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La guerre qui commence n'est point de notre part une guerre d'ambition, c'est une guerre d'équilibre. C'est la défense du faible contre le fort, la réparation de grandes iniquités, le châtiment d'actes injustifiables. Loin d'obéir à des idées de rancune ou de haine, nous avons le calme que donne l'accomplissement d'un devoir, nous en appelons en toute confiance à l'opinion publique, arbitre des peuples et des rois. Nous désirons que l'Allemagne, au lieu de mettre ses forces au service de l'ambition et de l'égoïsme prussiens, rentre dans les voies de la sagesse et de la prospérité. L'avenir prouvera l'élévation des vues de la politique impériale, et les Allemands eux-mêmes finiront par rendre justice à la loyauté de la France et de son souverain.

N° 290.

DECRET D'AMNISTIE ACCORDÉE PAR LE ROI GUILLAUME.

Mayence, le 3 août 1870

Nous Guillaume, par la grâce de Dieu, roi de Prusse, etc., nous voulons, à l'occasion de l'unanimité patriotique, avec laquelle notre peuple s'allie à nous pendant la lutte actuelle qui nous a été imposée, accorder une amnistie à tous les individus dont les peines n'ont pas encore été exécutées et qui ont été condamnés par nos tribunaux à l'emprisonnement, à l'amende, aux frais de procès, à la privation des droits civiques et à la surveillance de la police pour avoir commis :

Un acte de trahison d'État ou un acte d'offense envers Sa Majesté le Roi ou bien envers un membre de la famille royale, ou enfin un acte d'attaque contre une puissance alliée;

Un crime ou un délit entraînant la privation des droits civiques; Un crime ou délit prévu par les §§ 87 à 93 inclusivement et par les §§ 97 à 103 inclusivement du Code pénal, concernant la résistance aux autorités et le trouble de la tranquillité publique;

Ou un délit de presse, suivant la loi sur la presse du 12 mai 1851 (Recueil de lois, p. 273), ou enfin un acte contre la loi sur les réunions publiques, du 11 mars 1850 (Recueil de lois, p. 277).

Quant aux jugements qui seront rendus à partir d'aujourd'hui contre les délits commis avant cette date, et qui tombent sous le décret actuel, nous attendrons des rapports officiels de notre ministre de la Justice ou de celui de la Guerre, si le jugement a été prononcé par la justice militaire. Ces cas qui, tombant sous le décret actuel,

ont été en même temps jugés pour un autre délit, et dont la punition dépasse le minimum de la peine légale du dernier délit, sans qu'on puisse reconnaître du jugement quelle est la proportion des peines pour chacun des délits isolément, sont également à soumettre à notre décision.

Notre ministre d'État est chargé de faire publier immédiatement ce décret d'amnistie et de le faire exécuter.

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COMTE

COMTE DE ITZENPLITZ. DE MUHLER. DE SELCHOW.

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LE COMTE DE BISMARCK AU COMTE DE BERNSTORFF, A LONDRES,

(Télégramme.)

Par suite de la publication de la dépêche du duc de Gramont, du 27 juillet (1), je charge Votre Excellence de faire au comte de Granville, la déclaration suivante :

Je n'ai jamais eu l'occasion d'avoir avec M. Lefebvre de Béhaine, secrétaire de l'ambassade française, aucune conversation politique de l'importance qu'il donne aujourd'hui pour plaire à son chef. A Brünn, cela n'aurait pas été même possible, puisque, durant mon séjour, M. Lefebvre était absent, ayant été envoyé par son chef à Vienne. L'idée qui m'est attribuée d'avoir préparé la voie à l'annexion de la Belgique à la France, n'a jamais été avancée par moi, mais m'a, au contraire, été suggérée par le prince Napoléon.

