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veillants faits, d'après les instructions de Votre Seigneurie, par le ministre de Sa Majesté à Madrid, pour écarter la candidature du prince Léopold, et les représentations adressées pour le même objet par le Gouvernement de Sa Majesté en d'autres pays, indiquent sûrement qu'il considérait que la France avait raison de se plaindre du choix de ce prince et des circonstances qui s'y rattachaient.

Je rappelai à M. de Gramont que Votre Seigneurie s'était soigneusement abstenue d'admettre que cette affaire fut suffisante pour motiver un recours à des mesures extrêmes. M. de Gramont répondit que la déclaration qu'il a faite à la Chambre n'impliquait nullement que les gouvernements auxquels il faisait allusion eussent admis une idée semblable. Sa déclaration avait été faite à une époque comparativement peu avancée de la négociation, et avant l'insulte qui avait nécessité les mesures extrêmes. Une courte discussion suivit; mais comme M. de Gramont annonçait qu'il ferait lui même connaître ses vues au marquis de Lavalette, pour être communiquées à Votre Seigneurie, je m'abstiens d'entrer dans plus de détails, de peur qu'il ne résulte de là que de la confusion.

Finalement, M. de Gramont me dit qu'il connaissait la manière de procéder des Anglais, qu'il savait qu'ils détestaient la guerre et sont par cela même peu disposés à regarder d'un œil favorable ceux qui sont les premiers à ouvrir les hostilités. Cependant, il comptait bien que la France ne perdrait pas la sympathie de l'Angleterre.

Je répondis que, si le Gouvernement de la Reine n'a pas pu envisager du même ceil que le Gouvernement de l'Empereur ce malheureux conflit, je croyais pourtant qu'il avait donné des preuves substantielles de son amitié par les efforts sérieux qu'il avait faits pour obtenir une satisfaction au profit de la France. Je ne pouvais nier que le Gouvernement de la Reine était en droit de se sentir déçu pour ne pas dire blessé. Il avait été amené à croire que le retrait absolu des prétentions du prince de Hohenzollern à la couronne d'Espagne était tout ce que la France désirait. Il avait fait tous ses efforts pour arriver à ce résultat, et maintenant on lui disait que la France demandait plus. Quoi qu'il en soit, je conclus en disant que certainement tout cela ne pouvait en rien diminuer le sentiment d'amitié résultant de l'entente cordiale qui existe depuis tant d'années entre les deux gouvernements et les deux nations.

J'ai l'honneur, etc.

Signé: LYONS.

N° 137.

LORD LYONS AU COMTE DE GRANVILLE.

Paris, le 15 juillet 1870.

Mylord, dans le cours d'une conversation que j'ai eue cette après-midi avec le duc de Gramont, après sa déclaration aux Chambres, la Belgique a été mentionnée.

M. de Gramont m'a dit qu'il était heureux d'avoir l'occasion de m'apprendre qu'il venait d'assurer au ministre de Belgique que, en ce qui concerne la France, il est parfaitement inutile que la Belgique surveille ses chemins de fer, ou fasse aucune dépense pour se protéger. Il a, m'a-t-il déclaré, solennellement assuré au ministre de Belgique que le respect absolu de la neutralité de la Belgique serait un principe fondamental aux yeux du Gouvernement français si la France fait la guerre ; que la France respecterait la neutralité de la Belgique en toutes circonstances, quand même.

M. de Gramont m'a autorisé à transmettre les mêmes assurances au gouvernement de Sa Majesté.

Je suis, etc. D

N° 138.

Signé : LYONS.

M. SERVAIS AU VICE-AMIRAL HARRIS A LA HAYE.

Luxembourg, le 45 juillet 1870.

