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France en Belgique, et s'efforce à arriver à une entente à cet égard. Le Gouvernement de l'Empereur refusa de prêter l'oreille à ces propositions, et lorsque, plus tard, il songea à une rectification de frontières, il refusa expressément de prononcer même le nom de la Belgique.

Le duc de Gramont objecte, d'ailleurs, que si le Gouvenement avait réellement eu de tels desseins sur la Belgique, il lui eût été facile de les mettre à exécution avec l'assistance de la Prusse qui ne songeait qu'à assurer les fruits de ses victoires: ces propositions furent reprises lors de l'affaire du Luxembourg, elles furent reçues avec froideur et rejetées catégoriquement par l'Empereur.

Enfin le Gouvernement français a chargé M. de La Valette de donner à l'Angleterre l'assurance que l'initiative de toutes ces propositions était entièrement due à la Prusse.

M. de La Valette m'a déclaré ensuite qu'il avait reçu, par le télégraphe, des instructions lui prescrivant de me dire que le document publié par le Times avait été écrit par M. Benedetti, mais sous la dictée de M. de Bismarck, qui voulait entraîner la France dans une conspiration contre les libertés de la Belgique, et que ce projet a toujours été repoussé.

Je suis, etc.

Signé GRANVILLE.

N° 271.

LE COMTE DE GRANVILLE A M. DUBS PRÉSIDENT DU CONSEIL
FÉDÉRAL SUISSE.

Foreign-Office, le 29 juillet 1870.

Monsieur, j'ai l'honneur de vous accuser réception de la lettre que vous m'avez adressée le 19 courant pour m'informer au nom du Conseil fédéral suisse que c'est l'intention de la Confédération suisse de garder une attitude de stricte neutralité pendant le présent état de guerre qui a éclaté entre LL. MM. l'Empereur des Français et le Roi de Prusse, aussi longtemps que cette neutralité sera respectée par les autres puissances, et en s'en référant au droit d'occupation de la Savoie par le Gouvernement fédéral en cas de guerre.

En vous remerciant de cette communication, j'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien exprimer au Gouvernement fédéral la satisfaction avec laquelle le Gouvernement de S. M. a appris son intention de garder une attitude neutre pendant la guerre.

J'ai l'honneur, etc.

Signé GRANVILLE.

N° 272.

LORD LYONS AU COMTE DE GRANVILLE.

Paris, le 29 juillet 1870.

Mylord, Votre Seigneurie a appris par mon télégramme d'avanthier, que le Gouvernement français avait fait part au nonce et au ministre d'Italie, à Paris, de son intention de retirer ses troupes de Rome. M. de Gramont m'a donné verbalement cette après-midi quelques renseignements à cet égard.

Il m'a dit que cette mesure avait été prise il y a trois jours, que le 5 du mois prochain avait été fixé pour la date de l'embarquement des troupes. Le Gouvernement de l'Empereur, a-t-il ajouté, a la pleine confiance que la sécurité du Pape ne sera pas mise en danger, et que la convention de septembre 1864 sera fidèlement observée par l'Italie. Il était fortifié dans cette croyance en voyant que le langage prudent et élevé de M. Visconti avait été accueilli par l'approbation et les applaudissements du Parlement italien. Il croyait donc en conclure que le pays, en général, ainsi que le Gouvernement, verrait l'avantage d'être fidèle aux engagements contractés avec la France.

Je suis, etc.

Signé LYONS.

N° 273.

LETTRE DU ROI DE PRUSSE AU PAPE (1).

Berlin, le 30 juillet 1870.

Très-auguste Pontife, je n'ai pas été surpris, mais profondément ému, en lisant les paroles touchantes tracées par votre main pour faire entendre la voix du Dieu de la paix. Comment mon cœur pourrait-il ne pas écouter un appel aussi puissant? Dieu m'est témoin que ni moi ni mon peuple n'avons désiré ni provoqué la guerre. En obéissant aux devoirs sacrés que Dieu impose aux souverains et aux nations, nous prenons l'épée pour défendre l'indépendance et l'honneur de la patrie, et nous serons toujours prêts à la déposer dès que ces biens peuvent être sauvegardés. Si Votre Sainteté pouvait m'offrir, (1) Voir No 223 la lettre du Pape.

de la part de celui qui, si inopinément, a déclaré la guerre, l'assurance de dispositions sincèrement pacifiques et des garanties contre le retour d'une semblable atteinte à la paix et à la tranquilité de l'Europe, ce ne sera certainement pas moi qui refuserai de les recevoir des mains vénérables de Votre Sainteté, uni comme je suis avec elle par des liens de la charité chrétienne et d'une sincère amitié.

Signé

GUILLAUME.

N° 274.

M. DE THILE AU COMTE DE BISMARCK.

Berlin, le 30 juillet 1870.

M. le comte, j'ai l'honneur de transmettre à V. E. les explications suivantes, relativement à une dépêche de M. Benedetti, publiée à Paris le 27 de ce mois, et se rapportant à une prétendue conversation que j'aurais eue avec lui le 31 mars 1869, touchant la candidature du prince de Hohenzollern. Je ferai d'abord remarquer que l'intention du Gouvernement espagnol d'offrir la couronne d'Espagne au prince de Hohenzollern n'est venue à ma connaissance qu'au milieu du mois de inars de 1870, et que depuis cette époque il n'a jamais été question de cette affaire entre M. Benedetti et moi.

