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N° 195.

LE DUC DE GRAMONT A LORD LYONS.

Paris, 20 juillet 1870.

Monsieur l'ambassadeur, votre Excellence, par deux lettres du 17 de ce mois, m'a exprimé le désir d'être informée aussitôt que possible des dispositions que le Gouvernement de l'Empereur se propose de prendre à l'égard des Neutres dans la guerre contre la Prusse.

Je m'empresse de lui envoyer ci-joint le texte de la déclaration communiquée aujourd'hui même aux Chambres,et qui constate l'état de guerre existant entre la France et la Prusse ainsi qu'entre les États alliés qui lui prêtent contre nous le concours de leurs armes. J'y joins la copie d'une note dans laquelle est exposée la ligne de conduite que le Gouvernement compte suivre à l'égard des Neutres. Ainsi que l'avait justement pressenti votre Excellence, la France respectera scrupuleusement les principes posés dans la déclaration du Congrès de Paris du 16 avril 1856, et se propose d'observer ces règles même à l'égard de l'Espagne et des États-Unis, qui n'ont point adhéré à la

Déclaration.

Vous m'avez fait également l'honneur de m'écrire pour demander que les courriers du Foreign-Office soient admis à continuer leurs voyages par chemin de fer, lors même que les voyageurs ordinaires en seraient exclus.

Il me serait difficile de prendre un engagement formel à ce sujet, mais votre Excellence peut être assurée que toutes les facilités compatibles avec les exigences de l'état de guerre seront données aux courriers anglais.

Agréez, etc.

N° 196.

Signé : GRAMONT.

PROTOCOLE DE LA REMISE DES ARCHIVES DE L'AMBASSADE FRANÇAISE
A BERLIN, ENTRE LES MAINS DE LORD
D'ANGLETERRE.

LOFTUS, AMBASSADEUR

Berlin, le 20 juillet 1870.

Ce jourd'hui, vingt juillet mil huit cent soixante-dix, il a été procédé à la remise des archives de l'ambassade de France à Berlin,

entre les mains de l'ambassadeur d'Angleterre en Prusse; les scellés ont été apposés sur les armoires contenant lesdites archives, et signés, ainsi que le présent procès-verbal, par M. Dering, secrétaire de l'ambassade d'Angleterre, et M. le baron de Wimpffen, secrétaire de l'ambassade de France, à ce délégué, par son Excellence Lord A. Loftus, ambassadeur de S. M. Britannique et M. Georges Le Sourd, chargé d'affaires de S. M. l'Empereur des Français.

(L. S.) Signé: DERING.

(L. S.) Signé: WIMPFFEN.

N° 197.

ORDONNANCE ROYALE POUR PROHIBER L'EXPORTATION ET LE TRANSIT D'AVOINE, DE SON, DE BLÉ, DE BÊTES A CORNES, ETC.

Berlin, 20 le juillet 1870.

Nous, GUILLAUME, etc,
Ordonnons :

Art. 1. L'exportation et le transit d'avoine et de son par les frontières, depuis Memel jusqu'à Sarrebruck, y compris ces deux villes, d'aliments produits de blé ou de légumes, de produits moulus de blé ou de légumes, de bêtes à cornes, porcs, moutons et brebis, par la frontière de Nordhorn à Sarrebruck, y compris ces deux villes, sont prohibés jusqu'à nouvel ordre.

La disposition de l'article 2 de notre ordonnance du 16 courant, relative à la défense d'exportation et de transit d'armes et munitions de guerre est applicable à cette prohibition.

Art. 2. La présente ordonnance entrera en vigueur à partir du jour de sa publication.

Contre-signé BISMARCK.

Signé: GUILLAUME.

No 198.

ADRESSE DU REICHSTAG AU ROI DE PRUSSE EN RÉPONSE AU DISCOURS DU TRONE.

Berlin, le 20 juillet 1870.

Très-haut, très-puissant et très-gracieux Roi et Seigneur!

Les paroles si élevées, que Votre Majesté nous a adressées au nom des gouvernements confédérés, trouvent dans le peuple allemand un puissant écho.

Tous les Allemands n'ont plus dans ce moment solennel qu'une pensée et qu'une volonté.

La haute dignité, dont Votre Majesté a fait preuve en rejetant les demandes inouïes de l'ennemi, a rempli la nation d'un joyeux orgueil. Celui qui croyait nous humilier engage maintenant notre patrie dans ne guerre qu'il appuie sur les plus mauvais prétextes.

Le peuple allemand n'a pas d'autre désir que de vivre en paix et en bonne amitié avec toutes les nations qui respectent son honneur et son indépendance.

Comme aux temps glorieux des guerres de l'indépendance, un Napoléon nous force aujourd'hui à combattre pour la cause sainte de notre droit et de notre liberté.

Aujourd'hui comme alors, tous les calculs fondés sur la méchanceté et la trahison des hommes seront déjoués par la force morale et la volonté énergique du peuple allemand.

La fraction du peuple français que l'ambition et la jalousie égarent, appréciera trop tard les tristes résultats, que la lutte sanglante qui va s'engager aura pour tous les peuples.

