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Metz, le 7 août 3 heures 30 minutes du matin.

Mes communications étant interrompues avec le maréchal de Mac-Mahon, je n'ai pas eu de nouvelles de lui jusqu'à hier. C'est le général de Laigle qui m'a annoncé que Mac-Mahon avait perdu une bataille contre des forces considérables, et qu'il se retirait en bon ordre.

<< D'un autre côté, sur la Sarre, un engagement a commencé vers une heure. Il ne paraissait pas très-sérieux, lorsque petit à petit les masses ennemies se sont accrues considérablement, cependant sans obliger le 2o corps à reculer. Ce n'est qu'entre six et sept heures du soir que les masses ennemies devenant toujours plus compactes, le 2 corps et les régiments qui le soutiennent se sont retirés sur les hauteurs. La nuit a été calme. Je vais me placer au centre de la position. D Signé NAPOLÉON.

2.

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Metz, le 7 août, 4 heures 30 minutes du matin.

Le major général au ministre de l'Intérieur.

« Après une série d'engagements dans lesquels l'ennemi a déployé des forces considérables, le maréchal de Mac-Mahon s'est replié en arrière de sa première ligne.

«Le corps de Frossard a eu à lutter hier depuis deux heures contre une armée ennemie tout entière. Après avoir tenu dans ses positions jusqu'à six heures, il a opéré sa retraite en bon ordre.

<< Les détails sur nos pertes manquent. Nos troupes sont pleines d'élan. La situation n'est pas compromise; mais l'ennemi est sur notre territoire, et un sérieux effort est nécessaire. Une bataille paraît imminente.

En présence de ces graves nouvelles, notre devoir est tracé. Nous faisons appel au patriotisme et à l'énergie de tous.

Les Chambres sont convoquées.

Nous mettons d'urgence Paris en état de défense; pour faciliter l'exécution des préparatifs militaires, nous déclarons l'état de siége. Pas de défaillances! Pas de divisions! Nos ressources sont immenses. Luttons avec fermeté, et la patrie sera sauvée!

Par l'Impératrice Régente:

Signé ÉMILE OLLIVIER, GRAMONT, CHEVANDIER

DE VALDRÔME, SEGRIS, DEJEAN, Louvet,
RIGAULT DE GENOUILLY, PLICHON,
MÉGE, MAURICE RICHARD, E. DE PARIEU.

N° 299.

LE COMTE DE BEUST AU COMTE DE CHOTEK, A SAINT-PÉTERSBOURG.

(Télégramme.)

Vienne, le 7 août 1870.

Le comte Gortschakof nous a fait parvenir, par l'intermédiaire du comte de Bray, des communications très-satisfaisantes. Il est d'accord avec l'Angleterre, qu'il convient de faire entendre des paroles de paix dès qu'une rencontre importante entre les deux armées aura eu lieu. Il désire qu'on profite du rapprochement inauguré par l'archiduc Albert pour assimiler l'attitude des deux cours impériales. La politique de la Russie, d'après les assurances du Chancelier, sera une politique de paix en Occident comme en Orient. Déclarez hautement que vous applaudissez à ce langage et faites ressortir que votre dépêche du 4 prévenait les intentions de l'Empereur, et a pour but d'engager un échange continu d'idées avec le cabinet de Saint-Pétersbourg.

N° 300.

PROCLAMATIONS DU MINISTÈRE AUX FRANÇAIS ET AUX PARISIENS.

Paris, le 8 août 1870.

Français, nous vous avons dit toute la vérité.

Maintenant, à vous de remplir votre devoir; qu'un même cri sorte de toutes les poitrines d'un bout de la France à l'autre !

Que le peuple entier se lève, frémissant, dévoué, pour soutenir le grand combat!

Quelques-uns de nos régiments ont succombé sous le nombre : notre armée n'a pas été vaincue.

Le même souffle intrépide l'anime toujours!

Soutenons-la!

A l'audace momentanément heureuse, opposons la ténacité qui dompte le destin! replions-nous sur nous-mêmes, et que nos envahisseurs se heurtent contre un rempart invincible de poitrines humaines !

Comme en 1792 et comme à Sébastopol, que nos revers ne soient que l'école de nos victoires!

Ce serait un crime de douter un instant du salut de la patrie, et surtout de n'y pas contribuer.

Debout! donc, debout!

Et vous, habitants du Centre, du Nord et du Midi, sur qui ne pèse pas le fardeau de la guerre, accourez d'un élan unanime au secours de vos frères de l'Est!

Que la France, une dans les succès, se retrouve plus une encore dans les épreuves!

Et que Dieu bénisse nos armes !

Signé

ÉMILE OLLIVIER, duc de GRAMONT, CHE

VANDIER DE VALDRÔME, général vi-
comte DEJEAN, amiral RIGAULT DE
GENOUILLY, PLICHON, LOUVET, MÉGE,
MAURICE RICHARD, E. DE PARIEU.

Parisiens! notre armée se concentre et se prépare à un nouvel effort.

Elle est pleine d'énergie et de confiance.

S'agiter à Paris, ce serait combattre contre elle et afflaiblir, au moment décisif, la force morale qui lui est nécesaire pour vaincre. Nos ennemis y comptent.

Voici ce qu'on a saisi sur un espion prussien amené au quartier général :

Courage! Paris se soulève. L'armée française sera prise entre deux feux.