Je ne me rappelle pas avoir eu précédemment avec M. Benedetti un entretien sur cette candidature, et notamment au mois de mars 1869; mais je ne puis pas affirmer non plus qu'un pareil entretien n'a pas eu lieu, car, vu les nombreuses conversations que j'ai journellement avec les ministres étrangers, un entretien ayant pour objet un bruit qui, à cette époque, ne pouvait être rangé que dans la catégorie des rumeurs plus ou moins banales, entretien qui, par conséquent, ne présentait pour moi aucun intérêt, peut être sorti de ma mémoire après seize mois.

Si une telle conversation a eu lieu, je ne puis que m'être borné à avouer ma complète ignorance de la candidature en question, car la nouvelle de cette candidature, je le répète, ne m'a été rapportée qu'un an après l'entretien prétendu. Il n'est pas probable que j'aie donné une forme solennelle à l'aveu de mon ignorance, vu que ce procédé n'est pas dans mes habitudes.

Je rappellerai finalement que M. Rancès, dont il est question dans la dépêche de M. Benedetti, et qui était, à cette époque, ministre d'Espagne à Vienne, s'est occupé très-activement dans les cercles

politiques de Berlin, pendant son séjour dans cette capitale au mois de mars 1869, de la candidature du duc de Montpensier.

Agréez, etc.

N° 275.

Signé DE TUILE.

LE COMTE DE GRANVILLE A CORD LYONS, A PARIS.

Foreign-Office, le 30 juillet 1870.

Mylord, le Gouvernement de l'Empereur a déjà été informé de la satisfaction avec laquelle la déclaration de Sa Majesté Impériale, qu'elle respecterait la neutralité de la Belgique, avait été accueillie par le Gouvernement de la Reine.

Nous avons reçu une pareille assurance de la part du roi de Prusse, mais nous remarquons que l'Empereur et le Roi, tous deux, soumettent chacun leurs assurances à la condition que le respect de cette neutralité sera observé également par l'autre partie, ce qui semble indiquer de leur part l'opinion que la déclaration de chacun d'eux n'est pas complète.

Il n'y a aucun doute sur l'obligation pour ces deux puissances de se conformer à un traité qu'elles ont individuellement signé avec la Grande-Bretagne et d'autres grandes puissances. Mais si le Gouvernement de l'Empereur, décidé pour sa part à maintenir la neutralité de la Belgique, désirait avoir l'assurance que le Gouvernement prussien de son côté était également décidé à agir de même, le Gouvernement de la Reine est disposé à consigner leur détermination commune dans un acte solennel, soit traité, soit protocole.

J'ai écrit dans ce sens à notre ambassadeur à Berlin.

Le Gouvernement de la Reine est persuadé, quoiqu'il ne leur ait fait aucune communication à ce sujet, que les autres puissances qui ont participé au traité actuel de garantie, adopteront aisément la mêmeligne de conduite. Je n'ai pas besoin d'insister sur la portée qu'un pareil engagement, même en pleine guerre, aurait pour calmer l'inquiétude générale qui, à présent, trouble naturellement les puissances

neutres.

J'ai, etc.

Signé: GRANVille.

N° 276.

LORD LOFTUS AU COMTE DE GRANVILLE.

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Berlin, le 30 juillet 1870.

Mylord, j'ai vu une photographie du traité original proposé par le ⚫ comte Benedetti au comte de Bismarck, et je vous en enverrai un exemplaire aussitôt queje l'aurai reçu, le comte de Bismarck n'ayant pu m'en donner un à temps pour le départ du courrier de ce soir.

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Le projet de traité est tout entier de la main du comte Benedetti. En réponse à une remarque d'une personne que le comte Benedetti avait écrit ce projet sous la dictée du comte de Bismarck, Son Excellence m'a dit aujourd'hui que ce projet est écrit sur du papier français ou, en tout cas, sur un papier dont on ne se sert pas au ministère des Affaires étrangères de Prusse. Son Excellence ajouta que, s'il avait été écrit dans son cabinet sous sa dictée, le comte Benedetti n'aurait pas apporté avec lui son propre papier.

Les corrections sont au crayon de la même écriture que le texte du traité.

Le comte de Bismarck m'a dit, aujourd'hui, que le comte Benedetti avait apporté la pièce avec lui, et la lui avait lue.

Dans l'article 1er, le comte de Bismarck me dit qu'il avait fait une - objection à la phrase dans laquelle la sanction et l'appui de la › France étaient offerts à la Prusse pour le maintien de la Confédération

de l'Allemagne du Nord. Le texte original est ainsi rédigé.

a S. M. l'Empereur des Français admet et reconnaît les acquisitions que la Prusse a faites à la suite de la dernière guerre qu'elle a soutenue contre l'Autriche et contre ses alliés, ainsi que les arrangements pris ou à prendre pour la constitution d'une Confédération de l'Allemagne du Nord, s'engageant en même temps à prêter son appui à la conservation de l'œuvre. »

Le comte de Bismarck me dit que la Prusse ne pourrait jamais être redevable à la France de sa position future en Allemagne, et que pas un ministre allemand ne pourrait accepter une pareille position, c'est alors que le comte Benedetti consentit à effacer ce paragraphe, et il fit une parenthèse au crayon.

Dans l'article 2, le comte de Bismarck fit observer au comte Benedetti que le roi de Prusse ne pouvait pas proposer au roi de Hollande de céder le grand-duché de Luxembourg, et la correction de cet article fut faite alors par le comte Benedetti lui-même.

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