La partie sensée de ce peuple n'a pu réussir à empêcher de commettre le crime dirigé contre le bien-être de la France et les relations fraternelles des peuples.

C'est une lutte grande et difficile que celle qui attend le peuple allemand, celui-ci le sait.

Mais nous avons confiance dans la bravoure et le patriotisme de nos frères armés et dans la volonté inébranlable qu'un peuple uni a de sacrifier tous les biens d'ici-bas plutôt que de souffrir qu'un conquérant étranger fasse courber la tête à un Allemand.

Nous avons confiance dans la direction expérimentée du Roi, du héros à cheveux blancs, du général allemand auquel la Providence a

départi le droit de terminer à la fin de sa vie la grande lutte qu'il a co mmencée comme adolescent, il y a plus d'un demi-siècle.

Nous avons confiance en Dieu, dont la justice punit les criminels. Des bords de la mer au pied des Alpes, le peuple s'est levé à l'appel de ses princes, réuni par une seule pensée.

Aucun sacrifice ne sera trop lourd pour lui.

L'opinion publique du monde civilisé reconnaît la justice de notre

cause.

Des nations amies regardent notre victoire comme devant les affranchir de la pression qu'exerce sur eux l'ambition bonapartiste et amener l'expiation des injustices dont elles sont victimes.

Le champ de bataille où triomphera le peuple allemand sera enfin pour lui le terrain honoré de toutes les nations, sur lequel il fondera sa libre et pacifique unité.

Votre Majesté et les Gouvernements allemands confédérés nous voient prêts, ainsi que nos frères du Sud.

Notre honneur et notre liberté sont en jeu.

Il s'agit du repos de l'Europe et du bien-être des peuples. Pénétrés du plus profond respect, nous sommes et serons toujours les plus dévoués et les plus fidèles sujets de Votre Majesté royale.

Les membres du Reichstag de la Confédération de l'Allemagne du Nord.

RÉPONSE DU ROI DE PRUSSE A LA DÉPUTATION DU REICHSTAG CHARGÉE DE LUI REMETTRE L'ADRESSE.

Messieurs les députés,

Veuillez adresser au Reichstag mes remerciements émus et profonds pour l'expression si belle et si élevée de son dévouement complet à la patrie allemande.

Je trouve dans cette adresse, votée à l'unanimité, un gage de la réussite finale et complète de la grande tâche que, moi et vous, nous avons à accomplir. J'y vois aussi la confirmation de la pleine croyance dont je suis pénétré que la nation ne cessera jamais de poursuivre l'exécution de cette tâche et développera dans ce but une infatigable persévérance.

N° 199.

DISCOURS DU COMTE DE BISMARCK AU REICHSTAG.

Berlin, le 20 juillet 1870.

Des affaires urgentes étant survenues, je vous prie, Messieurs, d'excuser mon retard. Je m'étais proposé de soumettre aujourd'hui au Reichstag la collection des documents qui concernent la guerre, et qui se trouvent en la possession du Gouvernement; mais je ne les ai pas encore entre les mains et les attends d'un moment à l'autre. En attendant, je dois déclarer qu'il est presque sans exemple qu'un événement d'une telle importance européenne se soit accompli et ait été préparé entre les diverses cours, en donnant lieu à un nombre aussi restreint de ces documents, où l'histoire de l'avenir puisera ses informations.

que celui-ci

a eues

En effet, nous n'avons reçu du Gouvernement impérial de France qu'une seule pièce officielle : c'est la déclaration de guerre arrivée hier. A notre connaissance, cette déclaration est la première et l'unique Note du Gouvernement français qui nous ait été communiquée depuis que le ministre français nous a demandé, le 4 ou le 5, je crois, ce que nous savions de l'affaire de la candidature, et que nous lui avons répondu que nous n'en savions rien. Toutes les conversations que M. le comte Benedetti, ait fait valoir ou non sa qualité d'ambassadeur de France, en tête-à-tête, et dans une ville de bains, avec Sa Majesté, mon trèsgracieux maître, sont, comme le sait toute personne au courant des affaires internationales, des entretiens d'une nature particulière et de nulle valeur pour les relations de gouvernement à gouvernement. Toutes les déclarations personnelles qu'on a essayé d'arracher à Sa Majesté le Roi dans des causeries, sans doute bienveillantes, déclarations qui peut-être auraient pu être obtenues, si Sa Majesté ne gardait pas dans sa vie privée sa fermeté de caractère habituelle, n'auraient jamais été des actes politiques, mais seulement l'expression d'idées personnelles, tant que le monarque ne les aurait pas confirmées en sa qualité de souverain, et n'eût pas manifesté par là son désir de leur donner la valeur d'actes politiques.

Après avoir fait ces remarques préalables au sujet de la déclaration de guerre de la France, je jette un coup d'œil sur les autres documents, qui se composent surtout de communications du ministère fédéral des Affaires étrangères, faites à un moment où il n'était plus possible de réparer le mal, et dans le but d'expliquer aux autres

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