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Monsieur, nous connaissons aujourd'hui le développement du télégramme adressé par M. le comte de Bismarck à l'ambassadeur de

Prusse à Londres, pour annoncer à l'Angleterre les prétendus secrets dont le Chancelier fédéral se disait le dépositaire. Sa dépêche n'ajoute aucun fait essentiel à ceux qu'il avait avancés. Nous y trouvons seulement quelques invraisemblances de plus. Nous ne les relèverons pas. L'opinion publique a déjà fait justice d'affirmations qui n'empruntent aucune autorité à l'audace avec laquelle on les répète, et nous considérons comme définitivement acquis, en dépit de toute dénégation, que jamais l'empereur Napoléon n'a proposé à la Prusse un traité pour prendre possession de la Belgique. Cette idée appartient à M. de Bismarck; c'était un des expédients de cette politique sans scrupules qui, nous l'espérons, touche à son terme.

Je m'abstiendrais donc de revenir sur des assertions dont la fausseté est aujourd'hui manifeste, si l'auteur de la dépêche prussienne, avec une absence de tact que je constate pour la première fois à ce degré dans un document diplomatique, n'avait cité des parents de l'Empereur comme porteurs de messages et de confidences compromettantes. Quelle que soit la répugnance avec laquelle je me vois contraint, pour suivre le Chancelier prussien, de m'engager dans une voie si contraire à mes habitudes, je surmonte ce sentiment parce qu'il est de mon devoir de repousser les perfides insinuations qui, dirigées contre des membres de la famille impériale, cherchent évidemment à atteindre l'Empereur lui-même.

C'est à Berlin que M. de Bismarck, prenant l'iniative des idées dont il veut aujourd'hui nous attribuer la première conception, sollicitait en ces termes le prince français qu'il fait, au mépris de toutes les convenances, intervenir aujourd'hui dans sa polémique:

« Vous cherchez, lui disait-il, une chose impossible; vous voulez prendre les provinces du Rhin, qui sont allemandes. Pourquoi pas ne vous adjoindre la Belgique, où existe un peuple qui a la même origine, la même religion, et qui parle la même langue? J'ai déjà fait dire cela à l'Empereur; s'il entrait dans mes vues, nous l'aiderions à prendre la Belgique. Quant à moi, si j'étais le maitre et que je ne fusse pas gêné par l'entêtement du Roi, cela serait déjà fait. »

Ces paroles du Chancelier prussien ont été pour ainsi dire littéralement répétées à la Cour de France par le comte de Goltz, Cet ambassadeur s'en cachait si peu que le nombre est considérable des témoins qui l'ont entendu. J'ajouterai qu'à l'époque de l'exposition universelle les ouvertures de la Prusse furent connues de plus d'un haut personnage, qui en prit bonne note et s'en souvient encore. Ce n'était pas, d'ailleurs, chez le comte de Bismarck une idée passagère, mais bien un projet concerté, auquel se rattachaient ses plans ambitieux, et il en poursuivait l'exécution avec une persévérance que prouvent assez ses nombreuses excursions en France, soit à Biarritz, soit ailleurs. Il

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échoua devant la volonté inébranlable de l'Empereur, qui refusa toujours de s'associer à une politique indigne de sa loyauté.

Je quitte maintenant ce sujet, que j'ai abordé pour la dernière fois, avec la ferme intention de n'y plus revenir, et j'arrive au point véritablement nouveau de la dépêche de M. de Bismarck :

« J'ai lieu de croire, dit-il, que si la publication du projet de traité n'avait pas eu lieu, la France nous aurait fait, après l'achèvement de nos armements mutuels, l'offre de mettre à exécution les propositions qu'elle nous avait faites antérieurement, dès que nous nous serions trouvés ensemble à la tête d'un million de soldats bien armés, en face de l'Europe non armée, c'est-à-dire de faire la paix avant ou après la première bataille sur la base des propositions de M. Benedetti, aux dépens de ia Belgique. »

Il ne saurait convenir au Gouvernement de l'Empereur de tolérer une pareille assertion. A la face de l'Europe, les ministres de Sa Majesté mettent M. de Bismarck au défi d'alléguer un fait quelconque pouvant faire supposer qu'ils aient manifesté directement ou indirectement, par la voie officielle ou par le canal d'agents secrets, l'intention de s'unir à la Prusse pour accomplir avec elle sur la Belgique l'attentat consommé sur le Hanovre.

