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nationaux et montrer toute la gravité de la situation. En présence des nouvelles prétentions de la Prusse, nos réclamations se sont fait en tendre. Elles ont été éludées et suivies de procédés dédaigneux. Notre pays en a ressenti une profonde irritation, et aussitôt un cri de guerre a retenti d'un bout de la France à l'autre. Il ne nous reste plus qu'à confier nos destinées au sort des armes.

Nous ne faisons pas la guerre à l'Allemagne, dont nous respectons l'indépendance. Nous faisons des voeux pour que les peuples qui composent la grande nationalité germanique disposent librement de leurs destinées.

Quant à nous, nous réclamons l'établissement d'un état de choses qui garantisse notre sécurité et assure l'avenir. Nous voulons conquérir une paix durable, basée sur les vrais intérêts des peuples, et faire cesser cet état précaire où toutes les nations emploient leurs ressources à s'armer les unes contre les autres.

Le glorieux drapeau que nous déployons encore une fois devant ceux qui nous provoquent est le même qui porta à travers l'Europe les idées civilisatrices de notre grande Révolution. Il représente les mêmes principes; il inspirera les mêmes dévouements.

Français,

Je vais me mettre à la tête de cette vaillante armée qu'anime l'amour du devoir et de la patrie. Elle sait ce qu'elle vaut, car elle a vu dans les quatre parties du monde la victoire s'attacher à ses pas.

J'enmène mon fils avec moi, malgré son jeune âge. Il sait quels sont les devoirs que son nom lui impose, et il est fier de prendre sa part dans les dangers de ceux qui combattent pour la patrie.

Dieu bénira nos efforts. Un grand peuple qui défend une cause juste est invincible.

N° 219.

RÉPONSE DE L'EMPEREUR AU DISCOURS PRONONCÉ PAR M. SCHNEIDER AU NOM DU CORPS LÉGISLATIF.

Sire,

Saint-Cloud, le 22 juillet 1870.

Le Corps législatif vient de terminer ses travaux.

Il a unanimement voté tous les subsides et toutes les lois qu'exigeait la défense

du pays, donnant ainsi un témoignage éclatant de son patriotisme.

S'il est vrai que le véritable auteur de la guerre ne soit pas celui qui la déclare,

ARCH. DIPL. 1871-1872 -I).

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mais celui qui l'a rendue nécessaire, il n'y aura qu'une voix parmi les peuples des deux mondes pour en faire retomber la responsabilité sur la Prusse, qui, enivrée par des succès inespérés, encouragée par notre patience et par notre désir de conserver à l'Europe les bienfaits de la paix, a cru pouvoir conspirer contre notre sécurité et porter atteinte à notre honneur.

Dans ce cas, la France sait remplir son devoir.

· Sire,

Les vœux les plus ardents vous suivront à l'armée dont vous allez prendre le com mandement, accompagné de Votre Fils qui, devançant les devoirs de son âge, apprendra, à vos côtés, comment on sert son pays.

Derrière vous, derrière notre armée habituée à porter si haut le drapeau de la France, toujours prête à la recruter, se tient debout la nation tout entière.

Remettez sans inquiétude la régence entie les mains de notre auguste Souveraine.

A l'autorité que lui assurent les grandes qualités qu'Elle a déjà déployées, l'Impératrice ajoutera la force que donnent les institutions libérales si glorieusement inaugurées par Votre Majesté.

Sire,

Le cœur de la nation est avec vous et avec votre vaillante armée!

Messieurs, j'éprouve une grande satisfaction, à la veille de mon départ pour l'armée, de pouvoir vous remercier du concours patriotique que vous avez donné à mon Gouvernement. Une guerre est légitime lorsqu'elle se fait avec l'assentiment du pays et l'approbation de ses représentants.

Vous avez bien raison de rappeler les paroles de Montesquieu : « Le véritable auteur de la guerre n'est pas celui qui la déclare, mais celui qui la rend nécessaire. »

Nous avons fait tout ce qui dépendait de nous pour l'éviter, et je puis dire que c'est la nation tout entière qui, dans son irrésistible élan, a dicté nos résolutions.

Je vous confie, en partant, l'Impératrice qui vous appellera autour d'Elle, si les circonstances l'exigent. Elle saura remplir courageusement les devoirs que sa position lui impose.

J'emmène mon Fils avec moi. Il apprendra, au milieu de l'armée, à servir son pays.

Résolu à poursuivre avec énergie la grande mission qui m'est confiée, j'ai foi dans le succès de nos armes, car je sais que la France est debout derrière moi et que Dieu la protége!

N° 220.

LE MARQUIS DE LA VALETTE AU COMTE DE GRANVILLE.

Londres, le 22 juillet 1870.

Le soussigné, ambassadeur de France à Londres, a reçu de son Gouvernement l'ordre d'adresser à Son Excellence M. le comte de Granville la communication suivante :

Sa Majesté l'Empereur des Français s'est vue dans la nécessité, pour défendre l'honneur et les intérêts de la France en même temps que pour protéger l'équilibre général de l'Europe, de déclarer la guerre à la Prussse et aux pays alliés qui lui prêtent contre nous le concours de leurs armes.