Nous préparons l'armement de la nation et la défense de Paris. Demain, le Corps légistatif joindra son action à la nôtre.

Que tous les bons citoyens s'unissent pour empêcher les rassemblements et les manifestations!

Ceux qui sont pressés d'avoir des armes n'ont qu'à se présenter aux bureaux de recrutement: il leur en sera donné de suite pour aller à la frontière.

Signé ÉMILE OLLIVIER, duc de GRAMONT, CHE

VANDIER DE VALDRÔME, RIGAULT DE GE-
NOUILLY, général DEJEAN, SEGRIS, PLI-
CHON, LOUVET, MÉGE, MAURICE RI-
Chard, E. de PARIEU.

N° 301.

BULLETIN POLITIQUE HEBDOMADAIRE DU Journal officiel DU SOIR.

Paris, le 8 août 1870.

Nous en appelons avec confiance à la sagesse des gouvernements et des peuples pour arracher l'Europe au despotisme prussien et pour nous aider, soit par des alliances, soit par des sympathies, à sauver l'équilibre général.

Il ya lieu de signaler déjà de bons sytmpômes.

L'Angleterre, pleinement satisfaite par nos déclarations si catégoriques, si loyales au sujet de la neutralité belge, couvre notre frontière du Nord, en se montrant prête à la défendre, du côté de la Belgique, si la Prusse voulait la violer à cet endroit.

La Suède, la Norwége, le Danemark ont une attitude frémissante de patriotisme.

L'empereur de Russie honore notre ambassadeur d'une bienveillance toute particulière, et les organes les plus autorisés de la presse russe tiennent un langage défavorable à la cause prussienne.

Ceux des journaux viennois qui avaient d'abord montré timidement certaines sympathies pour M. de Bismarck, sont obligés de céder à l'opinion publique et tiennent un langage conforme aux véritables intérêts de l'Autriche.

L'empereur François-Joseph, le roi Victor-Emmanuel et leurs gouvernements nous témoignent des dispositions de plus en plus satisfaisantes. L'Autriche et l'Italie arment avec activité. Les deux ministères de Vienne et de Pesth obéissent à une pensée commune, et le moment approche où la Prusse rencontrera de ce côté les embarras les plus sérieux et les plus graves.

Notre diplomatie ne sera pas moins active que notre armée; la France fait un effort suprême. Confiance! confiance! Notre patriotisme est à la hauteur de tous les périls: et plus les circonstances sont graves, plus la nation aura d'énergie.

Toutes les divisions cessent.

La presse française exprime unanimement les idées les plus pratiques et les plus nobles. Le concours du Sénat et du Corps législatif va prêter à nos troupes une force nouvelle, et la France de 1870 montrera aux peuples de l'Europe que nous n'avons pas dégénéré.

Il y a dans la vie des peuples des heures solennelles, décisives, où Dieu leur donne l'occasion de montrer ce qu'ils sont et ce qu'ils peu

vent. Ce moment est venu pour la France. On a prétendu quelquefois qu'intrépide dans l'élan du succès, la grande nation supportait difficilement des revers. Ce qui se passe devant nous dément cette calomnie. L'attitude de la population n'est pas du découragement, c'est de la rage, rage patriotique et sublime, dirigée contre les envahisseurs de la France, où ils doivent trouver leur tombeau. Tous les Français vont se lever comme un seul homme. Ils songent à leurs ancêtres et à leurs descendants. Derrière eux ils ont des siècles de gloire; devant eux un avenir que leur héroïsme doit rendre libre et puissant.

Jamais la patrie n'a été mieux préparée à l'esprit de dévouement et de sacrifice. Jamais elle n'a pu voir d'une manière plus imposante et plus grandiose ce qu'il y a de vigueur et de fierté dans le caractère national. Elle crie avec enthousiasme : Debout! debout! Aux armes Vaincre ou mourir est sa devise.

A l'heure où nos soldats défendent héroïquement le sol de la patrie, l'Europe s'inquiète avec raison des succès de la Prusse. On ne sait jusqu'où irait l'ambition de cette insatiable puissance si elle était surexcitée par un triomphe définitif: c'est une loi invariable de l'histoire que tout peuple qui, par des convoitises exagérées, trouble l'équilibre général, provoque contre ses victoires une réaction et tourne tous les autres peuples contre lui.

Cette vérité ne peut manquer d'être encore une fois prouvée par les faits.

Qui donc ne serait pas atteint par la résurrection de l'empire d'Allemagne ? Qui donc peut désirer que la mer du Nord et la Baltique deviennent des lacs prussiens?

Est-ce la Suède, la Norwége, le Danemark, que le triomphe de la Prusse anéantirait?

Est-ce la Russie, intéressée plus qu'aucune autre puissance à sauver l'équilibre du Nord contre les convoitises germaniques?

Est-ce l'Angleterre, opposée, comme grande puissance maritime et comme protectrice du Danemark aux progrès de la marine prussienne?

Est-ce la Hollande, déjà si menacée par les intrigues audacieuses de M. de Bismarck?

Quant à l'Autriche, le rétablissement d'un empire d'Allemagne au profit de la maison de Hohenzollern serait le coup le plus fatal qui put être porté, non-seulement à la dynastie des Hapsbourg, mais à l'existence même de la monarchie austro-hongroise.

La Prusse essaiera certainement de faire des promesses au cabinet de Vienne, mais on sait la foi qu'on doit ajouter aux paroles de M. de

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