article publié dans la Gazette de l'Allemagne du Nord, ou en tout cas d'un résumé dudit article, par voie officielle, aux représentants de la Prusse à l'étranger. J'ai trouvé aussi que des dépêches de M. Benedetti sont venues confirmer les faits avancés dans cet article.

M. de Favernay me dit en outre que l'ambassadeur de Prusse, le baron de Werther, qui dans toute cette affaire avait montré un esprit conciliant, avait annoncé au duc de Gramont qu'il allait profiter d'un congé que lui avait accordé son Gouvernement et qu'il quittait Paris dans la journée.

Trouvant qu'il ne m'était pas possible de voir le duc de Gramont cette nuit, j'ai laissé à M. de Favernay un court mémorandum, donnant la substance des télégrammes de Votre Seigneurie relatifs aux communications faites à la Prusse. Je lui ai remis également un second mémorandum, donnant la substance de votre télégramme qui m'autorise à contredire l'assertion venant de Stuttgart, vous attribuant faussement un langage qui aurait été tenu par vous; et enfin un troisième mémorandum, donnant la substance des observations contenues dans la dépêche de Votre Seigneurie d'avant-hier, au sujet

de la déclaration de M. de Gramont, que tous les cabinets paraissent admettre la légitimité des griefs de la France.

J'ai l'honneur de vous en envoyer copies.

J'ai fait ce matin une dernière tentative pour voir M. de Gramont avant l'ouverture de la Chambre, mais je n'ai pu y réussir. Toutefois si j'avais pu lui parler, je n'aurais rien eu à ajouter aux raisons que j'ai déjà fait valoir opiniâtrement en faveur de la paix; et je n'aurais pu espérer d'ébranler une résolution déjà arrêtée par l'Empereur et par ses ministres.

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Bien que nous soyons d'opinion que la France, ayant obtenu la substance, ne devrait en aucun cas recourir aux extrémités sur la question de forne, nous avons fait d'instantes représentations à la Prusse dans l'espoir d'obtenir une solution pacifique. Nous pensons que si la France abandonnait sa demande d'une garantie pour l'avenir, le roi de Prusse pourrait lui communiquer son consentement ou retrait de l'acceptation du prince Léopold. Nous sommes disposés à préconiser un arrangement sur cette base.

ANNEXE N° 9.

SUBSTANCE D'UN TELEGRAMME DU COMTE DE GRANVILLE
A LORD LYONS.

Foreign Office, le 14 juillet 1870.

Le renseignement envoyé de Stuttgart au Gouvernement français, que j'aurais dit que la France attaquerait la Prusse par terre et par mer sans déclaration de guerre préalable en cas de réponse néga

tive, est complétement faux. Je n'ai jamais rien dit de semblable. Contredisez-le de la façon la plus péremptoire et la plus catégorique.

ANNEXE N° 3.

SUBSTANCE D'UNE DÉPÊCHE DU COMTE DE GRANVILLE A LORD LYONS.

Foreign-Office, le 13 juillet 1870.

L'affirmation faite par le duc de Gramont au Corps législatif que les cabinets auxquels le Gouvernement français s'était adressé paraissaient admettre la légitimité de ses griefs, n'est pas en fait applicable au Gouvernement britannique.

Je n'ai jamais fait pareil aveu. J'ai exprimé mon regret au sujet d'un événement qui avait occasionné un grand mécontentement au Gouvernement et au peuple français, mais je me suis soigneusement abstenu d'admettre que la cause était suffisante pour autoriser des mesures extrêmes, en même temps que je détournais de tout acte précipité et que je recommandais de ne négliger aucun moyen pour rompre la paix générale.

N° 136.

LORD LYONS AU COMTE DE GRANVILLE.

Paris, le 15 juillet 1870.

Mylord, depuis l'annonce faite aux Chambres cette après-midi que le Gouvernement se prépare activement à la guerre contre la Prusse, j'ai eu une entrevue avec le duc de Gramont.

Son Excellence m'a parlé toute suite des trois mémorandums » que j'ai laissés pour lui aux mains de son chef de cabinet, hier soir, et dont copie est incluse dans une première dépêche de ce jour.

En réponse au n° 1, il m'a chargé d'exprimer au Gouvernement de la Reine les remerciements de l'Empereur pour les efforts bienveillants qu'il a faits en vue d'amener une solution satisfaisante de la question prussienne. Les bons offices du Gouvernement de la Reine

sont restés sans effet, par suite des premiers actes du Gouvernement prussien. Ce Gouvernement a, de propos délibéré, insulté la France en déclarant publiquement que le Roi avait fait affront à l'ambassadeur français. Le Gouvernement prussien avait évidemment l'intention de se faire honneur, vis-à-vis du peuple allemand, d'avoir eu des procédés hautains et discourtois, en fait d'avoir humilié la France, Non-seulement cette déclaration si offensante pour la France avait été publiée par le Gouvernement dans son journal, mais elle avait été communiquée officiellement par télégraphe aux agents prussiens dans toute l'Europe.

Jusque-là la négociation avait eu lieu secrètement. En raison des circonstances spéciales de l'incident, elle avait eu lieu directement avec le roi de Prusse. Le ministre prussien des Affaires étrangères, le comte de Bismarck, était resté à la campagne. Il était impossible de l'approcher. Le ministre effectif, M. de Thile protestait qu'il ne connaissait rien de l'affaire, qu'il la considérait comme ne concernant pas le Gouvernement prussien, mais bien le Roi personnellement. Bien que cette distinction ne fût pas admissible en principe, elle n'en obligeait pas moins la France à traiter directement avec le Roi, et l'ambassadeur de France avait été envoyé vers S. M. à Ems. La négociation n'avait pas marché de façon satisfaisante, mais aussi longtemps qu'elle conservait son caractère privé, il y avait espoir de la mener à bonne fin. La vérité est que le Roi n'avait pas traité M. Benedetti avec la rudesse dont s'est vanté le Gouvernement prussien. Mais le Gouvernement avait jugé à propos de déclarer à l'Allemagne et à l'Europe que la France avait été affrontée dans la personne de son ambassadeur. Cela constituait une insulte qu'aucune nation un peu fière ne pouvait supporter, et rendait impossible, au grand regret du Gouvernement français, de prendre en considération le moyen recommandé par le Gouvernement de la Reine pour régler la cause originelle du conflit.

Passant au second mémorandum, M. de Gramont me fit observer qu'il n'a jamais cru que Votre Seigneurie eût réellement tenu le langage qu'on vous a attribué à Stuttgart, et qu'il a reçu avec une complète satisfaction votre dénégation formelle de l'assertion qui vous a été attribuée à ce sujet.

Le troisième mémorandum avait trait, comme le sait Votre Seigneurie, à ce qu'a dit M. de Gramont à la Chambre, que tous les cabinets auxquels il s'est adressé ont paru admettre que les griefs de la France sont légitimes. M. de Gramont a affirmé qu'il entendait certainement comprendre le Gouvernement de la Grande-Bretagne dans cette énonciation, et devait avouer qu'il croyait être parfaitement en droit d'agir ainsi. En fait, a-t-il dit, les efforts bienARCH, DIPL. 1871-1872. - I.

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