M. le Ministre, le traité de Londres du 11 mai 1867 a reconnu la neutralité et l'indépendance du grand-duché de Luxembourg, sous la souveraineté de la maison d'Orange-Nassau; il impose, en même temps, au Grand-Duché l'obligation de convertir la forteresse de Luxembourg en ville ouverte. Il s'exprime à ce sujet de la manière suivante dans son article 5: « Sa Majesté le Roi Grand-Duc, en vertu des droits de souveraineté qu'il exerce sur la ville et la forteresse de Luxembourg, s'engage de son côté à prendre les mesures nécessaires à l'effet de convertir ladite place forte en ville ouverte au moyen d'une démolition que Sa Majesté jugera suffisante pour remplir les intentions des Hautes Parties contractantes exprimées dans l'arti

ticle 3 du présent Traité. Les travaux requis à cet effet commenceront immédiatement après la retraite de la garnison. Ils s'effectueront avec tous les ménagements que réclament les intérêts des habitants de la ville. »

Cette disposition confère au Roi Grand-Duc seul le droit d'apprécier et de décider quelle est la démolition des fortifications qui doit avoir lieu; elle a sous ce rapport un sens d'autant plus précis qu'elle ne prévoit aucun contrôle, aucune surveillance à exercer par les Puissances contractantes, et n'exige pas même que ces dernières soient informées des travaux de démolition qui sont exécutés.

Il semble donc résulter de là que le Traité du 11 mai 1867 ne pourrait autoriser aucune réclamation contre le Grand-Duché parce qu'une des Puissances qui y sont intervenues aurait l'opinion que la démolition de la forteresse de Luxembourg ne serait pas suffisante.

Quoiqu'il en soit, le Gouvernement Grand-Ducal n'a jamais songé à se prévaloir d'un pareil moyen pour se dispenser de remplir exactement ses obligations: il a exécuté les travaux de démolition avec la plus grande activité; la forteresse de Luxembourg pourrait être considérée comme ville ouverte dans toute l'acceptation du mot, si même l'œuvre de destruction était moins avancée qu'elle ne l'est.

Il importe que les Puissances signataires du Traité du 11 mai 1867 n'aient aucun droit à cet égard. Je prends donc, la liberté de faire connaître à Votre Excellence, d'une manière exacte et détaillée, les mesures qui ont été prises pour convertir la forteresse de Luxembourg en ville ouverte. J'espère que le Gouvernement de Sa Majesté la Reine de la Grande-Bretagne reconnaîtra, par l'exposé que je vais avoir l'honneur de lui soumettre, que le grand-duché a répondu loyalement à la confiance que les Puissances signataires du Traité de Londres ont eue en lui.

Les travaux de démantèlement ont été concentrés sur le front de la plaine on y a pratiqué quatre larges avenues dans le prolongement de la porte Neuve, de la rue d'Arsenal, de la rue du Génie, et enfin dans la direction de la capitale Jost. Ces percées figurent sub litteris G, D, B, et A du plan que j'ai l'honneur de joindre à la présente. Elles seront reliées entre elles par une voie tranversale (I du plan). La partie comprise entre les percées Jost et de l'Arsenal est livrée à la circulation, la deuxième moitié vient d'être entamée.

Dans le fossé principal on établit un grand boulevard. Les terrassements sont achevés depuis la percée Jost-Rheinsheim jusqu'au bastion Marie. Ce travail a entraîné la démolition et le nivellement des bastions Jost et Camus, ainsi que des courtines Jost-Camus et CamusMarie. Les décombres ont servi à combler le fossé principal. La face gauche du bastion Marie est détruite également. Il est à observer que

tous les ouvrages situés entre les quatre percées sont les uns démolis les autres gravement endommagés.

Le cavalier Jost, le fort Rheinsheim, les réduits Peter, Louvigny, Vauban et Marie ont été vendus à charge de démolition par les acqué

reurs.