Sa Majesté a donné des ordres pour que, dans la poursuite de cette guerre, les commandants de ses forces de terre et de mer observent scrupuleusement, vis-à-vis des puissances qui demeureront neutres, les règles du droit international, et pour qu'ils se conforment notamment aux principes posés dans la déclaration du Congrès de Paris, du 16 avril 1856, savoir:

io La course est et demeure abolie.

2o Le pavillon neutre couvre la marchandise ennemie, à l'exception de la contrebande de guerre.

3o La marchandise neutre, à l'exception de la contrebande de guerre, n'est pas saisissable sous pavillon ennemi.

4° Les blocus pour être obligatoires doivent être effectifs, c'est-àdire maintenus par une force suffisante pour interdire réellement l'accès du littoral à l'ennemi.

Bien que l'Espagne et les États-Unis n'aient point adhéré à la Déclaration de 1856, les vaisseaux de Sa Majesté ne saisiront pas la propriété de l'ennemi chargée à bord d'un vaisseau américain ou espagnol, à moins que cette propriété ne soit contrebande de guerre.

Sa Majesté ne compte pas non plus revendiquer le droit de confisquer la propriété des citoyens américains ou espagnols qui serait trouvée à bord des bâtiments ennemis.

L'Empereur a la confiance que, par une juste réciprocité, le Gouvernement de la Reine voudra bien prescrire des mesures pour que les autorités et les sujets britanniques observent exactement, de leur côté, pendant la durée de cette guerre les devoirs d'une stricte neutralité.

Le soussigné, etc.

Signé: LA VALETTE.

N° 221.

LE COMTE DE BISMARCK AU BARON DE NOTHOMB.

Berlin, le 22 juillet 1870.

Monsieur le ministre, confirmant mes assurances verbales, j'ai l'honneur de vous donner par écrit la déclaration, surabondante en présence des Traités en vigueur, que la Confédération du Nord et ses alliés respecteront la neutralité de la Belgique, bien entendu qu'elle sera respectée par l'autre partie belligérante.

Agréez, etc.

N° 222.

Signé BISMARCK.

DECLARATION DE NEUTRALITÉ DE LA BELGIQUE.

Ministère des Affaires étrangères. Bruxelles, le 22 juillet 1870.

L'état de guerre existant entre deux puissances voisines, le Gouvernement du Roi croit devoir rappeler que la Belgique est un État perpétuellement neutre, et que tout acte contraire aux devoirs de la neutralité doit, par conséquent, être soigneusement évité.

Le nouveau Code pénal belge, art. 123, contient la disposition suivante, qu'il peut être opportun de signaler à l'attention publique :

<< Quiconque, par des actions hostiles non approuvées par le Gouvernement, aura exposé l'État à des hostilités de la part d'une puissance étrangère, sera puni de la détention de cinq ans à dix ans, et, si des hostilités s'en sont suivies, de la détention de dix ans à quinze

ans. >>>

On rappelle, au surplus, que la Belgique a adhéré aux principes consacrés par la Déclaration du Congrès de Paris, du 16 avril 1856, laquelle, entre autres dispositions, abolit les armements en course.

Le Moniteur publie, dans sa partie officielle, une notification rappelant à tous les citoyens Belges que la Belgique est un État perpé

tuellement neutre, et signalant les dispositions légales qui répriment tout acte contraire aux devoirs de la neutralité que la Belgique est tenue d'observer envers les puissances belligérantes.

Le Gouvernement a adressé, en même temps, à nos agents diplomatiques, uue circulaire qui, après avoir retracé la position de la Belgique dans le droit public européen, constate les assurances écrites et de tous points conformes à notre attente, que nous avons reçues des puissances engagées dans le conflit actuel, ainsi que notre intention ferme et franche de nous montrer, aujourd'hui comme dans le passé, fidèles à tous nos engagements.

N° 223.

LETTRE DU PAPE AU R01 DE PRUSSE.

Rome, le 22 juillet 1870.

Majesté,

Dans les graves circonstances où nous nous trouvons, il vous paraîtra peut-être insolite de recevoir une lettre de moi; mais, vicaire sur la terre du Dieu de paix, je ne puis faire moins que de vous offrir ma médiation. Mon désir est de voir disparaître les préparatifs de guerre et d'empêcher les maux qui en sont la conséquence inévitable. Ma médiation est celle d'un souverain qui, en sa qualité de roi, ne peut inspirer aucune jalousie en raison de l'exiguïté de son territoire, mais qui pourtant inspirera confiance par l'influence morale et religieuse qu'il personnifie.

Que Dieu exauce mes vœux et qu'il exauce aussi ceux que je forme pour Votre Majesté, à laquelle je désire être uni par les liens de la même charité.

Signé PIUS P. P. IX.

Du Vatican, le 22 juillet.

P.-S. J'ai écrit également à Sa Majesté l'Empereur des Français.

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