Nous n'avons ouvert aucune négociation avec M. de Bismarck, ni sur la Belgique, ni sur tout autre sujet. Bien loin de chercher la guerre, comme on nous en accuse, nous avons prié lord Clarendon d'intervenir auprès du ministre prussien pour provoquer un désarmement réciproque, mission importante dont lord Clarendon, par amitié pour la France et par dévouement aux idées de paix, consentit à se charger confidentiellement. Voici en quels termes M. le comte Daru, dans une lettre du 1er février, expliquait les intentions du Gouvernement à M. le marquis de La Valette, notre ambassadeur à Londres :

Il est certain que je ne ine mêlerais point de cette affaire, et que je ne demanderais pas à l'Angleterre de s'en mêler, s'il s'agissait purement et simplement d'une démarche banale et de pure forme, faite uniquement pour fournir à M. de Bismarck l'occasion d'exprimer une fois de plus son refus. C'est une démarche ferme, sérieuse, positive, qu'il s'agit de faire.

« Le principal secrétaire d'Etat semble prévoir que M. de Bismarck éprouvera un premier mouvement de mécontentement et d'humeur. Cela est possible, mais non certain. Dans cette prévision, il est peutêtre bon de préparer le terrain, de manière à éviter une réponse négative dès le début.

« Je suis convaincu que la réflexion et le temps amèneront le Chancelier à prendre en sérieuse considération la démarche de

l'Angleterre; si, dès le premier jour, il n'a pas repoussé toute ouverture, l'intérêt de la Prusse et de l'Allemagne entière parlera bien vite assez haut pour adoucir ses résistances. Il ne voudra pas soulever contre lui l'opinion de son pays tout entier. Quelle serait sa position, en effet, si nous lui ôtions le seul prétexte derrière lequel il puisse se réfugier, à savoir, l'armement de la France? >>

Le comte de Bismarck répondit d'abord qu'il ne pouvait prendre sur lui de faire part au Roi des suggestions du Gouvernement britannique, et qu'il était assez au courant de la manière de voir de son souverain pour pressentir ses impressions. Le roi Guillaume verrait certainement, disait-il, dans la démarche du Cabinet de Londres, la preuve d'un changement dans les dispositions de l'Angleterre à l'égard de la Prusse. En résumé, le Chancelier fédéral déclarait <qu'il était impossible à la Prusse de modifier un système militaire entré si profondément dans les traditions du pays, qui formait une des bases de sa constitution, et n'avait rien que de normal. »

M. le comte Daru ne s'arrêta point devant cette première réponse. le 13 février il écrivait à M. de La Valette:

« J'espère que lord Clarendon ne se tiendra pas pour battu et ne se découragera pas. Nous lui donnerons prochainement l'occasion de revenir à la charge, si cela lui convient, et de reprendre la conversation interrompue avec le Chancelier fédéral. Notre intention est, en effet, de diminuer notre contingent; nous l'aurions diminué beaucoup si nous avions obtenu une réponse favorable du Chancelier de la Confédération du Nord; nous le diminuerons moins, puisque la réponse est négative, mais nous le diminuerons. La réduction sera, j'espère, de 10,000 hommes; c'est le chiffre que je proposerai.

Nous affirmerons de la sorte par les actes, qui valent toujours mieux que les paroles, nos intentions, notre politique. Neuf contingents, réduits de 10,000 hommes chacun, font une diminution totale de 90,000 hommes. C'est déjà quelque chose, c'est un dixième de l'armée existante; je regrette de ne pouvoir faire plus. La loi du contingent sera déposée prochainement. Lord Clarendon jugera alors s'il est à-propos de représenter à M. de Bismarck que le Gouvernement prussien, seul en Europe, ne fait point de concession à l'esprit de paix, et qu'il se place ainsi dans une situation grave au milieu des sociétés européennes, pour qu'il donne des armes contre lui à tout le monde, y compris les populations accablées sous le poids des charges militaires qu'il leur impose. »

Le comte de Bismarck, vivement pressé, crut nécessaire d'entrer dans quelques explications nouvelles avec lord Clarendon.

Ces explications, telles que nous les connaissons par une lettre de M. de La Valette, en date du 23 février, étaient pleines de réticences.

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