L'on sait que la ville n'est accessible que du côté de la plaine, et que les rochers à pic qui l'entourent des autres côtés ne permettent pas de songer à l'ouvrir dans les fronts de Thionville, de Trèves et du Grunwald. Toutefois, le Gouvernement n'a pas hésité à y faire procéder à un grand nombre de démolitions. Je ne citerai que pour (sic) l'enlèvement d'une série d'obstacles apportés aux entrées de la ville, la démolition des portes d'Eich, de Mansfeld (avec écluse), de Bisserweg (?), de la porte extérieure de Trèves, etc., l'enlèvement des ponts-levis, le comblement des fossés, etc.

Le bastion Louis a été dérasé au niveau de la route et vendu à des particuliers, qui y ont élevé des constructions. Le Tetschenhof et le fort Wedell ont été vendus à charge de démolition, le Neipperg a été coupé par une chaussée. On procédera bientôt à la vente du Rumiguy et des glacis et dépendances du Neipperg. Le projet de vente du fort du Parc a donné lieu à quelques difficultés sous le rapport de la perception des droits d'octroi.

Enfin, on est occupé en ce moment à démolir la courtine Berlaimont-Gouvernement, et à niveler le ravelin des Trois-Pigeons pour établir une place publique qui viendra rejoindre la place du théâtre, après la démolition de la boulangerie militaire « bombensichau Bäckerie.

y

Je pense qu'il est inutile de pousser plus loin cette énumération; elle suffit pour prouver combien le Gouvernement Grand-Ducal a pris à tâche de remplir les charges qui lui ont été imposées par le Traité de Londres.

Il me reste à rappeler qu'il y a deux mois à peine, la Chambre des Députés a alloué un crédit de 100,000 francs pour continuer les travaux, ou plutôt pour faire disparaître les ruines amoncelées dans le front de la plaine.

Le Gouvernement Luxembourgeois se plaît donc à espérer que l'appui du Gouvernement de Sa Majesté la Reine de la Grande Bretagne ne lui manquerait pas s'il s'agissait de faire respecter la neutralité du Grand-Duché garantie par le Traité du 11 mai 1867.

Je prie, etc.

Le Ministre d'État, Président du Gouvernement,

Signé SERVAIS.

N° 139.

DÉCISIONS PRISES PAR LE CONSEIL FÉDÉRAL SUISSE, EN VUE DE LA

GUERRE.

Berne, le 45 juillet 4870.

Le Conseil Fédéral a pris ce matin les décisions suivantes : Vu la gravité que prend le conflit entre la France et la Prusse, le Conseil Fédéral fera prochainement aux Chambres un rapport sur la situation politique et demandera des pleins pouvoirs aux fins de prendre les mesures nécessaires pour sauvegarder la neutralité et l'indépendance de la Suisse.

Nos ministres à Berlin et à Paris seront chargés de déclarer aux Gouvernements de la France et de la Prusse qu'en cas de guerre le Conseil Fédéral est décidé à défendre la neutralité suisse par tous les moyens possibles.

Le département politique est chargé de rédiger un message aux Chambres et une déclaration de neutralité adressée aux Puissances.

Le département militaire est chargé de prendre des dispositions pour une prompte levée des troupes, le cas échéant, et de faire des propositions aux Chambres pour la nomination du général-en-chef et pour celle de son chef d'état-major.

Le département des Finances est chargé de préparer les moyens financiers et de faire des approvisionnements pour la fabrication de la poudre.

Les administrations de chemin de fer seront invitées à préparer éventuellement le matériel nécessaire pour le transport d'un nombre important de troupes.

Berne, le 46 juillet 1870, 5 heures du soir.

En suite de la déclaration de guerre faite par la France à la Prusse, le Conseil Fédéral a pris les mesures suivantes pour défendre d'une manière efficace la neutralité suisse.

Sont appelés sous les armes les états-majors et l'élite des divisions suivantes :

1re Division, colonel Egloff (Thurgovie); 2° division, colonel Jacques de Salis (Grisons); 6° division, colonel Paravicini (Bâle); 7° division, colonel Isler (Thurgovie); 9° division, colonel Schädler (Argovie). Tout le reste de l'élite est mis de piquet.

La mise sur pied déjà ordonnée par le département militaire, et

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